1er Décembre - Chapitre 1
Aujourd'hui, 1er décembre, nous inaugurons notre deuxième édition de la Guirlande de l'Avent avec un premier texte écrit par _Ayumu_
Approchez-vous de la cheminée et installez-vous confortablement dans un de ces jolis fauteuils en velours bordeaux. Nous vous apportons boissons chaudes et friandises. Il ne vous reste plus qu'à laisser la plume de cette première Guirlandière vous entrainer vers l'Esprit de Noël.
Noël avait toujours été une période de fête, d'amour et de retrouvailles. On passait ces moments avec sa famille, ses amis, ses amants. Et on devait être heureux. Qui ne pouvait pas l'être, mis à part Amandine ?
Elle ne détestait pas Noël, loin de là, mais elle avait bien un gros problème avec cette fête. Si elle n'y voyait plus sa magie pour seulement déceler sa dimension commerciale, elle était surtout agacée par tout ce que Noël engageait.
Devoir courir dans des magasins un mois et demi plus tôt pour acheter les cadeaux en avance, organiser des soirées en fonction des compatibilités entre chacun des invités et contenter tout le monde avec des repas qui devaient satisfaire toute la populace. Non, c'était une perte de temps. Et d'argent aussi. Si
Amandine était encore à son épicerie en ce 24 décembre, c'était bien pour sauver la vie de ces pauvres personnes à qui il manquait œufs et côtes de porc pour le repas du réveillon. La grande brune remit en place ses lunettes, tandis qu'une pluie fine s'abattait sur la grande métropole.
Il était 16h et les gens affluaient dans son petit magasin pour acheter tout ce qu'il fallait pour la soirée. Ses deux assistantes étaient soit à la caisse, soit dans les rayons pour conseiller, rendant le tout harmonieux et simple. Un de ses clients la héla poliment :
« Excusez-moi, madame ?
— Oui ?
— J'ai vu que vous aviez des déguisements dans le fond de votre boutique... Est-ce qu'il vous reste des barbes de Père Noël par hasard ? »
La femme rigola devant la question toute innocente de ce qu'il semblait être un père de famille déboussolé et regarda sous le comptoir s'il ne restait pas une barbe emballée. Elle en sortit une et la tendit à l'homme qui la remercia comme si elle venait de lui sauver la vie. Peut-être était-ce le cas, allez savoir.
Amandine faisait ce travail depuis cinq ans et la période des fêtes était toujours pour elle synonyme d'agitation chez les gens. Et aussi le moyen de faire un plus gros chiffre d'affaires. Elle aimait Noël, oui, mais pour d'autres raisons que retrouver une famille qui ne l'appelait jamais.
Elle refit sa queue de cheval, tandis que le soleil se couchait à travers les nuages. Le monde dans la boutique ne disparaissait pas, mais Amandine s'en fichait. Elle restait toute la nuit, de toute manière. Personne ne l'attendait et elle s'en moquait bien.
Elle aimait quand elle tenait la boutique toute la nuit de toute manière. Il y avait toujours un gars ou deux pour venir pleurer sur une soirée mal finie.
Sa magie de Noël, elle la retrouvait dans les histoires folles de ses interlocuteurs du soir. Une de ses salariées s'écria :
« J'y vais Amandine ! À dans deux jours ! »
Sa première employée y allait, déjà, prête pour une soirée avec son petit ami et leur bébé. Elle la salua avec un sourire, tandis que la deuxième finissait de faire passer une vingtaine d'articles. Elle y allait juste après, pour laisser la patronne seule de 20h à 10h du matin. Une longue nuit attendait Amandine mais elle aimait faire ça. Elle dit au revoir à sa collègue et se mit derrière la caisse principale. Il était 20h et il y avait de moins en moins de monde.
Surveillant les rayons grâce aux deux caméras, elle n'avait pas peur d'être volée ou quoi que ce soit. Non. Elle attendait plutôt qu'on vienne lui raconter des histoires folles. Elle n'en vivait jamais alors elle adorait qu'on le lui en raconte. Le temps passa, la pluie se transforma en neige, il était quasiment 22h. On posa devant elle une bouteille d'Ice Tea. Amandine leva la tête pour regarder une fille aux cheveux ébouriffés et yeux bouffis par des larmes. Elle lui demanda avec une pointe d'inquiétude :
« Tout va bien, jeune fille ?
— Noël et ses conneries.
— Dure journée ?
— Dure soirée en perspective. »
La femme leva un sourcil et tendit un mouchoir avant de répondre :
« Allons. Si tu as une soirée, pourquoi être aussi triste ?
— Parce que ça se passe déjà mal. On m'a demandé d'aller chercher à boire dans la seule boutique ouverte à 22h de la ville et je suis seule et...
— Eh ! Calme-toi petite... Qu'est-ce qui t'arrive ? »
Amandine s'était levée et avait posé une main réconfortante sur l'épaule de sa cliente. Elle hoquetait, quelques larmes coulant déjà le long de ses joues. Amandine reprit d'une voix rassurante :
« Eh, ne t'oblige pas à tout m'expliquer... Écoute, reste ici un peu avec moi si tu veux. Tu n'as pas à retourner tout de suite avec tes amis. Ҫa a l'air de suffisamment mal se passer pour que tu doives rentrer maintenant. Allons, sèche tes larmes ! Je vais préparer du thé. Est-ce que aimes le thé ?
— Heu... Oui ?
— Parfait. Je fais du thé et tu te souffles un bon coup, ça va te faire du bien ! »
La brune lui tendit un paquet de mouchoirs et partit dans l'arrière boutique. Elle avait de quoi faire du thé et alors qu'elle commençait à préparer la boisson, elle repensa à la jeune fille. Étrangement, elle la faisait penser à elle, quand elle n'était qu'une adolescente en quête d'amitié et de popularité. Elle fut comme prise de pitié pour cette fille.
Elle ramena au bout de quelques minutes le thé et vit avec surprise que l'inconnue était assise sur le sol, appuyée contre le comptoir. Elle se mit à côté d'elle et lui tendit une tasse en lui demandant :
« Est-ce que tu veux en parler ?
— J'ai été invitée à une de ces stupides soirées du lycée...
— Est-ce qu'ils sont si horribles que ça ?
— Pire que ça...
— Du coup, tu as profité du fait de devoir être de corvée de boisson pour fuir de cette soirée, n'est-ce pas ?
— Pourquoi dîtes-vous ça ?
— Ton sac à côté de toi.
— Ah, ça ? C'est juste que... J'avais peur qu'on me vole mes affaires... »
Elle baissa la tête, le feu aux joues. Amandine pouffa doucement avant de prendre une gorgée de son thé et lui fit une proposition :
« Écoute, tu n'es pas obligée de retourner à cette soirée stupide. Tu peux rester ici. Je suis ouverte toute la nuit de toute manière, donc tu peux rester. Et surtout, ça m'embête de te renvoyer dehors, alors qu'il neige et qu'il est tard. Ce serait vraiment con qu'il t'arrive quelque chose. Est-ce que tu es partante ? On pourra boire du thé, regarder un film vers minuit si tu restes et se raconter des histoires.
— Est-ce que vous n'avez pas une soirée avec votre famille ?
— Ça fait longtemps que je n'ai pas vu ma famille. Ne t'inquiète pas pour ça, jeune fille. D'ailleurs, comment t'appelles-tu ?
— Ema.
— Eh bien, Ema, joyeux Noël. »
A suivre... le 2 Décembre !
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