« Ars Longa, Vita Brevis »

L'art est long, la vie est courte

"Bonheur débordant", un nom de bien mauvais goût pour ce genre d'endroit.

Il s'agissait d'un club d'hôtesses où les femmes divertissaient les clients en parlant avec eux ou en dansant de façon sensuelle. Je n'avais pas eu trop de mal à me faire embaucher grâce à ma fausse identité et à mon physique qui me permettait de me trémousser de la même façon que mes collègues.

Cela faisait bientôt un mois que je travaillais là-bas et pour l'instant, je n'avais entendu que quelques rumeurs qui concernaient les jeunes filles disparues mais rien de concret. Je ne savais toujours pas qui était le leader du réseau ni où ces femmes étaient retenues. Même mes « collègues de travail » que j'avais discrètement interrogées ne semblaient rien savoir à ce sujet.

Les quelques agents infiltrés dans le coin n'avaient également rien trouvé de suspect, personne n'avait disparu depuis que j'étais arrivée. Il y avait juste quelques yakuzas qui venaient prendre du bon temps dans le quartier.

Je soupirais installée au bar, je n'aimais pas cette situation. L'enquête tatillonnait et ma mission ne donnait rien.

-Quelque chose ne va pas Kimi-chan ?

Cette phrase me fit sortir de mes pensées et tourner la tête vers mon interlocutrice. Aki Mono, une femme de 30ans, la doyenne du club et également la gérante du club. Elle avait un visage ovale et de long cheveux tout aussi noir que ses yeux. Sa peau était d'un bleu-gris et ses lèvres rouge sang dû à son alter. Sa popularité auprès des habitués du club était cependant dû à sa une poitrine proéminente. On pouvait dire que c'était une belle femme qui avait en plus de cela beaucoup charisme et un fort caractère. Tous la connaissaient dans le quartier, elle était comme une grande sœur pour toutes les hôtesses du coin.

Si je l'avais rencontré en dehors de la mission, j'aurais pu être amenée à devenir amie avec elle. Je sentais tout de même qu'elle cachait des choses et qu'elle évitait par tous les moyens de s'étendre sur son passé.

-Non ne t'en fait pas Aki-senpai, je pensais juste à la prestation que je devais donner ce soir.

-Ah oui c'est vrai que c'est toi de faire le « solo » de ce soir.

En effet, afin de se démarquer de la concurrence, l'établissement avait mis en place ce qu'ils appelaient « les solos ». Il s'agissait tout simplement d'une des hôtesses qui dansait seule et qui devait sortir le grand jeu ce soir-là. Si la prestation était réussie, la « danseuse » obtenait un extra sur la soirée et pouvait gagner de nouveaux clients.

-Oui et je ne sais toujours pas ce que je vais mettre. Je ne mentais pas, je ne m'étais absolument pas préparer à cette soirée.

-Si tu as besoin tu peux toujours prendre quelque chose dans mes affaires. Me dit-elle gentiment.

-Je regarderai tes accessoires et ton maquillage alors si ça ne te dérange pas.

-Pas de problème ma belle, d'ailleurs petit conseil met en valeur tes cheveux et tes yeux. C'est ce qu'il y a de plus attractif chez toi. Bon je te laisse faut que je finisse de nettoyer par terre et de ranger un peu.

-Pas de soucis, merci Aki-senpai. Je vais aller me chercher une tenue pour mon « show ». Rigolais-je légèrement en partant.

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Pdv omniscient

L'heure était maintenant plus avancée. Les clients étaient arrivés et les hôtesses s'occupaient d'eux du mieux possible. L'alcool coulait à flots et on entendait des voix et des rires graves résonner dans toute la salle.

Un homme vêtu d'un chapeau noir venait de rentrer dans le club accompagné de trois autres personnes à sa suite. Rien qu'à leur démarche on voyait qu'ils n'avaient rien à voir avec les autres clients. Eux dégageaient une sorte d'aura, une aura malsaine qui prévenait qui compte osait s'approcher : ils étaient dangereux.

Ils s'installèrent à une table. Ce fut Aki Mono qui alla les voir, son assurance avait disparue dès l'entrée de ces personnes.

