Résumé du chapitre précédent : Chefs et Messagers sont encore déconcertés par leurs songes, et par le fait qu'une prophétie soit mêlée à tout cela. Étoile d'Ébène émet alors l'idée que certains rêves ne concerneraient pas forcément la prophétie mais le futur en général : cette hypothèse fait l'unanimité. Le lendemain matin, Étoile de Tornade et Envol de Chouette dévoilent leurs songes respectifs au Clan du Tonnerre, et les questions fusent... ce qui permet à Étoile de Tornade de prendre une décision : il ira rendre visite au Clan du Vent en premier, afin de découvrir le malheur qui s'y serait apparemment abattu... et d'y interroger Étoile de Sable sur sa soi-disant absence de rêve.

« Vous avez fait le même rêve, alors ? » s'étonna un guerrier tacheté de blanc, déçu.

    Sa voisine, une jolie femelle au pelage gris, lui lécha affectueusement l'épaule.

« Dis-toi qu'un seul rêve correspond à un seul problème... »

    Étoile de Nénuphar acquiesça. Bien que le songe qu'il ait partagé avec Saut de Feu ne soit pas des plus prometteurs, au moins, c'était l'unique danger qui les guettait...

    Il écouta une à une les questions de ses guerriers, laissant le soleil matutinal baigner sa longue fourrure tigrée de gris et de blanc. Il percevait leur inquiétude, certes, mais il ressentait un bonheur sans pareil à les voir rassurés par ses propos optimistes.

    Bientôt, les interrogations cessèrent de fuser et, peu à peu, des patrouilles commencèrent à se former. Les chatons, désormais ennuyés, retournaient à la pouponnière en bâillant, surveillés par les différentes reines, tandis que les mentors appelaient leurs apprentis. Sentant qu'il ne servait plus à rien de rester sur la pierre polie qui lui servait de promontoire, Étoile de Nénuphar bondit pour rejoindre une patrouille.

« Qui va surveiller les frontières ? » s'enquit-il auprès de son lieutenant, Museau de Pomme.

    Ce dernier était en train de montrer à Nuage de Griffe la meilleure manière de se cacher dans des roseaux. Il avait beau ne pas être le mentor du novice au poil jaune, les deux s'entendaient extrêmement bien.

« Eh bien... » réfléchit son second en faisant signe à Nuage de Griffe d'attendre quelques instants. « Du côté du territoire de l'Ombre, j'ai envoyés Œil du Lac, Dent de Ragondin, Nuage de Cerise et Queue de Lézard. Ils sont partis il y a trop longtemps pour les rattraper, si c'est ce que tu souhaitais... Et, pour le territoire du Vent, j'ai pris Plume de Nacre, Nuage de Roseau et Patte de Blaireau. Ils sont sur le point d'y aller.

- Fort bien. Je vais les rejoindre, dans ce cas.

- Pas de problème, » ronronna Museau de Pomme.

    Tandis que ce dernier reprenait l'entraînement de Nuage de Griffe, Étoile de Nénuphar se dépêcha de rattraper la patrouille menée par Plume de Nacre. Lorsqu'il arriva, la guerrière au pelage blanc cassé lui lança une mine navrée.

« Si c'est pour venir, je suis désolée... ce n'est plus possible. Braise Fumante vient de nous rejoindre. »

    Elle adressa à son fils un regard défait, visiblement embêtée par le fait de ne pouvoir patrouiller avec lui.

« Pas de problème, » la rassura celui-ci. « Je vais prendre une autre patrouille. »

    Il jeta un œil aux alentours, et remarqua qu'un groupe, mené par Saut de Feu, s'apprêtait à partir. Il s'en approcha, espérant que, cette fois-ci, ils n'étaient pas déjà trop nombreux.

« Tu veux venir ? » lui proposa aussitôt le Messager lorsqu'Étoile de Nénuphar approcha.

    Ce dernier acquiesça aussitôt, soulagé. La patrouille n'était constituée que de Saut de Feu, Taches de Crapaud et Nuage de Mousse. Les quatre félins se firent leur toilette rapidement, puis se dirigèrent vers la sortie du camp, à la suite d'une autre patrouille de chasse.

« Vers où nous dirigeons-nous ? » s'enquit le chef au poil long auprès de Saut de Feu.

« Le bord du lac, » déclara le guerrier blanc. « Plume de Nacre dit y avoir vu de nombreux poissons.

- Parfait ! Mais n'aurait-il pas fallu emmener les apprentis les plus jeunes, pour leur apprendre à pêcher ? »

    Saut de Feu désigna Nuage de Mousse du bout de la queue. La petite guettait à côté d'un buisson, ayant visiblement senti quelque chose.

« C'est la seule qui n'a pas encore appris à attraper les poissons, » lui murmura-t-il. « Nuage de Mousse, il faut baisser la queue un peu plus, » indiqua-t-il ensuite à son élève.

    La chatonne écaille hocha imperceptiblement la tête et exécuta l'ordre de son mentor. Puis, après quelques secondes d'attente, elle aperçut apparemment quelques chose car elle bondit sur sa proie. On entendit un couinement, et la petite femelle se retourna, une musaraigne pendant dans sa gueule.

