Chapitre 4 : Que de morts...

Petite Nacre

Je sors la tête de la pouponnière tout doucement. Mais c'est horrible ! Il y a des... des cadavres partout ! J'avance à petits pas tremblants.

« Reviens, Petite Nacre ! m'ordonna maman. Ce n'est pas un spectacle pour les chatons !

- S'il te plait ! suppliais-je sans conviction.

- Bon... tu peux aller voir Baie de Gui, mais sans t'arrêter pour regarder.

- Vraiment ? 

- Oui, mais dépêche toi avant que je ne change d'avis !

- Moi aussi je veux venir ! réclama Petit Soleil.

- J'imagine que... commença la reine noire et blanche. Mais ! Larmes Argentées ! Où sont passés tes chatons ?!

- Mes chatons ? répéta la chatte aux pattes blanches. Petite Écorce ? Petite Violette ? Petite Écorce ?! Petite Violette ?! »

Aucun bruit.

« Où sont ils ?! hurla la femelle noire. Petite Écorce ?! Petite Violette ?! Petite...

- Calme toi, Larmes Argentées. Ils doivent être quelque part dans le camp, la rassura Nuit Tombante.

- Et... et s'ils s'étaient fait tués par un guerrier ...? oh, si c'est arrivés, je réduirait en charpie celui qui aurait touché ne serais-ce qu'à une de leurs moustaches !

- Mais non, ne t'inquiète pas, aucun guerrier n'aurait fait ça.

- Et qu'est-ce-que t'en sait ?! »

À ces mots, elle se jeta sur Nuit Tombante.

« Maman ! criais-je en même temps que Petit Soleil.

- Ne... ne vous  inquiétez pas, mes petits. Je suis robuste. »

En disant ça, ma mère était passée de sous Larmes Argentées à sur  Larmes Argentées. Ouf ! Cette chatte est folle !

« Viens, je vais t'amener voir Baie de Gui et Nuage Matinal, l'invita maman. Elles vont te donner des graines de pavot pour te calmer. »

Elle vient de l'attaquer, et elle fait comme si de rien n'était ?! Elle est trop gentille, ma mère !

La chatte noire hocha doucement la tête, l'air sombre, et sortit à la suite de Nuit Tombante.

Petit Soleil et moi nous entreregardons, puis, dans le doute, leur emboîtons le pas. Malgré les ordres de maman, je ne peux m'empêcher de regarder autour de moi. Il n'y a pas tellement de sang mais... tant de morts ! J'aperçois le cadavre de Carapace de Tortue et de... Étoile de la Cascade ! Je me précipite vers le corps et demande à Flocons d'Argent, qui semble vérifier si il y a d'autres blessés :

« Flocons d'Argent ! Il lui reste des vies, hein ? »

Nuit Tombante m'a raconté que les chefs se rendaient à un endroit appelés l'Arbre à la Lune pour recevoir neufs vies lorsqu'ils devenaient meneurs.

« Oui, ne t'inquiète pas. Elle n'est pas chef depuis si longtemps, tu sais. »

Ça me rassure. Étoile de la Cascade, il paraît qu'elle est très douée pour diriger le clan. 

« Au fait, tu ne devrais pas être dans la pouponnière ? me demanda le lieutenant.

- Non, Nuit Tombante m'a dit que je pouvais allez voir Baie de Gui et Nuage Matinal.

- Tu n'as pas l'air d'être dans leur tanière, ronronna t-il.

- J'y cours, j'y cours... »

Ce chat est trop gentil ! Il mérite d'être lieutenant ! Une fois, il m'a promit qu'il m'entrainerait au combat ! Je trottine vers les deux pierres, à travers lesquelles j'aperçoit une queue blanche juste à côté d'une brun-roux, plus courte. Je m'avance. Ah ! C'est Petite Écorce et Petit Ruisseau ! Donc elle s'est réveillée ! Ils ont l'air de se faire gronder par Larmes Argentées... mais où est Petite Violette ? Je m'approche encore un peu plus, jusqu'à entrer.

