2 décembre : nous poursuivons notre Guirlande avec HippolytePailler

Voyons ensemble ce que cet auteur a choisi de faire vivre à ce cher Raphaël.

Quand bien même l'espoir est superflu, quand bien même la vie semble triste et taciturne, il faut savoir chercher – parfois au plus profond du brouillard qui nous habite – la force et le courage de trouver au monde ces couleurs qui animent nos cœurs. Ces couleurs si belles et pourtant si discrètes qui, dans les moments de joie et de grâce, font ressortir en chacun le meilleur de nos âmes.

Tout ce que Raphaël contemplait était d'un gris désespérant et il avait depuis longtemps abandonné l'idée de rêver en couleurs.

Dans le triste sort qu'était le sien, il ne percevait plus d'issues à son malheur....

Assis au fond du bus, le regard las, il se laissait porter au fil des rues, sans but. Dehors, la nuit grandissante faisait ressortir les lumières des guirlandes et des sapins qui parsemaient la ville. La prochaine station aurait dû être la sienne, mais il n'avait pas la force de se lever pour rentrer dans l'appartement miteux et insalubre qui lui servait de foyer. Le bus le mena en centre-ville. Mais arrivé devant la mairie, qu'il devait desservir, Raphaël eut la désagréable surprise de découvrir à la station : Dean et Victor, deux élèves de son institution, qui, loin de briller pour leur intelligence, prenaient un malin plaisir à le tourmenter.

Raphaël ne se sentait pas le courage de leur faire face. Aussi, le plus discrètement du monde, lorsque les portes s'ouvrirent, il sortit par l'issue arrière tandis qu'ils pénétrèrent par l'avant du bus.

Malheureusement pour lui, dans sa précipitation, il bouscula une personne, chargée de paquets, qui essayait en vain de rentrer dans le car. Sous l'effet de la surprise, il trébucha et son pied heurta le bord du trottoir. Ils tombèrent tous deux, mais comble de son malheur, cette personne lâcha, dans sa chute, les paquets qu'elle avait dans les mains. S'écrasant sur le sol, ils firent un boucan de tous les dieux. Ce n'était vraiment pas son jour de chance.

Et bien sûr, un problème ne vient jamais seul, sinon ce n'est pas drôle : Dean et Victor, alertés par le bruit, l'avaient bien évidemment remarqué. Raphaël voyait déjà poindre sur leur visage un sourire mauvais.

Aussi, sans demander son reste, il se remit sur pieds et entreprit de fuir, coupant la foule qui inondait les rues.

D'ordinaire, il connaissait bien le quartier. Mais ce soir, en cette veillée de Noël, il y avait tellement de monde, qu'il en perdait tous ses repères. Il bifurqua une fois, deux fois, trois fois, dans l'espoir de semer ses poursuivants, mais c'était peine perdue. Il entendait derrière lui leurs pas se rapprocher. Raphaël réalisa vite qu'en continuant de la sorte, il ne pourrait pas leur échapper.

Il venait d'arriver devant la vitrine d'un grand magasin de jouets, qui s'étalait sur plusieurs étages et, sans réfléchir, il y entra en toute hâte.

Le magasin était bondé, qu'il l'eut cru ! Intérieurement, Raphaël bénit toutes les acheteuses et tous les acheteurs de dernière minute.

Il tenait à mettre le maximum de distance entre lui et ses persécuteurs. Aussi, commença-t-il à gravir les marches deux par deux, quand il découvrit avec horreur que Dean et Victor venaient de passer le seuil de l'entrée et qu'ils se dirigeaient déjà vers lui !

Raphaël accéléra la cadence, bousculant au passage les acheteurs se trouvant sur son chemin. Soudain, il stoppa net sa course folle : il venait d'apercevoir au loin une sorte de château en briques multicolores, ce qui lui avait donné une idée un peu folle. Il arriva à cet étage, entièrement dédié au LEGO, et il partit se cacher dans cette forteresse enfantine, en escaladant à moitié la muraille pour se recroqueviller derrière les créneaux...

Dans le brouhaha général, il n'aurait su dire si on l'avait repéré. Il espérait juste que les personnes qui avaient pu le voir se garderaient bien d'avertir la sécurité.

Dès lors commença une impitoyable attente...

A suivre... le 3 décembre !