Chapitre 24


« Absentem lædit, qui cum ebrio litigat »

Celui qui se querelle avec un ivrogne frappe un absent


Encore une fois, je n'avais pas dormi cette nuit. Je n'arrivais pas à m'enlever la jeune inspectrice de mes pensées. Sa déclaration résonnait toujours en moi.

Mes sentiments étaient si confus, j'avais ressenti de la joie et surtout beaucoup de peur. Pour elle et pour moi.

J'avais eu le temps de réfléchir quand elle était à l'hôpital, sa discussion avec son père le jour où il était parti, m'avait ramené à la réalité... Je ne pourrais pas la rendre heureuse. Non seulement car j'étais un héros et qu'elle serait sans cesse en danger à cause de moi, mais aussi car j'étais une personne trop instable. Alors que je le raccompagnais à l'aéroport par courtoisie, il m'avait raconté rapidement comment elle avait perdu sa mère et la douleur qu'elle ressentait encore face à cela

Je n'avais jamais connu l'amour que ce soit envers une personne ou familial. Je ne saurai jamais combler ce vide qu'elle a en elle.

Quoi qu'il advienne, j'étais condamné à la faire souffrir. Je ne pouvais et ne devais pas l'aimer, pour son propre bien ! Mais il était déjà trop tard. Elle avait pris une partie de moi, petit à petit.

La jeune femme que je devais aider s'est finalement encrée en moi, au point que je devenais fou.

Je la voyais partout, je sentais son odeur dans l'air. Dès que je fermais les yeux, je voyais son sourire et sa voix résonnait dans ma tête.

Je ne voulais qu'une chose. La voir.

J'étais égoïste. Je ne voulais pas la mettre en danger mais je voulais qu'elle reste à mes côtés. Pour toujours !

Le simple fait de penser qu'à ce moment, elle pouvait être avec un autre homme que moi pour combler ses sentiments me mettait dans une colère noire.

Personne n'avait le droit de la toucher. J'étais le seul.

J'étais égoïste et dangereux et c'est pour ça que je m'étais éloigné d'elle.

Xxx

Tokoyami soupira en me voyant arriver et Dark Shadows me regarda d'un air inquiet.

- Vous ne voulez pas vous reposer Hawks-san?

Mes cernes devenaient de plus en plus visibles et je souriais de moins en moins en leur compagnie.

-Ne t'en fais pas. C'est juste un mauvais cauchemar.

Je voyais le regard inquisiteur de mon apprenti. Il savait qu'il y avait autre chose derrière. Il était suffisamment intelligent pour lire en moi.

Je le remerciais intérieurement de ne pas essayer de pousser son enquête plus loin.

Je ne voulais pas en parler pour l'instant. C'était compliqué de mettre des mots sur mes pensées noires et de me dévoiler surtout à une personne qui. m'admire.

Comment lui avoué que je voulais enfermer la femme que j'aimais dans une cage pour la garder auprès de moi en sécurité ?

Afin de mettre fin à cette scène gênante, je leur proposais d'aller patrouiller en ville. Ce qu'ils acceptèrent

Xxx

Sentir le vent contre mes ailes et la sensation de vide sous mes pieds, me fit du bien.

J'aimais cette sensation.

La vitesse me procurait de l'adrénaline et me permettait de me changer les pensées.

De tout temps, le ciel avait été mon territoire préféré. J'étais un des seuls à pouvoir le dominer.

Tokoyami avait bien progressé avec son attaque qui lui permettait de planer dans les airs, mais il n'arriverait jamais à mon niveau.

Mes ailes seraient à jamais les plus rapides.

J'envoyais certaines de mes plumes pour aider les gens:Par exemple, une dame à traverser la route, un homme qui devait changer sa roue de voiture, une jeune femme qui s'était fait voler son sac. Tout cela me semblait si banal, si calme. Tandis qu'en moi bouillaient des sentiments contradictoires.

Un journaliste nous fit signe de la main afin de le rejoindre. Il voulait nous poser certaines questions pour un magazine quelconque dans l'espoir de redonner du courage et de l'espoir aux gens. Ses questions étaient toutes bateau et sans intérêt : Comment je me sentais depuis l'attaque ? Est-ce que j'étais fier de mon apprenti ? Le travail d'équipe était-il bien coordonné ? Que voulais-je dire aux personnes qui ont perdu la vie ? aux familles des victimes Et aux autres citoyens ?

