Chapitre 12

En Grèce antique, l'artisan travaillait dans un ergasterion, littéralement "lieu de travail". Le plus souvent, l'atelier-boutique de l'artisan se trouvait à son domicile, dans une partie de l'oikos (maison) réservée à son activité. Il était cependant possible de louer des locaux, notamment pour se rapprocher des quartiers dits "artisanaux", qui pouvaient être spécialisés ; par exemple, Athènes possédait à l'époque un quartier du Céramique réunissant tous les artisans potiers et peintres.  


          La silhouette fragile d'Olympia parcourait les lieux timidement, découvrant chaque pièce avec beaucoup de curiosité. Chaque fois qu'Hélios lui présentait une nouvelle salle, la jeune mariée y jetait un coup d'œil rapide, penchant tout juste la tête dans l'encadrement de la porte. Ses pupilles noisette parcouraient les moindres détails des pièces qu'elle découvrait, jonglant tantôt entre les meubles tantôt vers les décorations qui pouvaient orner les murs.

          Mais elle ne disait rien.

          Depuis qu'ils s'étaient retrouvés seuls, Olympia n'avait plus ouvert la bouche. Aucun son, aucun sourire ni soupir.

          Rien.

          Hélios affrontait un calme bien trop plat et inquiétant. Serait-elle tapie dans ce mutisme à tout jamais ? Une grimace tira les traits de son visage alors que la jeune femme observait la cuisine avec attention.

          Laisse-lui le temps... songea-t-il sagement.

          Il soupira longuement, patientant le temps qu'elle finisse de détailler la pièce qu'il venait de lui présenter. Une fois qu'Olympia eut terminé, ils se remirent en marche sous le préau qui entourait la cour où la lumière de la lune reflétait sur le sol clair.

          — Voici notre chambre, continua-t-il.

          La jeune mariée parcourait les meubles du regard, glissant le long des murs et relevant les moindres détails. Leur chambre était plus grande que celle réservée aux invités. Un grand lit meublait le centre du mur, entouré des deux côtés par des torches où des flammes vives dansaient énergiquement. Au pied de celui-ci se trouvait un coffre imposant, légèrement usé sur les bords. Olympia le fixa un instant avant de continuer sa visite du regard.

          Une fois qu'elle eut fini, la jeune femme se retourna vers lui comme dans l'attente de la suite. Il se remit en route, suivi de près par cette petite ombre silencieuse qui arpentait les couloirs de la cour derrière lui depuis plusieurs minutes déjà.

          — Voici mon atelier, annonça-t-il. J'y passe le plus clair de mon temps.

          Cette fois-ci, une lueur différente anima le regard d'Olympia ; il venait de piquer sa curiosité en plein cœur. Contrairement aux premières présentations, cette fois-ci, elle se permit de pénétrer les lieux, l'air vivement intéressée.

          — Attention, il y a des amphores par terre... précisa-t-il.

          Olympia se figea. Dans la pénombre, un accident pouvait vite arriver, et mieux valait prévenir que réparer.

          — C'est ici que vous travaillez ? demanda-t-elle timidement.

          Sa voix brisa le silence lourd qui le séparait depuis de longues minutes. Hélios en eut presque un sursaut.

          — Oui, en partie.

          — En partie ? renchérit-elle, intéressée.

          — La cuisson ne se fait pas dans mon atelier, précisa-t-il. J'ai des fours à l'arrière de la maison, dans une cour extérieure.

          Elle hocha la tête, faisant mine de comprendre. Elle sortit de la pièce, l'air déçue de ne pas pouvoir en découvrir davantage. Il hésita un instant, observant la jeune femme devant lui. Olympia tentait d'apercevoir l'intérieur de son atelier, les yeux plissés comme cherchant à percer la pénombre qui envahissait les lieux.

          — La visite de la maison est terminée, conclut-il finalement.

          La mariée écarquilla les yeux, l'air surprise, tandis qu'une grimace de déception se dessinait sur son visage. Il croisa son regard noisette où des milliers d'émotions étaient soudainement visibles. Hélios parvenait à lire en elle de la peur et de l'angoisse.

          Leur première nuit ensemble. Ils étaient censés conclurent leur mariage, devaient s'unir sous le regard des Dieux, pour de bon. Mais, à en voir les traits crispés d'Olympia, il sentit son cœur se serrer. Avait-elle autant peur de lui, ou appréhendait-elle seulement leur première fois ?

          — Allons dormir, reprit-il.

          La jeune femme le suivit silencieusement, cette fois-ci l'air beaucoup moins pressée que durant leur visite. Hélios jetait des coups d'œil par-dessus son épaule, scrutant Olympia dans la pénombre nocturne. La lumière de la lune reflétait sur sa peau pâle, faisant ressortir les quelques taches brunes qui parsemaient son nez fin. Ses joues semblaient d'une douceur si agréable qu'il se surprit à vouloir les parcourir de ses doigts rugueux. Il secoua la tête, esquissant un sourire, amusé par une telle pensée.

          Ils pénétrèrent dans la grande pièce visitée quelques minutes plus tôt. La jeune femme s'avançait timidement dans les lieux, les bras croisés dans son dos. Olympia prit le temps de regarder plus en détail sa nouvelle chambre, faisant le tour des lieux d'un pas léger. Elle s'arrêta devant un grand vase étroit, un lécythe, scrutant les dessins qui ornaient l'argile.

            — Est-ce l'une de vos créations ?

           Hélios prit une grande inspiration.

          — Non, répondit-il sèchement. C'est un lécythe créé par mon père.

          Olympia se retourna, les sourcils arqués de surprise.

          — Ainsi, les rumeurs sont vraies. Vous avez hérité ce don de votre père ?

          Le brun s'approcha de la mariée, qui recula d'un pas, frôlant le vase.

          — Nous ferions mieux de dormir, changea-t-il de sujet.

          La jeune femme s'exécuta, s'approchant du grand lit où elle s'assit timidement. Hélios contempla le vase quelques secondes, puis tourna les talons, s'approchant ....

          Il se glissa sous les tissus, s'installant à la place qu'Olympia lui avait choisie. Habituellement, il avait pour habitude de dormir au milieu de celui-ci ; désormais, il se devait de partager sa couche avec la jeune femme.

          La mariée l'imita, se glissant toute habillée sous les draps froids. Son pied tapa celui du brun, elle s'excusa dans un murmure presque inaudible.

          Hélios prit une grande inspiration, puis souffla sur la flamme.

          Le noir vint, puis le silence.



-ˋˏ Merci d'avoir lu ce chapitre ! ˎˊ-

Hellooo ! Très contente de reprendre la publication des chapitres par ici ! Ça faisait longtemps...

Qu'avez-vous pensé des derniers chapitres ?

Connaissiez-vous le déroulé du mariage en Grèce antique ?

Pourquoi pensez-vous qu'Hélios évite le sujet de son père ?

Dites-moi tout !
Maintenant qu'Hélios et Olympia sont enfin mariés, j'ai hâte de vous partager la suite de leurs aventures... On se retrouve lundi prochain ! ♡



Marina

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