Chapitre 6
Audrey Lutumba
Travail d'équipe. Génial...
À son plus grand malheur, Audrey va devoir se mettre avec une des filles de son groupe pour l'épreuve scientifique. Elle ne choisit même pas, c'est la L-C, avec sa liste de prénoms, qui choisit au hasard.
Évidemment, il fallait que ça tombe sur celle qui avait retiré sa chaise dans la salle d'interrogatoires, le premier jour. Le duo que doivent former les deux adolescentes ne réjouisse pas l'une et c'est de même pour l'autre, qui grimace depuis deux bonnes minutes.
- Le but ? Il n'y en a pas de précis, explique Lian Zhang Tao après qu'une des candidates l'ait questionné. Créer quelque chose avec tous ces éléments chimiques, n'importe quoi - mais évitez d'en foutre partout. Merde à vous ! s'exclame-t-elle comme si elles étaient au théâtre avant de sortir de la pièce.
Les participantes se trouvent dans un véritable laboratoire où trônent plusieurs paillasses. Quelques petits flacons remplis de liquide tous plus colorés les uns que les autres, des glaçons, des morceaux de chair et des objets classiques comme des béchers, des fioles et autres sont posés dessus et n'attendent que les adolescentes pour être manipulés.
Hortensia, la coupable de l'atterrissage brusque d'Audrey sur son postérieur, se dirige vers une des tables et s'assoit sur un tabouret. L'Africaine la suit. Elles sont les seules à être inactives et à rester muettes.
- Tu es forte en sciences ? interroge la blonde sans la regarder.
Après une hésitation, Audrey lui répond par l'affirmative et lui repose la question. Hortensia secoue la tête.
Quelques minutes plus tard, la jeune fille aux yeux verts décide de lui adresser une nouvelle fois la parole.
- Écoute : je sais que c'était pas très sympa ce que j'ai fait la dernière fois...mais, s'il te plaît, sors nous de la mouise.
Elle plonge ses yeux dans ceux de la Camerounaise, qui lui offre un petit sourire timide.
- Une bombe biodégradable, ça te dit ?
C'est ainsi que les deux jeunes filles se mettent au travail, ensemble, et mélange plantes, liquides et explosif pour créer leur projet. Au bout d'une demi-heure, elles ont terminé, et un quart d'heure après, c'est la fin du test.
Hortensia remercie chaleureusement Audrey à la sortie de la salle, lui fait même quelques compliments et...s'excuse. Audrey lui pardonne gentiment.
- Dis... commence la blondinette en se mordant la lèvre inférieure. Ça te dirait de déjeuner avec ma pote et moi, aujourd'hui ?
La jeune fille aux yeux sombres acquiesce et rejoint Hortensia et son acolyte, Morgane, une petite rousse aux taches de rousseur et qui porte aussi des lunettes. Audrey n'allait quand même pas raté sa chance de se faire des amies, hein ?
***
Kaleb Alexander
- Mais puisque je te dis que c'est pas ça !
- Fais pas ton imbécile et passe-moi le flacon !
Kaleb s'approche de la paillasse de Djibril et Casper, les garçons qui ont retenu l'attention du Général Phillips, les mains derrière le dos.
- Messieurs, un problème ?
- Oui, Colonel, confirme le garçon sans nom de famille au teint sombre. Le gars veut pas me donner le récipient pour que je puisse terminer l'épreuve !
Le jeune homme trouvé dans la forêt d'Amazonie lui donne un coup de coude et le foudroie du regard.
- Pour qu'on puisse l'épreuve, tu veux dire !
- Messieurs...
- Non, tu m'as bien entendu !
- Messieurs ! s'exclame le Colonel Alexander sans pour autant s'énerver. Dans mon bureau, tout de suite.
Sous les yeux plissés de Kaleb, les deux adolescents se lèvent et sortent de la pièce. Ils suivent le chemin qu'utilise le colonel et finissent par s'asseoir devant son bureau, où il prend place, les mains entrelacées et les coudes sur la table.
- Expliquez-moi la raison de cette dispute, qui, a mon humble avis, est d'un ridicule impossible...
Djibril serre les poings.
- C'est pas ma faute si Raiponce veut pas travailler en équipe avec moi !
