VIII: C'est tout ce que je représente pour toi ?
Lidja regarda un oiseau s'envoler. Les cours sur l'histoire des arts ne la passionnaient guère et elle s'ennuyait beaucoup. À vrai dire, elle avait l'esprit occupé à autre chose. Un certain garçon brun monopolisait ses pensées et elle songeait au rendez-vous où elle allait se rendre lorsque la porte s'ouvrirait et lui offrirait sa liberté.
- Tu as l'air distraite, lui chuchota Violette.
- Hein? Non pas du tout!
- Je sais ce que je vois. Je sais aussi que tu me caches quelque chose, affirma-t-elle en souriant.
La blonde resta silencieuse. Elle avait le choix entre mentir et risquer de se faire découvrir ou dire la vérité mais assumer le fait que cela remonte aux oreilles de Lebrac.
- Tu es libre après les cours? Demanda la brune en changeant de sujet.
- Non désolé.
- Pourquoi ?
- J'ai un rendez-v... Commença la jeune fille en se ressaisissant au dernier moment.
- Je le savais, tu vois quelqu'un !
Évidemment, Violette avait tout calculé. Pour une fois, Lidja se maudit d'être devenue amie avec cette fille si intelligente.
- Bon, oui c'est possible, soupira la blonde.
- C'est qui? La taquina la brune.
- Ce détail là restera secret, mademoiselle l'inspectrice, plaisanta son amie.
- Je mènerai mon enquête, fais moi confiance !
- Non, il ne vaudrait mieux pas, crois moi!
- Mesdemoiselles, dîtes le moi si je vous dérange, déclara sèchement la professeur.
- Oups, excusez-nous madame ! Répondirent en chœur les deux jeunes filles.
Lorsque la sonnerie retentit, Lidja soupira. Enfin! Elle rangea ses affaires dans son sac et se leva. Violette s'approcha de son amie et lui tendit un livre.
- Qu'est-ce que c'est? Demanda la blonde.
- Un livre que ton frère m'avait demandé. S'il te plaît tu pourras lui donner de ma part?
- À ce que je vois je ne suis pas la seule à me rapprocher d'un garçon, répondit-elle en faisant un clin d'oeil.
- C'est ça, va à ton rendez-vous, rétorqua la brune en souriant.
- Juste, Violette... Est-ce que tu pourrais éviter d'en parler à Lebrac ? Je veux dire, de ce que je vais faire? S'il te plaît...
- Il est protecteur, n'est-ce pas? Il t'empêche d'avoir une relation ? Tu sais, je peux lui toucher deux mots s'il y a besoin !
- Non, ne t'en fais pas! C'est juste qu'ils ne s'entendent pas très bien. Et pour l'instant il n'y a aucune relation, on fait juste connaissance. C'est pour ça que je n'ai pas envie de compliquer les choses en en parlant à Lebrac.
- Je comprends. Profite bien !
- Merci!
Lidja sortit de la classe et feignit de rentrer chez elle. Mais lorsqu'elle passa près de la forêt, elle bifurqua et s'enfonça dans les bois. Elle n'avait plus qu'à espérer de ne pas croiser Lebrac. Sinon ça allait être compliqué de lui expliquer en étant crédible.
Finalement elle arriva près du lac et s'appuya délicatement contre un arbre, regardant s'il était déjà là. Mais ce n'était pas le cas, la jeune fille était bel et bien seule.
Elle sursauta en sentant des mains se poser sur ses hanches. Elle se retourna d'un bond et pointa un doigt accusateur vers l'Aztece.
- Je te préviens, refait ça une fois et ton espérance de vie va grandement rétrécir, le menaça-t-elle.
- Moi aussi je suis content de te voir, répondit-il en souriant.
La blonde leva les yeux au ciel mais ne put retenir un petit sourire en coin. Elle retira ses chaussures et profita de la sensation que lui procuraient ses pieds en entrant en contact avec l'herbe. Puis elle s'avança sur le ponton et s'assit tout au bout,les pieds dans l'eau. Elle pouvait sentir le regard de L'Aztec sur son dos.
- Tu viens? Lui lança-t-elle en se tournant vers lui.
- J'arrive.
Le brun la rejoignit et s'assit près d'elle.
- Alors, ta journée de cours s'est bien passée ? Demanda-t-il.
- On peut dire ça. Enfin, je m'ennuie. Comme d'habitude. Et toi?
