II: Pourquoi, tu es jaloux ?
Plusieurs jours avaient déjà passé depuis l'arrivée de Violette à Longeverne. La vie continuait, paisible et répétitive.
Lidja, elle, était en train de lire. Elle était assise sur un banc sous un platane. La place où elle se trouvait était déserte. Tant mieux. La jeune fille repensait à la discussion qu'elle avait eu quelques heures plus tôt avec Lebrac.
Elle venait de rentrer de la bibliothèque quand son frère l'avait interpellé, tout fier. C'est là qu'il lui avait annoncé qu'il avait créé un nouveau type de guerre: la guerre des boutons. Le principe ? Arracher tous les boutons des vêtements des Velrans.
Ce principe était assez ingénieux. Par contre la jeune fille sentait à plein nez les scéances de couture pour recoudre les boutons de son frère.
Un peu plus loin, les Velrans sortirent du bois. Ils étaient encore en colère contre Lebrac pour avoir humilié un membre de leur clan.
L'Aztec, le chef, était en soit assez content. Cette guerre des boutons était une bonne idée, une occasion de se venger et de faire payer l'adversaire.
La bande s'installa sur un banc, qui se trouvait lui aussi sur la place. Ils crurent d'abord que cette dernière était déserte jusqu'à-ce qu'ils aperçoivent Lidja, un air concentré sur le visage.
- Elle est quand même sacrément mignonne, remarqua un garçon.
- En plus elle est intelligente, continua un autre.
- Elle est parfaite, conclut un dernier.
L'Aztec foudroya ces garçons du regard.
- Nan mais regardez-vous, commença-t-il. Elle vous a jeté un sort ou quoi? Vous oubliez que c'est la sœur de Lebrac, notre ennemi.
- Pardon, dirent les garçons en fixant leurs pieds.
- Dans ce cas, c'est son seul défaut. Être là sœur de Lebrac, fit un autre d'un air rêveur.
- Et puis c'est pas en la fixant comme ça qu'elle va tomber dans vos bras, ricana l'Aztec.
- Qu'est-ce que tu en sais ?
- Vois-tu, les filles préfèrent les garçons qui les ignorent, qui font ceux qui ne s'intéressent pas.
- Et bien montre nous si tu t'y connais autant que ça.
- Très bien.
L'Aztec se leva et s'approcha de Lidja. La blonde était toujours en train de lire, priant intérieurement pour que les Velrans la laissent tranquille. Elle aurait pû partir, certes, mais ils auraient cru qu'elle n'était qu'une plume mouillée. Hors Lidja était tout le contraire, elle ne fuyait jamais devant une difficulté.
L'Aztec s'approcha et posa un pied sur le banc, d'un air sûr de lui. Pour toute réponse, Lidja leva vers lui un regard dédaigneux qui le déstabilisa.
- L'Aztec, constata la jeune fille avec mépris.
- Lidja, lui répondit-il.
- Pour quel plaisir viens tu me voir, ironisa-t-elle.
- Pour rien.
- Dans ce cas laisse moi lire.
- Tu lis quoi?
- "L'Odyssée" d'Homère.
- C'est quoi?
- Tu connais pas ?! Et bien ça ferait pas de mal à ta culture générale.
- Ça te dérange pas que des garçons te fixent comme ça?
Il désigna d'un signe de tête sa bande, observant et guettant leurs moindres faits et gestes mais visiblement sans pouvoir entendre ce qu'ils se disaient.
- Honnêtement je m'en fiche. Pourquoi, tu es jaloux? Le défia-t-elle.
- Absolument pas. De toute façon tu n'es pas mon genre, je préfère les brunes, fit-il sur un ton moqueur.
- Tant mieux. Toi tu es assez mignon, mais c'est vraiment ta seule qualité.
Elle ferma son livre, se leva et épousta légèrement sa jupe.
- Bon tu me pardonneras mais j'aimerais éviter de pourir ma journée en parlant avec des personnes dans ton genre.
Sur ce la jeune fille s'en alla, son livre sous le bras.
De son côté l'Aztec se tourna vers sa bande et, d'un signe de tête, leur fit croire que c'était bon. Ils le regardèrent d'un air admiratif, comme s'il avait réussi l'impossible.
Lidja, quant à elle, rentra chez elle. Elle se remit à lire puis s'assit à son bureau et écrivit dans son journal. Elle y racontait sa vie et elle faisait le point sur l'avancement de la guerre. Elle espérait que quand la France serait libérée, car elle savait que cela arriverait, elle le publierait ou elle le relirait pour se rappeler de tout.
La nuit tomba vite. Lidja entendit son frère rentrer et une dispute éclater. Elle descendit précipitamment les escaliers et vit que son frère avait des boutons multicolores.
Lidja comprit aussitôt et soupira. Une fois de plus, ce fut elle qui calma le jeu. Elle s'arrangea pour que son frère s'en sorte indemne.
Une fois que cela fut fait, elle soupira et remonta dans sa chambre. Elle finit sa journée en rêvassant devant des partitions de piano. Depuis combien de temps n'avait-elle pas touché à un piano?
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