V: Qu'est-ce qu'elle fait là?

Nous étions samedi. Le soleil était haut dans le ciel et la vie battait son plein. Lidja faisait ses devoirs, assise dans le salon. Son père affûtait un couteau et sa mère cuisinait.

Soudain Lebrac fit son apparition. Tous ses boutons avaient disparus de ses vêtements. Ses bretelles tombaient et il tenait son pantacourt pour ne pas qu'il tombe. Le blond avait l'air en colère.

Son père se releva instantanément, défaisant déjà sa ceinture.

- Ho ho, murmura Lidja.

Elle savait ce qui allait suivre. Et elle savait que ça n'allait pas lui plaire. Avant que le blond ait pu réagir, l'homme l'attrapa au poignet et le projeta par terre. Sa ceinture s'abattit sur le dos de son fils.

Lidja regarda son frère. Les yeux de ce dernier lui interdisaient d'intervenir mais malgré tout, elle se leva. Elle s'interposa entre Lebrac et son père, les mains tendues en avant.

Mais le coup était déjà parti et la blonde sentit une vive brûlure dans la paume de sa main. Elle sera les dents sous l'effet de la douleur. Lorsqu'elle osa enfin regarder dans sa paume, elle vit une trace rouge ressortant sur la couleur de sa peau.

- Je t'avais demandé de ne pas t'interposer ! S'écria Lebrac.

- Désolé, c'était plus fort que moi, répondit-elle faiblement en souriant un peu.

Leur père s'écarta et sortit de la maison, énervé. Lebrac, quant à lui, monta dans sa chambre. Pour finir, Lidja s'avança vers la porte.

- Où vas-tu? Demanda gentiment sa mère.

- Au lac.

- D'accord, mais ne traîne pas trop.

La jeune fille sortit et alla directement au milieu des arbres. Elle marcha sans aucune hésitation, connaissant parfaitement chaque recoin de cette forêt, ayant joué dedans depuis qu'elle tenait sur ses deux jambes.

Elle atteignit rapidement le lac et s'en approcha. Elle s'allongea sur le ponton de bois pour pouvoir se pencher au maximum. Elle trempa sa main dans le lac et soupira de soulagement. L'eau apaisait la brûlure, à sa plus grande joie.

- Regarde qui est là ! S'exclama une voix.

- Wouah, je suis sûr que le chef sera content si on la lui ramène, répondit une autre.

La blonde se retourna et vit deux Velrans qui s'approchaient d'elle. La dernière chose dont elle avait envie à cet instant précis.

- Venez pas me prendre la tête c'est pas le moment, gronda-t-elle.

- On s'en tape, viens avec nous, ordonna un des deux garçons avant de l'attraper par le bras.

Il la tira et la força à se relever. L'autre la poussa pour qu'elle avance mais elle se dégagea et fit volte-face.

- Je sais marcher toute seule, merci, cracha-t-elle avec mépris.

Le plus jeune la regarda, impressionné. Elle se retourna et avança la tête haute, se faisant malgré tout guider par les deux garçons.

Ils arrivèrent dans une clairière au bout d'une dizaine de minutes. Les Velrans s'occupaient tous dans leur coin. Certain discutaient, d'autres comptaient les boutons...

L'Aztec était à droite, apprenant à des membres de son clan à se battre. Il était concentré, tenant un grand bâton entre ses mains. Il paraît aisément les coups de son attaquant et lui donna des conseils.

L'aîné des deux garçons poussa Lidja du bout de l'épée en bois qu'il tenait. Elle le foudroya du regard et avança. Les regards se braquèrent sur elle et elle n'aimait pas ça. Le chef leva la tête et la vit s'avancer vers lui.

- Ok, on fait une pause, annonça-t-il aux personnes qui l'entouraient.

Il alla ensuite à la rencontre des les nouveaux arrivants, sous le regard brûlant comme la braise de la blonde.

- Qu'est-ce qu'elle fait là? Demanda froidement l'Aztec.

- On l'a trouvé près du lac, on pensait que ça te ferait plaisir. Ça pourrait être un moyen de faire chanter Lebrac non? Proposa le plus âgé.

