Chapitre 7
Au-delà de représenter une étape majeur dans la vie d'une femme, le mariage est surtout synonyme de fécondité. En se mariant, la jeune femme a la mission d'offrir à son époux une descendance digne, en particulier des fils. Les différents rites pré-mariage visent à s'assurer la bienveillance des dieux.
Olympia était assise au milieu de la pièce, plongée dans ses pensées. Autour d'elle, alors que du monde s'agitait, tout restait muet. Le silence pesait. Était-ce le même calme que le Chaos ? La jeune femme, en tailleur sur la pierre froide, se sentait perdue dans un vide effrayant. La vie continuait son cours sous ses yeux tandis qu'elle demeurait impuissante. Les gens qui l'entouraient semblaient heureux, de larges sourires dessinés sur leurs visages aux regards pétillants. Certains échangeaient des embrassades, d'autres se murmuraient les derniers commérages de la cité à l'oreille.
Mais Olympia restait là, intérieurement vide, au milieu de cette pièce.
Pourquoi toutes ces personnes semblaient si heureuses de la voir quitter le foyer ? Pourquoi festoyaient-ils ainsi ? Pourquoi était-elle la seule à ne pas sourire ? La brune continuait d'observer, muette, les femmes en face d'elle. Elle était comme invisible à leurs yeux : personne ne remarquait sa présence ni même ses maux. Dans cette pièce, Olympia était la seule à ne pas être heureuse. Mais pourquoi ces invitées se réjouissaient-elles d'un bonheur qu'elle n'éprouvait pas ? Ne voyaient-elles donc pas la douleur qu'elle éprouvait et qu'elle tentait d'hurler ?
Son cœur battait rapidement dans sa poitrine, prêt à exploser. Ses mains, moites, se contractaient nerveusement. Voir ce monde autour d'elle la rendait nerveuse, et ressentir toute leur joie la mettait sur les nerfs au point que la jeune femme semblait prise de nausées. Fébrile, Olympia était sur le point de fondre en larmes. Ses poumons ne lui avaient jamais parus si douloureux, si oppressants. Alors que des sueurs froides la faisaient frissonner, la jeune femme fut prise de sensations de vertiges. Elle suffoquait. Impossible pour elle de respirer. Son cœur tambourinait de plus en plus fort, tandis que de nombreuses images défilaient dans son esprit. Elle s'appuya en avant sur son bras droit, plaquant sa main gauche contre sa poitrine haletante comme pour tenter de se calmer. Olympia avait tantôt chaud, l'impression que sa peau la brûlait, tantôt froid, la sensation que sa peau craquelait sous un gel glacial. Dans sa gorge, un goût amer et désagréable commençait à lui monter, tandis que son estomac se nouait dans son ventre.
— Olympia ? lui demanda une voix lointaine.
Quand la jeune femme redressa la tête, une grimace crispant les traits de son doux visage, Galateïa lui faisait face, l'air inquiète. Autour d'elles, la pièce était en train de tourner, provocant des haut-le-cœur à la jeune femme qui se mit à respirer rapidement.
— Olympia, tout va bien ? entendit-elle plus clairement.
Sa sœur posa une main inquiète sur son épaule. Le brouhaha de la pièce se remit à bourdonner normalement, ramenant brutalement la jeune femme à la réalité de laquelle elle s'était déconnectée. Depuis combien de temps était-elle là, pantelante, à les observer ?
— Tu es très pâle, constata Galateïa.
— Il... Il faut que je prenne l'air, répondit-elle à sa sœur.
Olympia eut du mal à se lever, les jambes flageolantes, manquant plusieurs fois de perdre l'équilibre. Elle s'appuya sur l'épaule de son aîné qui l'aida à sortir de la maison. La jeune femme se dirigea vers l'arrière de l'habitation, s'approchant de la lisière de la forêt.
— Tu ne te sens pas bien ? s'inquiéta sa sœur.
