Chapitre 13
— Pas de trace suspectes ? demanda Pluie de Feu.
— Non, seulement l'odeur du Clan du Vent derrière la frontière, répondit Nuage Givré.
La femelle gris-bleu hocha la tête, d'accord avec son apprenti.
Tandis qu'ils longeaient la frontière avec le reste de la patrouille, le soleil commençait à poindre à l'horizon.
Ils s'arrêtèrent plusieurs fois pour marquer la frontière.
Poil de Roche dirigeait la patrouille suivit de près par Plume Tigrée et du mentor et son apprenti. Pour l'instant, aucune trace suspectes, le Clan des landes n'avait pas commis d'infraction. Nuage Givré s'en réjouit, avec le temps qui devenait de plus en plus sec et froid, la faim qui commençait à se faire ressentir, le mal blanc qui se répandait dans tout le camp et l'obstination d'Étoile Marine pour récupérer les Rochers du Soleil, ils n'avaient pas en plus besoin d'une querelle de frontière.
— Rentrons, décréta Poil de Roche. Le Clan du Vent ne semble pas avoir commis d'infraction et nous avons fini le marquage, allons en informer Étoile de Glace.
Alors qu'ils opéraient un demi-tour, Nuage Givré fut sûr d'avoir entendu le guerrier gris dire : Enfin une bonne nouvelle....
Une fois au camp, le groupe de félin se sépara. Le chef de patrouille alla faire son conte-rendu au meneur tandis que les autres se dispersaient de part et d'autre du camp.
Pluie de Feu fit un signe de tête au félin blanc pour lui faire comprendre qu'il était libre pour le moment. Le novice décida d'aller rendre visite à Petit Rapace qui était depuis peu retourné dans la pouponnière. Quand il pénétra dans la tanière de ronce, un chaton énergique lui sauta dessus et le fit tomber au sol.
Petit Rapace !
Ils roulèrent au sol en rigolant et crapahutèrent. Le matou brun bloqua son ami au sol et afficha une mine triomphante. L'apprenti blanc le fit rouler sur le côté et leur combat amical reprit de plus belle.
Au bout d'un moment, les deux félins se relevèrent essoufflés par leur petit affrontement.
— Tu t'améliores vraiment au combat ! fit remarquer Nuage Givré au jeune chat. Tu vas bientôt devenir plus fort que moi si ce n'est pas déjà le cas ! rigola-t-il.
Petit Rapace n'avait jamais été très bon au combat, pourtant aujourd'hui c'était tout le contraire. Il semblait changé, comme si ce n'était plus vraiment lui. Sa mine était plus dure, grave, il ressemblait de moins en moins à un chaton de quatre lunes et de plus en plus à un apprenti expérimenté.
Où avait-il appris ces techniques de combat et qui l'avait transformé ainsi ?
Alors qu'il se posait de nombreuses questions au sujet du chaton, Nuage Givré entendit quelqu'un l'appeler.
Le novice se retourna et constata que c'était Étoile de Glace qui avait prononcé son nom. Le jeune chat se dirigea au petit trop vers son chef pour savoir ce qu'il voulait.
— Qu'il y a-t-il ?
— Rosée du Matin n'a presque plus d'herbe à chat dans ses réserves mais elle est trop occupée avec les malades pour s'absenter. Seule elle et Petit Hibiscus savent reconnaître le remède. C'est donc Petit Hibiscus qui ira.
— Mais Petit Hibiscus est trop jeune pour sortir du camp seule ! répliqua l'apprenti, un peu jaloux que la chatonne puisse sortir hors du camp à quatre lunes alors que lui avait dû attendre son baptême.
— C'est pour ça qu'un apprenti doit l'accompagner. Et tu es le seul qui est libre maintenant, continua le chef.
— Et Nuage d'agrume ? Elle m'avait dit qu'elle n'avait rien de prévu ce matin, le questionna l'apprenti, incrédule.
— Tu n'es donc pas au courant ? Ta sœur a été placé dans l'antre de Rosée du Matin car elle a commencé à tousser ce matin, elle est donc temporairement privé d'entraînement et des tâches d'apprenti.
— Quoi ?! s'étonna Nuage Givré. Mais je ne savais pas... comment va-t-elle ?
Je peux aller la voir ?
— Pour l'instant elle se repose d'après notre guérisseuse, elle sera sûrement réveillée quand tu reviendras.
Le novice hocha la tête abattue, il s'inquiétait pour sa sœur.
Ils n'avaient jamais été que tous les deux, avec Tâches de Coccinelle aussi mais ce n'était pas leur vraie mère. Ils s'étaient toujours entraidés et faisaient tous ensemble. Depuis qu'ils étaient apprenti, le jeune chat avait l'impression de s'éloigner de sa sœur, d'être moins proche.
Alors si elle devenait malade et restait clouée dans son nid sans qu'il puisse aller la voir, comment allait-il faire ?
Remplie d'appréhension, il se dirigea vers la tanière de Rosée du Matin à la recherche de Petit Hibiscus.
Il aperçut la chatonne noire en train de parler avec la guérisseuse. La femelle écaille de tortue comptait les réserves avec elle et semblait montrer une dernier fois à la jeune chatte à quoi ressemblait tel ou tel remède.
Lorsqu'elle aperçut l'apprenti, Rosée du Matin donna un petit coup de museau à son "apprentie" pour lui indiquer que Nuage Givré était là.
Celle ci tourna la tête et, en apercevant le novice, se dirigea vers lui au petit trop.
— Salut Nuage Givré ! s'exclama la petite chatte noire.
— Bonjour Petit Hibiscus ! Comment vas-tu ? la questionna le matou.
— Ça va... mais je m'inquiète vraiment pour Petite Foudre... elle ne va pas très bien tu sais...
