11 décembre
Nous approchons de Noël, et la 11ème case de ce calendrier de l'avent est assurée par julietteavril !
Abattue, je m’affale sur le canapé du salon. Apolline m’imite. Caleb et Axel sont partis aider Aaron dans la cuisine donc nous sommes seules. Une douce lumière se déverse de la cheminée, des odeurs exquises de nourriture embaument la pièce et le crépitement des flammes offre un bruit de fond apaisant. Des éclats de rire s’échappent de la cuisine.
Je frissonne, malgré la chaleur. Ce cadre est beaucoup trop idyllique, trop… rassurant. Je laisse tomber ma tête en arrière et ferme les yeux. Des images d’Adam me reviennent en tête. Le jour où nous nous sommes rencontrés, quand nous nous étions tous les deux trompés d’amphithéâtre le premier jour d’université. Nous étions ressortis cinq minutes plus tard, mortifiés d’avoir pu se tromper de classe, mais réconfortés d’avoir un partenaire de fortune dans ce moment de malheur et soulagés de ne pas avoir eu à assister à un cours entier de sciences appliquées.
Le jour où nous nous sommes fiancés, où, après un dîner catastrophique durant lequel nous avons failli mettre le feu à la nappe, nous avons promis de nous aimer jusqu’à la fin de nos jours.
Une boule me monte à la gorge. Mon cerveau ne semble pas vouloir s’arrêter. Automatiquement, il repasse en boucle tous les souvenirs que j’ai avec lui. Notre premier rendez-vous officiel. Je t'aime, Elena. Notre première soirée du nouvel an. Tu resteras à jamais dans mon cœur. Notre première nuit blanche. Dans mon cœur. Le jour de nos fiançailles. À jamais…
J’ai du mal à respirer. Mes pensées tourbillonnent dans mon esprit à ce qui semble être la vitesse de la lumière, créant un pêle-mêle de souvenirs. Tout se mélange. J’ai l’impression de manquer d’air, de me noyer dans un océan d’images et de bruits, avec un arrière-goût amer qui persiste dans l’arrière de la bouche.
— Elena ?
J’ouvre les yeux. Toutes les images disparaissent instantanément de mon esprit. Je relève la tête. Apolline me fixe de ses grands yeux marrons.
— Tout va bien ?
J’acquiesce, respirant profondément pour faire disparaître la boule coincée à l’arrière de ma gorge. À quel point serais-je pathétique si je me mettais à pleurer une nouvelle fois la veille de Noël devant la petite sœur de mon ex-fiancé ?
— Je suis juste un peu fatiguée, dis-je en me levant. Je reviens, je vais aux toilettes.
Je prends mon sac-à-dos au passage. Sans demander au préalable la direction à Aaron, je m’aventure de nouveau dans le couloir miteux. Au bout d’un moment, je tombe sur la salle de bain et ferme la porte à clef derrière moi.
Je cherche dans mon sac et en sors ma trousse de toilette. Je pousse le robinet vers la gauche, récupère de l’eau chaude entre mes mains et me l'a verse sur la figure. Je répète l’opération une deuxième fois avant de fermer le robinet et d’essuyer ma face trempée avec une serviette à côté du lavabo.
Je regarde mon visage dans le miroir. Je ne ressemble à rien. Des lèvres gercées, un teint cadavérique et des cheveux emmêlés. Soupirant, je sors une brosse, coiffe mes cheveux et les attache en une queue de cheval. Puis je sors le tube de déodorant quasiment vide et lutte pour en appliquer une couche sur mes aisselles. Je me regarde de nouveau dans le miroir. Pas tellement mieux mais peut-être un peu moins pire.
— Elena ! hurle une voix dans le salon.
Je me retourne brusquement. Un cri retentit. Je me rue sur la porte mais elle est bloquée. Je me débats avec la serrure pendant quelques secondes avant de l'ouvrir enfin en grand. Je me précipite vers le salon. Caleb et Aaron sont près de la cheminée, agenouillés auprès de…
Je pousse un cri de terreur. Apolline est allongée par terre, les yeux fermés et la tête roulée sur le côté, inerte. Je m’agenouille à ses côtés mais ne la touche pas, par peur de faire un mauvais mouvement.
— Elena, est-ce que tu sais ce qu’elle a ? me demande Caleb.
Je secoue frénétiquement la tête de droite à gauche.
— Aaron, va me chercher une couverture bien chaude et emmène Axel dans sa chambre. Elena, va prendre un verre d’eau dans la cuisine.
Son ton est commanditaire et ne laisse pas place aux commentaires. Mécaniquement, je me lève et vais à la cuisine. Je retourne avec le verre d’eau et retourne à ma place à côté d’Apolline. Elle n’a toujours pas repris conscience.
— Vas me chercher la trousse de secours dans la salle de bains.
— Quoi ?
— Fais ce que je te dis, ordonne Caleb.
Il a les yeux rivés sur Apolline et réajuste sa tête sur un coussin. Il trempe le coin de la couverture d’Aaron dans le verre d’eau et le pose sur son front.
— Maintenant, Elena !
Je n’ose pas dire quoi que ce soit et retourne dans la salle de bains. Je fouille dans le cabinet et tombe sur une petite trousse rouge. Je la prends dans mes mains mais trébuche sur le tapis de bain. La trousse glisse sous l’armoire. Je me mets à quatre pattes et tend la main pour la récupérer. Mes doigts tombent sur un petit objet rond et froid. Je le sors du dessous du meuble. Un badge en métal jaune avec écrit sur la partie externe en lettre bleues « Université des Arts et des Sciences de Dijon ».
— Elena, qu’est-ce que tu fous ? demande Caleb.
L’université où je suis allée. Et celle où Adam est allée. Mais ce n’est même pas le plus inquiétant. Sur la partie droite du badge, recouvrant à moitié l’inscription, se trouve une empreinte de pouce trempée dans du sang.
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