Chapitre 14
Mort.
Il était mort.
Nuage de Foudre était mort.
C'était fini.
Il les avait quitté.
À jamais.
Il ne reviendrait pas.
Même pas en rêve.
Au sens figuré comme au sens propre.
Nuage de Pollen était là.
À contempler son cadavre.
Dans les roseaux.
Il semblait dormir.
Mais non.
Plus de papillons.
Plus de blagues idiotes.
Tout à prit fin à l'instant ou il s'était jeté sur ce blaireau.
Sa destinée ?
Oui.
Sûrement.
Mais à quel prix l'avait-il accomplie ?
Un prix bien trop cher aux yeux de Nuage de Pollen.
Il était mort comme il avait vécu.
En croquant la vie à pleins crocs.
Mais c'était impossible.
Il ne serait jamais guerrier.
Et Nuage de Trèfle était un chat domestique, maintenant.
Une accroche ?
Non.
Il n'y avait plus que Nuage de Libellule.
Cette imbécile.
Qui ne faisait que pleurer depuis le départ de Nuage de Trèfle.
Nuage de Pollen hurla.
Pleura.
Se laissa porter dans la tanière de Moustache Courte.
Avala des graines qui lui étaient familières.
Et s'endormit.
« Nuage de Pollen... Nuage de Pollen... réveille-toi, je t'en prie... »
Tout était noir. Noir de jais. Noir corbeau. Noir.
« Nuage de Pollen ! »
C'était un cri déchirant. Mais aucune réaction.
« Ne meurs pas ! Je t'en supplie ! »
Non. Pas de changement. Toujours ce gouffre de jais.
« Nuage de Pollen, je t'en conjure, reviens-nous ! Je te promets que tout ira bien ! S'il te plaît ! Je... je... »
Sa voix était brisée.
« Tu vas me manquer. »
Les mots n'étaient pas assez puissants pour tout dire. Mais il les avait choisis. Les ténèbres persistaient. S'épaississaient. Et avalaient l'âme de Nuage de Pollen. Alors il se blottit contre elle. Sa fille. Non. Pas sa fille. Le lien qui les liait, tout les deux, n'était pas le même. Il était bien plus puissant. Son cœur était fendu par cette puissance. Il ne pouvait rien faire. À part espérer.
Sa vue était brouillée. Elle ne voyait pas bien. Mais elle avait chaud. Ce n'était pas une douce chaleur. Mais un soleil écrasant. Nuage de Pollen sentit alors une odeur. Une odeur qu'elle connaissait. À laquelle elle n'avait pas prêté assez d'attention, ces derniers temps.
« Pa... papa... »
Ses prunelles brillaient. Celles de son père aussi. Il murmura, les larmes aux yeux :
« Mon petit pollen... ma fille... oh, tu m'as tellement manqué ! »
Il tourna la tête et miaula d'une voix remplie d'émotion :
« Elle est réveillée ! Ma fille est là ! Elle est avec nous ! »
Le cerveau brouillé, la femelle poussa un petit gémissement : son crâne bourdonnait. Elle le prit entre ses pattes. La douleur était insupportable.
Deux têtes supplémentaires se penchèrent alors au dessus d'elle. Elles étaient grises. Puis s'ajouta une autre, brun-crème. Elle avait fermé les paupières, mais sentait leur odeur. L'une était celle du persil et du souci, les deux autres du poisson. Mais elle n'était pas en train de les renifler. Sa tête était bien trop douloureuse. L'apprentie poussa un couinement assourdissant. Elle replongeait dans le sommeil. Avant de s'endormir, elle perçut une voix indistincte :
« Va... sortir ?
- ... suis...... sû... »
Et elle replongea dans les ténèbres froides et cruelles.
« Un pas après l'autre... voilà, c'est bien, continue... tu te débrouilles très bien ! »
Moustache Courte était en train de ré-entraîner Nuage de Pollen à marcher. Celle-ci était restée pendant toute une lune endormie. Sans interruptions. Si. Une seule, au début. Quoi qu'il en soit, le cas de la novice dépassait complètement les compétences acquises du guérisseur. Le matou supposait que c'était sûrement parce qu'elle avait perdu beaucoup de proches en peu de temps, et qu'elle était enfermée dans une sorte de mutisme. Depuis qu'elle s'était réveillée, tout le monde était aux petits soins avec la jeune chatte, qui restait cloisonnée dans la tanière du guérisseur. Pas qu'elle n'ait pas le droit de sortir, non. Mais le fait de n'avoir aucunement bougé pendant un laps de temps si long lui avait complètement ankylosé le corps. Elle avait aussi du mal à réfléchir, ou à entendre, et Moustache Courte ne savait pas d'ou venait le bourdonnement et comment le soigner. Il supposait que c'était la fatigue, mais il n'y croyait pas plus que la principale intéressée. Quoi qu'il en soit, son entraînement de guerrière avait été suspendu, et, même si elle prenait un malin plaisir à voir Nuage de Libellule occuper toutes les tâches attribuées aux apprentis, elle avait hâte de le reprendre. Ce qu'elle s'ennuyait, dans la tanière du matou ! Elle dormait, mangeait, et s'entraînait à marcher. Alors que l'autre novice, de son côté, approchait de son baptême de guerrière à grands pas, et ramenait tous les jours un peu plus de gibier. Chose étranges, la plupart de ses proies, elle les apportaient à Nuage de Pollen et Moustache Courte. Mais la novice n'allait pas lui pardonner si facilement ! Elle garderait à jamais la cicatrice que Nuage de Libellule lui avait faite ! Mais ce n'était pas ça le pire...
Ses frères lui manquaient. Horriblement. Et elle ne savait pas ce qui était le pire : en savoir un mort, ou penser que l'autre avait rejoint les chats domestiques de son plein gré, l'abandonnant ici avec l'apprentie si niaise. Son cœur était brisé. Et aucune des herbes du guérisseur ne pourrait le réparer.
Nuage de Trèfle, toi au moins, promet-moi de revenir...
Elle n'eu pas de réponse, mais à travers les branches formant la tanière à l'odeur amère, elle vit une étoile briller plus que les autres.
Nuage de Foudre veillait sur elle.
Coucou ! Je suis désolée pour ce chapitre plus court que les autres, mais je ne voyait pas quoi mettre en plus... j'espère qu'il vous a quand même plu !
Et sinon, pour ce qui est du prochain chapitre... avez-vous des hypothèses par rapport à la première lune de vie dans le Clan du Vent pour Nuage de Trèfle ? Va t-il s'enfuir, ou se plier aux ordres ? Hâte d'avoir vos retours !
À la prochaine mes chatons :3
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