-Takagi-sama, c'est un plaisir de vous voir.

-Ma petite Aki, je suis heureux de te voir. Tu m'as trouvé quelque chose ? dit l'homme avec une drôle de lueur dans les yeux.

-Oui Takagi-sama, elle ne devrait pas tarder à se montrer.

La salle s'assombrit à ses mots. Plus un bruit ne se faisait entendre. Tous les yeux étaient concentrés sur la scène.

Seule une ombre bougea et se faufila à côté de la porte dans un coin obscur pour surveiller sa cible.

Soudain, un faisceau lumineux éclaira la scène et la personne qui y était présente, la soit-disante Kimi.

La jeune femme débuta son show en regardant le public et en captant leur regard. Tous étaient hypnotisés par le regard de la jeune femme de couleur émeraude.

L'ombre près de la porte ne put retenir un sourire appréciateur, il ne pouvait nier qu'il avait devant lui une belle femme qui savait capter son attention.

La jeune femme se mit à danser au rythme de la musique, ses cheveux noirs virevoltaient autour d'elle, ses mouvements étaient gracieux et sensuels. Les spectateurs ne bougeaient pas, aucun bruit ne pouvait être entendu.

Le sourire du dénommé Takagi ne cessait de s'élargir au fur et à mesure de la performance de la jeune femme.

Le clou de la danse était la performance de pole dance de la jeune femme. Nul geste n'était vulgaire, elle savait rester élégante, raffinée et sexy.

Le show toucha à sa fin et la femme releva les yeux vers son public quand son regard se posa vers la porte de la salle, une personne en partait. Elle ne vit rien d'autre qu'une paire d'ailes rouges passer la porte.

La seconde d'après les spectateurs se levèrent pour applaudir la jeune femme, ce qui mit fin à sa contemplation. Les gens avaient apprécié sa dance, elle en était contente. Peut-être qu'en faisant parler d'elle, elle allait réussir à attirer l'attention du réseau. Ce qu'elle ignorait c'est qu'elle était déjà observée et ce dès le premier jour.

-Elle me plaît beaucoup. Ça sera elle la prochaine.

-Bien Takagi-sama.

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Cela faisait déjà plusieurs heures que mon « solo » était fini et que les clients étaient retournés chez eux afin de terminer leur nuit. Ma prestation semblait avoir plu car depuis que j'étais sortie de scène je n'arrêtais pas de me faire aborder par des habitués qui me demandaient de leur tenir compagnie. L'alcool avait coulé à flots lors de cette soirée et mon « patron » m'avait promis une prime.

Je notai ironiquement que si un jour mon travail d'inspecteur ne me plaisait plu, je pouvais toujours me reconvertir en hôtesse ou en danseuse de pôle dance. Cette pensée me fit sourire... comme si j'allais un jour quitter mon travail.

-Tiens c'est rare de te voir sourire seule.

Pour la deuxième fois de la journée Aki Mono m'avait surprise. Je ne l'avais pas entendu arriver. Il fallait que j'arrête de me déconcentrer à tout bout de champ, cela pourrait se révéler fatal si je ne faisais pas attention à ce qui se passait autour de moi, surtout dans le contexte actuel.

-Oui je suis plutôt heureuse que la soirée se soit terminée. Je commence à être exténuée. Répondis-je simplement.

-Je te comprends. Ton « show » a vraiment fait sensation, si je ne fais pas attention tu vas finir par me voler mes clients. Se moqua-t-elle.

Je sentis dans son regard qu'elle m'analysait et que cela était mélangé à de la peur malgré le ton très léger dans sa voix. C'était la première fois que je la voyais avec cette expression. Comme si quelque chose s'était passé ce soir. Mon instinct me hurlait de lui poser des questions, de demander ce qui s'était passé et surtout si elle était au courant de ce qu'étaient devenu les femmes disparues. J'en fis autrement. Je lui souriais et me fis la réflexion de la surveiller de très près. J'étais sûr qu'elle cachait quelque chose et il fallait très vite que je trouve de quoi il s'agissait.

