MERCREDI 18 / 17 HEURES


La fièvre était arrivée pendant la nuit. Louis s'était endormi difficilement, en prise avec un mal de tête léger. Quand enfin, il était tombé, épuisé, vers 4 heures du matin, il s'était réveillé deux heures plus tard, trempé de sueur. Il avait tourné, tourné encore et retourné dans son lit, mais aucune position n'était assez confortable, et dès qu'il fermait les yeux, il avait l'impression dérangeante que son lit aussi faisait des tours sur lui-même. Il avait chaud, mais dès qu'il sortait un pied des couvertures pour trouver un peu de fraîcheur, il grelottait. Après une heure de calvaire, il s'était résigné, et avait allumé son ordinateur pour se distraire.

Depuis lors, il n'avait pas bougé de son lit, appuyant contre son crâne avec sa main pour faire passer le mal, attendant la fin de la garde d'un de ses parents pour les appeler. Il n'osait rien prendre comme médicament, s'étant vu asséner toute son enfance que l'auto-médication était une pratique trop dangereuse. Quand enfin, sa mère vit son message, elle l'appela dans la seconde. Il lui expliqua ses symptômes, et elle lui donna ses consignes, la voix fatiguée.

Il n'avait pas vu Ninon de la journée. Elle avait frappé sur le coup de 14 heures, peut-être inquiète, mais il lui avait dit qu'il était malade, alors elle n'était pas rentrée. Depuis, silence radio. Il soupçonnait qu'elle ne veuille plus l'approcher, et qu'elle ait déjà désinfecté l'appartement de fond en comble. Maniaque et flippée qu'elle était.

Les paupières de Louis commençaient à devenir lourdes. Il avait un peu dormi dans la matinée, mais pas assez. Il se sentait vidé de toute énergie, l'estomac noué, obligé de se shooter aux quelques cachets qui traînaient dans sa chambre et qui ne tiendraient pas. Sa mère avait réussi à lui faire faire une ordonnance envoyée par e-mail.

Une notification le surprit alors qu'il regardait une énième vidéo, la dernière avant de se coucher, s'était-il promis. « Ninon Delmas souhaite entrer en contact avec vous. » Louis haussa les sourcils, réalisant alors qu'il ne l'avait même pas en amie sur Facebook. Il ouvrit le message. Sûrement postée dans sa chambre, de l'autre côté du mur, elle lui demandait :

Tu voudras que j'aille à la pharmacie pour toi demain ?

Louis appuya sur le bouton qui lui donnerait l'opportunité de répondre.

Si ça ne te dérange pas.

Ninon ne répondit pas, se contentant de mettre le pouce bleu pour confirmer l'accord. Louis resta quelques secondes devant l'écran. Il voulait continuer de lui parler mais ne savait pas quoi dire. C'était difficile de réfléchir, en plus de ça. Finalement, il écrivit :

Tu as fais quoi aujourd'hui ?

Le ménage, répondit-elle aussitôt.

Il sourit. Prévisible.

La vaisselle ? l'interrogea-t-il.

La vaisselle aussi.

Ça veut dire que la prochaine fois, c'est mon tour.

Bon... Tu en es libéré pour les prochains jours. Mais ce sera mis sur ta dette.

Ma dette de vaisselle ? J'ai une dette vaisselle ? s'étonna Louis.

Oui, c'est une nouvelle loi que le Conseil de l'Appartement vient de voter.

Et pourquoi je ne fais pas partie de ce Conseil de l'Appartement ?

Tu es malade, tu t'es fait représenter... Par moi.

Louis rit. Ninon l'avait peut-être entendu à travers le mur.

T'es un tyran, c'est comme ça que commencent les dictatures, tapota-t-il.

Calme-toi, sinon, je ne vais pas à la pharmacie pour toi !

─ Faire du chantage à la santé, c'est vraiment un comportement de tyran ! dit-il, à voix haute cette fois-ci, pour qu'elle l'entende.

─ Je m'en fiche, rétorqua-t-elle.

Il ne la voyait pas, mais Louis pouvait deviner l'air sur son visage. Le sourire au coin de ses lèvres et les yeux qui pétillaient. Il aurait bien aimé continuer à lui parler, mais une quinte de toux brutale, et la fatigue lancinante qui traversa son corps comme une onde de choc juste après, lui rappela à quel point il était exténué. Il tapa :

Je vais dormir, à demain.

Yep, repose-toi bien.

Louis éteignit l'ordinateur, le ferma, et se blottit dans ses draps, sur le côté pour respirer sans être trop gêné. Il était peut-être malade, mais loin de se sentir malheureux. 

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