Chapitre 7
« Ira furor brevis est »
La colère est une courte folie
-Est-ce que je peux savoir ce que VOUS faites ici ? Insistais-je sur le pronom.
-Voyons, tu peux me tutoyer tu sais. Me sourit-il. Comme je te l'ai dit, je viens voir comment tu vas depuis la dernière fois.
-Je vais bien, merci d'être passé, vous pouvez partir maintenant. Lui dis-je en montrant la fenêtre du doigt.
-Hahaha, que tu es froide envers moi. Contente de te voir en meilleure forme en tout cas.
-Vous êtes venu juste pour voir comment j'allais, ou vous avez autre chose à me dire ? D'ailleurs, comment vous savez où j'habite ?
- La dernière fois où tu es venue dans mon bureau, tu voulais mon rapport sur l'affaire « Takegi ». Un frisson me parcouru à l'évocation de ce nom. Et quand il y a eu le léger incident, j'ai dû fouiller dans vos affaires pour savoir ce qu'il se passait, et du coup j'ai regardé tous papiers et j'ai trouvé ton adresse comme ça.
Bien que j'eusse fortement envie de lui crier dessus, je n'en fis rien. Je savais que cet énergumène essayait de me pousser à bout. A la place je lui répondis calmement.
-D'accord, merci d'être passé dans ce cas. Merci aussi pour la nourriture et le bouquet que vous avez déposé au bureau mais je vous serai grée de ne plus recommencer et de ne plus venir me voir. Vous n'aurez qu'à m'envoyer votre rapport quand vous l'aurez terminé.
-Pourquoi attendre que je te l'envoie par la poste alors que je l'ai avec moi en ce moment ?
-Alors donnez-le moi et partez.
-Tu n'es pas très gentil de vouloir me mettre à la porte aussi rapidement avec le temps qu'il fait dehors.
-Je ne vous ai jamais demandé de venir chez moi et à ce que je sache, la pluie n'a jamais tué personne. Et si cela vous gêne tant que ça, je vais vous dire les paroles d'un homme sage pour relativiser : « petite oiseau si tu n'as pas d'ailes, tu ne peux pas voler mais tu peux marcher »*.
-Oh ? voilà que tu cites des humoristes. J'aime beaucoup l'humour aussi tu sais. Je trouve que rire et sourire libère l'esprit. Tu devrais essayer, tu aurais de nombreux prétendants à tes pieds.
-Si c'est pour faire comme vous et avoir un faux sourire à longueur de temps, je m'en passerai merci. Faire semblant est bien trop fatiguant à mon sens.
A mes mots le héros perdu son sourire et me fixa du regard pour m'analyser. Il semblait non pas vexé mais intrigué par ce que je lui disais. Pour ma part, je n'en avais que faire, je continuais donc dans ma lancée dans l'espoir de le faire enfin partir.
-Et en parlant de fatiguant, j'aimerais que vous sortiez de mon appartement. Je n'aime pas me répéter et ça me dérangerait grandement de devoir vous passer les menottes et de vous amener au poste le plus proche car vous n'êtes pas capable de respecter la vie privée d'une personne.
Hawks avait continué de me fixer durant toute ma tirade et n'avait pas changé d'expression. A la fin de celle-ci, il n'avait toujours pas réagi et ne semblait toujours pas vouloir sortir.
Quelques secondes plus tard, il me quitta enfin des yeux et fixa un point dernier moi. Le sourire du héros ailé réapparu aussitôt et sa voix prit un ton moqueur.
-Dis-moi Kuro, tu n'es pas un peu grande pour cette série ?
Comprenant de quoi il parlait, je me mis à rougir violemment de gêne mais aussi de colère. La manière douce ne fonctionnait pas avec lui alors j'allais passer aux choses sérieuses. Il voulait me pousser à bout, il avait réussi avec cette phrase.
-Ecoute moi bien tête de piaf... Avant même que j'eusse le temps d'entamer un nouveau mot, mon ventre se rappela à mon bon souvenir en émettant un gargouillement disgracieux et particulièrement sonore, me faisait couper la phrase.