« Impressionnant, » la félicita Étoile de Nénuphar.

« M-merci ! » balbutia la novice, ravie que son chef lui ait fait un compliment.

    Le meneur la couva d'un regard bienveillant, et ils continuèrent leur route vers la rive du lac après que l'apprentie ait enterré sa proie. Les saules laissèrent bientôt la place à une zone à la terre humide et couverte de roseaux. En se mettant sur la pointe des pattes, Étoile de Nénuphar réussit à apercevoir une vaste étendue scintillant sous les rayons de soleil matutinaux. Satisfait, il se laissa caresser par les tiges des végétaux, laissant sa queue touffue frotter leurs stolons. Pour rien au monde il ne quitterait son territoire, comme l'avaient déjà fait bien plus tôt des personnes qui lui étaient chères.

    Étoile de Nénuphar ronronna en voyant Nuage de Mousse zigzaguer joyeusement entre les roseaux, et Saut de Feu la poursuivre désespérément. Il échangea un regard amusé avec Taches de Crapaud, seul félin resté à ses côtés.

« Ça fait longtemps que je n'ai pas pêché, » fit remarquer Étoile de Nénuphar. « Ça m'a manqué.

- Moi, je suis allé nager ici ce matin avec Aile de Lierre, » fit son camarade. « À cause de ses petites, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu le moindre contact avec de l'eau.

- Bonne initiative. Je plains les reines, je ne pourrais pas rester six lunes entières cloîtrées dans une tanière, aussi confortable soit-elle... »

    Taches de Crapaud acquiesça, et, pile au même moment, les roseaux commencèrent à s'espacer les uns des autres. On apercevait encore mieux le lac à quelques queues de renard, ainsi. Les deux matous se hatèrent de rejoindre leurs camarades sur la rive. Saut de Feu les attendait patiemment, sa queue touffue entourant ses pattes, tandis que Nuage de Mousse s'amusait à plonger le bout de ses pattes dans l'eau. La queue frétillante de la petite frôlait la surface de l'étendue bleutée.

« Divisons-nous en deux, » proposa Saut de Feu lorsque tout le monde fut rassemblé. « Moi et Nuage de Mousse restons ici pour pêcher, et vous allez près de Léopard ?

- Pas de problème, » firent Étoile de Nénuphar et Tache de Crapaud d'une même voix.

    Léopard était une des trois rivières principales de leur territoire : Ondoyante, Balafrée et elle-même. Leurs noms leur avaient été donnés en l'honneur d'Étoile de la Rivière, fondateur de leur clan, Étoile Balafrée, chef particulièrement bon et accueillant, et Étoile du Léopard, première chef à avoir régné sur le territoire de la Rivière autour du lac. Ondoyante était le torrent qui entourait leur camp, tandis que Balafrée et Léopard se tenaient chacune à une extrêmité de leur territoire. Le ruisseau où ils se rendaient aujourd'hui se situait tout proche de la lande.

« J'ai déjà hâte, » ronronna Étoile de Nénuphar en s'élançant vers la droite. « On se rejoint à midi ? »

    Saut de Feu acquiesça, et le meneur se mit à longer le lac, suivi de Taches de Crapaud. Les deux matou, en même temps qu'ils avançaient, examinaient le lac pour ne rater aucun poisson. Le soleil ne leur était pas utile dans cette situation, car ses rayons les aveuglait, si bien qu'ils ne dénichèrent aucune proie.

« Soit nous n'avons rien vu, soit la Mauvaise Saison arrive plus vite que je ne le pensais... » fit Étoile de Nénuphar.

« Après tout, elle devrait commencer dans à peu près une lune... c'est d'ailleurs pour cela que nous devons chasser encore plus qu'à notre habitude.

- Exactement. »

    Tandis qu'Étoile de Nénuphar réfléchissait aux mesures qu'il pourrait mettre en place contre le gel des rivières et le manque de proies engendré par ce même évènement, il ne se rendit même pas compte qu'ils avaient atteint Léopard. Taches de Crapaud était déjà penché vers le ruisseau, tentant de différencier les nombreuses feuilles mortes immergées des poissons.

« Malgré la Saison des Neiges qui approche, les feuilles portent toujours la même teinte rousse... ce n'est décidément pas pratique ! » s'énerva le guerrier blanc lorsqu'il remarqua que ce qu'il avait attrapé n'était qu'un amas de mousse et, justement, de feuilles.

    Étoile de Nénuphar acquiesça. Chasser dans ces conditions était difficile, et ça n'irait pas en s'arrangeant. De plus, le froid commençait à sévir - les tanières, et notamment la pouponnière, avaient commencé à être consolidées, car tous commençaient à sentir une brise glacée s'infiltrant dans leur antre.

    Le chef s'approcha du ruisseau. Effectivement, il n'était plus transparent mais vert-orange, tant il y avait de végétaux dans le torrent. On n'y voyait absolument aucun reflet, aucun scintillement, pouvant signifier la présence d'une proie.

