Chapitre 21


Rejoint-les... deviens l'un des leurs... rejoint-les...

« La ferme. »

Rejoint-les s'te plaît.

« Nope. Je sais même pas de qui tu me parle ! s'emporta le matou. »

Alleeeeeer !

« Bah non. Je les connais pas, je vais certainement pas « les rejoiiiiiiindre » comme tu dis. »

Frérot... aller, sinon maman va me gronder !

« Arrête, je t'ai dit que je veux pas ! J'ai envie de rentrer a la maison ! »

Nuage de Trèfle, rouge de colère, accéléra, la queue battant l'air furieusement.

Tant pis pour toi, je vais appeler Nuage Solitaire.

« Non ! T'as pas le droit de faire ça ! protesta l'apprenti, lançant un regard noir à... au vide. »

Mais je peux le faire. Et je le ferait, si tu ne me laisse pas le choix.

« C'est injuste ! »

Parce que c'est juste de m'ignorer totalement alors que je suis le seul à faire des efforts ? Laisse-moi réfléchir...non, ça l'est pas vraiment.

« Tu fais pas d'efforts ! rétorqua l'apprenti brun-doré. Tu fais que me donner des ordres en me menaçant ! »

Et toi t'en fais, des efforts, là, peut-être ? Et pis je te rappelle que moi je faisais pas chi... que j'embêtais pas tout le monde en fout... en faisant rien !

« T'es même pas capable de dire ce que tu penses. Tu bégaies. »

Rapport ? gronda Nuage de Foudre.

« Bah t'es pas crédible, grogna son frère. »

Nuage de Trèfle !

« Laisse-moi, je te dis. »

Tant pis pour toi, j'appelle Nuage Solitaire.

« Qu'elle vienne. »

Il n'eu pas de réponse. Visiblement, son frère était partit. Son « haleine de castor », comme disait Nuage de Trèfle, ne lui picotait plus la truffe.

Pas trop tôt !  On peut pas marcher tranquille, c'est fou ! songea-t-il. En fait, que ça soit dans mes rêves ou dans la réalité je...

« Nuage de Trèfle. »

Celui-ci cracha, ne voulant même pas se retourner.

« Qu'est-ce que tu me veux, encore ? Tu crois pas que tu m'as fais assez souffrir ? »

La silhouette de Nuage Solitaire avança jusqu'à lui et s'assit. Le novice, ne décolérant pas, s'arrêta cependant de marcher.

« Tu passes ta vie... reprit-il. Pardon, ta mort à me harceler ! siffla le mâle. Tu n'as donc rien d'autre à faire, dans ton petit Clan des Étoiles tout parfait ?! »

L'apprentie défunte soupira et lui lança un regard sévère. Cependant, pas un mot ne sortit de sa gueule.

« Quoi ?! s'énerva Nuage de Trèfle, bouillonnant de rage. Maintenant, tu veux jouer au mimes, peut-être ?! 

- Non, merci, je m'en passerais, rétorqua Nuage Solitaire, ses prunelles se réduisant à une fente d'un noir de jais. »

Le chat brun-doré sortit les griffes, les yeux exorbités.

« Alors quoi ?! Vous pourriez pas me laisser tranquilles ?! Tu vas aller me dire de les rejoindre, toi aussi ?! Je refuse ! Vous croyez pouvoir me donner des ordres, toi et tes petits amis, et contrôler ma vie ! Juste parce que vous avez crevé comme les sales crottes de carpe que vous êtes ! Comme si mourir signifiait devenir sage ! Arrêtez de faire genre, vous n'êtes pas plus puissants que nous ! Et arrêtez de vouloir tout contrôler ! s'exclama-t-il, de plus en plus rouge au fur et à mesure que sa tirade s'allongeait. »

Et c'est alors qu'il se mit à pleurer. Toutes les larmes de son corps.

« Tu es contente, hein ? murmura-t-il. J'étais heureux, enfin libre, et toi tu viens tout gâcher, comme d'habitude... part. Dégage de ma vie. Je ne veux pas de toi. Tu n'avais qu'à pas crever. Dégage. »

Il savait bien que ses paroles n'avaient pas de sens. Mais au fond de lui, il les comprenait à moitié.

Nuage Solitaire grogna.

« Très bien. Je m'en vais. Et je te laisse seul. Comme ça tu pourras bien m'accuser de t'avoir obéit, comme d'habitude. Je ne suis même pas déçue. Tu es comme ça. Bête, injuste, égoïste... C'était un amour de jeunesse. Aller... »

Elle lui lança un dernier regard.

« Adieu. 

- Adieu, gronda Nuage de Trèfle, les mâchoires serrées. En espérant que tu rejoignes bientôt le Néant. »

Nuage Solitaire secoua la tête, le pelage hérissé.

« En espérant que Charpie revienne pour t'enseigner les plaisirs de la vie, histoire que tu m'oublies vite. »

L'apprenti sentait ses pattes trembler Il n'en pouvait plus.