J'avais répondu à toutes les questions derrière mon faux sourire. Je disais ce qu'on attendait de moi. Après tout, je n'étais qu'une attraction pour la population. Un héros populaire qui serait bientôt remplacé par un autre encore plus populaire.

Si une seule de ces personnes savait que j'avais tué une de ces idoles elle me détesterait et serait dégoûtée de moi. Seules quelques personnes pouvaient m'accepter et ELLE en faisait partie.

L'interview finit nous étions réparties vers mon agence. Encore une journée calme.

En virevoltant entre les immeubles, je vis une affiche qui attira mon attention et qui m'obligea à atterrir pour mieux la voir.

Une pub de parfum avec un acteur populaire.

La scène était simple pour ce genre d'affiches. Un homme et une femme très proches, quasiment en train de s'embrasser grâce aux "pouvoirs attractifs" du parfum.

J'avais déjà vu ce style d'affiches maintes fois mais celle-ci ne fit pas que de retenir mon attention.

Je connaissais la jeune femme.

Malgré son maquillage et sa perruque. Je ne pouvais que reconnaître ce visage qui hantait mes pensées : Kuro Nekota!

Moi qui faisait tout pour l'oublier , voilà qu'elle apparaissait comme ça devant moi.

Depuis quand était-elle devenue mannequin? Et surtout pourquoi est-ce qu'elle acceptait que cet homme la touche ?

Il était trop près d'elle et ils semblaient bien trop complices. Dans ses yeux il y avait une lueur qui me mis hors de moi. Je ne savais pas si c'était de la comédie ou non mais je refusais que quelqu'un la regarde comme ça : avec un regard aussi tendre et amoureux.

J'étais le seul qui en avait le droit !

La rage avait pris possession de mon corps. Je sentais mes poings se serrer et mes ailes se tendre.

Je ne ressentais plus que de la colère.

Kuro était à moi. C'était grâce à moi qu'elle avait vaincu sa maladie. C'était moi qui l'avais sauvé la première fois. C'était à moi que devait être réservés ses sourires.

La voix de mon apprenti résonna derrière moi.

-Hawks-san?

-Rentre à l'agence ! Lui ordonnais-je avant de partir le plus vite possible.

Je ne voulais qu'une chose. L'avoir. Pour moi et moi seul.

J'arrivais jusqu'à son appartement en quelques minutes à peine. La fenêtre était fermée mais je la crochetais à l'aide de mes plumes.

Le salon était plongé dans le noir et sentait le renfermé. Comme si ça faisait depuis plusieurs jours qu'elle n'était pas venue.

J'étais essoufflé et désespéré.

Je me dirigeais vers sa chambre dans l'espoir de l'apercevoir mais rien. Je fouillais dans chacun de ses tiroirs dans l'espoir d'avoir un indice de ou elle pouvait être partie mais juste le manque de vêtement m'indiquait qu'elle n'était pas là pour un moment.

De fatigue et de tristesse je me jetais sur son lit qui avait encore sa couette Gang Orca. Ce détail m'énerva de nouveau et je fis en sorte de l'enlever le plus rapidement possible.

Je n'étais pas son héros préféré.

Son oreiller avait encore son odeur et je la reniflais de tout mon être pour m'en imprégner. Cette odeur m'avait tellement manqué.

Elle me rendait fou.

La folie se mélangea avec l'envie.

Son manque, mes pulsions que je ne contrôlais plus et la fatigue avaient eu raison de moi.

Je me sentais de plus en plus étroit dans mon pantalon qui finit à terre très rapidement.

Son odeur plein les poumons, je me touchais en essayant de penser à elle. A sa voix, à son regard, à son corps. J'accélérais encore et encore la cadence en me remémorant les moments que l'on a passés ensemble et ses courbes que j'avais pu apercevoir. Plus je pensais à elle et plus la jouissance approchait jusqu'à atteindre son paroxysme. Je laissais alors couler toute ma semence tout en laissant tomber mon corps contre le matelas.