« Bon... eh bien, j'imagine qu'on va devoir changer de ri...

- Étoile de Nénuphar ! Étoile de Nénuphar ! »

    Le meneur sursauta, relevant brusquement la tête. Il se retourna, le poil ébouriffé. Taches de Crapaud était dans le même état. Nuage de Roseau, la sœur de Nuage de Mousse, se tenait devant eux. Elle affichait une mine horrifiée, et son état contamina les deux chasseurs.

« Que se passe-t-il ? » s'enquit Étoile de Nénuphar d'une voix tendue.

    La petite femelle, essoufflée, leur adressa un regard mêlant la colère et le désespoir.

« Plume de Nacre m'envoie... É-Étoile de Sable est là... et e-elle vient se battre, » finit-t-elle par couiner.

    Cette nouvelle glaça le sang d'Étoile de Nénuphar. Comment était-ce possible ? Il avait vu la meneuse du Vent la nuit même, et ils s'étaient parlé tout à fait cordialement, sans une once d'animosité... de plus, rien ne semblait les pousser à se disputer du territoire ou quoi que ce soit d'autre : les deux clans n'avaient pas de différents, et ce depuis bien des lunes.

« Étoile de Sable ? » répéta Taches de Crapaud, aussi ébahi que son chef. « Mais... pourquoi ? »

    Nuage de Roseau allait répondre, lorsqu'Étoile de Nénuphar la coupa. Il y avait bien plus urgent.

« Combien sont-ils ? » s'enquit-il avec sang-froid.

« Presque tout le Clan du Vent est là, » déclara la petite aussitôt. « Il doit manquer Orage de Feu, les reines, les anciens et les chatons, en plus de deux ou trois guerriers. C'est tout... » se lamenta-t-elle. « Et Étoile de Sable veut te voir. Maintenant. »

    Étoile de Nénuphar plissa les yeux. Il sentait comme une pierre dans son estomac, qui l'empêchait de bouger. Il sentait comme de la mousse dans sa gorge, qui l'empêchait de respirer. Mais surtout, il sentait comme des roseaux dans sa tête, l'empêchant de réfléchir. Pour clarifier son esprit, il agita la tête et prit une grande inspiration.

« D'accord... dans ce cas... Taches de Crapaud, va retrouver Nuage de Mousse et Saut de Feu. « Toi, Nuage de Roseau, dépêches-toi de me ramener au moins dix guerriers. Je veux qu'ils soient prêts au combat. De mon côté, je vais rejoindre Étoile de Sable... »

    Ses deux compagnons acquiescèrent gravement, et se dépêchèrent de rejoindre leur destination respective. Très vite, Étoile de Nénuphar se retrouva entièrement seul, sous un saule, à contempler Léopard. Il était désemparé.

    Sans conviction aucune, il bondit par dessus le ruisseau, regrettant de ne pouvoir y plonger. Mais il n'en avait ni le temps, ni la force. Il était vidé. Lui qui faisait entièrement confiance à ses compagnons de grade, il se sentait trahi. Naïf.

« Comment ai-je pu croire qu'il n'y aurait jamais de conflits entre nos clans ?! Je suis une cervelle de souris finie ! » maugréa-t-il à voix haute, slalomant entre les saules et les cours d'eau.

    Après plusieurs minutes de course éperdue durant lesquelles il se sermonna mentalement, les arbres commencèrent à s'espacer. Le territoire des Chevaux apparut à l'horizon et, par la même occasion, Étoile de Sable.

    Elle se tenait là, maigrissime, devant la frontière entre les deux territoires. Malgré son rachitisme, elle avait une posture fière, et la foule qui l'entourait, déterminée, dégageait une puissance sans nom. Étoile de Nénuphar se cacha sous les branches tombantes d'un saule pleureur, faisant sa toilette une dernière fois avant d'affronter la mencace représentée par les félins de la lande.

    Lorsqu'il s'approcha, la queue haute, il remarqua que Plume de Nacre, Braise Fumante et Patte de Blaireau faisaient face à la quasi-totalité des chats adverses. Nuage de Roseau n'avait pas menti, ils étaient presque tous là. Les griffes sorties, la gueule entrouverte pour qu'on voie leurs crocs accérés... prêts.

    Étoile de Nénuphar rejoignit la patrouille en ignorant les regard scrutateurs des guerriers du Clan du Vent, gardant la tête haute. Il se posta entre Plume de Nacre et Patte de Blaireau. Braise Fumante se tenait derrière eux, impressionant de par son pelage hérissé.

    Lorsqu'Étoile de Nénuphar affronta le regard d'Étoile de Sable, il y lut toute la détermination qui l'habitait. Toute sa force, son envie. Pourtant, durant sa longue contemplation, il remarqua une brève étincelle accablée traverser son regard jaune.

« Étoile de Nénuphar... » déclara-t-elle enfin. « Je suis navrée de te revoir dans ces conditions.

- Moi de même, » gronda Étoile de Nénuphar. « J'ai cru comprendre que tu ne venais pas pour prendre des nouvelles de mon clan.

