La Justice de l'Homme || 1er Texte
J'émerge lentement d'un long sommeil. Mes bras sont serrés le long de mon corps et me font mal. Je suis assise et ligotée sur une chaise. Une puissante lumière blanche agresse mes yeux à mon réveil. Je sens aussi une vive douleur sur mon épaule gauche. D'ailleurs combien de temps ais-je dormie ? Une heure ? Un jour ? Un mois peut être ? Impossible de le savoir. Je ne me souviens de rien.
Mais où suis-je donc ? Un millier de questions commencent à me torturer l'esprit. Je sais qui je suis bien sûr, mais pas ce que je fais là, assise et attachée par des chaînes, dans une salle entièrement vide et « blanche ». Pas un bruit, pas un mot. Rien. Je peux sentir le bruit de ma respiration déjà haletante. Mais que m'arrive-t'il ?
Je dois sûrement être en train de rêver. Je ne veux pas croire à cette réalité complètement absurde. Je décide d'attendre plusieurs minutes.
- Ho hé ! Il y a quelqu'un ?
Personne.
- HO HÉ!
Mais rien.
Alors je me met à hurler. De toute mes forces. Je veux m'éclater la cage thoracique. Mon cri est puissant, sauvage aussi. Ma gorge commence à picoter, à me serrer, mais je m'en fiche. Je veux ressentir cette douleur jusqu'à l'épuisement. Et je continue mon hurlement. Et je réalise que rien ne se passe.
Moi, dans une chambre, ou plutôt une salle démunis de meubles, de vie ; moi qui hurle dans cette pièce depuis dix minutes déjà. En criant, je me suis rendue compte que je me faisais peur à moi-même. Je n'étais pas qui je suis en criant comme cela. Je ressemblais plus à un animal en cage.
Mais qui m'avait enfermé ici bon sang ? Que s'était-il passé ? Ou est ma famille ; et puis quel jour sommes-nous ? Rien. Je ne sais et me souviens absolument de rien. Alors j'entreprends de regarder attentivement autour de moi.
Et si on m'observait ? Cette idée me fait froid dans le dos ; et une poussée d'adrénaline accélère d'un coup les battements de mon cœur. Le silence est tellement pesant que je peux même les ressentir. Combien de temps vais-je attendre ? J'allais devenir complètement dingue si je reste ici, à vie. Et puis en pensant à cela, je me dis que je n'allais pas manger ni même boire. Et voilà que je me met à avoir soif. Super.
Je décide donc de me libérer de ces chaînes, car elles me font atrocement mal. Je m'agite dans tous les sens et essaye désespérément avec mes mains de parvenir à un petit endroit qui pourrait sûrement m'aider ; mais impossible. Une rage puissante m'étouffe alors. Et le pire c'est que je ne peux rien faire. Ni même bouger. Ma gorge se serre et mon gosier me fait mal. J'ai envie de pleurer ; d'exploser, ou d'imploser plutôt. Mais je ne veux pas céder. Hors de question. Car je reste persuadée que quelqu'un, ou plutôt quelque chose m'observait.
Une caméra. C'est évident. Il doit bien y avoir une caméra incrustée quelque part dans cette maudite pièce blanche.
Puis place à la peur. Cette peur qui vous prend les tripes et vous immobilise d'un coup. Cette peur qui attrape tout votre corps ainsi que le cerveau. Car s'il y a bien une caméra, et que des personnes de l'autre côté s'aperçoivent que je commence à me douter de quelque chose, alors c'est très mauvais signe.
Et s'ils intervenaient ? Mais qui interviendraient ? Et comment ? Je ne vois ni portes, ni fenêtres. De toute façon, ce n'est que mon imagination. Je commence à devenir folle. Complètement folle. Folle de rage, de haine, de tristesse, de peur, d'angoisse. Folle de TOUT.
