Lorsqu'ils se glissèrent en dehors de la caverne, passant sous le museau d'un fantomatique mais endormi Cauchemar, c'était l'aube.
Le ciel brillait de mille feux et en son centre, le globe doré du soleil se levait paresseusement.
Ce serait une autre belle journée. Même si, dans les montagnes, la neige s'accrochait encore désespérément à la roche, le temps était clément et la saison des feuilles vertes arrivait à grands pas.
Délectée par la sensation de la brise tiède qui caressait sa fourrure, Lune d'Aurore fit une petite halte devant l'entrée de la grotte. Cependant, elle se reprit bien vite et suivit Aile d'Ébène, qui, silencieux comme un renard, se dirigeait sans se faire remarquer vers un chemin secret qui menait vers la vallée des clans. Elle se laissa guider bien qu'elle connaissait maintenant ce chemin par coeur. Cauchemar l'avait emprunté de nombreuses fois de son vivant. Apparemment, il l'avait montré à Sang, qui l'avait à son tour montré à Aile d'Ébène.
Ils marchèrent en silence durant plusieurs minutes, le soleil chauffant leur pelage de ses chauds rayons. La lieutenante eut tout le loisir d'admirer le paysage qui se présentait devant elle.
Ils se trouvaient sur un mince sentier d'à peine un chat de large qui longeait les montagnes. Une forêt mixte les entourait, les arbres d'un vert luxuriant bruissant sous la douce brise. Les oiseaux chantaient, leurs voix mélodieuses se mélangeant agréablement dans le silence paisible.
Soudain, devant elle, Aile d'Ébène glissa dangereusement, ses pattes dérapant et se débattant dans le vide. De petites roches se détachèrent de la paroi et dégringolèrent dans une chute interminable avant d'être avalées par les flots enragés d'une rivière en contrebas.
Le demi-lynx semblait de plus en plus être attiré vers le bas et ne se retenait plus que par ses pattes antérieures, dont les griffes le retenaient à peine.
Lune d'Aurore se précipita vers lui, terrifiée à l'idée qu'il tombe.
Le saisissant par la peau du coup, elle le tira de toutes ses forces vers la sécurité précaire du sentier. Malgré son poids important et la force limitée de la jeune guerrière, le mâle parvint rapidement à se hisser au niveau du chemin.
La chatte laissa échapper un soupir de soulagement. Elle était toujours furieuse et peinée par la trahison douloureuse d'Aile d'Ébène, mais elle tenait trop à lui pour souhaiter sa mort. Chaque pensée qui lui rappelait son bien-aimé semblait être à la fois un coup de couteau et une bénédiction. Elle aurait voulu qu'il disparaisse et qu'elle ne l'ait jamais connu pour que cesse cette torture.
- Nous devrions continuer, murmura Aile d'Ébène après un long moment en plantant son regard dans le sien.
Elle hocha la tête et ils marchèrent encore plusieurs heures dans un silence rempli d'une tension sous-jacente.
Enfin, Lune d'Aurore aperçut le territoire du Clan du Vent. Le sentier s'était fini depuis un bon bout de temps déjà, et ils marchaient  dans la forêt, leurs pas étouffés par le tapis d'aiguilles de pin au sol.
Ils traversèrent sans incident les plaines désolées, tuant un lapin maigrelet pour manger, puis continuèrent vers les Quatre Chênes. Là, le spectacle qui les attendait était terrible...
La suite pour bientôt!!

Nan j'blague, je vous ai trop fait attendre pour ça xD
Donc, je disais...
Le spectacle qui les attendait était terrible...
Les corps en putréfaction, chats et lynx confondus, avaient été disposés en tas autour desquels des nuages de mouches et de puanteur orbitaient. Les vers grouillaient dans les cadavres, donnant l'impression qu'ils étaient encore en vie et qu'ils se tordaient dans une souffrance incommensurable. À côté des piles de corps, des lynx discutaient comme si de rien n'était. La puanteur ne semblait pas les déranger outre mesure.