Elle ne prit pas la peine de répondre, se penchant en avant. Son souffle était bruyant et saccadé, tandis que sa peau la brûlait toujours intensément. Malgré qu'elles aient quitté la pièce, la jeune femme ne parvenait à retrouver son calme, son cœur tambourinant toujours aussi fort dans son corps tremblant.
— Redresse-toi, reprit Galateïa. Il faut que tu respires calmement.
Mais Olympia ne parvenait à se calmer. Des haut-le-cœur violents la faisaient trembler tandis qu'elle se sentait trop légère pour tenir stablement sur ses jambes. Sa grande sœur, toujours à sa droite en train de la soutenir, se positionna aussitôt devant elle et attrapa fermement son visage.
— Respire calmement, Olympia.
Elle imita Galateïa qui lui mimait des inspirations et expirations lentes. Dans sa poitrine, son cœur semblait finalement arrêter sa course infernale contre la montre, tandis qu'elle reprenait peu à peu conscience du monde qui l'entourait. Elle sentait le contact de sa peau contre celle de sa sœur, respirait l'air chaud et humide qui caressait son visage, serrait les poings à s'en creuser la paume des mains de ses ongles longs.
— Respire, chuchota Galateïa. Voilà, c'est bien.
Olympia reprenait peu à peu des couleurs, ses joues retrouvant leur rose timide, et ses lèvres leur rouge intense.
— Te sens-tu mieux ? s'inquiéta alors sa grande sœur. Que t'est-il arrivé ?
La jeune femme haussa les épaules, reprenant difficilement ses esprits.
— Je ne veux pas y retourner, Galateïa... la supplia-t-elle soudain.
Sa grande sœur arqua ses sourcils.
— Voyons, Olympia, tu ne peux pas t'enfuir comme ça... Il s'agit d'une étape importante de ton mariage.
Justement, pensa-t-elle intérieurement.
Elle se contenta de grimacer de nouveau. Derrière elle, Olympia entendit quelqu'un s'approcher, lentement. Le coup d'œil de Galateïa vint confirmer qu'une personne se trouvait bien dans son dos.
— Nous sommes là, tenta de la rassurer Galateïa. Nous sommes là pour t'accompagner.
Olympia acquiesça difficilement, répondant d'un signe de tête peu convaincu.
— Tout va bien ? demanda une voix familière.
La jeune femme reconnu aussitôt l'élocution de sa mère. Elle se retourna, affrontant le regard inquiet de celle-ci, la dévisageant froidement.
— Tout va bien, répondit-elle simplement.
Si Olympia souffrait autant, c'était à cause d'eux, de ses parents qui la donnaient pour épouse à un parfait inconnu. Elle ne parvenait à digérer le fait qu'ils aient accepté de l'épouser à Theodósios de Sparte ; y arriverait-elle un jour ? Elle en doutait. Quand elle plongeait ses yeux sombres dans ceux de sa mère, seule l'amertume lui venait. Parviendrait-elle à ressentir autre chose que ce sentiment de trahison envers elle ?
Olympia prit une grande inspiration, s'avançant en face de sa génitrice ; car c'est comme ça qu'elle la voyait désormais, comme sa simple procréatrice. Comment pourrait-elle la voir autrement après un tel accord ? Sa propre mère l'avait envoyée directement au Tartare. Elle eut un courant de frissons face à l'image du visage calculateur de Theodósios de Sparte qui se dessinait dans son esprit. Olympia repensa au sourire de satisfaction vicieux qu'il lui avait adressé, à cette façon qu'il avait eu de la regarder de haut avec une sorte de malveillance qui l'avait faite frissonner de la tête aux pieds. Oui, ils l'avaient offerte à un monstre.
— Nous serons avec toi jusqu'au bout, murmura Galateïa. Je t'en fais la promesse.
— Ne tardons pas, il nous faut aller au temple, reprit la femme.