Avant même que je pus faire ou dire quoi que ce soit, j'entendis le héros rire aux larmes. Ce dernier riait tellement qu'il se tenait le ventre. J'eus même la désagréable pensée qu'il était plutôt pas mal quand il avait un vrai sourire ou rire.
Hawks, au bout de quelques secondes, essaya de se contenir en reprenant son souffle et me regarda avec un grand sourire :
-Pour le coup, j'ai bien écouté. Me dit-il avant de repartir dans son fou rire.
Je sentis mes joues rougirent à cette phrase. De toutes les personnes devant lesquelles je pouvais me ridiculiser, il avait fallu que ça tombe sur lui. Je devais être réellement maudite.
Continuant à maudire mon karma et l'homme qui se trouvait devant moi, un son aigu retenti. L'autocuiseur de riz avait fini sa préparation et me signalait que je pouvais enfin passer à table. Enfin une bonne excuse pour mettre le volatile à la porte qui par ailleurs commençait à reprendre son souffle.
-Bien, tu t'es assez foutu de ma gueule, maintenant casse-toi !
-Pourquoi tu me tutoies seulement pout dire des mots aussi grossiers ? Et puis il pleut encore dehors. Imagine que je me prenne un éclair en plein vol parce que tu m'as chassé. Je mourrai par ta faute. Dit-il d'un faux ton dramatique.
-Tant mieux ! Un abruti de moins.
-Outch tant de d'horreur dans la bouche d'une si jolie femme.
En voyant que j'allais lui répondre de façon cinglante. Il me coupa aussitôt :
-Voilà ce que je te propose Kuro, tu me laisses manger ici, le temps que le temps dehors se calme, et après je rentre chez moi. Promis !
-Et pourquoi je devrais te laisser imposer tes règles chez moi ?
-Tu n'as pas trop le choix, de ce que je sais tu n'as pas la force de me pousser dehors. Me répondit-il un air malicieux.
Oh le salaud ! Il utilisait mon point faible pour s'imposer à moi : le fait de ne pas pouvoir toucher d'homme. A contre cœur, j'acceptais son offre. Plus tôt il partirait de chez moi, plus vite je retrouverais ma tranquillité.
Hawks m'aida donc à mettre la table pendant que je m'occupais de la préparation des œufs. Une fois ces derniers cuits, je les posais simplement sur le bol de riz préalablement chauffé avant de les poser sur la table.
Voyant que le squatteur allait dire une chose face à son plat, je lui envoyais un regard noir le déconseillant de faire le moindre commentaire. Il venait s'imposer à moi et manger gratuitement, ce n'était pas pour avoir une remarque désagréable en plus.
Le repas se passa en grande partie dans le silence, seul le bruit des baguettes tapant contre le bol venant briser le calme de la pièce. Quand soudainement le héros prit la parole :
-J'avais une question, c'est quoi ta lessive ? Devant mon regard quelque peu perdu par cette question, il reprit aussitôt :
-Je pose la question car l'odeur de ma veste a changé depuis que tu me l'as rendu, et je trouve cette odeur d'agrume très agréable, d'où ma question.
Je rougis face à cette dernière phrase avant de répondre tout bas.
-Navrée, mais je n'ai jamais lavé ta veste.
Visiblement, le héros avait une excellente ouïe puisqu'il fit mine de réfléchir à ce que je venais de dire.
-Tu as laissé une autre personne la laver alors ?
Je fis un timide non de la tête. Devant ma réponse le héros ne dit rien avant de taper le poing sur sa main.
-C'est quoi ton gel douche ?
-Je ne veux pas répondre à cette question. Me refermais-je.
-Tu sais que si tu ne réponds pas, je vais aller moi-même vérifier dans ta salle de bain ?
J'étais choquée devant autant de sans-gêne, le pire c'est que je savais que si je ne répondais pas il était capable de le faire.
-Yuzu-Citron répondis-je les dents serrées. Si j'avais pu le frapper, il y a bien longtemps que je lui aurais foutu mon pied au cul.