Lune d'Aurore, cachée dans les buissons à la droite d'Aile d'Ébène, eut envie de vomir en apercevant les restes de Griffe d'Onyx se tortiller, comme dotés de vie propre.
Elle respira lentement, tenta  de réprimer la nausée qui l'assaillait férocement. Heureusement, elle y réussit et adressa à son complice un regard éloquent.
Comment allaient-ils passer sans se faire remarquer?
Les lynx, plus d'une dizaine en tout, étaient dispersés dans toute la clairière, rendant impossible son accès.
Ils pourraient contourner les Quatre Chênes, mais rien ne laissait supposer qu'il n'y avait pas de lynx qui montaient la garde dans les alentours.
Cependant, il semblait qu'ils n'avaient guère le choix.
Lentement mais sûrement, ils se déplacèrent vers la direction du Clan du Tonnerre, veillant à ne faire aucun bruit pour ne pas alerter leurs ennemis.
Soudain, Aile d'Ébène s'arrêta brusquement, raide, et intima le silence à la chatte en mettant sa queue devant sa bouche.
Elle regarda par dessus son épaule pour voir ce qui avait causé ce changement d'attitude.
Trois lynx se tenaient là, assis dos à eux, leurs oreilles dressées afin de percevoir le moindre son.
Les deux alliés échangèrent un regard alarmé. Ils ne pouvaient pas tous les tuer sans faire de bruit.
- Tant pis, chuchota le guerrier à Lune d'Aurore. J'y vais, je suis le neveu de leur chef. Je les distrairai et tu en profiteras pour passer et courir.
- Non.
Lune d'Aurore secoua la tête. Elle ne pouvait pas l'abandonner. Il l'avait trahie, certes, mais il l'avait fait en ayant l'intention de la protéger. Maintenant, il se sacrifiait pour elle. Jusqu'où cette inconscience pouvait-elle aller? Mais surtout, quelles étaient les limites de son propre égoïsme? Elle se dégoûta elle-même en pensant qu'elle pourrait le faire. Elle pourrait le laisser là, le laisser se faire tuer ou pire, et s'enfuir en pensant que sa vie valait plus que celle d'Aile d'Ébène.
Après tout, ce n'étaient pas seulement leurs vies en jeu: l'était celle d'une nation entière. Malgré son affection pour lui, pouvait-elle vraiment gâcher la chance qu'il lui offrait de s'enfuir et d'aider les clans? La réponse se présenta à elle comme une évidence: non. Elle aimait Aile d'Ébène, mais elle avait eu raison depuis le début: elle n'aurait jamais dû se rapprocher de lui et se laisser distraire par ses sentiments. Elle en payait maintenant le prix amer. Ses émotions avaient un jour constitué sa force, mais ils étaient maintenant sa plus grande faiblesse.
- Lune d'Aurore...
Aile d'Ébène lui jeta un regard triste. Elle ne lui donna pas le temps d'argumenter:
- Tu as raison. Je dois le faire. Vas-y.
Les larmes aux yeux, elle les ravala en entendant le guerrier lui parler:
- Je t'ai aimée dès la première fois où j'ai posé mon regard sur toi, mais je t'aime plus profondément chaque jour. Mon amour, si tu savais comme j'ai souffert d'avoir trahi ta confiance. Le regard dans tes yeux à ce moment là...
Il secoua la tête.
- C'était le pire regard qu'on m'avait jamais jeté. Tu étais tellement déçue, tellement triste... J'ai tellement peur que tu me haïsses maintenant. C'était une mauvaise décision: je m'en rend compte maintenant, et je regrette tellement, si seulement tu savais... J'espère seulement que tu vas un jour me pardonner mes erreurs.
Lune d'Aurore tenta en vain de retenir ses larmes. Elles coulèrent, plus nombreuses que jamais, sur son museau.
