Chapitre 10
— Nuage Givré ?
— Petit Rapace ! s'exclama l'apprenti blanc fou de joie à la vue du chaton qui semblait en meilleure forme.
Le jeune chat brun se releva difficilement pour pouvoir regarder le novice. Celui-ci se précipita vers lui.
— Ne te lèves pas, tu vas te fatiguer ! Il faut que tu reprennes des forces !
— Tu as raison, murmura faiblement Petit Rapace.
Nuage Givré fut étonné. Le jeune chaton vif et joueur qui désobéissait souvent était devenu un petit chat frêle, faible et sage. Ses yeux fixaient l'apprenti mais ils semblaient vides, lointains comme s'il réfléchissait à quelque chose. A quoi pouvait-il bien penser ?
Mais ce qui fit le plus peur au mâle blanc, se fut son visage : ses babines étaient légèrement retroussées et son pelage un peu hérissé comme s'il avait peur et qu'il se sentait menacé.
Avait-il fait un cauchemar ? Qu'avait-il vu ?
— Alors, raconte ! Pourquoi tu es sorti dehors ? Tout le monde s'est fait du souci pour toi ! lui assura le novice.
— Tout le monde ? Même ma mère ? Je suis sur quelle n'a même pas remarqué mon absence...elle ne s'occupe que de Petite Foudre ces derniers temps...
Le jeune chat blanc déglutit. Le chaton avait vu juste, Fleur d'Hiver n'avait même pas remarqué qu'il n'était plus là !
C'était Petit Hibiscus, qui avait vu son absence, elle qui passait presque tout son temps dans la tanière de Rosée du Matin.
En fait, à y réfléchir, personne n'avait fait attention à Petit Rapace ni aujourd'hui, ni les autres jours. Même lui n'avait pas remarqué son absence.
Le petit mâle brun vit tout de suite à la moue que fit le novice qu'il avait touché dans le mille. Ses yeux perdirent de leur éclat, alors qu'ils n'en avaient déjà plus beaucoup, et il baissa la tête. Cependant, il commença néanmoins à raconter pourquoi il était sorti du camp.
— Le tas de gibier était au plus bas et tous les guerriers étaient épuisés à force de chasser, de patrouiller, même s'ils ne voulaient pas l'avouer, commença-t-il. Et moi, je m'ennuyais, Petit Hibiscus est toujours dans la tanière de Rosée du Matin, Petite Foudre est malade et maman ne s'occupe que d'elle et ne fait plus attention à moi...continua le chaton d'une voix peinée. Donc je me suis dit que personne ne remarquerait mon absence si je sortais du camp et allait chasser. Je suis passé par le passage secret derrière la pouponnière et j'ai suivi la piste d'une souris, mais j'ai fait trop de bruit et elle s'est enfuie. J'ai continué à marcher et je me suis rendu compte que j'étais complètement perdu. Puis, au loin, j'ai vu un moineau. Je me suis tapi au sol et j'ai rampé, mené par une sorte d'instinct. C'était comme si je savais ce qu'il fallait que je fasse alors que je ne l'avais jamais appris ! J'ai donc bondi...et PAF ! Je l'ai attrapé ! s'exclama le mâle brun en mimant un coup de griffe.
Nuage Givré était impressionné. Lui qui était fier d'avoir attrapé une proie à sa première leçon, il n'en revenait pas. Petit Rapace n'avait jamais appris à chasser ni à traquer une proie et pourtant il avait réussi !
— J'ai ensuite continué ma route et je suis arrivé au bord du ruisseau. Soudain, j'ai vu un poisson dans l'eau et j'ai voulu l'attraper. J'ai posé le moineau au sol et j'ai bondis sur le poisson mais il s'est enfui et je suis tombé à l'eau. Ensuite, je n'arrivais plus à respirer et puis tu connais la suite !
Le novice était bluffé par le courage du chaton. A quatre lunes seulement, il faisait d'abord passer les problèmes du clan ! Il avait mis sa vie en danger pour ramener de la nourriture au camp !
— Mais...mais, je ne voulais pas désobéir à maman et au Clan tu sais, je voulais juste les aider... enchaîna-t-il d'une petite voix.