La cadette s'avança silencieusement, ignorant les paroles de sa parente, et se dirigea vers l'entrée de la maison où de nombreuses femmes attendaient. Famille, amies, connaissances ; tout le monde avait été convié à l'excursion de la future mariée au temple d'Aphrodite.
Quel honneur ! ironisa Olympia intérieurement.
Tous ces regards rivés sur elle et le silence que son arrivée provoqua l'oppressèrent de nouveau. Elle inspira et expira lentement, comme Galateïa le lui avait conseillé de faire, puis s'intégra au groupe qui se mit aussitôt en marche.
Le mariage comprenait trois étapes majeures, dont la première consistait en plusieurs rituels pour honorer les ancêtres et les Dieux dans l'objectif d'obtenir leur bénédiction pour l'union sacrée. Des offrandes étaient faites pendant que des chants et des prières étaient récités. Autour d'Olympia, les femmes qui composaient le groupe portaient toutes dans leurs mains un présent qui serait déposé sur l'autel du temple, ou aux pieds de la statue de la déesse. Certaines portaient des fruits, tandis que d'autres tenaient des bouquets de feuilles d'oliviers, de lauriers et de figuiers. À droite, sa cousine lointaine, qu'elle ne connaissait que très peu, tirait un mouton qui suivait sagement le mouvement, ne se doutant certainement pas de sa mort certaine.
La future mariée, elle, ne portait rien, escortée par le groupe qui avançait rapidement. Elles grimpèrent les marches menant à l'Acrocorinthe, tandis que les quelques passants qu'elles croisaient les saluaient de larges sourires chaleureux. Le temple d'Aphrodite, à peine visible depuis le bas de la montagne, se situait au sommet de l'imposant massif rocheux que le groupe gravissait rapidement. Autour d'elles, des petits buissons encadraient le chemin de terre. Au printemps, ces mêmes arbustes étaient ornés de fleurs violettes qu'Olympia avait toujours trouvées magnifiques. Il fallait plusieurs longues minutes de marche avant d'arriver aux dernières marches de pierre qui permettaient d'atteindre le sommet de l'Acrocorinthe. Le groupe se rapprochait du temple qui désormais ne paraissait pas aussi minuscule qu'au début de leur ascension. Dominant, il se dressait là, au bord du massif rocheux, surplombant les terres de Corinthe. Elles arrivèrent enfin à sa hauteur quand le sol de terre sèche et craquelée fut remplacé par des dalles de pierres claires parfaitement posées. Imposante, la demeure d'Aphrodite se dressait désormais devant elles à seulement quelques mètres de là.
Olympia se stoppa, prenant le temps d'observer ce spectacle grandiose dont elle ne se lasserait sûrement jamais. En face d'elle, le temple d'Aphrodite s'élevait fièrement au sommet de l'Acrocorinthe. Ses nombreuses colonnes, parfaitement sculptées, s'érigeaient haut dans le ciel et les fines peintures, le long de l'immense façade, coloraient le paysage d'un rouge intense. Au loin, une vue imprenable se dessinait, dévoilant les vastes étendues d'eau et l'immensité des terres de Corinthe. La jeune femme prit une grande inspiration, fermant les yeux quelques secondes pour savourer le contact du vent contre sa peau frissonnante. Ici, elle se sentait en sécurité, pour la première fois depuis des jours. La demeure d'Aphrodite dégageait une aura apaisante qui calmait ses maux.
— Olympia, nous devons y aller, ordonna sa mère dans son dos, la ramenant brutalement à la réalité.
La jeune femme aurait aimé s'évader encore un instant, le temps de quelques minutes, pour profiter du calme que lui offrait les lieux et du spectacle de ce panorama époustouflant. Mais elle n'en fit rien. Au lieu de cela, la brune se joignit de nouveau au groupe qui pénétrait dans le temple. À l'intérieur, l'air était plus frais. L'ambiance y était calme et silencieuse. Devant elles, quelques personnes étaient accroupies, les yeux fermés, devant l'immense statue de la déesse d'une beauté incomparable.