Aile d'Ébène les recueillit de sa langue et posa sa truffe sur la sienne, sans cesser de la fixer dans les yeux.
- Je t'aime, dit-il comme un soupir.
- C'est déjà pardonné, murmura-t-elle.
Un poids dans la poitrine l'empêchait de respirer correctement. Elle ferma les yeux, se remémorant tous les moments qu'elle avait passés avec lui. Le jour où ils s'étaient rencontrés, alors qu'elle venait tout juste d'être baptisée novice, la première fois qu'ils s'étaient réunis aux Quatre Chênes. Cela semblait être si loin à présent, comme s'il s'agissait de la vie d'une autre. Pourtant, elle souffrait tant que ça ne pouvait qu'être la sienne.
Aile d'Ébène était parti: elle ne sentait plus sa chaleur réconfortante, plus qu'un grand vide en son sein. Un vide que rien ni personne ne pourrait jamais plus remplir.
Elle devait se ressaisir. Par son sacrifice, Aile d'Ébène lui avait prouvé son amour en lui offrant le plus beau des cadeaux: une chance de sauver ceux qu'elle aimait. Ses frères, sa soeur, ses neveux et nièces, Éclair d'Orage, Oeil d'Ambre, Étoile du Nord, et tout le reste des clans étaient encore en vie et avaient besoin de son aide. Alors, encore une fois, même si cela lui demanda une force surhumaine, elle se releva, puisant son énergie dans les pensées de ses proches, morts et vivants.
Sans regarder du côté des lynx, bien qu'elle entendît des cris et sentît une odeur de sang, elle s'élança ventre à terre vers leur camp de fortune.
Cependant, à la dernière seconde, elle ne put résister à la tentation de regarder une dernière fois Aile d'Ébène.
Grave erreur: entouré d'une dizaine de lynx qui se moquaient de lui, il semblait mal en point. À chaque fois qu'il essayait de porter un coup, il glissait dans la mare de sang à ses pattes.
Soudain, un lynx parut s'ennuyer de s'amuser avec lui et se décida à l'achever. D'un coup de patte, avec un air presque blasé, il entailla la gorge d'Aile d'Ébène . Celui-ci, l'air surpris, s'effondra au sol.
Il sembla un instant à Lune d'Aurore que son regard croisa celui, agonisant, de son ami. Puis la lumière quitta ses si beaux yeux bleus et ne revint pas.
Aile d'Ébène était mort.
Lune d'Aurore chassa ses larmes de rage et de tristesse et se remit à courir ventre à terre.
Son compagnon serait vengé. Elle s'en assurerait personnellement, dusse cela lui coûter la vie.
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Hellooo
Premièrement, désolée que ça m'ait pris aussi longtemps, surtout que le chapitre est plus court que d'habitude...
Deuxièmement... Je suis triste. J'ai vraiment hésité à faire mourir Aile d'Ébène... J'ai pleuré un minipeu en écrivant ce chapitre. Vous me direz votre opinion dessus.
Mes questions habituelles:
- La mort d'Aile d'Ébène? La réaction de Lune d'Aurore?
- Comment avez-vous trouvé ce chapitre? Comment imaginez-vous la suite?
- Aussi, à propos des dessins, je n'ai pas eu de réaction... Alors j'hésite un peu: on continue ou on laisse tomber?
- J'ai décidé de garder la deuxième couverture, même si vous étiez très partagés sur le sujet. J'espère que ça vous convient:)
Dernière chose: On a passé le cap des 3k vues!! C'est énorme, et c'est grâce à vous❤️
En passant les québécois, faites-moi signe! Qui d'autre a manqué de l'école aujourd'hui à cause du verglas??
Merci encore de me lire, n'oubliez pas de donner cotre avis❤️ Et un petit vote fait toujours plaisir:)
À plus et bisous,
lecrivaine123