- Effectivement. Étoile de Nénuphar, je revendique toute la partie marécageuse de ton territoire, celle qui atteint presque l'île des Assemblées. »

    Étoile de Nénuphar retint un grondement, mais Patte de Blaireau et Braise Fumante n'eurent pas cette délicatesse : ils crachèrent à l'unisson, tandis que Plume de Nacre feulait doucement.

« Je vais faire comme si je tentais de la raisonner... il faut juste que je gagne du temps, pour que les renforts aient le temps d'arriver. » songea le mâle argenté.

« C'est de la folie ! » feula Patte de Blaireau, dont le pelage gris perle était plus ébouriffé que jamais. « Retournez dans votre lande, mangeurs de lapins !

- Raclures ! » s'énerva Braise Fumante.

    Plume de Nacre, elle resta silencieuse. Elle se doutait sûrement qu'ils n'étaient pas en position de force, du moins pour le moment. Visiblement, Étoile de Sable le savait aussi, et ne tarda pas  à le rappeler.

« Je ne pense pas que vous puissiez faire quoi que ce soit... alors Étoile de Nénuphar, tu ferais mieux de réfléchir à deux fois à ma proposition. »

    Avant que ce dernier ne puisse faire quoi que ce soit, Étoile de Sable agita la queue et deux félins du Vent se détachèrent des rangs, pour se poster devant la patrouille. Étoile de Nénuphar retint son envie de leur sauter dessus : ils n'avaient pour le moment aucune chance face à cette dizaine de félins prêts au combat.

« Un geste de travers, et vous êtes finis. De plus, votre chère apprentie ne tardera pas à se faire attraper par Pelage de Myrtille. Vous n'avez aucune chance. »

    Étoile de Nénuphar sentit son estomac se serrer. Nuage de Roseau avait été suivie ? Ça ne sentait pas bon... il pria pour qu'il n'arrive rien à la petite novice.

« Ce n'est pas une bande de maigrichons comme vous qui va nous impressionner ! » gronda Patte de Blaireau.

    Étoile de Sable agita la tête, comme navrée. Elle affichait une mine compatissante.

« Capitulez, et rien ne vous arrivera. N'est-ce pas, Étoile de Nénuphar ? »

    Ce dernier baissa la tête. Lui avait plusieurs vies. Cependant, il ne pouvait permettre de risquer celles de ses camarades. Mais... mais ces mêmes camarades avaient besoin de ces marais, prolifiques en terme de gibier. C'était un dilemne impossible.

    C'est alors que le chef tigré sentit un fumet familier derrière lui. Saut de Feu, Feuille de Sureau, Nuage de Griffe... et beaucoup d'autres.

    Sauvés ! Ils étaient sauvés ! Le matou n'avait pas besoin de se retourner pour comprendre que la quasi totalité de ses guerriers était présente. Cependant, ne pas sentir l'odeur de Nuage de Roseau l'inquiéta. Avait-elle été attrapée ? Était-elle blessée ?

« Ainsi, tu comptes te battre ? » gronda Étoile de Sable, qui s'attendait visiblement à ce qu'il capitule. « Fort bien ! »

    Les deux chefs se toisèrent un instant. Tous étaient tendus, tapis au sol. Prêts pour la bataille qui allait commencer. Le miaulement de Étoile de Sable creva le silence. Celui d'Étoile de Nénuphar suivit. Le combat commença.

    Avant que le meneur du Clan de la Rivière n'ait pu faire quoi que ce soit, la femelle dorée bondit avec grâce sur lui. Il poussa un miaulement de douleur, entendant déjà des crachats et des feulements autour de lui. Étoile de Sable l'écrasait mais, avant qu'elle ne puisse le blesser, il lui mordit le ventre de toutes ses forces. Étoile de Sable se cabra lorsque du sang jaillit, mais, ne lâchant par sa prise, elle lui griffa le cou à plusieurs reprises, faisant s'envoler de multiples touffes de poils.

    En sentant la brûlure causée par ces coups, Étoile de Nénuphar grimaça, mais il savait qu'il n'y avait rien de grave à quelques griffures. Il dressa les pattes pour atteindre le cou de la grande femelle et planta ses griffes dans ce dernier. Elle s'écroula en poussant un miaulement de douleur et Étoile de Nénuphar en profita pour lui mordre le museau.

    De cette blessure jaillit du sang, qui aveugla momentanément Étoile de Nénuphar. Étoile de Sable en profita pour l'écraser de tout son poids et, lui martelant le ventre de ses pattes, elle tenta de planter ses griffes dans son cou. Cependant, en sentant l'haleine de la chatte puissante sous sa truffe, il comprit ce qu'elle s'apprêtait à faire et se dégagea avec difficulté de l'emprise de la meneuse. Cette dernière gronda et le plaqua à nouveau au sol. Il gémit sous la puissance qui le clouait à la terre humide, et tenta de la griffer à l'aveugle.

