4 décembre

Nous profitons aujourd'hui du chapitre de elliee__lbc !

— Elena, tu vas bien ? sonne une voix pleine d’hésitation.

Apolline s’inquiète sûrement face à mon silence, même si ce n’est pas légitime. Elle a l’air tout aussi perdue qu’avant le choc et je peux le comprendre. Ai-je percuté cet enfant ? Je n’en sais rien. À vrai dire, la peur me scotche à mon siège. Je serais partie depuis longtemps si ma voiture n’était pas coincée sur le bas-côté. Je ne sais pas quoi faire.

La porte s’ouvre, Apolline s’extirpe de la voiture. Je décide de faire de même, malgré le fait que je sois secouée par le choc. Quand nous sortons du véhicule, nous ne voyons ni enfant ni traces de pas. On commence à chercher sur les côtés, devant la voiture, mais il n’y a aucun signe de vie.
Une histoire tout droit sortie d’une hallucination collective.

Ma voiture, quant à elle, possède des séquelles loin d’être imaginées. L’avant est enfoncé dans un arbre et laisse s’échapper une petite fumée, les roues sont cachées dans la neige et je suis prête à parier qu’un ou deux liquides doivent couler. Elle est foutue, et au vu de ma situation financière, même une dépanneuse serait assez coûteuse pour m’endetter.

— Je n’ai pas de réseau, tu en as toi ? demande Apolline, paniquée.

— Je n’ai rien non plus, rétorqué-je après avoir vérifié à mon tour. Nous devons trouver un autre moyen.

J’aurais pu réagir autrement si elle n’avait pas crié. J’espère que toute la famille n’est pas aussi hystérique, sinon je comprendrais pourquoi Adam a disparu sans laisser de traces. Ils avaient l’air normaux aux fiançailles, mais il est vrai que ses parents avaient l’air assez tendus. Bien évidemment qu’ils sont coupables, je n’ai pas oublié toutes les misères qu’ils lui ont fait subir.

Je ne vais pas me laisser attendrir, ils ont gâché ma vie, et sûrement la sienne. Aujourd’hui encore les Eberherz viennent tout chambouler, en commençant par ma voiture. Adam m’avait pourtant parlé de leurs inquiétudes quant à ma piètre fortune, ils savent que je ne peux pas me permettre de casser une voiture comme si de rien était.

— Putain ! Putain, putain, putain ! crié-je avant de soupirer longuement en remarquant que la pression est montée bien trop vite.

Je n’ai plus de véhicule, je vais sûrement rater le repas de Noël et je me retrouve avec cette Apolline. Je pourrais me débarrasser d’elle et la laisser se débrouiller, mais je ne suis pas du genre à faire du mal aux gens, moi.

La tempête s’accentue et la neige nous frigorifie, je le sens et je le vois aux mimiques de ma belle-sœur. Nous devons rapidement trouver un abri, même si j’hésite entre continuer sur la route ou traverser la forêt environnante. Le chemin créé par l’homme peut s’avérer être la décision la plus logique, mais le garçon, même s’il a disparu, venait sûrement de quelque-part.

Cependant, j’ai l’impression que cette décision importe peu lorsqu’une camionnette s’arrête derrière ma voiture. L’homme qui en sort, barbu au visage fatigué, commence à claquer répétitivement sa langue contre son palet.

— Aaron, indique-t-il, après qu’on lui ai expliqué la situation.

Au vu de son regard perplexe en vue de la mer de nuages glacée, je comprends ce qu’il peut penser ou bien même ressentir : il ne peut pas nous laisser alors qu’une tempête risque de nous congeler.

— Je ne peux rien faire, et la tempête bloque tous les signaux…, réfléchit-il à voix haute. Vous savez quoi ? Prenez les choses importantes et montez à l’arrière, je vais vous servir de gîte en attendant que le temps se calme.

— Vraiment ? Vous êtes trop gentil, rétorque Apolline, soulagée par cette proposition.

— On n’a pas vraiment le choix.

Mon cœur se serre lorsque je m’éloigne de ma voiture, comme si elle pouvait être triste du fait que je l’abandonne. Elle m’a servi pendant des années et j’aimerais lui dire qu’elle n’a pas à attendre longtemps, que je reviendrai dans un jour ou deux… Mais bon, ce n’est qu’une voiture, pas un enfant. C’est juste que j’ai du mal à abandonner les choses auxquelles je tiens, moi.

Adam, va te faire foutre.

Je pouffe alors de rire, avant de rigoler jusqu’à m’en étouffer. Est-ce les nerfs qui lâchent ? Peut-être, je passe une très mauvaise soirée de Noël après tout. Je devais prendre un repas avec ce qu’il reste de la famille, donner et recevoir quelques cadeaux, boire un chocolat chaud en me réveillant et retourner à ma vie de citoyenne endettée… Là, je vais passer mon réveillon chez un grossier inconnu, avec celle qui est - pour sûr- responsable de la disparition d’Adam, le tout en ayant perdu ma voiture.

Il y a de quoi se réjouir.

Je pense effectivement être sur les nerfs, au vu de mon niveau de sarcasme. Tout ça à cause d’une seule personne : Apolline.

— Décidément, on dirait que t’aimes bien gâcher chaque moment de ma vie, lancé-je armée d’un regard noir.

— Qu’est-ce que tu racontes ? Tu es la seule responsable, rétorque-t-elle.
Elle veut répondre, et ça m’énerve.

— Arrête de faire l’innocente, Adam a disparu et tout ça à cause de toi, sale pouffiasse.

— Tout allait bien dans sa vie avant que tu n’arrives, il a juste pété un plomb depuis les fiançailles. Tu es l’élément déclencheur de sa disparition.

— Répète ça pour voir ! crié-je avec ardeur, prête à en venir aux mains.

— Mesdemoiselles, en parlant de disparition… Vous n’auriez pas vu un enfant se balader sur le rebord de la route  ? intervient le barbu, nous fixant de son regard au travers du rétroviseur.

Un enfant ? Serait-ce..?

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