La Justice de l'Homme || 22eme Texte
Le crime de Tom
Cher Journal,
ici Tom.
Aujourd'hui, je décide de te réécrire.
Mais je ne suis pas chez moi. Je t'écris d'un endroit ou je n'aurais jamais pensé y mettre les pieds un jour. Un endroit froid et humide. Sombre et gris, dénué d'espoir.
Je t'écris depuis ma cellule, en prison.
Me voilà ici, destiné à croupir dans cet endroit jusqu'à la fin de mes jours.
Mais ce n'est pas mon projet. Je ne compte pas m'évader bien-sûr, je ne suis pas comme ça.
D'ailleurs je ne l'ai jamais été.
Seul toi ici me crois.
Je ne suis pas coupable.
Et je n'ai jamais eu le sang de ces 221 personnes sur mes mains.
Je n'ai pas commis cet attentat.
Je suis innocent, la phrase que j'ai le plus répété ces dix derniers jours, à mon avocat, à la barre, à ma famille, et même à mon propre frère !
Mais je ne suis cru par personne.
Complètement seul, il ne me reste que toi.
Aujourd'hui est un jour spécial. Vois-tu cher journal, il s'agit de la dernière fois que je t'écris.
Je ne compte pas te jeter ni te déchirer, rassure-toi.
Mais avant de te dire ce que je m'apprête à faire, je veux que tu saches la vérité. Que tu saches ce qu'il s'est réellement passé, ce 8 Juin.
Grâce à toi, tu montreras à tous les hommes que le monde, ou plutôt leur monde, n'est pas ce qu'il semble être. Tu leur montreras leur antithèse, ce qu'ils redoutent tous.
Tu leur montreras, la vérité.
J'avais rencontré Julia dans un bar. Je me sentais mal et avais trop bu ce soir là. Elle m'avait dit alors ceci :
Le 8 juin, à l'hôtel Victoria's, 20h00.
Puis elle s'en est allée, tout simplement.
Le Victoria's était l'hôtel le plus chic et le plus luxueux de la ville.
Arrive alors le 8 Juin. Moi, complètement perdu, et avant tout, désespérément besoin de réconfort.
Alors oui j'y suis allé, et le drame qui s'en est suivi a détruit ma vie.
La chambre 402.
Je devais trouver la chambre 402.
J'ai donc longé un long couloir, pour enfin me retrouver devant la bonne porte.
J'ai toqué plusieurs fois.
- Julia ?
Mais aucune réponse.
J'ai donc conclu qu'elle n'était pas là.
Je décidai tout de même d'insister une dernière fois, lorsque je me rendis compte qu'en frappant, la porte s'était entrouverte.
Elle n'était pas fermée à clef.
La plus grosse erreur de ma vie fut d'entrer dans la chambre 402.
Je me suis avancé et j'ai vu Julia, bâillonnée, scotchée à la bouche, endormie sur le lit.
Mon dieu, me suis je dit...
J'étais complètement choqué.
Il fallait que je lui vienne en aide.
Qui avait fait cela, et pourquoi ?
En la détachant, le silence en devient soudain pesant, tellement que, un petit bruit aigu et saccadé l'interrompait soigneusement et ce,chaque seconde.
Je regarde alors autour de moi pour savoir d'où venait ce son.
Je compris alors que la chambre 402 était pleine de bombes. Une terreur effroyable, et une peur indescriptible me coupa le souffle.
L'une d'entre elles indiquait en rouge : 01:54, puis 01:53 et ainsi de suite.
Je pris mes jambes à mon cou et sortis immédiatement de cette pièce.
Je dévalais le couloir et descendis à toute vitesse. Je ne préférais pas à cet instant imaginer ce qui allait se produire dans moins de deux minutes.
Je bousculais pas mal de personnes dans ma course.
Je traversais en courant le hall de réception et me retrouvais à l'extérieur.
Dans la rue, je continuais à courir comme un fou, quand une explosion massacrante, une énorme détonation se fit entendre.
Ne te retourne pas, me dis-je. Ne te retourne pas.
Mais je me suis retourné.
Le Victoria's s'écroulait massivement, sous les hurlements de la foule.
Je scrutais alors le bâtiment, s'effondrant magistralement.
Je culpabilisais d'un coup, me disant que j'aurais dû prévenir les personnes dans l'hôtel, et même ceux aux alentours.
J'avais couru uniquement pour sauver ma peau.
J'avais été lâche.
Je suis un lâche, et je le resterai sans doute le restant de ma vie.
J'avais tué 221 personnes.
Mais je n'étais pas coupable.
J'avais été piégé, tel un bouc émissaire.
En effet, deux jours après l'attentat, la police m'interpellait et m'arrêta sauvagement, sous les yeux de ma propre famille.
J'ai été enfermé puis interrogé sous forte pression.
J'avais beau leur raconter ce qu'il s'était passé, mais tout portait à croire que je mentais.
Les vidéos de surveillance m'avaient enregistré, quelques secondes avant l'explosion, en train de courir à contre sens dans le Hall, puis traverser le parking.
Ce qui veut dire que j'étais au courant, et cela m'inculpait directement.
J'avais aussi laissé mes empreintes sur une des bombes, et dans la chambre.
Ils avaient constitué une histoire complètement abracadabrante.
Un jour mon avocat m'a dit : La cour ne cherche pas a trouver la Justice, mais inculper un coupable.
Puis le procès arriva très rapidement.
Toute cette pression durant ces dix derniers jours, l'horreur, les menaces, les cris, les pleurs et les insultes. Je voulais que tout s'arrête.
En pleine audience, je me levais et avouais être le meurtrier de 221 personnes.
Cher journal,
je m'apprête à mettre fin à ma vie après ces lignes. Je me trancherais les veines avec ce petit couteau posé tout près de toi.
Je te remercie d'avoir toujours été là, et cru en moi, à chaque événement de ma vie.
Et encore plus aujourd'hui.
Je compte sur toi,
Tom.
Tom s'est tranché la veine gauche, mais il a évité la mort. Ses cris ont alerté les gardiens qui l'ont transféré directement aux urgences du bâtiment.
Une organisation a décidé de l'emmener afin qu'il puisse purger sa peine plus posément, et sans danger compromettant.
Le carnet de Tom fut lu par une seul personne.
Il fut déchiré, jeté puis brûlé.
Personne n'en fera mention dans le futur.
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