    Il sentit qu'il avait touché quelque chose et, en ouvrant les yeux malgré le sang qui s'écoulait sur lui, il remarqua qu'elle avait été touchée aux épaules

    Il profita de cette ouverture pour se dégager en la poussant violemment, et, avec toute l'énergie et la vitesse qu'il lui restait, se précipita sur son dos pour l'écraser de tout son poids. La meneuse couina pendant qu'Étoile de Nénuphar lui déchirait la peau de la nuque en la mordant de toutes ses forces. Une cascade de sang innonda sa gueule avant de déferler sur ses pattes. Le corps d'Étoile de Sable s'effondra au sol, inerte.

    Était-elle en train de perdre une vie ? Ou bien faisait-elle la morte ? Quoi qu'il en soit, elle ne bougeait plus et, lorsque le chef tâta prudemment son cœur, il ne sentit pas le moindre battement.

« Oui, elle est bien en train de perdre une vie... » se murmura-t-il à lui-même. « Sûrement l'une de ses premières... »

    Même si, aujourd'hui, il s'agissait de son adversaire, Étoile de Sable était une personne qu'il connaissait bien, qu'il avait toujours respectée. Lui ôter une vie lui parût tout à fait étrange, contre-nature...

    Pour ne pas se sentir coupable, il se dépêcha de jeter un coup d'œil aux alentours pour trouver un nouvel adversaire. Il n'eut même pas le temps d'apercevoir quoi que ce soit. qu'un félin du Vent, choqué par l'état de sa meneuse, lui bondissait dessus. Il reconnut Cœur de Passereau, le père d'Étoile de Sable, qu'il avait lui aussi vu la nuit même.

    Lorsqu'il croisa le regard du matou, il y vit un mélange de rage et de douleur. Étoile de Nénuphar se doutait de ce que pouvait ressentir un père lorsque sa progéniture mourait, et cela ne fit que renforcer son désarroi : avait-il bien fait d'être aussi violent envers Étoile de Sable, maigre et affaiblie ? Le combat était inégal, il avait vaincu sans gloire. Tout à coup, il se sentit lâche, et eut presque l'envie de laisser Cœur de Passereau prendre le dessus de ce combat. Presque...

« Tu vas payer ! » feula le guerrier brun sombre et le plaquant au sol.

    Étoile de Nénuphar poussa un miaulement exprimant sa douleur lorsqu'il sentit les crocs de son adversaire se planter dans son épaule. Il se débattit follement, et réussit à dégager son arrière-train de l'emprise du félin. Or, ce dernier ne désirait pas se laisser faire. Il écrasa le chef de tout son poids et lui griffa méchamment le museau, ce qui arracha une nouvelle plainte à Étoile de Nénuphar. Il comprit que le matou de la lande était habité par une flamme furieuse, flamme qu'on pouvait apercevoir au fond de ses prunelles.

    Cœur de Passereau approcha lentement ses crocs de la gorge fragile d'Étoile de Nénuphar. Ce dernier tenta de se libérer, mais le vétéran lui lacéra immédiatement le poitrail, arrachant une nouvelle fois un cri à sa victime.

    Étoile de Nénuphar sentit la pointe des crocs du matou caresser son cou. Il ferma les yeux, priant le Clan des Étoiles de l'aider, de le tirer des pattes puissantes du félin brun...

    Ses ancêtres l'entendirent. Cœur de Passereau vacilla et sa masse se volatilisa. Surpris, Étoile de Nénuphar rouvrit les paupières. La première chose qu'il vit était une immense tache rouge qui brouillait sa vision : son sang séché, mélangé à celui d'Étoile de Sable. Puis, après s'être vaguement essuyés les yeux, il fut infiniment soulagé de voir que Cœur de Passereau était plaqué au sol par Saut de Feu, inconscient. Visiblement, le matou blanc - qui était désormais écarlate, tant il avait été éclaboussé par le sang - avait réussi à maîtriser celui qui avait failli être le bourreau d'Étoile de Nénuphar. Ce dernier jeta un regard interrogateur à son sauveur.

« Juste assommé, » le rassura ce dernier. « Otage ? »

    Étoile de Nénuphar n'hésita même pas. Il ne pouvait pas se le permettre.

« Non... j'ai fait perdre une vie à sa fille. Il faut le laisser la veiller. Prend un apprenti à la place. »

    Ses phrases étaient brèves, tranchantes. Lui était essoufflé, il laissait sur son sillage une longue flaque de sang, qui dégoulinait de son pelage poisseux. Une odeur métallique flottait dans l'air, on avait du mal à reconnaître qui que ce soit.

    En jetant un regard autour de lui, le chat tigré remarqua que sa tribu prenait l'avantage : les maigres félins de la lande étaient quasiment tous au sol, tandis que la guérisseuse du Vent était bien plus occupée que Cœur de Liseron. Seule une poignée de chats de la lande tenait encore debout, contre une petite dizaine pour le Clan de la Rivière. Plume de Nacre et Patte de Blaireau étaient à deux contre une femelle tachetée de noir et, tout proche, Braise Fumante, épaulé par Nuage de Mousse, lacéraient les oreilles d'un grand chat blanc.