— Nous y sommes, murmura Galateïa. Prête ?
Olympia secoua la tête, mais il était trop tard ; tour à tour, les invitées s'approchaient de la statue, déposant à ses pieds les offrandes qu'elles avaient apportées. Certaines disaient quelques mots à voix basse, d'autres se contentaient d'offrir leurs présents. Les fleurs furent jetées contre le marbre. Pendant plusieurs minutes, Olympia observa le groupe de femmes, embarrassée. L'ambiance du temple habituellement calme lui sembla soudainement pesante quand tous les regards se tournèrent vers elle.
— À toi, mon enfant, lui indiqua sa mère.
Celle-ci lui tendit une grenade qu'Olympia attrapa, hésitante. Elle resta plantée là, figée, à quelques mètres de la statue. La jeune femme sentait son corps trembler sous l'émotion.
Inspire, expire... pensa-t-elle en prenant de grandes inspirations.
— Tout ira bien, lui chuchota Galateïa.
Olympia esquissa un sourire, puis s'avança. Ses yeux étaient rivés sur le petit fruit rouge qu'elle tenait dans ses mains. Un simple fruit qui, pour tout le monde autour d'elle, signifiait beaucoup de choses : la grenade était le symbole de la fécondité et de fertilité. La jeune femme s'arrêta devant les immenses pieds de marbres, levant la tête en direction du visage d'Aphrodite. Elle était totalement perdue, comme si toutes ces années passées avec sa mère à apprendre à être une bonne femme s'étaient effacées de sa mémoire. Elle tenait, de ses mains tremblantes, le fruit sacré du mariage, tandis qu'elle restait bouche-bée. Que devait-elle lui dire ? Comment formuler des mots que la déesse de l'amour entendrait ? En tant que déesse de la beauté, ne valait-il mieux pas lui réciter de belles choses ? La jeune femme jeta un coup d'œil derrière elle, croisant le regard de sa mère qui lui adressa un large sourire. Elle prit une grande inspiration, s'agenouillant sur le sol froid, et ferma les yeux.
— Aphrodite, commença-t-elle.
Elle marqua déjà une pause, cherchant ses mots avec difficulté.
— Faites que mon mariage soit heureux, je vous en supplie.
Un nouveau silence vint la couper. Son cœur tambourinait violemment dans sa poitrine, tandis que ses mains moites laissaient tomber la grenade aux pieds de la déesse.
— Vous m'avez sauvée, reprit-elle. Alors faites que ce mariage ne soit pas si horrible que celui auquel j'étais vouée.
Elle rouvrit les yeux, laissant une larme perler le long de ses joues froides.
— Je veux être heureuse, avoua-t-elle. Ce n'est pas parce que je suis née dernière que je n'ai pas le droit au bonheur, n'est-ce pas ?
Les souvenirs de son enfance défilaient péniblement dans son esprit tandis qu'elle sanglotait silencieusement.
— Je n'ai jamais eu de chance, alors, Aphrodite, donnez-m'en, je vous en supplie.
Puis elle lui tourna le dos sous le regard fier de Galateïa qui lui adressa un sourire tendre. Olympia s'approcha du groupe, dubitative. Que devait-elle faire maintenant ? Avaient-elles terminé ? Quand sa cousine s'écarta du groupe, suivie du mouton toujours aussi calme, la jeune femme se rendit compte que le rituel était bien loin d'être fini ; désormais, il allait falloir sacrifier la bête. Intérieurement, la future mariée espéra qu'il ne faudrait pas qu'elle tue cette pauvre bête de sa main. Rien que de s'imaginer trancher la gorge du mouton l'écœurait au point de lui provoquer des nausées.
