Chapitre 5
Lyana se sentait prête. Le manque d'information sur son travail la mettait mal à l'aise mais elle se savait adaptable. Comment aurait-elle survécu aussi longtemps sinon ? Les leçons de Finn s'étaient frayé un chemin dans sa mémoire et elle se sentait moins démunie que lors de l'annonce de la mission par le Faucon. C'était donc d'un pas vif qu'elle se déplaçait vers son nouveau travail.
Lyana était rarement montée aussi haut dans la ville. Habituée aux parcs et aux petites places qui se trouvaient un peu plus bas, elle n'en était pas moins éblouie par la beauté de ce qu'elle voyait. Il n'y avait autour d'elle que les domaines des plus grandes maisons du royaume. Chaque bâtisse était différente mais toutes mettaient un point d'honneur à se montrer plus belle, originale et luxueuse que sa voisine. Dorures, arabesques, sculptures, marbre ou encore jardins se mêlaient en formant des dessins géométriques complexes. On ne pouvait pourtant les voir qu'à travers de grands portails, puisque les bâtiments étaient entourés de murailles en pierres colorées et gardés par une milice arborant couleurs et blasons des familles nobles. Au loin, bâti sur le piton rocheux qui dominait la ville, le palais étincelait à la lumière du jour. Là où les domaines des nobles arboraient des couleurs vives et des formes complexes, le palais était écrasant de simplicité et de majesté. Ses courbes rondes étaient harmonieuses, et ses murs d'un bleu presque blanc était encastré par des baies-vitrées en verre. De nombreuses plantes se trouvaient à proximité, ajoutant au style naturel et aérien du bâtiment.
La jeune fille s'arrêta devant le domaine le plus imposant et le plus proche du palais et tendit, à l'un des gardes de l'entrée, la feuille que le chef lui avait procurée. Il était au nom d'emprunt Elina, afin que personne ne puisse trouver d'information sur elle, et permettait de l'identifier en tant que nouveau serviteur des Joras. Après avoir lu le parchemin, le garde lui intima l'ordre de le suivre.
En entrant dans le domaine, la voleuse eut du mal à contenir son émerveillement : la maison Joras était, de loin, le plus splendide des domaines derrière le palais royal. Un mur d'enceinte de dix mètres de haut l'entourait, dont la seule ouverture se trouvait derrière elle. Quelques gardes patrouillaient dans l'enceinte et sur le rempart. Leurs armures or et grenat brillaient, arborant sur le torse une tête de lion rugissant. On retrouvait les mêmes couleurs sur les parterres de fleurs qui bordaient les allées menant aux différents bâtiments. Il y en avait trois. Le plus imposant, positionné au milieu des deux autres, était un chef d'œuvre d'architecture dont les pierres ocres veinées de rouge étaient taillées en forme de flammes. Un frisson désagréable remua Lyana mais elle l'oublia vite. Ils se dirigèrent vers le petit bâtiment de droite, d'où s'échappait une bonne odeur de pain. Elle eut le temps d'apercevoir, plus loin, les étables et, à gauche du grand bâtiment, une maisonnette plus simple : le dortoir des serviteurs. Avant qu'elle ne puisse jeter un coup d'œil aux jardins derrière les bâtisses, elle fut projetée dans une grande cuisine.
L'effervescence qui y régnait était telle que Lyana dû se concentrer à la fois pour se protéger des émotions, mais également pour observer le manège à la pressé exécuté par les serviteurs. Cris, demandes et bousculades semblaient être la normalité, bien loin de l'image d'élégance qu'elle s'était faite en venant.
Le garde la posta à côté d'une grande femme à la musculature impressionnante qui braillait plus fort que les autres. Son air dur et son chignon sévère lui conférait une aura d'autorité écrasante.
— Diane, la nouvelle arrivée.