« Ils ne peuvent pas capituler... » comprit soudain Étoile de Nénuphar. « Étoile de Sable n'est pas là pour leur dire de le faire, et Orage de Feu n'est pas présente... c'est un massacre... »

    Son intuition fut confirmée lorsqu'il vit Nuage de Griffe en train de plaquer violemment un minuscule apprenti contre le sol pour lui érafler le ventre. Le petit novice avait le regard vide, son corps maigre était balafré.

« Je dois intervenir... » songea Étoile de Nénuphar, et il poussa un long feulement.

    Les chats autour de lui se figèrent, tous les regards convergèrent vers lui. Les combattants du Vent profitèrent de cette ouverture pour se libérer et allèrent se réunir dans une position défensive. Leurs yeux étaient brillants de désespoir, leurs corps excoriés. Ils n'étaient plus que quatre conscients, dont le guérisseur et un apprenti, et étaient entourés par des guerriers de la Rivière fous de rage.

« Je vous laisse une dernière chance, » gronda Étoile de Nénuphar en tentant de faire taire le sentiment de pitié qui montait en lui. Battez en retraite, emmenez les corps, et nous ne vous ferons pas plus de mal. »

    Le chef entendit un crachat derrière lui. Surpris, il se retourna, et aperçut Patte de Blaireau qui le rejoignait. Ce dernier se pencha à son oreille.

« Prends-leur du territoire, » lui conseilla-t-il. « Il faut que l'on se venge. »

    Étoile de Nénuphar hésita. Était-il trop tendre ? Certes, il fallait retrouver son honneur, mais le Clan du Vent était maigrissime et venait de se faire bien amocher...

« Vous pouvez partir, » déclara-t-il finalement. « Mais je veux que, jusqu'à nouvel ordre, vous nous apportiez les trois proies les plus dodues de votre journée de chasse, et ce à chaque coucher de soleil. Nous vous rejoindrons pour les prendre, et, si vous n'obéissez pas, rien ne nous empêche de venir vous attaquer nous aussi. »

    Il entendit Patte de Blaireau ronronner à ses côtés, suivi de Braise Fumante et Tache de Crapaud. Puis, il planta son regard dans les yeux terrifiés des félins de la lande. L'un d'eux s'avança, celui qui était le plus amoché. Il arborait une fourrure grise maculée de taches pourpres.

« C'est... c'est d'accord... » capitula-t-il.

    Il fit un signe de tête à ses trois camarades. Ces derniers baissèrent la tête, et, honteux, s'approchèrent des corps morts ou assomés de leurs camarades. Remarquant qu'ils n'étaient pas assez pour tous les porter, Étoile de Nénuphar soupira. Il jeta un coup d'œil à ses propres camarades, cherchant les moins ensanglantés.

« Feuille de Sureau, prends Dent de Ragondin et Braise Fumante, et aide-les à ramener leurs corps. »

    La guerrière crème acquiesça, et, à l'aide de ses compagnons, aida les vaincus à hisser les blessés sur leur dos. Les sept félins s'apprétaient à franchir la frontière lorsqu'une voix brisée retentit :

« Et... et Nuage de Roseau...?! »

    Tous les regards convergèrent à nouveau vers quelqu'un mais, cette fois-ci, ce n'était pas Étoile de Nénuphar. Nuage de Mousse, la queue en panache, avait l'air horrifié.

« Nuage de Roseau ! » répéta-t-elle. « Où est-elle ?! »

    C'est là qu'Étoile de Nénuphar se souvint qu'elle avait été poursuivie par un félin du Vent. Il gronda. Est-ce qu'ils l'avaient blessée ? En tout cas, elle n'était pas ici.

« Elle doit être au camp, » la rassura Taches de Crapaud, son père. « Étoile de Nénuphar l'y a envoyée chercher des chats pour se battre, alors à moins qu'il ne se soit passé quelque chose entre-temps, elle est en sécurité. »

    Nuage de Mousse hocha lentement la tête, reprenant espoir. Désormais, elle paraissait pressée de retourner au camp pour voir sa sœur, et était blottie dans la longue fourrure de Taches de Crapaud.

« Bien... »

    Étoile de Nénuphar jeta un dernier regard aux vaincus ainsi qu'à ses camarades, puis fit tiquer le bout de sa queue.

« Allons-y ! »

    Une dernière œillade, un dernier au revoir, un dernier adieu pour quelques chats. Une bataille remportée. Un ciel dégagé, comme pour accueillir cette journée ayant déjà fait couler le sang bien plus que nécessaire.

    La victoire était celle du Clan de la Rivière, mais cela n'empêchait pas les combattants d'être grièvement blessés, et de s'interroger par rapport aux raisons de cette bataille. Ainsi, un brouhaha incessant régnait dans le camp entouré par une Ondoyante particulièrement déchaînée.

    Étoile de Nénuphar se trouvait dans une tanière située dans le creux d'un arbre, cachée par de nombreux roseaux et quelques fougères brunâtres. La tanière du guérisseur, Cœur de Liseron. Ce dernier était particulièrement occupé ce jour-là, car il devait soigner une bonne dizaine de guerriers. Il s'occupait actuellement de son chef, car ce dernier avait été bien amoché par Étoile de Sable et Cœur de Passereau.