Et là, d'un coup ; ce que je n'ai encore jamais imaginé se produit. Un écran géant s'allume devant moi. Oh mon dieu, le mur en face de moi était un écran. L'image sur le mur devient noire, et le logo chargement apparaît. Mais qu'est ce que ...
L'apparition brutale d'un homme interrompt mes pensées. Il est assez âgé à première vue. Il me fait peur et je pousse un léger cri d'affolement. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. En observant l'arrière-plan, cet homme est chez moi. Assis sur mon canapé, dans mon salon. Il se tient droit, les mains posées sur les genoux ; j'en suis effarée. L'homme vient tout juste de lever sa tête en me regardant. Mes yeux sont grand ouverts et ne cessent de fixer les siens. Tout l'effroi que le monde pouvait contenir règne en moi à cet instant. Je ne peux m'empêcher de penser à ma famille. Je suis tellement terrifiée que pas un mot ne sors de ma bouche. Je m'imagine les pires horreurs pour mes parents ainsi que ma petite sœur.
L'inconnu ne bouge toujours pas. Est-ce en direct, ou bien une vidéo préenregistrée ? En tout cas, quoi qu'il arrive, j'envisage le pire.
Le temps s'écoule comme des années, mais pourtant l'écran ne s'est allumé depuis que quelques minutes à peine. Puis il se lève. J'ai encore du mal à réaliser qu'il est dans mon salon. Il s'approche de l'objectif puis il se met à parler d'une voix rauque et lente.
« Bonjour Anne. »
Le fait qu'il connaisse mon prénom ne m'étonne même plus.
« Connais-tu la raison de ta présence ? »
Suis-je censé donner une réponse ? Je suis bien trop tétanisée pour répondre de toute façon.
« Sais-tu laquelle ? » Répète-t-il plus incisivement.
Cette interaction confirme bien une chose ; cette vidéo est bien diffusée en direct. Mais je ne réponds toujours pas.
« Je t'ai posé une question Anne. »
« N..no..non. » Balbutie-je doucement.
« Pardon ? Je ne crois pas avoir entendu »
« Non » , un petit peu plus fort, mais à peine audible tout de même.
Et là il se met à rire. Il s'esclaffe de rire. Pendant au moins deux minutes. Mais pourquoi rit-il ? Je ferme les yeux, son visage m'est insupportable à scruter. Son rire sarcastique semble s'atténuer enfin.
« Tu as commis un crime Anne. »
Un crime ? Moi ? Je ne sais que penser. Une panique profonde s'installe lentement.
« Tu es ici afin de purger ta peine. »
Je tremble à ces mots. C'est un véritable cauchemar ; je dois sortir d'ici. Mais même si tout ça me semble irréaliste, je sens et je sais que cette scène, et là où je me trouve, est bien réelle.
« Ne te souviens-tu vraiment pas ? » Il attend quelques secondes avant de reprendre.
« Bien, envoyer 5466-ANNE23 »
Hein ? Et là, un flash d'information apparaît sur l'écran. Pendant quelques instants, une journaliste parle avec une profonde ampleur de gravité. Puis cette dernière disparaît, laissant apparaître une vidéo sous forme de caméra de surveillance. Elle filme une chambre de petite fille dans le coin élevait d'un mur. La porte de la chambre s'ouvre, et une personne entre discrètement. Au début, on aurait pu croire que l'individu fait partie de la famille, mais je comprends vite que non. Puis elle se retourne, faisant face à la caméra et je suis saisis d'effroi lorsque je remarque que cette personne, c'était moi.
Mes tempes se glacent et mon cœur bat la chamade. Mais qu'est-ce que cette vidéo ? Je ne me rappelle pas de l'avoir vécu. Sur le grand écran devant moi, je m'avance donc vers un lit rose ou une jeune fille dors. Mais elle se réveille d'un coup, son visage horrifié, elle crie et se jette hors du lit. Alors je la rattrape par le bras avec violence et la met à terre. Je reste bouche bée devant cette brutalité, mais je pressens le pire.
