Chapitre 3 : Blessures et gouttes de sang
Petite Écorce
« Quoi ! s'exclama ma mère. Ce n'est pas possible ! Le clan se remet à peine de l'attaque d'il y à trois lunes et de la mort de mon frère ! Étoile du Soir...
- Si, Larmes Argentées, ils combattent à l'instant même ! insista la petite chatte brune.
- Mais pourquoi ?!
- On a pas le temps de se morfondre ! Moi je doit me battre et toi et Nuit Tombante vous devez protéger les chatons ! »
Devant son air ahuri, elle ajouta :
« Allez !
- Oui tu... tu as raison, Nuage des Champs... retourne combattre. »
La femelle aux yeux verts acquiesça et sortit en trombe de la pouponnière.
« Petite Écorce, Petite Violette, par ici ! appela la chatte noire. Cachez-vous là ! »
J'acquiesce et me dirige vers l'endroit que nous a indiqué maman, tandis que Nuit Tombante cache Petite Nacre et Petit Soleil derrière elle. Ils on l'air tout serrés ! Moi je suis bien content, derrière des feuilles toutes douces... mais ça chatouille !
« Arrête de remuer, Petite Écorce ! me gronda doucement ma sœur. C'est vraiment pas le moment ! ajouta la femelle gris foncé.
- Mais c'est les feuilles ! protestais-je.
- Toi tu joues avec les feuilles pendant que les guerriers risquent leurs vies ! »
Je pousse un soupir. Qu'est-ce-que je fais, maintenant ? C'est pas drôle, de rester là à rien faire...
J'essaie de me dégager, mais ma sœur me retient.
« Tu fais quoi ? chuchota t-elle.
- Je sors de la pouponnière ! rétorquais-je.
- T'as pas le droit !
- Mais je vais le faire quand même ! Et tu ne m'en empêcheras pas !
- Bon, alors laisse moi au moins venir avec toi !
- Mais...! d'accord... soupirais-je.
- Génial !
- Aller, viens ! l'encourageais-je.
- Par où on sort ? demanda t-elle. Larmes Argentées et Nuit Tombante vont nous voir ! »
J'avise un petit trou sans feuilles dans le buisson qu'est la pouponnière.
« Par là ! lui indiquais-je. »
Elle hoche positivement la tête et me suis, ses yeux bleus-violets pétillants de malice.
* * *
Je contemple le spectacle sanglant qui d'offre à nous. Flocons d'Argent se bat contre un petit chat, mais d'âge adulte, au poil court, juste à côté de Pelage Ocre, qui a une grosse blessure à l'épaule et qui est attaqué par une jolie chatte brune et écaille au poitrail blanc. Œil Bleu, mon père, est en train de se faire mener par une chatte rousse et un mâle gris tacheté. Crinière de Lion gît au sol, devant la tanière de Baie de Gui et de Nuage Matinal, mais se relève bientôt, le pelage sanglant et arraché à grosse touffes, pour combattre un chat brun-gris, une femelle écaille, et une jolie chatte tachetée.
« C'est affreux ! gémissons nous à l'unisson.
- Il faut faire quelque chose, décida ma sœur, son pelage sombre tout hérissé.
- Oui ! Suis-moi, on va attaquer le mâle aux longs crocs, là-bas ! »
Sans attendre sa réponse, je cours jusqu'au champ de bataille et saute sur le dos du chat brun. Il pousse un grognement de surprise. Essayant de me rappeler de la technique que m'a montré Nuage Brillant l'autre jour, je plante mes griffes pointues dans l'échine du gros matou pour ne pas tomber. De là où je suis, je vois tout le camp ! J'aperçoit alors une forme sombre bondir à côté de moi. Petite Violette !
« Petite Écorce ! gémit ma sœur. Sort de là, il va te faire ma... »
Avant qu'elle puisse terminer sa phrase, nous sommes éjectés puissamment par terre.
« Aïe ! couinais-je. Ça fais mal ! Ça va ? »
Pas de réponse. Je me tourne vers ma sœur. Oh non ! Je me penche au dessus d'elle. Un de ses yeux est invisible sous le sang qui en échappe, et l'autre est fermé. C'est de ma faute ! C'est moi qui l'ai entraînée dans la bataille ! Je la renifle fortement. Elle a un parfum de sang mais... pas celui de la mort ! Elle est vivante ! Le Clan des Étoiles soit loué !
« Petite Écorce ! Petite Violette ! Mais qu'est ce que vous faites là ?! »
Oh, oh... c'est Étoile de la Cascade !
« Euh... ne sachant que dire, je vais droit au but. Petite Violette est blessée !