« Eh bien... » déclara-t-il finalement. « Beaucoup de choses, mais rien de grave. Des griffures superficielles au cou, au museau, au ventre, au poitrail et à l'épaule... C'est tout. Je vais t'appliquer de la mousse humide sur tes blessures, et... voyons voir... »

    Il posa sa patte sur l'épaule d'Étoile de Nénuphar, et frotta son coussinet contre la blessure. Le chef tigré eut un mouvement de recul, tandis qu'une grimace déformais son museau.

« C'est bien ce que je pensais. Il faut aussi te mettre des toiles d'araignées ici... »

    Il se retourna vers une petite chatte rousse, blanche et noire qui était occupée avec une apprentie au pelage identique. On ne voyait pas son visage, mais il était clair qu'elle était extrêmement concentrée.

« Alors, Nuage de Fougère, il y a quelque chose ?

- Non, juste une petite griffure à la truffe, » déclara l'apprentie guérisseuse en se retournant. « Tu peux y aller, si tu veux, Nuage de Mousse. »

    La patiente écaille se leva lentement, puis les deux sœurs se frottèrent le museau. Nuage de Mousse grimaça.

« C'est normal que j'aie mal quand même ? » s'inquiéta-t-elle. « Et Nuage de Roseau, elle va bien ? »

    Nuage de Fougère lui mordilla gentiment l'oreille, laissant un ronronnement s'échapper de sa gueule entrouverte.

« Mmm... est-ce que c'est normal que tu aies mal quand je te touche la truffe si tu as une blessure à la truffe... oui, cervelle de souris ! Et pour Nuage de Roseau... »

    Elle s'approcha d'une petite femelle endormie. Son flanc était barré d'une longue cicatrice dont s'échappait du sang malgré les toiles d'araignées appliquées dessus.

« Elle se remettra, mais elle aurait dû nous prévenir, quand elle est arrivée pour prévenir le clan, qu'elle avait été blessée par ce cœur de renard de... Pelage de... Myrtille...? Enfin, qu'elle avait été blessée par cette raclure et qu'il était retourné dans son camp. Dans l'agitation générale, on n'a pas vraiment fait attention à cette maudite balafre... résultat, elle ne va pas pouvoir bouger sans ressentir de douleurs pendant au moins une demi-lune... » se lamenta-t-elle.

    Étoile de Nénuphar comprit qu'elle avait peur que Nuage de Mousse et Nuage de Roseau ne puissent être baptisées guerrières en même temps. Déjà qu'elle le serait plus tard que ses sœurs à cause de son rôle de guérisseuse !

« Puisque tu n'as plus rien à faire, est-ce que tu veux bien aller mouiller un peu de mousse et me l'apporter ? » s'enquit Cœur de Liseron.

    La jeune chatte acquiesça, et se dépêcha de prendre de la mousse entre ses crocs.

« Je vais t'aider, » lui proposa Nuage de Mousse.

    Les yeux de Nuage de Fougère pétillèrent. Elle accepta et le deux petites femelles s'éloignèrent, la gueule pleine.

« Bien, » fit Cœur de Liseron. « Juste après avoir humidifié tes blessures, je pourrais bander celle de ton épaule avec la toile d'araignée. Après ça, tu seras tranquille quelques jours, puis lorsque tu retireras les toiles, je t'appliquerais de l'oseille mâchée pour éviter l'infection.

- Pas de problème. Y a-t-il des personnes ayant des blessures graves ?

- Eh bien, Plume de Nacre a une oreille déchirée, Œil du Lac une balafre au niveau du cou qui lui fait affreusement mal et Nuage de Griffe... eh bien, c'est assez ironique, mais il s'est arrachée une griffe.

- Le pauvre ! »

    Cœur de Liseron ronronna avant de s'approcher d'un de ses patients, un matou au long poil blanc. Il était à moitié endormi, ses yeux mi-clos refusant de se fermer totalement.

« Tu n'arrives toujours pas à dormir, Œil du Lac ?

- Non... » fit ce dernier en lançant un regard désespéré au soigneur. « J'ai trop mal pour ça. Tu ne peux pas me donner de graines de pavot ? »

    Le guérisseur agita négativement la tête, tout en réajustant les toiles d'araignée qui recouvraient sa blessure à la gorge. Le vétéran grimaça.

« Il faut que je les économise, avec la venue de la Mauvaise Saison. Si tu n'arrives pas à dormir d'ici cet après-midi, oui, je t'en donnerai.

- Je comprends, » soupira le blessé, et il s'allongea à nouveau.

    Cœur de Liseron finit de s'occuper de la blessure qui longeait son cou, et s'approcha cette fois-ci d'une femelle à la queue touffue. Cette dernière ne dormait pas, elle attendait patiemment qu'on s'occupe d'elle en jouant distraitement avec une marguerite vivace. Lorsqu'elle aperçut le matou gris et blanc qui s'approchait d'elle, elle vint frotter affectueusement son museau contre le sien.

« Alors, est-ce que tu as besoin de plus de toiles d'araignée ?