Je m'en voulais et me sentais sale une fois que je réalisais ce que je venais de faire.

Des larmes commençaient à couler sur l'oreiller. Je réalisais peu à peu ce qui se passait. J'avais repoussé la femme que j'aimais, j'étais devenu dépendant d'elle

Je ne pouvais pas vivre sans elle. Et là, j'étais comme un con en train de me branler rien qu'en sentant son odeur.

J'étais une belle ordure.

La fatigue accumulée me fit sombrer dans les bras de Morphée, toujours les yeux humides de mes émotions.

Xxx

Les jours passèrent et mon état s'empirait. Je ne souriais et ne parlais presque plus. Tous les soirs j'allais chez Kuro dans l'espoir de la voir et de la prendre dans mes bras. De lui dire à quel point j'étais un idiot, que j'avais peur, que je voulais la protéger mais qu'elle soit là, à mes côtés.

Mais à chaque fois que j'arrivais chez elle, aucune lumière n'était allumée. L'appartement était froid et inhabité.

J'avais pris l'habitude de me glisser dans son lit pour respirer les dernières effluves qui restaient d'elle, après avoir mis les draps que j'avais sali dans un coin Je n'avais bien sûr pas remis la couette. J'avais l'impression que la tête de l'homme-orque me narguait en continu et me disait que lui, au moins, avait déjà dormi avec elle.

Je devenais fou. Même les objets me rendaient jaloux.

Dans son lit, tous les soirs, j'implorais qu'elle revienne. J'avais l'impression de sombrer dans la folie. J'avais besoin de son aide.

Tokoyami s'inquiétait de plus en plus pour moi en me voyant dans un état si lamentable, mais je m'en moquais. Je voulais juste que tout revienne comme avant.

Un soir, Endeavor rentra dans mon bureau alors que je regardais fixement une feuille sur mon bureau. Encore un pauvre rapport à remplir que personne ne lira jamais.

Il me regarda longuement, les sourcils levés, avant de prendre la parole.

-Ton stagiaire m'a dit que tu étais dans un sale état, mais je ne m'attendais pas vraiment à ça.

Je ne préférais rien répondre, je n'avais pas la force de plaisanter avec lui. Voyant que la discussion ne menait à rien, le héros de feu soupira avant de s'approcher de moi et de me soulever par le col avant de me tirer vers la porte.

-On va boire et tu as intérêt à tout me raconter !

Xxx

L'alcool me brûlait la gorge. Mon esprit était embrouillé et ma vision légèrement floue.

J'avais parlé pour la première fois de ce que je ressentais. De mes craintes et de mon amour pour Kuro.

L'homme en face m'avait écouté jusqu'au bout sans un mot et sans aucun jugement. Il savait que j'avais besoin de me défouler et de me lâcher. C'est seulement à la fin de ma longue tirade que le héros reprit la parole.

-Moi ça ne m'a pas empêché de devenir père. J'ai fait souffrir ma famille mais ce n'est dû qu'à mes erreurs. Mais je peux t'assurer qu'au début de ma relation avec Rei, je l'ai protégé de toutes mes forces afin qu'elle n'ait pas à souffrir de mon statut et qu'elle en soit fière.

-Et si après ce que j'ai fait elle ne veut plus de moi ?

-De ce que tu m'as expliqué et de ce que j'ai pu voir, ce n'est pas le genre de femme à oublier un amour aussi facilement. La seule chose que tu aies à craindre c'est qu'elle essaye de t'oublier.

-Qu'est-ce que je peux faire si c'est le cas ?

-La reconquérir ou faire peur à ceux qui s'approchent d'elle pour être sûr qu'ils ne tourneront plus autour. Son regard devint amusé et une sourire sadique apparut sur ses lèvres. Il avait visiblement su utiliser cette méthode autrefois.

Ses paroles me rassurèrent grandement. Mon héros favori me poussait à aller reconquérir ma belle et à me déclarer. Il m'avait rassuré sur la manière de la protéger et de lui éviter des ennuis à cause de mon statut.

Je me levais légèrement titubant à cause de la boisson.