Puis on la laissa là. Diane aboya plusieurs ordres avant de se tourner vers Lyana. Son regard de braise l'examina rapidement, s'attardant sur ses bras et sur ses hanches. Elle maugréa quelques paroles incompréhensibles avant de fixer la jeune fille dans les yeux. Lyana ouvrit lentement son esprit pour ne capter que les émotions de la femme. Elle désapprouvait sa présence, mais la voleuse ne comprenait pas pourquoi. Cette opposition n'était visiblement pas personnelle.
— Es-tu vierge ?
La question désarma momentanément Lyana. Elle se reprit vite, ignorant le rouge qui lui montait aux joues.
— Oui madame.
— Bien, au moins on t'a appris quelques manières. Mais ici, on m'appelle Diane. Je suis la gouvernante des lieux. Pas de vouvoiement, sauf pour les maîtres de la maison. Tu ne leur parles que s'ils te posent une question directe, et tu les appelles par « maitre » ou « maitresse », jamais par leurs noms ou prénoms. Tu suivras Maceo cette semaine puis, si tu te débrouilles, tu le remplaceras pour le ménage du deuxième étage. Va, j'ai beaucoup à faire.
Avant même que Lyana puisse réagir et demander pourquoi il était si important de savoir si elle était vierge, la gouvernante était retournée à ses occupations, l'ignorant totalement. Elle se dirigea donc vers le jeune homme qu'elle lui avait désigné. Il était petit et son costume large n'arrivait pas à voiler ses formes. Il empilait avec soin de splendides tasses sur un plateau. Ne voulant pas le déranger, la voleuse l'observa attentivement. Elle admira un instant ses gestes rapides et précis, si semblables à ceux des tire-bourses pour s'emparer d'un objet. Quelques secondes plus tard, il portait avec dextérité le plateau sur lequel il posa une imposante, et superbe, théière fumante. Puis elle le rejoignit, alors qu'il faisait mine de partir de la cuisine.
— La théière est lourde, il faudra que tu fasses attention, lui confia-t-il sans un regard, d'une voix grave mais douce. Il est important de l'amener rapidement dans la chambre de maîtresse Alicia, elle aime son thé brûlant. Si tu casses la théière, c'est un mois de salaire retenu et de corvée de toilettes. Tu as d'ailleurs de la chance de ne pas commencer en bossant aux latrines.
Maceo était plus vif que ce qu'avait supposé Lyana. Malgré sa petitesse et sa corpulence, il se mouvait sans soucis dans la foule de la cuisine, aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau. Elle le suivit, veillant à ne pas le perdre de vue. Ils passèrent une porte et l'ambiance changea du tout au tout. Ils débouchèrent dans un couloir somptueux, tout de marbre et de toiles fantaisistes. Le silence régnait. Maceo lui jeta un rapide coup d'œil et s'autorisa un mince sourire appréciateur en voyant qu'elle le suivait sans soucis.
— Nous venons de rentrer dans le bâtiment des maîtres, chuchota Maceo. Je devrais normalement te conduire à nos quartiers pour que tu te mettes en livrée, mais maîtresse Alicia n'attend pas. Heureusement, tu es habillée en noir comme nous, elle ne nous remarque jamais alors elle ne risque pas de faire attention à toi. A partir d'ici, plus aucun bruit n'est admis, tu dois être la plus discrète possible. Suis-moi, imite-moi, et surtout pas un mot sauf si on te pose une question directe.
Elle hocha la tête sans rien dire, mais il était déjà concentré sur sa destination. Ils passèrent une nouvelle porte qu'elle n'aurait pas vu en temps normal tant elle était discrète. Après avoir parcouru de petits couloirs simples et quelques escaliers, ils débouchèrent sur un couloir plus large. Lyana comprit qu'ils venaient de quitter les couloirs réservés aux domestiques pour s'engager au premier étage. Apparemment, les maîtres des lieux voulaient se mêler le moins possible à leurs serviteurs.