- Une catastrophe, comme chaque jour.
- Pourquoi ?
- Mon professeur ne m'aime pas et je ne l'aime pas non plus.
- Je vois.
Les deux adolescents ne dirent plus rien pendant quelques instants.
- Tu as pas une idée de sujet de conversation ? Demanda finalement le jeune homme, embarrassé.
- Alors là ne compte pas sur moi, j'ai toujours été nulle pour engager une discussion. Et puis c'est toi qui m'a demandé de venir. Tu avais un truc à me dire en particulier ?
- Il faut avoir une raison particulière pour vouloir te voir ?
- Ce n'est pas ce que j'ai dit, rétorqua la jeune fille.
- C'est pourtant ce que tu insinues.
Lidja leva les yeux au ciel et soupira, exaspérée mais amusée.
- Tu sais que tu es insupportable? Demanda-t-elle avec un sourire.
- Tu as beau dire ça je sais que tu m'aimes bien, répondit-il avec un sourire en coin.
- C'est beau de rêver!
- Mais oui, bien sûr. En attendant je sais ce que tu penses, lui lança-t-il avec un air de défi dans le regard.
- Ha oui? Dis moi alors.
Il se redressa et prit une voix ridicule.
- Wahou, mais qu'est-ce qu'il est beau!
La blonde éclata de rire, surprise par cette phrase totalement insensée.
- Je ne pense pas du tout ça, rétorqua-t-elle après s'être calmée. À mon avis tu es plutôt suicidaire. Je suis une Lebrac au cas où tu l'aurais oublié !
- Je sais bien. Mais justement le défi est plus pimenté.
- Attends, sérieusement ? S'exclama la jeune fille. C'est tout ce que je représente pour toi, un défi ?
- Hein? Mais... Non!
- Tu as hésité. Moi qui pensais que tu étais différent des autres crétins de ce village, je me suis trompée, cracha la jeune fille en se levant.
- Je me suis mal exprimé, c'est tout. Et puis tu sais quoi? Si tu veux t'en aller, dégage, s'énerva-t-il à son tour.
- Ne t'en fais pas, je n'attendais pas ta permission.
Lidja attrapa son sac ainsi que ses chaussures, tourna les talons et s'en alla la tête haute, bien qu'elle se sentait humiliée. Un défi, c'était tout ce qu'elle était pour lui. Il ne s'était intéressé à elle que pour faire enrager Lebrac. Comment avait-elle pu être aussi naïve ?
L'Aztec rejoignit sa bande d'un pas rapide. Il se posait une question : était-il en colère contre Lidja pour avoir réagi comme cela ou contre lui-même pour avoir dit une chose totalement idiote? Maintenant, la jeune fille et lui étaient fâchés et elle avait dit des choses qui l'avaient blessé.
Lidja rentra chez elle et se précipita aussitôt dans sa chambre. Lebrac était sûrement dans leur repère, comme souvent après l'école.
La jeune fille fit ses devoirs puis se laissa tomber en travers lit, un livre à la main. Elle commençait à feuilleter les pages en se mettant les pieds sur le mur et la tête dans la vide.
- Lidja, je peux entrer? Demanda une voix douce.
La blonde leva la tête avec étonnement.
- Oui vas-y Maman.
La femme poussa la porte et entra, un petit plateau à la main. Elle s'approcha du lit et s'assit dessus. Sa fille se redressa avant de s'asseoir en tailleur à côté d'elle.
- Je t'ai apporté du chocolat chaud et quelques cookies, expliqua la mère. J'ai vu que ça n'allait pas fort quand tu es rentrée. Un chagrin d'amour je suppose ? Tu veux m'expliquer ?
- Ho, ça...
Lidja raconta la dispute à sa mère, sans malgré tout jamais prononcer le nom de l'Aztec.
- Tu ne l'as pas laissé s'exprimer ? Demanda finalement la femme.
- Non, répondit sa fille. Maintenant je me rends compte que ma réaction était totalement puérile...
- À mon avis tu devrais t'excuser. Ou au moins lui laisser sa chance. S'il s'intéresse vraiment à toi, il saura trouver les bons mots. Si son explication donne fausse, dans ce cas ne lui refais pas confiance.
- D'accord, merci de tes conseils Maman!
Elles se regardèrent en souriant tandis que Lidja buvait son chocolat chaud.
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