-Tu as raison, merci ! Je dois la voir maintenant !

Avant même que mon compagnon n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, que j'étais déjà du bar, m'élançant dans le ciel noir.

C'est seulement après deux minutes de vol que je me rendis compte de mon erreur. Kuro n'était sûrement pas encore chez elle. L'alcool m'empêchait de réfléchir pleinement. Ne voulant rebrousser chemin, je continuais quand même dans la direction de son appartement. J'allais me reposer là-bas et attendre tranquillement son retour pour lui parler franchement.

C'est quand je m'aperçus au loin que son appartement était éclairé que je me mis à accélérer.

Elle était de retour !

Je voyais au loin sa silhouette à travers sa fenêtre ouverte, j'étais ivre de joie de la revoir. Mais ce sentiment disparut aussitôt en la voyant accompagner d'un homme beaucoup trop proche d'elle.

Il semblait l'attirer vers elle sans qu'elle ne le rejette.

Avant même que je ne m'en aperçoive, je rentrais dans cet appartement, tirant d'un coup sec Kuro vers moi et menaçant l'homme, qui quelques secondes plus tôt, essayait de me la voler.

-Touche là encore et je te tue !

J'étais sérieux. Il était hors de question qu'une autre personne que moi ne touche Kuro.

Alors que je ne quittais pas l'homme des yeux, la voix de la brune me fit réagir.

-Hawks... Qu'est-ce que tu fais là ?

Sa voix semblait trembler, elle ne savait pas comment réagir à ma présence.

Alors que j'allais tout expliquer, elle me regarda longuement dans les yeux et fronça les sourcils.

-Ne dis rien pour l'instant. Tu pues l'alcool et tu as une tête misérable. Je vais te mettre au lit et tu répondras à ma question demain.

Je la sentis se détacher de moi tandis que je prenais un peu plus conscience de mon mal de tête. L'alcool commençait à redescendre et j'aurai sûrement une bonne gueule de bois le lendemain.

-Haku, laisse-moi le temps de réfléchir à ta proposition. Je te promets que j'y répondrai correctement. Mais pour l'instant...

Je ne savais pas de quelle proposition elle parlait mais je savais au fond de moi qu'elle ne me plairait pas. Elle me poussa ensuite gentiment par le dos vers la chambre que j'avais occupée quelque mois plus tôt avant de m'obliger à me mettre au lit et de tirer la couverture vers moi.

-Je ne sais pas ce que tu fais ici aussi tard mais si tu cherches à me rendre folle c'est plutôt réussi.

Je la sentais s'éloigner alors dans un dernier geste, j'attrapais sa main.

-Reste ! Ne pars pas loin de moi. Ne me laisse pas seul.

Ma voix devait lui sembler bien pathétique mais je m'en moquais. Elle sembla d'abord se tendre avant de soupirer et de me prendre la main également.

-Je reste. Endors-toi, et ne t'inquiètes pas, je reste à tes côtés.

C'est sur cette phrase réconfortante que je m'endormis. Elle était enfin de retour à mes côtés.

xxxxx

J'espère que ce nouveau chapitre vous aura plu!

J'ai beaucoup rit quand j'ai réalisé que le conseiller en amour de Hawks était Endeavor... C'est pas vraiment le meilleur choix!

Merci à Chibitonakai pour ses corrections et pour vos retours sur le chapitre précédent!

Pour l'anniversaire de Hawks (le 28 décembre) le chapitre qui sortira sera celui de la Plaie d'Egypte! N'hésitez pas à venir le lire également!

Je vous souhaite de très bonnes fêtes sinon et je vous laisse avec le prochain teaser et un dessin de Kuro que m'a fait  riubyi_gazon!

A très bientôt! 

"-Je me sens en sécurité à tes côtés. Je ne peux pas dire pourquoi mais c'est comme ça. Tu as bizarrement le don de m'apaiser dans les moments sérieux. Je peux être moi tout en étant parfaitement sereine. Pas besoin de fausse apparence ou de courbette, si j'ai quelque chose à dire je le peux sans avoir peur de me sentir juger parce que je suis une femme ou une sans alter. Je pense que c'est un peu de tout ça qui a fait que je t'aime. "

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