— Je suis vraiment désolée...je viens d'apprendre que Nuage d'Agrume l'a également rejoint... j'espère que ça ira pour toutes les deux...
La petite chatte hocha la tête, le regard sombre.
Ils se mirent tous deux en route vers les pousses du précieux remèdes.
Sur le chemin, ils ne s'adressèrent que quelques mots mais guère plus. Tous deux étaient concentrés sur leur objectif : trouver et ramener de l'herbe à chat. Ils savaient que le remède était vital pour que les félins atteint du mal Vert ou du mal blanc puissent survivre, mais surtout ils le faisaient pour leurs sœurs chacune atteinte du mal.
Les deux félins devaient se rendre à la lisière de la ville où l'herbe poussait le plus. Nuage Givré s'était étonné qu'Etoile de Glace n'envoie aucun guerrier avec eux car ils étaient tous deux très jeunes et inexpérimentés. Et laisser deux jeunes sans défense s'approcher de très près de la ville et des Bipèdes, ce n'était dans l'habitude d'aucun chef, sûrement pas d'Etoile de Glace. S'ils se faisaient attaques ou prendre en embuscade, ils n'avaient aucune chance. Mais vu la saison froide qui arrivait, tous les guerriers étaient mobilisés pour chasser ou s'occuper du camp, mais surtout pour dénicher le peu de proies qui n'étaient pas encore cloitrés dans leurs nids.
Ils arrivèrent au niveau des Rochers aux Serpent, ce qui leur indiquait qu'ils n'étaient plus très loin.
Les deux félins ne s'approchèrent pas à plus de cinq longueurs de queue de renard des pierres. Même si le soleil ne brillait pas et ne réchauffait pas l'atmosphère comme à la saison des feuilles vertes, il y avait quand même un risque que des serpents sortent de leur cachette et viennent prendre le soleil. Pas question de prendre le risque, ils étaient tous deux des proies faciles pour les vipères.
Nuage Givré frissonna en se souvenant d'une histoire que leur avait raconté les anciens quand Nuage d'Agrume et lui n'étaient encore que chatons.
D'après Oreille de Souris, quand elle était jeune apprenti, un chaton était sorti du camp pour explorer le territoire. Mais pendant sa petite exploration, il s'était approché très proche des Rochers aux Serpents, par malheur une vipère qui faisait la sieste sur une pierre un peu plus haute l'avais vu et n'en avait fait qu'une bouchée...
Le novice frissonna à cette pensée en s'imaginant à la place du pauvre chaton.
Ils continuèrent leur chemin et virent au loin se dessiner les contours de la ville.
L'apprenti blanc était impressionné, jamais ils n'avaient vu de choses si grandes, si immenses mais si fades... Les arbres étaient tellement mieux, ils étaient verdoyants et majestueux !
Comment pouvait-on choisir de vivre dans des tanières comme ça alors qu'il y avait une magnifique forêt à côté ?
En regardant à côté de lui, il constata que Petit Hibiscus aussi était impressionné par les tanières des Bipèdes.
Les deux félins arrivèrent bientôt à la lisière de la ville.
— C'est à toi de jouer maintenant ! s'exclama Nuage Givré en s'adressant à la petite femelle noire.
La chatonne hocha la tête puis s'écria toute excitée "C'est par là ! Suis-moi !" avant de se précipiter vers une tanière de Bipède. Le novice la suivit, impressionné et surpris par la rapidité à reconnaître l'odeur de l'herbe à chat de la femelle.
Celle-ci s'était arrêtée devant un mur imposant.
— Il faut que j'escalade ce mur puis redescende de l'autre côté, le remède se trouve dans le jardin, je le sens.
— Mais il va y avoir des Bipèdes ? Tu risquerais de te faire attraper par eux. Non c'est trop dangereux, je vais y aller, décida l'apprenti alors qu'il n'avait que deux lunes de plus que la petite chatte.
— D'après Rosée du Matin, ce nid est abandonné depuis très longtemps, je ne crains rien, pas besoin de t'inquiéter.
— Je t'accompagne quand même ! s'entêta le matou blanc. En plus, à nous deux, nous pourrons ramener plus de remèdes !
La femelle noire hocha la tête. Elle recula pour prendre son élan puis s'élança et grimpa sur le mur en moins de deux secondes sans difficultés.
L'apprenti fut impressionné par son agilité et sa souplesse. Il recula et s'élança à son tour toutes pattes dehors vers le mur. Il arriva finalement en haut après avoir usé des muscles de ses pattes avant.
Le novice regarda par-dessus vers le bas et ne put s'empêcher de ravaler un haut le cœur. Qu'il était haut ! Nuage Givré devait être un des seuls chat a avoir le vertige et ça il en avait conscience. Mais à chaque fois qu'il était un peu trop haut, le vide semblait l'attirer et il ne pouvait jamais s'empêcher de détourner le regard.
Mais pas question de montrer à Petit Hibiscus qu'il avait peur.
Il la vit tout à coup sauter sur un arbre collé au mur et qui descendait directement dans le jardin. Elle bondissait avec l'agilité d'un écureuil. Le matou le suivi un peu moins confiant. Après quelques bonds, il arriva en bas en un seul morceau, fier de lui et soulagé.
Une dizaine d'effluves différentes lui envahirent les narines en même temps lorsqu'il rejoignit Petit Hibiscus.
Il constata qu'elle s'était arrêtée net, fixant avec pression le sol.
Lorsqu'il regarda à son tour, il ne put s'empêcher d'être traversé d'un frisson
Il l'interrogea d'un regard et elle ne put s'empêcher d'hocher tristement la tête.
— L'herbe à chat a été arrachée, il n'en reste plus une seule feuille.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top