Je suis en face du SAS de décompression. Mes parents adoptifs sont à l'intérieur. Ils me supplient de ne pas faire ça. Je m'apprête à appuyer sur le dernier bouton du tableau de commande. Ils me supplient, encore et encore. Mais je ne les écoute pas. J'appuie. Le SAS s'ouvre sur l'espace. Leurs corps sont éjectés dans le néant, condamnés à dériver toute l'éternité.

Je me réveille en sursaut. C'est le même cauchemar depuis maintenant presque un an. Je me vois ouvrir le SAS chaque nuit. Je suis une meurtrière. Je les ai tués alors qu'ils m'ont hébergé, éduqués, aimés. Il m'a fallu un seul moment d'inattention. Qu'un seul instant pour que ma vie toute entière bascule. Pour qu'ils soient condamnés à sort par ma faute. Tout ça parce que je n'ai pas été capable de cacher la couleur de mon sang. Je ne suis qu'une idiote.

Sans que je ne puisse me contrôler, des larmes ont commencé à couler sur mon visage fatigué. Ma respiration est devenue saccadée. Mes mains tremblantes. Je me lève sans un bruit. Je m'écarte de notre camp improvisé. Je ne vais pas les réveiller pour moi. Je ne suis pas indispensable. A quoi bon déranger leurs sommeils pour une idiote comme moi. J'essaie de faire la dure à cuire, mais au fond, je me déteste. Je déteste la personne que je suis. Je déteste mon sang. Je déteste ma vie. Je me déteste.

_ Eh, ça va ? Me demande Octavia en me sortant de mes sombres pensées.

_ Oui. Dis-je d'une petite voix, essayant tant bien que mal de reprendre une respiration normale.

Il ne manquerait plus que les autres me vois faible. Là, ce sera sûr, je n'aurais plus besoin de faire partie de ce monde.

_ T'es sûr ? Ça n'a pas l'air d'aller pourtant. Insiste-t-elle gentillement.

_ Je t'assure que ça va Octavia. Retourne te coucher s'il te plaît. Je la supplie presque.

Heureusement pour moi, elle m'écoute et retourne à son paisible sommeil. Moi par contre, je pars à la rivière. Il y a peut-être un monstre marin qui vit dedans, ce n'est pas ce qui va m'empêcher d'aller me baigner, kit à y laisser ma vie.

****

Le soleil se lève sur cette planète radioactive. Les autres aussi. Moi, je suis toujours dans l'eau. Regarder un levé de soleil sur l'eau, c'est toujours mieux que sur la terre ferme. Malheureusement pour moi, mon moment de tranquillité est vite interrompu par mes amis.

_ Eva ! Qu'est-ce que tu fous ? Me crie Clarke depuis le bord.

_ Reviens ! Tu risques de te faire attraper par le serpent. En plus, on ne sait pas nager. Continue Finn.

Vous, vous ne savez pas nager. Je corrige dans ma tête. J'ai fait dix ans de natation synchronisé, je sais très bien nager. Je nage depuis que j'ai cinq ans. Je vais sur mes dix-huit. Bien sûr que je sais nager. Pour leur prouver mon activité préférée, je commence à nager dans l'eau. Je n'ai plus pied là où je me trouve, au milieu de la rivière. Je me renverse, puis sort mes jambes de l'eau. Il n'y a plus qu'elle qui dépasse de l'eau à présent. Je me suis entraînée toute la nuit. J'ai réussi à calmer ma crise d'angoisse comme ça. J'ai toujours eu besoin d'une activité physique pour les calmer. J'aurais préféré ne pas en avoir. Malheureusement, depuis que j'ai treize ans, toute époque confondue, j'ai un trouble de l'anxiété. J'ai appris à vivre avec mes crises d'angoisse, mes insomnies, et mon anxiété constante. Nager m'aide à me sentir mieux. Quand je danse dans l'eau, je m'évade. Je ne pense plus à rien à part contrôler mes mouvements.