« Tu peux compter sur moi pour vite te faire sortir de ma mémoire. Aller. Laisse-moi, maintenant. Laisse-moi décider pour le toute première fois de ce que je vais faire. Et sans aide, sans pitié, sans chats qui ont crevé qui n'arrêtent pas de me suivre.

- Mais oui, c'est ça. Laisse-toi tuer. Un blaireau arrivera, un jour ou l'autre, ou alors un renard. Et à ce moment-là, tu regretteras ce que tu as fait, et ce que tu as dit. Et tu seras maudit. Content ? »

Nuage de Trèfle sentit son estomac se nouer. Il savait qu'elle avait raison. Mais il avait une idée pour que ça n'arrive pas.

« J'ai un plan. Je ne t'en dirais pas plus. Aller, pars, je te dis.

- Et si j'ai pas envie de partir ? Et si je veux continuer à t'embêter jusqu'à ce que tu craques ? Et si...

- Tu ne vaudras alors pas mieux que le Clan du Tonnerre, répliqua le novice brun-doré, sentant la colère augmenter. Et...

- Ne me coupe pas la parole. Laisse-moi parler, gronda Nuage Solitaire. 

- Et ben c'est drôle, mais j'ai pas du tout envie.

- Je suis bien plus puissante que tu n'as l'air de t'en rendre compte. Ou alors tu es juste plus bête encore que je ne l'imaginais. »

Nuage de Trèfle leva les yeux au ciel.

« Je ne crois que ce que je vois. Et ce que je vois, c'est que tu t'es faite tuer par un chat faisant la taille d'un apprenti.

-  J'ai sauvé ma sœur, rétorqua Nuage Solitaire, les larmes prêtes à couler. Tu sais, celle que tu fais souffrir alors que cette pauvre petite ne veux que ton bien. Celle qui est plus douce que tu ne pourras jamais l'être ? Celle qui à vu mourir tous ses proches ? Et qui maintenant est dévastée ? Elle était seule lors de son baptême ! »

Le matou haussa un sourcil, pas du tout intéressé par le discours de la femelle au beau pelage tacheté.

« Son baptême, tu dis ? Je ne pense pas qu'elle soit prête.

- Qui es-tu pour la juger, petit imbécile ? s'écria l'apprentie défunte. Elle était prête depuis longtemps, bien plus que toi. Elle est plus intelligente, plus forte, plus gentille que toi ! Aile de Libellule, elle, à vu tout le monde mourir. Elle t'as vu disparaître, et te crois devenu domestique. Et ton idiote de sœur ne lui parle plus ! Mais elle, elle est restée loyale à son clan ! Elle ne s'est pas enfuie comme une lâche ! Et elle est en train de sauver son camp à l'heure qu'il est. »


Nuage de Trèfle gronda.

« Bah, oui, c'est de ma faute, évidemment. Merci beaucoup pour ton soutien pendant cette période ou je suis seul, hein. Merci beaucoup. »

Son interlocutrice sortit les griffes, montra les crocs.

« Seul ?! Je ne cesse de venir te voir ! Ton frère était là juste avant, et Charpie t'as sauvée plusieurs fois ! Tu es moins seuls que certains chats de clans, Nuage de Trèfle. »

Celui-ci, la rage au cœur, commença à avancer à pas rapides.

« Si je te saoule tant que ça, tu n'as qu'à partir, murmura-t-il, les babines presque closes.

- Je ne partirais pas, rétorqua la petite chatte tachetée. Car moi, je ne laisse pas les autres seuls, contrairement à toi. Alors maintenant, tu vas regarder les choses d'un autre œil, d'accord ?! Tu vas compter le nombre de chats que tu as blessé mentalement. Tu vas compter ceux que tu as laissé seuls. Tu vas compter tous ceux avec qui tu as été ingrat. Et tu vas arrêter de te prendre pour le roi du monde. Tu n'est qu'un petit apprenti effronté et plus solitaire encore que moi, qui porte pourtant ce nom. »

Ces paroles résonnèrent aux oreilles du jeune chat. Je ne laisse pas les autres seuls, contrairement à toi.

Il replia ses oreilles sur son crâne et cracha. Il sentit alors une pluie de gouttelettes lui arroser le pelage. La tempête arrivait, il le sentait...

« Je suis désolé, lâcha-t-il soudain, le regard sombre. Je vais rentrer au camp et m'excuser. »

Le mâle brun-doré soupira et se mit en route vers la forêt, quelques centaines de queues de renards plus loin, en fixant ses pattes.

Voilà. Et maintenant, il pleut. Et je vais être trempé. Je vais devoir rester sous un arbre pendant des heures, et Nuage Solitaire se fâchera. Et ce sera de ma faute, parce que j'aurais passé trop de temps dans la lande, que j'aurais été trop distrait. Évidemment.


C'est alors qu'il écarquilla les yeux. À chaque pas qu'il faisait, une nuée d'étoiles volait jusqu'à son museau, avant de disparaître, comme un flocon de neige en train de fondre. Il se stoppa net, mais il décollait déjà du sol.

« Nu... Nuage Solitaire ? »

Et, alors qu'il montait de plus en plus vite vers le ciel virant au noir, il lui sembla entendre un murmure :

« Je te pardonne. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top