-D'accord, c'est bien ce qu'il me semblait... Bizarrement il ne fit aucune remarque en plus mais je savais qu'il avait compris que j'avais porté sa veste ou que je l'avais utilisé d'une quelconque façon.
Alors qu'aucun de nous deux n'avait repris la parole depuis cinq minutes, l'homme ailé posa une seconde question :
-La fois où tu étais venue à mon bureau, tu m'as crié une phrase que je n'ai pas comprise.
-Quelle phrase ? J'ai pourtant fait mon maximum pour être compréhensible. Je ne t'aurais pas pensé avec une cervelle de moineau en plus de reste... Mon ton était sarcastique voire agressif mais parler de cette expérience dans son bureau me rappelait ma propre faiblesse, cependant le héros ne semblait pas s'en formaliser.
-Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer devant ce vilain jeu de mot... Non, je ne parle pas du moment dans mon bureau mais de celui qui s'était déroulé avant, quand je suis parti après avoir récupéré ma veste.
-Après que tu m'ais ouvert la porte dans la gueule ? C'est normal que tu n'ais pas compris, c'était du français.
-Du français ? Tu es Française ?
-Oui.
Il se mit à me regarder avec un air émerveillé. On aurait dit un enfant qui venait de découvrir la nouvelle figurine All Might. Il était plutôt mignon avec cet air mais je sentais que j'avais fait la révélation à ne pas faire.
-Tu sais bien cuisiner du coup ? Seulement un de tes parents est français ? Tu es déjà partie là-bas ? C'est pour ça que ton nom est aussi original ? Les super-héros sont aussi présents qu'ici ? C'est vrai que vous mangez des escargots ? Et d'ailleurs, je ne t'ai jamais demandé, c'est quoi ton alter ?
Cet afflux de questions qui n'en finissaient pas me fit pousser un profond soupir. Comment pouvait-on parler autant sans jamais manquer d'air ? Le pire, c'est que je savais que si je ne répondais pas, le jeune volatile n'allait pas me lâcher. Je décidais alors de répondre seulement à la dernière question :
-Je n'ai pas d'alter.
-Vraiment ? C'est très rare à notre époque ! Et malgré ça tu es devenue policière ?
-Malgré ? Je n'ai jamais pensé que ça me faisait défaut. Au contraire, j'ai appris à me débrouiller toute seule et à toujours évoluer sans avoir à compter sur une capacité spéciale. Ça m'a même conforté dans l'idée de devenir inspecteur. Et puis, on n'a pas le droit d'utiliser un alter pour arrêter les criminels.
Un sourire nostalgique était apparu sur mon visage. Je repensais à tous les efforts que j'avais dû fournir, tant physiquement que psychologiquement. Au début de mon école de police, mes gentils camarades avaient décidé de faire de moi leur souffre-douleur puisque j'étais sans alter et qu'en plus j'étais une femme... J'avais très vite dû me battre de toutes mes forces et gagner leur respect pour qu'on me laisse en paix. Je ne comptais même plus le nombre de fois où j'avais été convoquée dans le bureau du directeur à cause de cela.
-Franchement Kuro, tu m'impressionnes. Cette phrase me tira de mes pensées et je me mis à regarder fixement Hawks.
-Rare sont les femmes avec autant de caractère que toi. J'en connais quelques-unes bien sûr mais elles possèdent des alters puissants qu'elles ont travaillé à leur maximum. Je suis vraiment ravie d'avoir pu manger en tête à tête avec une femme aussi forte et qui n'hésite pas à affronter le danger.
Cette tirade me fit chaud au cœur. Je sentais à travers son regard que le héros était sincère et avait su reconnaitre mon travail et ma persévérance. Même s'il n'était qu'un insupportable pervers sans gêne, il restait avant tout le numéro deux des héros, et se faire reconnaitre par une telle personne faisait toujours quelque chose.
-Merci beaucoup Hawks. Pour la première fois depuis notre rencontre, je l'appelais à haute voix par son nom de héros. Cela ne signifiait surement rien pour lui mais à mes yeux cela voulait dire qu'intérieurement, la guerre que je voulais lui faire était terminée. Peut-être que je finirai par apprécier cette boule d'énergie.
