Là où tout commence.


"Connaîs-tu... Le goût de la mort ?"

Le crépuscule, lentement, descend. Le ciel est couleur amour, orange et rose, ardent et triste. La forêt est silencieuse autour du vieux bâtiment abandonné. Pas un bruit, pas un animal. Alors, qui est-elle ? Elle même l'ignore. Peut-être un reste de ce qu'autrefois, quelqu'un avait été. Un vieux souvenir qui s'accroche sans vouloir trouver le repos.

Elle sait ce que sont les choses. Une pierre, un sol, du vent, bleu, de l'herbe, doux, chaud, accueillant, vivant. Elle sait ces choses. Elle ne ressens pourtant pas le besoin de les toucher, de les ressentir, d'en profiter pour observer le mélange que forme le ciel. Elle n'a cure de cela. Étrange.

Il y a deux choses sur elle qu'elle sait aussi. Elle est debout, et elle ne devrais pas être là. Debout, oui, debout, les pieds nus dans l'herbe, tournée vers le bâtiment en ruine. L'herbe, que pourtant elle ne sent pas. Il n'y a plus de vent. Elle se pose des questions. Elle ne peux même pas dire depuis combien de temps elle est ici, à regarder sans le voir l'endroit désolé. Peut-être une éternité, peut-être quelques minutes. C'est très confus.

-Qui es-tu ?

Lentement, elle se retourne. Elle ne peut répondre à cette question. Alors, elle observe qui l'a posé. Elle reconnaît ce genre d'humain. C'est la taille mini. Des moitiés d'hommes et de femmes. Il lui semblent qu'ils appellent cela des enfants. En tout cas, elle suppose que s'en est un, car il est petit. En fait, ce serait plutôt elle.

Elle penche la tête, curieuse. C'est la première fois qu'on lui parle. Des souvenirs vagues lui reviennent. Des hommes. Ils passent. Ils la traversent. Ils l'ignorent. C'est finit, elle ne se souvient plus. Elle regarde la créature qui lui a parlé. Petite, avec des cheveux jaunâtres, des yeux dont la couleur est fade, morte, une robe rose délavée, des sandales en cuir.

-Alors, t'es qui toi ? Redemande la chose.

Elle se demande si la mini-humaine est molle, si elle est chaude, si en dessous de cette chose que tous, ils appellent peau, il y a ce liquide si précieux pour eux. Du sang, sang carmin, sang vermillon, sang pourpre. Oui ? Peut-être. Non. En tout cas, la petite créature attend une réponse. Elle penche de nouveau la tête, cette fois lassée. Cette petite personne n'est pas amusante. Elle s'ennuie ici. Elle veut s'amuser.

-Qui... Es-tu ? Répète-elle, essayant le membre en dessous de celui qui sert à respirer pour produire un son pareil à la chose. Elle ne s'y attendait pas, et pensait en être incapable, bien qu'ayant vu Créature le faire.

-Pas moi, toi ! Bon, se renfrogne la surnommée Créature, effectuant une moue qu'elle observe attentivement, puis, essaie de reproduire, curieuse de cette chose.

-Qui es-tu ? Fait-elle d'une voix plus assurée, une voix douce, pas comme celle de Créature, aiguë.

-Je m'appelle Lalila. Je sais que c'est bizarre ! S'exclame Créature.

-La... La. Lala. Lala !

Elle a essayé de refaire le nom. Elle préfère Lala, tellement plus utile et pratique. Elle a aussi voulu faire la même expression que Lala mais sa voix n'a fait que monter bizarrement. Elle s'en moque ? Oui, peut-être. Non. Lala n'a pas l'air ravi qu'elle l'appelle ainsi, mais elle ne dit rien. Elle croise les jambes et s'assoit en faisant attention à sa robe .

Lala est une créature bien étrange. En fait, les humains sont de nature étrange. C'est mal de se croire au dessus de tout ainsi. Cela leur attirera des ennuis un jour. Elle ne s'y intéresse pas. Elle ne sera probablement plus là. Peut-être même qu'elle saura qui elle est. De toute façon, les humains ne servent à rien de son point de vu.

Lala est spéciale. Lala la voit, Lala lui parle. Lala peut l'entendre. C'est différent. Lala est différente. Lorsqu'elle l'observe mieux, elle peut constater que ses cheveux ne sont pas si terne, mais lumineux, comme le soleil, et que ses yeux bien que fades ont leur propre couleur, myosotis, scintillant d'âme. Sa robe est belle, au fond, même si la couleur est flashy.

-Alors, comment tu t'appelle, demande Lala en la fixant.

-Appelle, reproduis t'elle en levant le regard vers le ciel, appelle...

-Oui, c'est quoi ton nom ?

-Nom... Pas de nom...

C'est vrai, au final. Elle n'a pas de nom. Elle n'est rien qu'un souvenir brisé, un souvenir persistant, qui s'accroche et qui tient à rester sur cette Terre si triste, si seule. Seule. Comme elle. La Terre et elle sont seules. Elle ressent cette solitude quand elle foule l'herbe qu'elle ne peut même en sentir l'odeur, ou quand elle regarde les fleurs faner et l'hiver tomber.

-Tu n'as pas de nom ? T'es bien une fille bizarre toi, répond Lala en la scrutant.

-Fille...

Est-ce qu'elle est une fille ? Oui. Il lui semble bien qu'en effet, elle est une fille. Peut-être à cause de ces cheveux sur ses épaules, qui flottent et la chatouillent. Ces cheveux étranges, longs, très très longs, et de la couleur de l'encre sur les parchemins, ou encore de la nuit, quand la lune n'est plus.

-Mais, tu peux pas rester ici toute seule ! La forêt fait peur la nuit, et on dit que cet endroit est hanté ! Non non non.

-Partir... Non...

Lala est en colère. Lala se sent frustrée. Lala se lève, et commence à partir vers la forêt. Pourquoi ? Elle sent ces émotions, mais ne peut les comprendre. Elle voudrait bien, mais cela ne lui apporterait que souffrance et désespoir. Le désespoir fait peur, très peur. Elle se souvient de cette fine ligne, ce fragile écart entre espoir et désespoir. Non, pas d'émotions. Lala. Elle a besoin de Lala.

-Lala... Lala, revenir ?

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