Le surnom "Raiponce" donné à Casper est lié à sa longue chevelure châtaine.
- Tu rigoles ? C'est toi qui voulais faire la manipulation et "réussir", mais tout seul !
- Menteur, va !
- Connard !
- Oh, langage ! s'écrie Kaleb qui meurt d'envie de les remettre à leur place pour qu'ils se taisent enfin.
- Excusez-moi, Colonel, mais ce nom lui va si bien ! lance sarcastiquement Casper.
Le colossal brun se met brusquement debout, ce qui fait rouler sa chaise derrière lui et pose les mains sur le bureau.
- Je crois qu'un petit passage chez le Général Phillips s'annonce, dit-il d'une voix aussi claire que l'eau de roche.
Une drôle de lueur vient alors danser dans le regard de Djibril. Comme si...comme si c'était l'effet voulu.
- Si ça peut m'emmener loin de ce sal...minable, ça me va, affirme Casper.
Kaleb plisse les yeux et dévisage l'adolescent aux cheveux longs et ondulés. Il est devenu impassible, ne montrant aucune joie comparable à celle de l'Africain. Il semble que le colonel a tout de même mis le doigt sur quelque chose ...
- Dans ce cas, allons-y, Douglas, prononce le colonel Alexander en gardant son air impénétrable, malgré la satisfaction que lui procure la - peut-être - découverte d'une information plus qu'intéressante...
Casper se lève un peu trop rapidement à son goût pour que le geste soit exécuté avec désinvolture. Ou est-ce le fruit de son imagination ?
Kaleb ouvre la porte à Raiponce version masculine en jetant un regard à Djibril. Ce dernier a repris une attitude nonchalante, mais le colonel sait que quelque chose cloche.
Alors que l'Homme aux yeux bruns passe à côté de Casper pour aller devant lui, il entend un grésillement...
- Bien joué, Ch'veux Longs.
Cette simple phrase confirme sa théorie.
***
Éléonore Krause
Finalement, être générale, c'est plus difficile - et parfois ennuyant, elle doit se l'avouer - qu'Éléonore l'aurait cru.
Premièrement, elle doit faire le rapport à envoyer à chaque QG des Femmes - à part le sien, bien sûr.
Deuxièmement, c'est elle qu'on vient voir quand on ne sait pas quoi faire. Par exemple, les robots de ménage et de décoration sont venus lui dire qu'ils avaient fini de nettoyer toute la base et il a fallu trouver le moindre souci pour les occuper. On a aussi envoyé des élèves qui n'arrêtaient pas de se disputer à l'Allemande, ce qui lui a valu une bonne heure de perdu.
Troisièmement, c'est à elle de faire tous les discours cérémonieux - même si, pour l'instant, elle n'en avait pas encore émis - qui prennent du temps sacré.
Quatrièmement, en plus de surveiller tous les faits et gestes des Hommes et des Égaux, elle doit aussi observer les candidates de la Répartition passer les épreuves.
Et, cinquièmement...elle tuerait pour avoir ne serait-ce qu'une minute de temps libre, car toutes les petites tâches d'une générale lui prennent toute la journée.
Miracle : il lui reste quelques minutes avant le couvre-feu fixé à 23h maximum ! Elle commence à découvrir le tableau de contrôle que la Générale Phillips est la seule à utiliser. Elle ne sait pas si c'est vraiment légal de fouiller dans les affaires de sa supérieure...mais l'envie est trop tentante. Et puis, si elle s'aperçoit que c'est trop personnel, elle ira autre part !
Elle trouve alors une partie très intéressante...une partie sur tous les états des Hommes - s'ils ont une maladie, s'ils sont en bonne santé, etc. Il paraît qu'un mouchard a été au niveau de leur avant-bras pour pouvoir les pister et connaître leur statut.
Elle est au courant pour le piratage des montres, mais la générale, la L-C et elle-même ne savent pas comment le contrer. Même les informaticiennes de la base. Leur Bleu doit être de haut niveau...
Elle parcourt les profils des soldats du camp ennemi. Elle remarque qu'il y en a beaucoup moins que les années précédentes. C'est aussi le cas chez les Femmes...
Par curiosité, elle appuie sur celui de Kaleb Alexander. Elle remarque que tout va bien pour lui.
Pour l'instant, pour l'instant...
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