La chatte noire est en train de gronder Petite Écorce, qui est collé à Petit Ruisseau, tandis que Nuit Tombante tente vainement de la calmer. À côté, Baie de Gui et son apprentie, comme si de rien n'était, s'occupent des blessés. Je me colle contre mon meilleur ami et la femelle au pelage crasseux.

« Qu'est-ce-qui se passe ? questionnais-je.

- Il se passe que Petite Violette est blessée par la faute de Petite Écorce !

- Mais... commença le mâle brun-roux.

- Elle est borgne, maintenant ! Son joli œil... Retourne dans la pouponnière ! Et tu ne mangeras pas, aujourd'hui. »

À ces mots, Baie de Gui se retourna.

« Ah, non ! Un chaton doit absolument manger correctement, surtout pendant la mauvaise saison !

- C'est mon chaton, rétorqua la reine.

- Je suis guérisseuse. Je sais ce qui est bon pour ton chaton. »


                                                                         * * *

J'ouvre doucement les yeux, et les referme aussitôt. Un infime rayon de soleil m'arrive en plein visage. Je me tourne de l'autre côté en grognant et tente de me rendormir. Sans succès. Exaspéré, je me lève péniblement, m'étire, et commence à nettoyer ma fourrure, pleine de plumes qui garnissent le sol de la pouponnière. Je commence à tousser. J'en ai avalée une.

« La ferme, grommela Petit Soleil.

- Ne parle pas comme ça ! s'offusqua Nuit Tombante. »

Je ricane et ma sœur me lance un regard noir.

« Nuit Tombante ? miaulais-je le plus poliment possible, pour énerver ma sœur.

- Oui, Petite Nacre ? me répondît-elle doucement.

- Puis-je sortir de la pouponnière, s'il te plaît ?

- Mmm... oui, mais rentre avant midi.

- D'accord. »

Petit Soleil me lança un dernier regard furibond, puis je sors en lui tournant le dos avec dédain.

Une fois dehors, j'observe la clairière déserte, hier encore pleine de cadavres. Désormais, il ne reste plus que la dépouille d'un chat au pelage brun sombre et tigré. Je suis presque sûr de ne jamais l'avoir vu dans le camp. D'ailleurs, si il faisait partie du clan, il aurait été veillé avec Brume d'Ombre, Carapace de Tortue et Crinière de Lion... ils devait être du Clan du Lac. Je m'approche à pas lents de la tanière des guérisseuses, où Petit Ruisseau a passé la nuit. Là-bas, je vois Baie de Gui en train de s'affairer au-dessus de Museau d'Écume, mon papa, et Vol du Faucon, un gentil guerrier qui joue souvent avec moi et les autres chatons.

« Bonjour, Petite Nacre ! Tu es bien matinal, dis-moi ! miaula t-elle chaleureusement.

- Oui... le soleil m'a réveillé.

- Tu es venu voir ta sœur ?

- C'est ça. Elle est réveillée elle aussi ? me renseignais-je.

- Non. Mais ta sœur s'est couchée tôt, hier, tu peux lui parler, si tu veux.

- Merci ! fit-je, reconnaissant.

- De rien ! Après tout, c'est ta sœur. »

Je hoche la tête et me dirige vers là où nous l'avions déposée hier. Je la trouve assoupie et roulé en boule en tain de serrer une écorce et de murmurer des « je ne peux pas » et des « écorce ». Je m'approche doucement d'elle, légèrement craintif, et chuchote :

« Petit Ruisseau ? réveille toi !

- Hein ? Quoi ? Non, c'est pas vrai ! Je suis fidèle !

- Petit Ruisseau ? Ça va ?

- Petite Nacre ? C'est toi ? Je... je t'ai pris pour Baie de Gui.

- Baie de Gui ? »

Je ne lui ressemble pas du tout !

« Oui, enfin, non, enfin...

- Calme-toi.

- Je suis calme ! Je... j'ai faim, déclara t-elle.










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