12 Décembre - Chapitre 12

En ce douzième jour de décembre, la pluie s'abat sur le sol. Quel meilleur temps pour lire ? Mettez-vous à l'abris et venez découvrir le magnifique texte d'It-Arly !
Le trio survivra-t-il au Père Fouettard ? Que va-t-il faire de ces trois innocentes victimes ? Est-il aussi cruel que la légende ?

Voilà bien plusieurs minutes qu'Amandine, Ema et Anthony suivaient en file et silencieusement le Père Fouettard, qui grommelait tout un tas de paroles insensées. Ema fronçait les sourcils, incapable de déceler un mot de ce que disait le grand homme. Elle jeta un regard dans son dos, où se trouvait Anthony, puis, après s'être retournée, souffla :

« Est-ce que tu sais ce qu'il a dit ? ».

Un haussement d'épaule peu confiant lui prouva juste qu'il se trouvait aussi perdu qu'elle - et peut-être plus apeuré ou plus gelé, vu ses épaules sautillantes.

Insatisfaite, elle accéléra - et Anthony fit de même - pour se retrouver au même niveau qu'Amandine. Elld murmura à l'oreille de l'épicière :

《 Je comprends rien à ce qu'il raconte.

‐ Saint-Nicolas, si j'te croise, je jure que... commença à répéter l'épicière à voix basse.

‐ Taisez-vous les gosses, vous m'donnez la migraine. »

La voix du Père Fouettard s'éleva et il se retourna, l'air dur, brandissant son fouet comme si ce dernier allait s'abattre sur quelqu'un. Ema recula aussitôt et esquiva de peu Anthony, qui, sous la surprise s'était arrêté. Amandine se contenta de continuer à marcher derrière l'homme en noir qui marchait à reculons, les yeux rivés sur la jeune fille qui lui paraissait un peu trop curieuse.

Il arrivait à contourner les arbres sans grand effort, mais se prit ce qui semblait être une façade en bois. Un cri rauque retentit dans la forêt, si puissant qu'il en secoua même quelques arbres. Un faible sourire se fraya un chemin jusqu'aux lèvres du trio lorsqu'ils virent le Père Fouettard se courber pour se masser le dos, tout en gémissant.

Anthony fut le premier à lever les yeux vers ce qui se dressait devant eux : son regard tomba nez à nez avec une petite bâtisse couverte de ronces de seulement deux étages, d'après les fenêtres dont seul une faible lumière dépassait. Il fronça les sourcils, légèrement confus, et regarda à nouveau le Père Fouettard - il avait dû se prendre la poignée de la porte d'entrée - qui s'était relevé entre temps. Le nez face à la porte, il se frotta une dernière fois le bas du dos et marmonna :

《 Ah, nous y voilà》.

D'un coup sec, il fit tourner la poignée et poussa la porte. Celle-ci se fracassa en un bruit sourd contre le mur de l'entrée. Après avoir passé la porte, il cria ;

« Martine ! ».

Il commençait déjà à se déchausser, appuyé contre une commode, alors que le trio était resté à l'extérieur, n'osant pas s'approcher de la porte. Anthony regardait ses chaussures dans la neige, Amandine se risquait à jeter quelques coups d'œil à l'intérieur de la maison et Ema s'était approchée des ronces de la demeure pour vérifier s'il s'agissait de vraies.

Après une coupure à l'index droit, elle comprit que les fleurs qui noyaient les murs n'étaient pas factices. La voix du Père Fouettard s'éleva à nouveau :

« Dépêchez-vous, j'ai pas tout votre temps. ».

Tous entrèrent alors, et furent presque éblouis par la propreté des lieux : les murs étaient tapissés de vert foncé et le sol tapissé de moquette brune. Les rares meubles qui se trouvaient dans le couloir brillaient comme neuf. Des flèches longeaient les parois, jusqu'à atteindre où étaient cloués des panneaux. « Amérique du Nord », « Asie Pacifique » étaient inscrits sur les portes les plus proches peinturées de blanc. Au fond, une dizaine de mètres plus loin, en noir sur bleu, il était écrit « Pôle Nord ». Son accès paraissait être interdit, avec les quelques bandes de ruban adhésif rouge qui en dissuadait l'accès.

Le Père Fouettard arrêta d'une mains les invités ; ils ne dépassèrent pas le paillasson et annonça :

« Les manteaux dans le bac de gauche, les chaussures dans le bac de droite. Ne vous trompez pas, c'est chiant de tout trier après. ».

Le Père Fouettard avait-il des tendances maniaques ? Très certainement. Un mince sourire étira les lèvres d'Ema, qui suivit les autres, et déposa ainsi son manteau et ses chaussures dans les bacs recommandés.

Après avoir vérifié que ses instructions avaient été suivies à la lettre, le Père Fouettard se tourna vers une petite femme vêtue comme une servante, les cheveux ébènes attachés en un chignon très strict, sans aucune bijouterie, qui venait d'apparaître comme par magie. Le Père indiqua à la bonne :

« Je te laisse t'occuper de la porte, Martine ».

Celle-ci s'empressa d'aller décrocher la porte d'entrée en bois après un vif hochement de tête. Puis il intima au trio :

« Vous autres, venez. ».

Amandine se plaça aussitôt derrière le Père Fouettard, suivie de près par les deux adolescents. Ils entrèrent dans une salle nommée « Réception » - à croire que le Père Fouettard recevait régulièrement des invités - où se trouvait un immense fauteuil, semblable à un trône, en face duquel se déroulait un tapis rouge. De part et d'autre de ce tapis d'au moins un bon demi-mètre de largeur et une demi-douzaine de longueur, étaient disposés trois tabourets, un à droite et deux à gauche.

Martine semblait penser à tout.

Avant de recevoir un quelconque ordre du Père, Amandine choisit de s'isoler sur le tabouret à droite du tapis. Assise droit comme un piquet, les mains à plat sur ses genoux, elle inspectait le reste de la pièce du regard. Le Père Fouettard s'affala sur son fauteuil tandis qu'Anthony et Ema coururent s'asseoir sur les tabourets. Il leur demanda d'un air las :

« L'un de vous trois peut-il me dire ce que veut ce Saint Nicolas ? »

À ce moment-là, le silence prit place. Aucun des trois ne sut comment réagir. Il leur fallait une justification, quitte à ce que cela tourne à la supercherie complète.

Anthony pensa alors au papier que Mme Garance lui avait donné, avant de disparaître. Spontanément, une de ses mains se dirigea vers la poche arrière de son pantalon, où il avait glissé le papier, mais Ema le dissuada d'un regard de l'utiliser. Le Père Fouettard, qui n'avait rien loupé de la scène gronda :

« Sors-moi ce que tu as dans ta poche ! Tout de suite ! ».

Les adolescents affichèrent alors une expression paniquée : il leur fallait trouver une réponse, et vite...

A suivre... le 13 Décembre !

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