Lèvres Carmines
Le simple nom des Gesuald me fit remonter deux ans plus tôt. A cet époque où l'adolescent se rebelle contre le lourd joug de son père, je confesse que toute mes relations n'étaient pas fréquentables. La richesse d'un famille attire inévitablement des convoitises, et je fis le jeux des flatteurs. Des jeunes hommes notamment, qui paraissait pourtant de bonnes familles, s'étaient mis en esprit de me pousser à dilapider la pension que me reversait mon père dans les plaisirs facile du jeu et du vin.
J'étais un beau jeune homme, empli d'orgueil et qui se voyait, du fait d'un mérite que je n'avais pourtant pas moi-même amassé, d'une grandeur plus importante que les nobles. Or un chevalier ne pouvait tenir son rang qu'en offrant à profusion, et ainsi je distribuais des tournées générales, garnissait ma table des meilleures cuvées, et offrait à toute jeune fille avec un joli minois qui daignaient s'asseoir sur mes genoux des diamants. C'est l'époque où je devins un homme.
Étonnement, mon argent ne me permettait de conclure autant que je l'avais d'abord imaginé. Un beau physique ne vaut rien, quand la conversation est vraiment balourde. Par la suite, je regrettai de ne pas avoir écouté les cours de mes précepteur - l'art oratoire me permettra par la suite bien des prouesses, mais je m'avance trop dans mon récit. Autre inconvénient, je ne tenais pas l'alcool et finissait beaucoup trop souvent ivre mort, seul sur le bar, que dans les bras d'une étrangère. Combien de fois ai-je fini par m'endormir devant la porte du cabaret, dans des quartiers où les rapines, voir l'assassinat occasionnel, était monnaie courante.
Comment j'en suis arrivé à fréquenter Vera ? Je ne sais pas. Peut-être qu'elle me faisait peur, avec son regard sévère, en totale opposition avec le lieu de débauche où nous nous trouvions. Elle s'était dirigé seule vers le comptoir, sans jeter le moindre regard aux alentours. Vêtue en toute simplicité d'une longue robe rouge droite et d'une paire de sandale dorée, comme on en faisait au temps cléïenne, elle semblaient à une déesse païenne que l'on trouve sur les mosaïques.
Un rustaud salua son arrivé d'un sifflement admiratif, et je m'aperçus avec horreur qu'il venait de notre table.
« Hey, je crois qu'elle t'a tapée dans l'œil ! » s'exclama le coupable d'un air rigolard. Visiblement, sa grossièreté le fit bien rire, ainsi que ma tête rouge écarlate qui devait être, il faut bien le dire, impayable. Je n'osai plus regarder celle qui était un instant plus tôt l'objet de ma contemplation. Ainsi fus-je surpris quand elle s'assit à côté de moi.
« Salut Rob, répondit-elle amusée, et je compris que les deux se connaissaient bien. Il y a une fête au Château des Iliaires, est-ce que nous faisons la route ensemble ?
- Les Iliaires, répondit-je en grimaçant ? Je ne crois pas que l'on puisse y entrer si facilement. »
Ils se regardèrent, comme si j'avais dit une énormité. « A quel moment ta cervelle d'oiseau a pensé qu'on allait entrer avec une invitation ? »
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