En effet, je prends la petite et... non ... Je, enfin la personne sors un couteau de cuisine je ne sais d'où, et poignarde la petite fille. Mon cœur s'arrête de battre. Non, ce n'est pas moi. Je n'avais pas fait cela. Impossible, non. Je ne me rappelle de rien. Rien.
Je hurle ; - NON !!
Le sang de la petite fille se répand sur le sol et l'assassin reste debout en admirant le spectacle. C'en est trop. Je ne peux plus. La douleur et la souffrance que je ressens est incomparable et j'éclate en sanglot. Il faut que je sorte d'ici. Je ne sais rien ce de ce qu'il m'arrive et je ne veux pas croire ce que la vidéo me montre. Je ne veux pas croire que j'avais tué une fille de huit ans dans sa chambre, et de sang-froid.
Et la vidéo redémarre. En boucle. Moi , saisissant le bras chétif de la petite fille pour la mettre au sol violemment. Moi qui ensuite prends un couteau et lui assène de plusieurs coups dans le cœur.
- Pitié !
Je veux me débarrasser de ces chaînes. Je me débat avec rage.
- QUE M'AVEZ VOUS FAIT !! JE N'EN PEUX PLUS RELÂCHEZ MOI !
Toutes les larmes de mon corps mouillent mon visage tout tremblant. Mes mains tremblent, mon corps tout entier frémit. J'ai terriblement froid tout en étouffant de chaleur. Je n'arrive plus à respirer.
- LÂCHEZ MOI !!
Je ferme les yeux pour ne pas affronter ces images, mais je ne peux rien faire pour mes oreilles qui subissent les effroyables cris de la petite fille. Ces chaînes me font de plus en plus mal et le fait de ne pas pouvoir bouger, me met hors de moi. Je hurle à plein poumon. Ce n'est pas moi qui ai commis ce crime. Ce n'est pas moi qui ai tué cette petite fille.Je ne veux pas l'admettre. Mais pourtant la caméra de surveillance montre le contraire et ne peut mentir.
La colère, la rage, la tristesse s'amplifient de plus en plus et ce, chaque seconde. Je ne veux plus rester ici. La douleur intérieure est bien trop terrible à supporter. Pire que la douleur physique. Une vraie torture. Il faut être cruelle et dénuée d'âme pour faire souffrir une personne à ce point.
Mais n'avais-je pas était cruelle moi-même sur la vidéo ? N'avais-je pas donné aucune chance à cette fille ? Je ne souhaite à personnes ce qu'il m'arrive.
Et là, je ne sais d'où, deux personnes vêtues de scaphandres blancs s'approchent de moi. Je peux mal les distinguer car mes larmes dans les yeux floutent ma vision. Ils me saisissent mais je ne me laisse pas faire. Je m'agite dans tous les sens. Je ne veux pas qu'ils me touchent. Je bouge, donne des coups de pieds et hurle sans m'arrêter.
« JE SUIS DÉSOLÉE ! PITIÉ ! JE SUIS DÉSOLÉE NE ME TOUCHEZ PAS ! ARRÊTEZ LA VIDÉO PITIÉ ! »
Soudain, une douleur vive interrompt mes plaintes. Un des individus m'avait enfoncé une seringue dans mon épaule gauche. Mes cris s'affaiblissent. Mes gestes deviennent mous. Et puis plus rien. Le noir complet.
Je m'abandonne surement dans un comas, qui j'espère durera éternellement.
J'émerge lentement d'un long sommeil. Mes bras sont serrés le long de mon corps et me font mal. Je suis assise et ligotée sur une chaise. Une puissante lumière blanche agresse mes yeux à mon réveil. Je sens aussi une vive douleur sur mon épaule gauche. D'ailleurs combien de temps ais-je dormi ? Une heure ? Un jour ? Un mois peut être ? Impossible de le savoir ...
... « Bonjour Anne ».
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top