Deux gardes patrouillaient dans le couloir, le torse bombé de fierté et l'armure rutilante. Ils toisèrent Lyana d'un air malsain et se permirent même un clin d'œil aguicheur qu'elle ignora. Ici, elle ne pouvait pas jouer des poings pour leur faire passer l'envie de l'embêter. D'ailleurs, elle n'était même pas sûre d'être assez douée pour se débarrasser d'un garde entrainé et armé. Elle pria sincèrement pour que Finn lui ai dit juste, et qu'ici il était inconvenant d'abuser des femmes.
Maceo s'arrêta devant une somptueuse porte lustrée d'un bois pourpre. Il frappa 3 fois puis entra. Il garda le regard rivé au sol. Lyana l'imita malgré sa curiosité dévorante. Elle examina avec attention le tapis sous ses pieds. Contrairement au reste du domaine, il arborait des couleurs froides, dévoilant une jolie mare.
Avec précaution, Maceo posa le plateau sur une petite table, puis disposa la théière, les tasses et l'assiette de pâtisserie sur une table plus imposante en cristal vert. Sa mission effectuée, il se hâta de se diriger vers la sortie, Lyana sur les talons. Ils n'eurent pas le temps de l'atteindre qu'une voix gracieuse s'éleva.
— Qui est la jeune fille qui est avec toi ?
Maceo se retourna vers la voix, de même que Lyana mais aucun ne releva les yeux, dans une attitude de totale soumission.
— C'est une nouvelle recrue, Maitresse.
— Je me doute Maceo. Tu peux disposer. Elle reste. Je te l'envoie plus tard.
Le serviteur était aussi tendu qu'un arc, mais hocha la tête et quitta la chambre, décontenancé. Lyana sentit de la peur et de la culpabilité, il devait penser avoir fait une erreur.
— Regarde-moi.
La jeune fille s'exécuta, laissant libre cours à son pouvoir afin de comprendre dans quel pétrin elle avait pu se fourrer. Elle fut rapidement rassurée : Maîtresse Alicia, femme du maitre des lieux, n'était pour le moment que curieuse. Lyana la chercha un instant du regard, ne voyant personne, puis un paravent se replia et une femme apparut. Elle était de taille normale, des cheveux noirs de jais s'écoulaient en cascade dans son dos et ses yeux bruns avaient une touche rouge surnaturelle. Sa poitrine et ses hanches généreuses attestaient de sa condition fortunée : elle avait toujours eu de quoi manger avec appétit. Elle semblait avoir plus de quarante ans mais elle dégageait une assurance et un charisme qui la rendait bien plus envoûtante qu'une jeune fille.
— Tu es jeune et jolie. Vierge aussi j'imagine. Exactement comme il les aime. Tu seras de ménage au second étage ?
— Oui Maitresse.
Cette dernière s'était avancée vers elle. La noble semblait apprécier celle qu'elle voyait devant elle, mais désapprouvait sa présence. Sans se soucier d'intimité, maîtresse Alicia se mit à toucher différentes parties du corps de Lyana, ce qui mit mal à l'aise la voleuse. Elle l'était d'autant plus que cette histoire de virginité la décontenançait. En quoi cela pouvait-il bien être important ? Qui aimait ce genre de choses ?
— Musclée... Hum... Mains calleuses, mais bonnes manières... Tu devrais t'adapter rapidement... Si seulement les filles de la haute était comme toi, il serait surement déjà marié...
Soudain contrariée, Alicia la lâcha puis alla se servir un thé avant devaquer à ses occupations. Un garde posa sa main sur l'épaule de Lyana, luisignifiant qu'il était temps pour elle de s'éclipser. Plus perturbée quejamais, Lyana se glissa dans le couloir, se promettant de mettre rapidementcette histoire au clair.
***
Hello tout le monde :) J'espère que les 5 premiers chapitres de ce petit roman fantasy vous auront plu!
Sachez, pour ceux qui auraient lus les premières versions, que c'est à partir d'ici que ça change vraiment.
Niveau rythme de publication, il risque d'être assez chaotique, je publierais dès que j'aurais fini d'écrire/réécrire le chapitre suivant!
Je vous fais de gros bisous <3
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