- Quoi ?! Mais comment est-ce arrivé ? Oh, et mince, tu me le diras plus tard. Il faut de toute urgence l'apporter à Baie de Gui. »
Malgré la situation, je ne peut m'empêcher d'admirer son sang froid. Elle prend doucement ma sœur, qui pend désormais dans sa gueule, et l'amène entre les deux pierres qui constituent la tanière des guérisseuses, alors que je la suis toujours. Celle-ci est attaquée par trois chats : un brun-gris, une écaille massive, et une femelle grise tachetée. La meneuse pose ma sœur entre mes pattes et donne un gros coup de griffes au mâle, tandis que Crinière de Lion et Ciel Doré s'attaquent aux deux autres. Puis, une fois les assaillants écartés, la chatte blanche tigrée reprend Petite Violette, dont le pelage est désormais plein du sang des trois félins ennemis, et entre dans la tanière.
« Baie de Gui ! appela la meneuse. »
La femelle brune, qui est en train de s'occuper de Vol du Faucon, que l'on reconnais à peine sous le sang et les blessures, et de Douce Brume, qui a l'air moins blessée, se retourne.
« Oui, Étoile de la Cascade ? Encore un bl... mais c'est un chaton ?! Et que fais Petite Souche avec toi ? »
Petite Écorce, pas Petite Souche, ai-je eu envie de miauler.
« Ces chatons sont sortit pendant la bataille, apparement, expliqua la femelle aux yeux bleus. Et celle-ci s'est faite blesser.
- Je voit ça, soupira la guérisseuse. Mais je n'ai vraiment pas le temps de m'en occuper... Nuage Matinal !
- Oui ?
- Occupe toi d'elle, ordonna la chatte à son apprentie. »
La chef se tourna vers moi.
« Tu vas les aider.
- Mais... protestais-je.
- Ce sera ta punition, rétorqua la femelle.
- D'accord...capitulais-je. »
La meneuse ronronna et sortit de l'antre.
« Que dois-je faire ?
- Mmm... j'aurai besoin d'aide pour m'occuper de Douce Brume, fit la novice au pelage court, comme son père, Queue de Lapin. Apporte moi de la mousse, s'il te plaît. Et des toiles d'araignées.
- Elle sont par ici, m'informa la femelle aux yeux bleus vifs en tendant la patte vers un trou derrière elle. Et après, tu pourras aller voir Petit Ruisseau , si tu te débrouilles bien.
- Comment va t-elle ? m'informais-je.
- Son état s'améliore, se contenta de miauler Baie de Gui. »
Je dévoile mes petits crocs pour faire un sourire et me dirige vers l'endroit qu'elle m'a indiqué.
Une fois là-bas, j'aperçoit rapidement la mousse dans les tas de plantes, mais prend un peu plus de temps à remarquer que les toiles sont juste au dessus de moi, accrochées à la pierre. Mais c'est trop haut pour moi ! Légèrement honteux, je me met à sauter pour les attraper. Si Petit Soleil me voyait, elle ne manquerait pas l'occasion de se moquer de moi ! Une fois que je juge en avoir récolté assez, je prend le tout dans ma gueule et l'apporte aux guérisseuses.
« Bien ! me félicite la chatte brune. »
Je ronronne et tend la mousse et les toiles d'araignée à Nuage Matinal. Celle-ci murmure un « merci » en évitant mon regard pour je ne sais quelle raison, puis je me dirige vers le petit tunnel débouchant là où l'on a déposé Petit Ruisseau. Elle dort... je m'allonge près d'elle et reste là à la contempler pendant son sommeil. Son flanc se gonfle et s'abaisse tout doucement, seul signe de vie de la chatte blanche. Soudain, je vois qu'elle respire de plus en plus vite. Que se passe t-il ?!
Puis j'aperçois que mon amie a entrouvert les yeux.
« Petit Ruisseau ? murmurais-je. Tu es réveillée ?
- Oui... souffle t-elle. Je... combien de temps suis-je restée comme ça ?
- Depuis ce matin.
- Ah... et... à quoi ressemble la tanière d'Étoile de la Cascade ? ronronna la femelle. »
Mes yeux pétillent et je miaule :
« Je vais prévenir Baie de Gui et Nuage Matinal que tu as repris tes esprits. Attend-moi là.
- Non... reste, s'il te plaît...
- D'accord... bredouillais-je.
- On peut parler, proposa la femelle aux yeux bleus vifs. Tu es venu tout seul ? Personne d'autre ne voulais me voir, c'est ça ? soupira t-elle.
- Mais non ! miaulais-je avec douceur. Pourquoi penses-tu ça ?
- Personne ne viens jamais me voir, dans la pouponnière... et vous, vous jouez sans moi, sans même me prévenir ! C'est pas juste, pleurnicha la maigre chatte. »
Je ne sais pas quoi répondre. Après tout, elle dit la vérité.
« Petit Ruisseau, si on joue sans toi, c'est pour que tu te reposes et prenne des forces, finit-je par miauler.
- Tu ne mens pas ? demanda t-elle en reniflant.
- Non, je te dis la vérité. Tu me crois ?
- Oui. »
Elle tenta de se lever, sans succès.
« Tu m'aides ? »
J'acquiesce et la stabilise pour qu'elle puisse se mettre debout.
« Merci.
- De rien. Pourquoi veux-tu te lever ?
- Pour parler à Baie de Gui. »
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