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Une semaine était passée depuis mon « solo », je sentais que Aki Mono ne me perdait jamais du regard et analysait mes moindres faits et gestes. Cela ne me dérangea pas, ça me permettait de toujours la voir du coin du l'œil. On s'espionnait mutuellement.

J'avais prévenu des agents infiltrés dans la rue que quelque chose ne tournait pas rond avec elle, qu'il fallait enquêter à son sujet. Pour l'instant aucune information n'était remontée, elle semblait être une citoyenne lambda qui avait décidé un jour, à la mort de ses parents, de devenir hôtesse pour avoir un peu d'argent et qui avait fini par ouvrir son propre club pour aider des filles dans le besoin. Je trouvais cette histoire louche, presque trop clichée pour être vraie...

Je soupirais légèrement, cette histoire n'était vraiment pas de tout repos et demandait des nerfs d'acier. J'espérais vivement qu'elle ne dure pas éternellement et que je pourrais bientôt retourner sur mon canapé pour regarder ma série favorite et me relaxer.

C'est en fin d'après-midi que les choses commencèrent à bouger, Aki Mono était venu me voir en me demandant de venir rencontrer un de ses clients qui était à priori tombé sous mon charme lors de ma danse. J'avais accepté comme il n'était pas rare pour les hôtesses de se présenter les clients entre elles et c'est à ce moment que j'ai pu apercevoir une lueur de folie et de crainte passer très rapidement dans son regard.

Ma conscience me disait qu'il fallait que je me prépare à toute éventualité ce soir.

Elle m'avait alors donné rendez-vous vers la fin de la nuit, dans une des pièces VIP du club, et m'avait précisé de me faire belle car la personne que j'allais rencontrer était spéciale.

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Durant toute la soirée les choses s'étaient bien déroulées. Mon nombre de clients habituels avait un peu augmenté, donc je n'avais pas une minute à moi. J'avais réussi à ne pas trop boire afin de garder tout mon esprit au clair pour la rencontre avec le client d'Aki-senpai.

Maintenant, il était l'heure d'aller à sa rencontre et bizarrement mon instinct était en alerte et me disait d'être particulièrement sur la défensive. La seule chose qui me rassurait était mon arme de service que j'avais dissimulé sous ma robe.

Avant d'ouvrir la porte, j'inspirais et expirais doucement pour retrouver mon calme. Rien ne pouvait dévoiler ma couverture, ce soir j'étais Kimi-chan, la nouvelle hôtesse du bar. Ma main actionna le levier de la porte et j'entrepris de rentrer dans la pièce drapée de lumière tamisée.

La pièce était assez simple en soi, elle comportait une table avec une banquette pour s'asseoir ainsi que plusieurs sièges autour. Juste en face, il y avait une mini scène avec une barre de pole dance installée pour le cas ou un client privilégié demande un « show » en privé. La lumière de la pièce était assez faible et mettait en valeur le côté sensuel et particulier que pouvait avoir le client et l'hôtesse qui y entraient.

Mes yeux inspectèrent très rapidement la pièce afin de pouvoir remarquer si quelque chose clochait. Au premier abord tout semblait normal si ce n'est deux personnes qui se tenaient de part et autre de la porte que je venais de franchir. A la table se trouvaient Aki-senpai ainsi qu'un homme tout de noir vêtu que je n'avais encore jamais vu.

-Voilà donc enfin la fameuse Kimi. Débuta l'homme. Viens t'asseoir à côté de moi.

Je me penchais légèrement en signe de salut avant de faire ce qu'il m'avait demandé, m'installer à ses côtés avant de très rapidement l'analyser. Sa veste de costume et son pantalon était aussi noir que ses cheveux. Il semblait avoir dépasser la trentaine mais n'avait pas encore atteint les 40ans. Sa peau était pâle ce qui contrastait avec ses yeux aussi noirs et les cernes profondes qu'il possédait.

-Kimi-chan, je te présente Monsieur Takagi. Il est un de mes meilleurs clients. Il t'a vu danser lors de ton « solo » et depuis il souhaite te rencontrer.