Alors que l'animal fut entraîné jusqu'à l'autel, les autres femmes qui assistaient à la cérémonie se mirent à chanter. Olympia se retourna, surprise, observant ces visages aux yeux fermés et aux traits si apaisés. Leurs voix s'élevèrent dans le temple, tandis que la jeune femme fut parcourue d'un courant de frisson. En chœur, les différents timbres se mélangeaient, formant une symphonie des plus magnifiques. La brune ferma les yeux un instant, savourant les moindres paroles qui résonnaient dans l'antre d'Aphrodite. Olympia bougeait les doigts sur le rythme du chant, visualisant parfaitement sa lyre. Elle s'imagina jouer de son instrument, accompagnant les notes cristallines pour former un harmonieux chœur qui emplirait le temple d'une mélodie semblable à une chute d'étoiles scintillantes.
Soudain, un cri strident retenti, brisant le moment d'harmonie ultime dans lequel Olympia tentait de se réconforter. Elle ouvrit les yeux, se figeant à l'entente du désagréable cri de l'animal. À quelques mètres de là, attaché à un poteau, le mouton gisait, sa cousine récupérant son sang dans une coupe profonde. Le chœur se mêlait étrangement bien aux meuglements du mouton qui périssait. La jeune femme croisa son regard, alors que la pauvre bête, en train de se vider de son sang, écarquillait les yeux de détresse. En quelques secondes seulement, après avoir poussé des cris de lamentations insupportables qui tordirent le cœur d'Olympia, le mouton tomba, inerte. Ses yeux éteints de toutes émotions continuaient de la fixer alors qu'elle détournait le regard de son cadavre.
Derrière elle, les femmes arrêtèrent aussitôt leurs chants, se mettant à murmurer des prières à Aphrodite. La cousine d'Olympia s'approcha de l'autel, levant la coupe haut au-dessus de celui-ci, puis versa le liquide rouge qu'elle contenait. Le sang gicla sur le marbre clair, tâchant le sol. Quand le groupe se tut, quelques femmes s'approchèrent de la dépouille du sacrifié pour le dépecer.
— Ce n'était pas si terrible que ça, lui murmura Galateïa dans son dos.
Olympia grimaça. Malheureusement, ce n'était que le début d'une longue série.
En quelques minutes seulement, le mouton fut entièrement éviscéré. Les morceaux de son corps non-comestibles étaient offerts à Aphrodite sur l'autel, où les os et la graisse étaient répartis, tandis que la viande fraîche était conservée pour servir lors du banquet de mariage.
Quand elles sortirent du temple, Olympia ne prit pas la peine d'observer la vue une seconde fois, descendant la colline rapidement, difficilement accompagnée par les femmes qui bavardaient dans son dos. La jeune femme n'attendait qu'une chose ; rentrer chez elle pour s'enfermer là où elle pourrait jouer de son instrument, sa seule échappatoire.
Le groupe atteint Corinthe en une dizaine de minutes, puis, après avoir remercié les nombreuses invitées qui s'étaient présentées à sa cérémonie, Olympia s'enfonça dans sa demeure, traversant rapidement sa cour. Soudain, un bruit lointain attira son attention, l'obligeant à se retourner.
— Heureux de vous rencontrer, Monsieur, dit un homme à la carrure imposante qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à Hélios.
La jeune femme fronça les sourcils, se figeant pour les observer.
— Allons-y, dit son père après avoir serré la main de l'inconnu.
L'inconnu suivit son paternel. Hélios apparut soudain, caché par l'une des colonnes qui meublaient la cour. Avant de s'enfoncer dans l'andrôn, ce dernier jeta un coup d'œil en direction d'Olympia qui écarquilla les yeux de surprise. Mais il resta silencieux et s'enfonça dans la pièce, refermant la porte de bois derrière lui.
-ˋˏ Merci d'avoir lu ce chapitre ! ˎˊ-
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