Après ma petite représentation, je nage vers le bord. La nuit est terminée. Mon évasion aussi.

_ C'était super stylé. T'as appris ça où ? Me demande Octavia admirative.

_ C'est compliqué. Je lui réponds, ne sachant pas quoi lui dire.

Elle me regarde curieusement. Je vais devoir lui expliquer mes secrets, c'est sûr.

_ On devrait trouver un moyen de traverser la rivière. Je n'ai pas envie de me faire manger par un serpent des mers. Nous propose Finn.

_ Il a raison. Répond Clarke. On va devoir traverser la rivière sans passer par l'eau. Notre prochain repas se trouve de l'autre côté. Continue-t-elle.

Nous nous sommes donc mis en tête de trouver une façon de traverser la rivière. Cela fait une heure que nous longeons la rivière en quête d'un passage pour aller de l'autre côté. Monty finit par trouver une grande liane solide. On dirait qu'on va faire Tarzan aujourd'hui.

Cela m'aurait sûrement amusé il y a quelques semaines, mais depuis quelque temps, je n'ai plus de goût à rien. Je ne sais pas pourquoi. J'étais déjà comme ça avant mon agression, alors ça ne peut pas être ça. Je me force à sourire pour ne pas inquiéter les personnes qui m'entourent, mais en réalité, je n'ai qu'une envie : ne rien faire. On est sur Terre pourtant. Je devrais sauter bien plus de joie. Je devrais être la première pour sauter de l'autre côté avec la liane, mais je ne le fais pas.

_ C'est toi qui as voulu te lancer en premier, alors arrête d'hésiter. Le mont Weather nous attend. Dit Clarke à Finn en me sortant de mes pensées.

Celui-ci s'apprête à se lancer par-dessus la rivière. Jasper et lui se lancent quelques mots. Mais alors que mon ami Spacewalker s'apprêtait à se lancer, Jasper le stoppa pour prendre sa place. On dirait bien qu'il a craqué sur Octavia vu la façon dont il la regarde.

Il finit par s'élancer. On l'entend crier de joie lorsqu'il atteint l'autre côté de la rive.

_ A nous les sommets ! Crie-t-il une fois relevé.

Nous crions de joie avec lui. Cet instant est magique. Il se retourne et se penche pour récupérer une pancarte. Lorsqu'il la brandit, on peut y lire « Mont Weather ». De nouveaux cris de joie sortent de nos cordes vocales. On a réussi. On a atteint le Mont Weather.

Malheureusement, notre joie et notre excitation s'arrêtent nette lorsqu'on voit passer une lance tout près de nous. Elle vient se loger directement dans la poitrine de notre ami. Nous poussons tous un cris de surprise avant de partir se cacher derrière les rochers.

_ On n'est pas tous seul ici. Nous informe Clarke.

_ Vous me croyez maintenant. Je leur dis.

Nous nous regardons et nous mettons d'accord. Nous commençons à courir à travers les arbres. C'est une course effrénée. Nous courons le plus vite possible. Moi qui pensais partir facilement à leur rencontre. Si les cent ont peur des natifs, ils ne voudront pas me laisser partir facilement.

Après un long moment de course, Monty trébuche sur une racine et s'écroule au sol. Il pousse un cri de surprise lorsqu'il découvre un squelette humain devant ses yeux. Nous l'aidons à se relever.

_ Mais qui c'est ? Demande Finn estomaqué.

_ Non, qu'est-ce que c'est ? Dit Clarke en observant le crâne dans ses mains.

_ On a aucune chance de s'en sortir. Continue Octavia apeurée.

_ Eh, eh, eh. Les gas, on va s'en sortir. Ok ? Ils sont comme nous. Ils se protègent simplement parce qu'on vient d'empiéter sur leur territoire. Alors n'ayez pas peur d'eux. Je vous assure. Dis-je fasse à la peur qui se lit sur leurs yeux.

Un cri de douleur retentit dans toute la forêt. C'est le cri de Jasper. Clarke se mit à courir dans le sens opposé de notre course.

