Chapitre 62
- Espèce de lâche ! Arrête toi et bats-toi !
Âme songeur continuait de courir à travers la forêt, Carcasse étant toujours à sa poursuite. Le vent glacial fouettait son visage, la bouche entre ouverte, il haletait pendant sa course.
Le guerrier ne courait pas en ligne droite, il prenait des virages, déstabilisant le solitaire qui le poursuivait. Son regard se dirigeait rapidement partout autour de lui, observant les environs. Le solitaire qui se trouvait à ses arrières, continuait de crier des injures, toujours suivit par son subordonné un peu plus loin. Soudainement, Âme songeur sauta contre un arbre, se servant du tronc comme support pour se projeter à sa droite. Il continua de galoper, il avait gagné une certaine distance entre lui et le solitaire.
- Tu ne pourras pas t'enfuir ! Hurla le solitaire en essayant de le rattraper.
Âme Songeur continuait sa course sans lui prêter attention, cette fois, il courait en ligne droite.
Carcasse commençait à se rapprocher de lui, la distance qui les séparait diminuait au fur et à mesure que les secondes défilaient.
Une petite dune de neige se formait et se distinguait de plus en plus devant eux, Âme songeur ne dévia pas sa trajectoire et sauta par dessus le tas de neige. Il passa un regard par dessus son épaule, tout en continuant de courir. Carcasse sauta aussi par dessus le petit tas de neige, Âme songeur orienta de nouveau son museau devant lui, poursuivant sa course.
Soudain, un crissement métallique se fit entendre suivit d'un claquement aigu. Âme Songeur jeta un coup d'oeil derrière lui et aperçut l'accolyte de Carcasse écrasé entre les crocs métalliques du piège installé par les bipèdes. Il était mort sur le coup, bien trop faiblard pour résister à un tel choc.
Carcasse avait également regardé la provenance du bruit, il leva la tête vers son ennemi et ricana narquoisement.
- Tu crois vraiment pouvoir m'avoir avec ce genre de ruse ? Ha ha ... allons, c'est mal connaître ton ennemi.
Âme songeur resta concentré et ignora les moqueries de son poursuivant.
Une autre colline commençait à se distinguer, cette fois, plus imposante que la précédente.
- Ne sois pas ridicule, tu ne m'auras pas avec ce genre de piège !
Âme songeur grimpa vivement sur la colline, il creusa et se mit à sauter avec force.
Carcasse se rapprocha et sauta en direction d'Âme songeur qui esquiva en se plaquant contre le sol.
Carcasse revenait à la charge, déployant une patte garnie de griffes aiguisées.
Âme songeur roula sur le sol et détala avant que Carcasse n'eut le temps de l'atteindre.
Le sol commençait à émettre des petites vibrations. Brusquement, la neige qui recouvrait la petite colline fut projeté dans tous les sens. Un grand corps orangée se détacha de la blancheur, sa truffe balaya le sol enneigé et l'animal commençait à se déplacer agilement autour de lui. Son regard brun se posa ensuite sur les matous qui courait, il grogna et poursuivit à son tour les félins.
Carcasse fut surpris, un frisson de terreur parcourut le long de son échine. Âme songeur esquissa un léger sourire, le solitaire hurla en courant vers Âme songeur.
- Ne crois pas avoir gagné ! Quand je t'aurai attrapé, le renard s'occupera de toi à ma place ! Je te ferais tomber entre ses crocs.
Âme Songeur continuait de courir, il haletait. Il commençait à perdre de la vitesse, la cadence de sa course avait nettement diminué. Carcasse se rapprochait dangereuse de sa croupe, à son plus grand plaisir, il sortir les griffes et attendit d'être assez proche pour le faire basculer sur le sol.
Carcasse esquissa un sourire.
- Adieu ! Dit-il.
Le solitaire s'apprêta à plonger ses griffes dans la croupe du guerrier qui se trouvait désormais à quelques centimètres de son museau. Au moment où il allait lever ses deux pattes avant, il glissa et perdit l'équilibre.
Le mâle s'aperçut qu'il se trouvait sur une rivière gelée, dont la fine couche de glace qui la recouvrait était encore fragile. Il se leva sur ses pattes et de légers craquements se fit entendre. Carcasse essaya de rebrousser chemin, mais il remarqua très vite la présence du renard qui grognait au bord de la rivière. Il changea de direction et voulut atteindre l'autre côté de la rivière mais aperçut cette fois, le guerrier qui se dressait face à lui.
Les deux mâles se faisait face au milieu de l'eau gelée. Ils restèrent silencieux et s'affrontaient du regard, Carcasse émit un grognement sourd.
- Écarte-toi de mon chemin, misérable petite vermine.
- Sinon ? Que peux-tu faire à part me menacer ? Au moindre mouvement brusque, la glace se brisera et on y restera tous les deux.
- Raison de plus pour que tu me laisses passer. Lâcha froidement Carcasse.
- Oh non... tu n'as toujours pas compris ?
Le félin à l'oeil balafré ne disait rien, il observait simplement son ennemi. Soudain, son seul oeil visible s'écarquilla. Il pivota le museau vers le renard qui les attendait patiemment au bord de la rivière.
- Tu avais prévu ça depuis le début ! C'était ça ton plan ?
- En effet, je n'ai pas attiré ce renard pour avoir un ennemi supplémentaire à mes trousses, dit Âme Songeur en observant Carcasse durcir son regard, et tu étais tellement focalisé sur ma croupe que tu n'as pas remarqué où je t'emmenais.
- Tu m'as eu, avoua le félin, mais maintenant on est bloqué tous les deux. Ton petit stratagème n'aura servi à rien... .
Âme songeur ne répondit pas et se contenta d'un simple regard. Il leva le museau vers le ciel avant d'esquisser un léger sourire.
Carcasse écarquilla son oeil.
- Tu n'es pas fou ? Tu ne vas pas... ?
- Je suis un membre du clan de la foudre et je donnerai ma vie pour le protéger.
Il baissa son museau et observa le matou se pétrifier de peur.
- Je suis heureux d'avoir été dès leur.
- Non, arrête !
Âme songeur sauta sur la glace, atterrissant près de Carcasse. La glace se brisa dès l'instant où son poids percuta celle-ci et les deux matous plongèrent dans l'eau. Le courant les entraîna violemment au fond de la rivière, Carcasse percuta un rocher et se fit entraîner plus loin.
Âme songeur ferma les yeux, laissant les eaux déferlantes guider son corps.
Aaah... Les nuages... si tranquilles, si libres... j'aurai bien aimé être un nuage... .
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