Prologue


« Alors ? Tu as reçu quelque chose ? miaula une voix douce. »

Le mâle à qui l'on s'adressait gronda. Lorsqu'il se retourna, son interlocuteur vit ses yeux lancer des éclairs et il se recroquevilla sur lui même. Il se dit qu'il n'aurait pas dû lui demander une nouvelle fois, car l'autre était vraiment irritable ces derniers temps. Et puis, si il avait reçu quoi  que ce soit, il aurait finit par lui  dire... le matou gémit lorsque le chat argenté hérissa le poil, ses crocs brillant sous la lune.

« Non, gronda-t-il. Je ne comprend pas pourquoi tout cela arrive... Nos ancêtres m'avaient dit que tout se passerait bien, que notre clan serait puissant... quelle blague ! Regarde nous ! Nous pouvons à peine nous nourrir... »

Ses griffes s'enfoncèrent dans la terre molle, comme si il était s'agit d'une simple proie.

« Ne t'en fais pas, Étoile de Silex, tenta de le rassurer le guérisseur, de plus en plus intimidé. Nos ancêtres ne mentent pas... si ils t'ont dit que tout se passerai bien... alors ce sera le cas.

- J'aimerais te croire, Moustache Courte, grogna l'autre en se retournant. Mais au vu des derniers événements, il vaudrait mieux trouver une solution nous-mêmes avant que le Clan du Tonnerre ne juge bon de nous attaquer à nouveau. »

Les deux mâles restèrent silencieux durant quelques minutes, ne sachant pas vraiment quoi dire. Cependant, après un long moment à fixer la Toison Argentée, le soigneur bondit sur ses pattes. Il faillit tomber dans la rivière juste devant lui, qu'il regardait justement avec intensité.

« Étoile de Silex ! Regarde ça ! s'exclama-t-il, les yeux brillants. »

Il désignait le ruisseau calme et limpide devant lequel ils étaient assis. Enfin, limpide... la rivière brillait d'une lueur rougeâtre inhabituelle, tandis qu'on y discernait un reflet trouble. Étoile de Silex recula d'un pas, tandis que son guérisseur semblait de plus en plus excité : il trépignait sur place d'une façon ridicule, et son chef l'aurait repris si ce n'était pas si important.

« C'est un signe... miaula-t-il, gueule bée. Le Clan des Étoiles t'as répondu ! Il ne nous a pas oubliés...

Le meneur, peu rassuré, s'approcha à petits pas du cours d'eau. Il y aperçut une petite silhouette auréolée d'étoiles. Des étoiles rouges comme le sang, tout autant qu'immaculées comme la neige. Ses yeux  le piquèrent tant le spectacle était coloré, et encore plus lorsqu'on le comparait au ciel d'un noir profond au dessus de leurs têtes.

« C'est lui... murmura-t-il d'une voix blanche, ses prunelles écarquillées fixant le cours d'eau. C'est lui dont Étoile de Saule m'a parlé ! »

Moustache Courte s'approcha un peu plus jusqu'à être tout au bord de la rivière, poussé par sa curiosité. Ses pattes le piquaient tant il était impatient de savoir qui aurait ce rôle majeur dans le clan.

« Nos ancêtres ont fait leur choix, miaula-t-il solennellement, bien qu'il eut aimé donner son avis sur le félin. Mais... mais... »

Le matou argenté lui lança un regard interrogateur.

« Mais...? répéta-t-il.

- Il ne sera pas seul... souffla le guérisseur. Trois autres l'aideront. Je... je le sais ! Mais... que-quel est ce danger dont m-on ancien mentor m'avait parlé...? Patte Sablonneuse ne me l'a pas précisé... Serait-ce le Clan du Tonnerre ? Tu penses qu'Étoile de Plume pourrait vouloir revenir, même après la bataille ? Elle n'a besoin de rien... Et elle n'est quand même pas assez affreuse pour nous attaquer sans raison, si...? Ou alors... »

Il lança un regard interrogateur au meneur, mais qui semblait tout aussi perdu. Les deux chats regardèrent à nouveau la rivière, mais elle était déjà sous sa forme habituelle. Il n'y avait plus aucune trace de ce qu'il venait d'arriver.

« Nous verrons bien qui, Moustache Courte, répondit, étrangement posément, Étoile de Silex. Nous verrons bien... »


                                                                                                * * *


Trois silhouettes se faufilaient dans la forêt. L'une faisait au moins quatre fois la taille des deux autres. Ils tremblaient cependant de tous leurs membres, n'étant pas habitués à la forêt et à sa température plus rude que celle de leur Maison de Bipèdes. La plus grande d'entre elles murmura indistinctement à cause des deux minuscules corps se trouvant dans ses mâchoires serrées :

« Aller, mes petits, courage, nous y sommes presque. »

Un des chatons qu'elle tenait dans sa gueule couina et commença à gigoter.

« Maman... j'ai froid... je veux dormir...

- Un petit effort, Poppy... soupira la chatte grise, ne sachant même plus quoi dire pour la réconforter. »

La jeune femelle hocha la tête, tremblante. Sa mère, transie, doubla le pas, et ses enfants les plus résistants, marchant à ses côtés, durent lui courir après.

« Attend-nous ! hurlèrent-t-ils en cœur, terrorisés.

- N'ayez pas peur, je suis juste là, miaula-t-elle d'une voix faible. Allez, mes petits, allez... »

Mais les quatre chatons continuaient de couiner, frigorifiés. La mère s'inquiétait particulièrement pour Saint-Ex, le plus faible d'entre eux. Mais ils n'avaient pas le choix...

« Maman, on ne peut pas s'arrêter dans le creux de cet arbre pour dormir ? réclama le plus grand, dont la taille n'était pourtant pas admirable. J'ai froid...

- Je sais, mon grand, je sais. Tu as raison. Attendez-moi à l'endroit que m'a montré Prince, je vais chercher de la mousse et des feuilles pour faire comme le panier de la Maison des Bipèdes. »

Les chatons hochèrent la tête, en larmes, et coururent se réfugier dans l'arbre de toute la force de leur petites pattes, une fois que Rose eu posé les deux gris qu'elle tenait dans sa gueule. Alors, la femelle tigrée poussa un soupir empli de tristesse et commença à gratter l'écorce d'un saule pour en retirer la mousse. Elle grimpa difficilement à ce même saule pour arracher quelques feuilles puis redescendit voir ses chatons. Ces derniers avaient obéit, pour son plus grand soulagement. Ils étaient collés les un aux autres, immobiles, endormis profondément. La chatte ronronna avec une pointe d'amertume mais se colla finalement contre eux. Ils étaient au chaud, ainsi roulés en boule. Leur mère, rassurée, ferma doucement les yeux. 

Ils allaient s'en sortir.

Ils devaient s'en sortir.

« Mais est-ce la bonne solution pour les protéger ? s'inquiéta Rose. Je ne suis pas sûre. Mais je n'ai pas le choix... »




Et voilà ! C'était le prologue. Un peu court, mais j'ai essayé de laisser du suspens 😅

Qu'en avez vous pensé ?

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