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Magasin de vêtement. L'horreur absolue. Les jupes attirent mon regard, ma mère se positionne devant moi pour me les cacher.
<< Je te fais confiance, Perceval, choisi des pantalons, ils sont tous abîmés. Je vais aller acheter une robe pour ta sœur. >>
Je pourrais l'aider... elle sait déjà ce que je veux dire, m'assassiner du regard et s'en va.
C'est normal que mes pantalons soient tous déchirés, c'est moi qui ai commis ce "crime". Je voulais juste un prétexte, me retrouver dans un endroit avec des jupes, les essayer en sécurité dans ma cabine...
Évidement, ma mère s'en mêlée. Attention, danger, son cerveau a clignoté, ton fils va sans doute en profiter pour se travestir et nous foutre la honte une fois de plus. Accompagne-le, sois une bonne mère, empêche le de devenir un être bizarre, trop éloigné de la norme, une petit chose dégoûtante. Empêche le.
Comme si me laisser seul, en se postant à l'entrée du rayon filles allait m'empêcher de quoi que ce soit...
Si je ne vais pas au rayon filles, j'irais au rayon femmes, c'est aussi simple que ça, maman.
De toute façon, les filles se fournissent au rayon femme à partir de quatorze ou quinze ans. Ça tombe bien, c'est pile mon âge.
Je fais mine de me remplir les bras de pantalons, fais un signe de main à ma mère pour lui indiquer une cabine. Elle, elle fait semblant de regarder les crops-tops. Comme si elle allait laisser Alison en porter un. Ou alors c'est pour elle ?
Ricanant à cette idée, je jette mon fatras de pantalon tous plus repoussant les uns que les autres, me faufile à plat ventre sous le rideau de la cabine et traverse les rangées de manteaux Lacouste, Nika, Poumon et j'en passe.
Enfin, les jupes. J'en prend deux ou trois au hasard et rentre discrètement dans ma cabine avec. Ma mère est en train d'embrouiller une pauvre vendeuse qui n'a rien demandé sur les crops-tops "honteux" qu'ils proposent.
C'est une atteinte à la pudeur, ces bouts de tissus, madame !
Je l'entend de là. Elle me fait autant honte que je lui fait honte.
Enfin, une jupe.
Bonheur.
Le tissu un peu rêche ressemble de très loin, en plissant les yeux, à un kilt. Il ne me va pas trop, mais je suis tellement heureux de porter une jupe sue je ne vais pas chipoter sur ce genre de détails.
J'en prend une autre. Elle est très belle, très longue, mais elle cache mes jambes. C'est dommage.
La dernière est une minijupe, noire, en cuir, ornée de chaînons d'argents, de têtes de morts grimaçantes et de roses tissés en fil argentés.
Elle est plus qu'incroyable. Elle me rappelle celle de ma sœur.
Je fais jouer le tissu sur ma peau. Sans me vanter, j'ai vraiment une allure incroyable. Et si je rajoutais des collants... peut-être des talons aussi.
Le Roi-Soleil portait des talons, la cour entière portait des talons et personne n'osait remettre ne cause la masculinité du roi.
Pourquoi moi je ne pourrais pas ?
Le rideau s'ouvre violemment dans mon dos. Une exclamation de colère retentit. Je croise le regard de ma mère dans mon dos.
Ouch. Je suis mort. Je voudrais des fleurs bleues et roses sur ma tombe, s'il-vous-plait.
D'un ton glacial, elle m'ordonne de me déshabiller, d'enfiler une tenue décente, d'arrêter de me comporter comme un dégénré. Elle va m'envoyer dans un camp de redressement, si c'est ce que je veux. Le magasin entier est spectateur de mon humiliation. Elle tient le rideau grand ouvert, et jamais je n'oserai le lui reprendre des mains.
Je dois me dévêtir devant tout le monde ?
C'est tout ce que tu mérites.
Ah. Tu as sans doute raison. Apres tout, un garçon qui veut porter des jupes, ce n'est pas normal. Tu as raison, fais une scène dans le magasin, humilie moi devant tout le monde, montre bien que tu es une bonne mère, puisque tu as arrêté ton dégénéré de fils avant qu'il ne décide de convertir tous les vrais mâles aux jupes. Tu as raison, ramène moi à la maison sans me regarder, puis gifle moi. Tu as raison, c'est tout ce que je mérite. Je ne devrais même pas vivre. Vous êtes bon avec moi, vous me remettez sur le droit chemin.
Tu as raison.
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