Chapitre 22
Nuage de Pollen recula d'un bond.
Non... non ! Non, non, non ! Ce n'est pas possible !
Elle ressentait un sentiment tout nouveau. Mais elle savait que ce n'était pas de l'amour. Oh que non. C'était même l'une des sensations les plus désagréables qu'elle connaisse. L'apprentie voyait trouble. Les formes, autour d'elle, tanguaient...
Non, je ne doit pas me laisser faire...
Nuage de Pollen frissonna, les pensées disparaissant les une après les autres, et se concentra sur un point imaginaire, hors de la tanière. Le fixer, le fixer, ne penser qu'à lui... »
« Nuage... de... Po... Po... llen... »
Le cœur de la jeune chatte bondit dans sa poitrine. Elle avait oublié en quelques instants la déclaration de son mentor...
« N... commença-elle, tremblante. »
Elle ne voulait pas lui faire de mal. Mais... non. Elle ne pouvait pas accepter. C'était trop... non. Et même si elle pouvait, elle n'aurait pas... voulu. Non. Non. Le seul mot possible à prononcer en cet instant. Mais... vraiment, non... Museau Aplati n'était pas son compagnon. C'était son mentor. Son deuxième père. Son ami. Son confident. Mais surtout pas son compagnon.
La petite femelle soupira, les yeux vitreux. Elle avait complètement oublié Moustache Courte, qui, pourtant, à une queue de renard d'elle, ne perdait pas une miette du spectacle que lui offraient mentor et apprentie.
Son esprit ne pouvait plus se concentrer que sur une chose à la fois. Elle ne voulait même pas pleurer. Elle ne savait pas pourquoi elle aurait du pleurer. Et en même temps elle le savait parfaitement. Nuage de Pollen gémit. Tous ces moments passés avec Museau Aplati... il lui avait... menti ? Il avait fait semblant d'être son meilleur ami. Mais non, il ne pensait pas à ça. Non...
« Museau Aplati... souffla-t-elle, se rapprochant un peu de lui. J... je... n...
- Nuage... de... Pollen... la coupa le jeune guerrier. Je... t'aime... »
Les larmes ne coulèrent pas. Elle baissa la tête vers le sol boueux, le pétrissant de ses griffes.
« Je... Museau Aplati... répéta-t-elle. C'est... c'est non... »
Toujours pas de pleurs. Seulement des gouttes de pluies traversant les parois de l'antre, lui tombant là ou aurait dû couler ses larmes. Elle était transie, mais en même temps, son visage la brûlait. Elle sentait ses pattes s'enfoncer dans la terre, et en même temps s'élever. Elle était légère, mais pesait des tonnes. Elle braqua son regard plus qu'attristé sur le chat, qui ne semblait même pas l'avoir comprise. Et après les paroles qu'il prononça, Nuage de Pollen fut assurée qu'il ne l'avait même pas entendue.
« Nuage... de Pol... len... je t'aime... »
Le cœur de la femelle se déchira. Ses yeux restèrent sec. Mais son cœur commença à battre furieusement. Et elle fut surprise de la violence de sa voix, lorsqu'elle s'écria :
« Museau Aplati ! Tu m'entends ?! Je ne t'aime pas ! hurla-t-elle, lui lançant un regard noir. Arrête de dire mon nom ! Ça ne sert à rien ! Tu m'as mentis ! Je ne pourrais jamais te le pardonner ! gémit-t-elle, prenant cependant conscience qu'elle ne disait quasiment que des mensonges. »
Les larmes coulaient en abondance sur son museau blanc, le rendant quasiment gris. Son cœur se brisait à chaque mot qu'elle prononçait
Cependant, folle de rage envers elle-même et de tristesse, elle sortit de l'antre en trombe, bousculant Moustache Courte au passage.
Lorsqu'elle fut dehors, elle fut aussitôt touchée par la pluie. Non, la grêle ! La foudre résonnait à ses oreilles. La clairière était vide. L'apprentie leva ses yeux vitreux vers le ciel, les oreilles aplaties sur son crâne trempé.
« C'est toi, Clan du Tonnerre, qui envoie les éclairs ! hurla-t-elle assez fort pour qu'un chat à la frontière de leur territoire l'entende clairement. Ton nom te trahis ! Arrête de mentir, Étoile du Tonnerre ! Je te défie de me tuer ! »
Les yeux exorbités, elle détala, écrasant tous les malheureux roseaux se dressant sur son passage. La tête lui tournait. La folie la prenait.
Mais... les idées les plus folles sont souvent les meilleures.
***
Je n'aurai jamais dû faire ça... j'aurais dû garder mon calme... non ! Il savait ! Il savait que je le considérait comme mon père ! Et il m'a trahie ! Et ce tonnerre ! Cette foudre ! Nuage de Foudre, c'est toi qui m'a fait ça ?! Avoue-le ! Avoue-le, tu veux ma mort ! Vous voulez TOUS ma mort, ici ! Tous ! Je parie que tu comptais me tuer ! Amener ce blaireau à moi pour qu'il me tue ! Mais il t'as tué, TOI ! Bien fait, IMBÉCILE ! Crève une nouvelle fois, ce sera mieux pour tout le monde ! Sale apprentie débile !
Nuage de Pollen poussa un nouveau cri de rage, pétrissant la fine couche sous ses pattes.
Elle s'était réfugiée sous un arbre pour se reposer et réfléchir. Mais son cerveau bourdonnant en était incapable, et ce n'était pas à cause du bruit des éclairs.
Pour s'apaiser, la rouquine observa ceux-ci déchirer le ciel devant elle. Elle devait être quelque part, sur le territoire du Clan du Vent... ou pas. La novice avait énormément couru, plus qu'elle ne l'aurait pu autrefois en plusieurs jours. Elle avait été poussée par la rage...
Elle se trouvait dans une petite forêt. Devant elle, une lande immense, et à sa droite, des montagnes. Le seul mot qui lui venait à l'esprit pour décrire ça, en ce moment était... grand.
La femelle souffla. Inspira. Souffla à nouveau. Elle devait se détendre. Fixant l'horizon, elle pensa. Pensa à ce qu'elle devrait faire, maintenant.
Tout d'abord, se soigner la patte : Nuage de Pollen se l'était tordue en courant. Et, en y pensant, la douleur se fit plus présente, s'insinuant tout le long de sa patte, jusqu'à ses épaules.
Aussi, elle devrait se trouver un abri plus sûr, et...
Un chat !
Un chat qui volait !
Nuage de Pollen cligna des yeux. Non, elle n'hallucinait pas, il y avait bien un chat qui flottait dans le ciel !
Mais alors qu'elle allait s'approcher...
La foudre frappa l'arbre au pied duquel Nuage de Pollen était assise.
Elle la femelle s'effondra.
Un chapitre en retard... je suis vraiment désolée ;-;.
Mais bon... mieux vaut tard que jamais !
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