-Je t'en prie, je le pense vraiment. C'est pourquoi j'ai fait des recherches sur la phobie que tu as et j'ai trouvé le meilleur moyen de la combattre. Pour ça, il faut que je me rapproche de toi !
-Hein ? Je n'étais pas sûre de là où voulait en venir le héros mais quelque chose me disait que je ne voulais pas le savoir...
-Il faut que tu puisses faire face à ta peur pour pouvoir la vaincre ! Donc dès que je le pourrais je viendrai te voir et on fera des exercices ensemble pour qu'au fur et à mesure tu puisses me toucher et pouvoir par la suite retoucher des hommes.
Bingo ! Je savais que je ne voulais pas le savoir.
-C'est hors de question ! Je me débrouille très bien toute seule. Répliquais-je d'un ton sérieux
-C'est en partie de ma faute si tu te retrouves dans cette situation. Laisse-moi faire mon travail et t'aider !
-Je t'ai déjà dit que ton aide tu pouvais te la garder. Tu ne me dois rien et inversement !
-Je fais ce dont j'ai envie, et j'ai envie de t'aider !
-Mais ce n'est pas possible d'être aussi pénible ! Je ne veux pas ! Et puis, tu as fini de manger donc maintenant tu peux partir, c'était le deal.
-Pas tant que tu n'auras pas accepté mon aide !
Alors que le ton de la conversation commençait à monter et que notre échange commençait à tourner en rond, le portable de Hawks se mit à sonner.
Sans me quitter du regard, je le vis décrocher et au son de la voix de son interlocuteur son expression changea soudainement. Son visage était devenu sombre et ses yeux prirent un éclat dangereux. Je ne pouvais entendre la conversation mais quelque chose me faisait penser que la personne au bout du fil était dangereuse. Très dangereuse.
Le jeune héros finit par raccrocher son portable dans un simple « j'arrive » avant de le ranger et de me sourire. Un faux sourire...
-Je vais devoir y aller Kuro. J'essayerai de repasser te voir rapidement pour commencer le rapprochement. D'ici là ne pleure pas et ne vomis sur personne ! Allez à plus tard. Dit-il en sortant par ma fenêtre.
Avant qu'il n'ait pu décoller je l'arrêtais.
-Hawks... Merci pour les fleurs et surtout...fais attention à toi.
Il ne dit rien mais me fit juste un vague signe de tête avant de s'envoler dans la nuit. La pluie avait enfin cessé de tomber.
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C'est dans une ruelle sombre que le héros se posa.
-J'ai bien faillit t'attendre, s'impatienta la personne qu'il avait eu un peu plus tôt au téléphone.
-C'est très rare qu'on me dise ça Dabi, ce n'est même jamais arrivé ! Je me disais bien que sous cette peau cramée, il y avait un grand sens de l'humour. Alors dis-moi, je vais enfin pouvoir rencontrer le chef ? C'est pour ça que tu m'as appelé ? Répondit le héros d'un ton jovial.
-Presque... On voudrait que tu fasses quelque chose pour nous... On a un Brainless à tester et on veut que tu ramènes un héros pour qu'on puisse comparer sa puissance. Le test aura lieu dans une semaine donc assure toi d'avoir trouvé quelqu'un.
-...Pas de soucis, je m'en occupe. On se retrouvera dans le hangar de la zone 3.
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*C'est une blague de Gad Elmaleh.
J'espère que ce nouveau chapitre vous aura plu!
Un grand merci pour vos retours que j'ai pu avoir sur l'histoire. Ca me motive énormément à continuer cette fic. Et encore et toujours merci à Chibitonakai pour les corrections!
Je vais essayer de publier un peu plus de chapitre pendant le confinement pour vous tenir compagnie :) (le prochain devrait être là dans deux semaines).
J'écoute en boucle Dance Monkey de Tones and I en ce moment... Pour ce qui aime bien les rythmes dansants je vous la conseille!
A très bientôt et bonne santé à vous et vos proches
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