_ Clarke ! L'interpelle Finn. Attends ! Attends ! Essaye-t-il encore.

Mais rien n'à faire. Clarke continue sa course folle vers la rivière. Il réussit finalement à l'arrêter, mais la rivière est déjà atteinte. Lorsque nous regardons l'emplacement de Jasper, nous constatons qu'il n'est plus là. Il a été déplacé.

_ C'est là qu'il était. Dit Monty à bout de souffle. Et maintenant, il est où ?

_ Ils l'ont pris. Déclare mon amie d'enfance, révélant ainsi ce que tout le monde pense, mais que personne n'a le courage de dire.

****

Lorsque nous arrivons au campement dans l'après-midi, Wells tient un couteau sous la gorge de mon voisin d siège. Bellamy se tient près d'eux. Lorsque Wells lâche le brun, celui-ci lui saute dessus. Malheureusement pour lui, avant même qu'il n'atteigne le fils du chancelier, Bellamy le retient.

_ Ça suffit Murphy. Dit-il durement en l'écartant.

Alors comme ça, le brun s'appelle Murphy, intéressant. Du moment qu'il ne m'énerve pas ça se passera bien pour lui. En plus, il est plutôt mignon. Quand j'aurai réussi à vaincre ma peur de me faire toucher, je coucherai peut-être avec lui. Qui sait, j'y arriverai peut-être un jour ? C'est ce que j'espère.

Bellamy remarque enfin sa sœur à mon bras. Il la prend avec elle et l'a fait s'asseoir sur un tronc d'arbre coupé près de nous.

_ Octavia, ça va ? Demande-t-il inquiet.

_ Ouais. Lui répond-elle en gémissant de douleur.

_ Et la bouffe, elle est où ? Nous demande-t-il après.

_ On n'est pas arrivé au Mont Weather. Lâche Finn en s'asseyant lui aussi.

_ Qu'est-ce qui s'est passé ? Continue Bellamy intrigué.

_ Il s'est passé qu'on a voulu passer une rivière mais qu'il s'avère que celle-ci est en fait une frontière. Il y a des survivants, et pas qu'un peu. Et là, je dirais qu'on est chez les Trikrus.

_ Comment tu sais tout ça ? Me demande Murphy.

_ Je le sais comme le conseil le sais. Ma mère communiquait avec avant ma naissance. Le conseil n'a jamais voulu dévoiler les informations qu'on avait sur eux. Le truc, c'est qu'ils ne savent pas que moi, j'ai récupéré les carnets de ma mère. Je sais tout ce que ma mère sait. Et elle en sait bien plus que n'importe qui d'entre nous.

Tous me regardèrent bouche bé. Je viens d'étaler la vérité à tout le monde. Je ne sais pas si on me croit, mais je m'en fiche. J'ai dit ce que j'ai à dire. Je m'écarte du groupe pour rejoindre la navette. J'ai besoin d'une pose. Cela fait deux jours que nous n'avons rien mangé. Je suis épuisée et j'ai faim. Pourtant, je ne m'endors pas. Je reste juste assise sur un siège. Je fixe je vide. Je crois que je regrette ma petite vie tranquille avant le cataclysme. J'ai juste envie de disparaître.

_ Eh, ça va ? Me demande Clarke en entrant dans la navette elle aussi.

_ Oui ne t'inquiète pas. Je lui mens. Elle hoche la tête.

_ Prépare un sac, on va chercher Jasper. Me dit-elle.

_ D'accord. Dis-je en asseyant de mettre le l'engouement dans ma voix. 

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Bon alors je poste plus tôt que prévu, mais j'avais envie de partager mon chapitre avec vous. 

Je ne vous promets pas d'être très respectueuse de mon planning habituel pendant le mois à venir. Je vais avancer plus vite du coup je pense que je vais poster quand j'aurai un chapitre de près. Il peut donc y en avoir plus que deux dans la semaine.