— Oui, je sais ne t'inquiètes pas, lui assura l'apprenti en venant frotter sa tête contre la sienne pour le rassurer.
Les poils de Petit Rapace n'étaient plus hérissés sur son corps et son regard était un peu plus pétillant qu'avant, Nuage Givré s'en réjouit, il n'aimait pas voir le chaton triste et apeuré.
Rosée du Matin rentra à ce moment-là dans la tanière. Elle s'approcha des deux mâles et expliqua au novice :
— Petit Rapace a besoin de repos pour récupérer complétement. Je vais te demander de sortir pour le laisser se reposer.
Le jeune chat blanc hocha la tête, compréhensif, et se dirigea vers la sortie. Alors qu'il atteignait le seuil, Petit Rapace le retint.
— Attend, j'ai quelque chose à te demander.
— Vas-y, je t'écoute, lui répondit-il en se retournant.
— Je...en fait, je n'ai pas pu récupérer la proie que j'avais attrapé avant de tomber dans l'eau...tu pour...ça te dérangerait de...
— Je vais allez la chercher si tu veux.
Le chaton lui adressa un regard reconnaissant.
Nuage Givré sortit dehors. Il aperçut son mentor en train de discuter avec Étoile de Glace sous le Promontoire. Le novice marcha dans leur direction.
— Nuage Givré ! s'exclama le meneur. On m'a dit que tu étais allé voir Petit Rapace, comment va-t-il ? Je n'ai pas encore eu l'occasion de prendre de ses nouvelles.
— Il se remet peu à peu, lui répondit l'apprenti à moitié convaincu par sa propre réponse.
— Alors tant mieux !
— Et...en parlant de Petit Rapace, il m'a dit qu'il avait attrapé une proie avant de tomber dans l'eau.
— C'est vrai ? demanda Pluie de Feu, les yeux écarquillés. Si jeune ?
— C'est ce qu'il m'a dit, et...il m'a demandé d'aller la récupérer. Je peux y aller ? les interrogea Nuage Givré.
— Bien sûr ! J'ai hâte de voir cette proie de mes propres yeux ! s'exclama Étoile de Glace qui interrogea quand même du regard son lieutenant, mentor du jeune apprenti.
— Oui, je te donne mon accord. Et en route, essaye de chasser et de nous rapporter quelques proies !
— Mais... mais je n'ai eu qu'une leçon ! Comment je vais y arriver ?
— Tu en est capable, je le sais, lui assura la femelle gris-bleu. Utilise les techniques que je t'ai apprise mais surtout fais confiance à ton instinct !
— Je vais faire de mon mieux, je te le promets ! lui assura Nuage Givré avant de se détourner.
Le jeune mâle blanc se dirigea vers la sortie du camp et traversa le tunnel d'ajoncs. Il se rendit directement au lieu où il avait aperçu Petit Rapace dans l'eau. Il longea longuement la berge sans rien trouver avant de finalement être interrompu par une odeur exécrable. Comme de la chair à corbeau.
Le novice ne put s'empêcher de suivre la senteur. Qu'est ce qui pouvait bien dégager une telle odeur ?
La réponse lui vint très rapidement.
Une carcasse, de ce qui devait être un moineau, pourrissait sur le sol à quelques longueurs de queue de lui.
C'était sûrement la proie dont lui avait parlé Petit Rapace. Il ne pourra pas la ramener au camp, ça, c'était sûr !
Mais que dirait-il au chaton quand il lui demandera s'il l'avait ramené ?
Qu'elle ressemblait plus à de la chair à corbeau qu'a une proie ? Non, il ne fallait pas gâcher tous les espoirs du jeune chat.
Lui dire qu'il ne l'avait pas trouvé ? Non plus, Petit Rapace croirait qu'il ne l'avait pas ou presque pas cherché et Nuage Givré ne voulait pas le décevoir.
Alors lui mentir en lui disant qu'il l'avait ramené et qu'un des guerriers l'avait mangé ? C'était la seule solution, même si ça ne lui plaisait pas.
Le seul problème était maintenant d'attraper un moineau pour lui prouver.
Le novice partit à la recherche d'un de ces oiseaux, déjà mal à l'idée de mentir au chaton.
***
Image : Etoile de Glace
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