- Non, je pense que le sang s'est arrêté de couler, et je n'ai pas trop mal. J'ai juste besoin de me reposer dans un bon petit nid de mousse tapissé de plumes...

- Il n'y a plus de plumes dans les nids de la tanière des guerriers, » lui apprit Cœur de Liseron. « Nuage Gris m'a dit qu'elle les avait remplacés et qu'elle allait chercher du nouveau duvet. Tu peux aller chez les anciens, si tu veux.

- Y aurait-il un message caché dans ta phrase ? » ronronna Plume de Nacre « Lorsque tu me dit de rejoindre les anciens ?

- Jamais.

- Bon, dans ce cas, je veux bien m'incruster chez eux, si Masque de Lune veux bien me laisser souiller son domaine de mon impure présence... »

    La mère d'Étoile de Nénuphar s'étira longuement avant de sortir de la tanière, faisant plier les fougères sur son passage.

« Bien... » bailla Cœur de Liseron en s'approchant de son meneur. « Il ne me reste plus que Nuage de Roseau, Nuage de Griffe et toi à soigner, si on ne compte pas Œil du Lac.

- Tu as soigné tellement de monde en si peu de temps ! » s'étonna Étoile de Nénuphar. « Bravo. »

    Le guérisseur ronronna. Il allait faire une remarque lorsqu'un miaulement étouffé le coupa :

« Ch'est bon ! » articula péniblement Nuage de Fougère en s'approchant d'eux, suivie de Nuage de Mousse.

    Les deux sœurs au poil écaille avaient la gueule pleine de mousse dégoulinante.

« Merci beaucoup, » fit Cœur de Liseron. « Posez-là à côté du nid d'Étoile de Nénuphar, c'est pour lui. Si tu veux, Nuage de Fougère, tu peux humidifier la plaie de Nuage de Roseau aussi. »

    Les jeunes chattes acquiescèrent et déposèrent leur butin sous la truffe de leur chef. Ce dernier sentit aussitôt des effluves aquatiques accrochées à la mousse, qui avait été trempée dans Ondoyante. C'était l'un des nombreux avantages de leur camp : il était entouré d'une rivière, ce qui était pratique autant pour la défense que pour aller chercher de l'eau.

    Cœur de Liseron saisit l'une des nombreuses boules de mousse et commença à l'appliquer sur les égratignures d'Étoile de Nénuphar. Ce dernier frissonna, réprimant un miaulement de douleur.

« Et ce n'est que le début... » ronronna le soigneur. « Courage ! »

    C'est seulement l'après-midi qu'Étoile de Nénuphar put s'échapper de la tanière de Cœur de Liseron. Ses blessures ne lui faisaient quasiment pas mal, mais le bandage de toiles qui protégeait sa blessure à l'épaule était assez désagréable. Il boitillait un peu à cause d'elle.

    Pour se changer les idées, il décida de s'approcher du tas de gibier, et ronronna en voyant que la musaraigne que Nuage de Mousse avait attrapée de matin-là lors de la patrouille de chasse avait été déterrée et ramenée. Il s'en saisit donc et invita Museau de Pomme à le rejoindre pour manger.

« Alors ? » s'enquit son lieutenant. « Ça va, ton épaule ?

- Très bien. Il s'est passé quelque chose au camp, pendant la bataille ?

- Non, pas vraiment... j'ai continué l'entraînement de Nuage de Griffe. Il a vraiment un grand potentiel, c'est un travailleur.

- On dirait presque que tu es son mentor, » s'amusa Étoile de Nénuphar. « Museau de Poudreuse n'est pas jalouse ?

- Tu rigoles ! Ça l'arrange, comme ça elle peut s'occuper un peu de ses filles. La pauvre Nuage de Roseau, d'ailleurs... tu sais comment elle va ?

- Eh bien, elle dort, pour le moment, et ne pourra reprendre ses activités d'apprentie que dans une demi-lune environ. Mais elle ira mieux.

- Bon, ça va, dans ce cas. Je ne comprend pas pourquoi elle n'a pas demandé à aller chez Cœur de Liseron quand elle nous a prévenus de la bataille. Elle nous a donné les informations, puis est directement allée se reposer dans la tanière des apprentis.

- C'est malin ! Maintenant, elle... »

    Étoile de Nénuphar se stoppa. Un intrus était entré dans le camp.

Média : Nuage de Mousse

Et voilà pour ce chapitre 6 ! J'espère qu'il vous aura plu.

On y découvre mieux le Clan de la Rivière, grâce au point de vue d'Étoile de Nénuphar. Que pensez-vous de ce dernier, d'ailleurs ?

On apprend aussi que, pour une raison non-expliquée, Étoile de Sable cherche à voler du territoire du côté du Clan de la Rivière... alors qu'elle est presque amie avec Étoile de Nénuphar. À votre avis, pourquoi ?

Pour le prochain chapitre, on retrouve notre petit Étoile de Tornade, mais je continuerais à intégrer des chapitres avec d'autres points de vue que le sien.

Et, à part ça... à votre avis, qui est cet étrange visiteur ?

Bref : à plus pour le chapitre 7 !