- Je m'occupe d'elle, déclara le chef.

Lidja le regarda froidement. Il s'enfonça dans la forêt.

- Tu viens? Demanda-t-il.

Elle le suivit et s'écarta du reste du groupe. Le garçon s'adossa contre un arbre tandis que la blonde s'assit sur un tronc d'arbre couché.

- Ça va? La questionna-t-il simplement.

- Ça allait jusqu'à-ce que ces crétins viennent m'énerver, répondit-elle sans ménagement.

- Ne parle pas comme ça d'eux,ce sont mes amis.

- Je m'en fiche éperdument.

- Qu'est-ce que tu faisais au lac?

- Je me changeais les idées.

- Tu as dit que ça allait. Mais quand ça va on n'a pas besoin de se changer les idées.

Elle le regarda et resta silencieuse.

- Tu me prouves donc que j'ai raison.

- Vous avez attaqué les Longevernes aujourd'hui, pas vrai ?

- Oui, et ce fut un succès, ricana-t-il.

Lidja le foudroya du regard et resserra sa main, sentant sa brûlure.

- Quoi? Tu nous en veux de toucher à ton frère ? Plaisanta-t-il.

- Tu ne comprends vraiment rien. Pour vous c'est une guerre pour s'amuser mais vous allez voir que ça va mal finir. Certains en sentent déjà les conséquences.

- Tu penses vraiment qu'on va provoquer une guerre ? Mais tu débloques!

- Et une fois de plus, tu es à côté de la plaque. C'est en faisant ce genre de jeux stupides qu'on se comporte comme l'occupant, déclara-t-elle.

Elle sentait la colère monter face à cette bataille totalement idiote. Au début elle avait trouvé ça drôle mais rapidement elle avait compris où ça les mènerait.

- Si tu le dis.

Il y eût un silence avant que la blonde ne pose une question :

- Tu vas faire quoi à mon sujet? Tu vas me laisser partir ou pas?

- Oui. Je vais bien trouver une excuse à leur balancer, dit-il en désignant son groupe.

- Dans ce cas j'y vais.

La jeune fille se leva et s'apprêtait à partir lorsque l'Aztec lui attrapa la main pour l'arrêter. Là où elle avait sa brûlure. Elle grimaça, retira aussitôt sa main et fit volte-face.

- Qu'est-ce que tu as? demanda-t-il.

- Ça ne te regarde pas! Cracha-t-elle. Je te l'ai dit, certains en sentent déjà les conséquences.

C'est sur ces mots sombres qu'elle s'en alla, laissant le chef des Velrans pensif. Elle rentra chez elle et aida sa mère à cuisiner. En attendant que le repas soit chaud, elle alla voir son frère. Elle toqua à la porte et entra. Elle s'adossa ensuite contre la porte, les bras croisés.

- Tes boutons, c'est un coup des Velrans. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle.

- Ils nous ont tendu une embuscade alors qu'on était inférieur en nombre, grogna-t-il.

- Tu te rappelles de la promesse que tu m'as faite?

- Celle de ne pas nous comporter comme l'occupant ?

- Oui. C'est vraiment important. Réfléchis à ce que je t'ai dit. Je sais, je me fais passer pour une rabat-joie mais je ne veux pas que ça dégénère d'accord ?

- T'inquiètes je comprends, répondit-il en souriant.

Elle s'assit sur son lit, à côté de lui, et devint sérieuse.

- Maintenant je vais te raconter un truc mais tu restes calme, ok?

- Heu... Ouais si tu veux.

Et elle lui raconta son excursion dans les bois et dans le camp ennemi, sans bien-sûr lui parler de sa discussion avec l'Aztec.

- Ces enflures de... Commença-t-il.

- Stop! Tu m'avais dit que tu resterais calme!

Il soupira et se tut, donnant l'impression de bouder.

- Demain après les cours on va dans les bois pour avancer la construction de notre cabane, tu viens avec nous? Proposa-t-il finalement.

- Avec plaisir ! Accepta-t-elle en souriant. Au fait on va manger, donc viens.

Ils descendirent tous deux dîner et la soirée se termina, pour une fois, sans aucunes disputes.

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