- En effet, on peut dire que ce soir-là mes yeux n'ont pas pu se détacher de toi. J'aperçu une lueur perverse dans son regard. Cet homme ne me disait rien de bon, je ne me sentais pas à l'aise avec lui. Je me sentais même en danger, comme un animal que l'on venait de capturer.

Afin de ne pas briser ma couverture, je jouais le jeu du mieux que je pouvais.

-Ça me fait plaisir d'entendre ça Monsieur Takagi, mais j'ai encore beaucoup de chose à apprendre avant d'être au niveau de Aki-senpai. Oh mais que je suis malpolie ! Permettez-moi de me présenter correctement, je suis Kimi, la nouvelle hôtesse de ce club.

- Que tu es modeste. Se moqua l'homme.

-Je ne vous ai pas menti Takagi-sama, comme vous pouvez le voir elle est un peu lunatique, ce qui lui donne un côté mystérieux et sensuel.

Lunatique ? Je ne suis pas lunatique ! Je réfléchis à la mission que je suis en train d'effectuer. Ce n'est pas ma faute si elle m'a surprise au moment même où j'étais dans mes pensées. Je mis fin à mes réflexions rapidement quand le dit Takagi reprit parole.

-Tu as bien raison. En tout cas Kimi, j'aimerais beaucoup en apprendre davantage sur toi. Bois avec nous et parle un peu plus de toi s'il te plait.

Je m'étais empêchée de frissonner, sous cette demande anodine, j'avais senti au son de sa voix qu'il s'agissait d'un ordre que je ne pouvais refuser. J'étais coincée dans cette pièce avec deux gardes du corps, une femme qui cachait un secret et un homme encore plus louche qui semblait s'intéresser à moi. J'étais décidément dans une situation délicate pour laquelle je ne savais pas encore comment m'en sortir.

-Ça sera avec un grand plaisir Takagi-sama. Dis-je en prenant le verre qu'il me tendait.

Je bu alors doucement le premier verre en racontant brièvement une histoire sur mes origines, que mes parents étaient tous les deux morts l'année passée, me donnant l'obligation de travailler afin de subvenir à mes besoins et que j'avais déménagée à Tokyo trois mois auparavant car les boulots étaient mieux payés.

Cette version concordait avec ce que j'avais raconté à Aki Mono lors de mon embauche et était bien entendu fausse. C'était un passé monté de toute pièce pour mon infiltration. Cependant, elle sembla satisfaire mon interlocuteur qui avait son sourire qui cessait de s'agrandir lors de mon histoire et qui continuait à me servir des verres d'alcool.

-C'est une histoire bien triste que tu viens de nous raconter ma petite Kimi. Quand je pense au courage que tu as eu pour surmonter toute ses épreuves... Je suis tellement heureux de me retrouver face à une telle femme ce soir. Je me permets juste une petite question si ça ne te dérange pas... Quel est ton alter ?

Je fus surprise de cette question. Ce n'est normalement pas la première chose que l'on demande à une personne qui raconte une histoire dramatique. Quelque chose clochait, le sourire de l'homme me mettait en alerte de plus en plus, il fallait que je sorte de cette pièce.

-Il n'y a aucun souci. En réalité je n'en possède aucun. Si ça ne vous dérange pas, je dois m'absenter un instant aux toilettes. Je crois avoir un peu abusé de l'alcool ce soir. Déclarais-je en me relevant.

Soudainement, alors que je me mis debout, la pièce se mit à tanguer autour de moi, ce qui me fit tomber à genoux et tenir la table devant moi. Mes oreilles bourdonnèrent, ma tête et mes yeux me brulèrent.

-C'est bien dommage que tu n'en possèdes pas, tu perds de la valeur marchande comme ça... Mais bon tu feras quand même un merveilleux jouet.

Je finis par comprendre que cet enfoiré m'avait drogué à mon insu. Et avant de m'évanouir, les derniers mots qui me vinrent en tête furent :

« Quel fils de pute ! » (nda: en français dans le texte)

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Merci d'avoir lu ce second chapitre qui j'espère vous a également plu! 

Un grand merci à ChibiTonakai pour la correction de faute beaucoup trop nombreuses... 

N'hésitez pas à me laissez un commentaire cela me fait plaisir et m'aide à  m'améliorer!