Chapitre 16
Devant nous, les montagnes nous contemplaient d'un air menaçant. Cependant notre chemin suivait un creux profond et nous ne voyions donc que les épaulements les plus élevés et les cimes lointaines à l'est.
Puis nous finîmes par arriver à un brusque tournant. Là, la route, qui avait viré vers le sud entre le bord du lit et un éboulis escarpé à gauche, tournait pour se diriger de nouveau vers le plein est. En dépassant le coin, nous pouvions voir devant nous un petit escarpement de quelque cinq toises de haut, au sommet inégal et déchiqueté. Par-dessus, un filet d'eau gouttait par une large entaille, qui paraissait creusée par une cascade jadis forte et abondante.
- Les choses ont vraiment bien changé! dit Gandalf. Mais il n'y a pas à se tromper sur l'endroit. Voilà tout ce qu'il reste des Chutes de l'Escalier. Si je m'en souviens bien, elles étaient là, à côté des marches creusées dans le roc, et la route principale partait en serpentant sur la gauche et montait par plusieurs lacets jusqu'au terrain plat du sommet. Une vallée peu profonde montait au-delà des chutes jusqu'aux Murs de la Moria, et le Sirannon y coulait, longé par la route. Allons voir comment les choses se présentent aujourd'hui!
Les marches de pierre furent trouvées sans difficulté, et Gimli les grimpa vivement, suivi de Gandalf et de Frodo. Arrivés au sommet, ils constatèrent qu'ils ne pouvaient aller plus loin par-là, et la cause de l'assèchement de la Rivière de la Porte nous fut révélée.
Derrière nous, le soleil couchant emplissait le ciel frais de l'ouest d'une faible lueur dorée. Devant, s'étendait un lac sombre et dormant. Ni le ciel ni le soleil couchant ne se reflétaient à sa morne surface. Le Sirannon avait été obstrué, et il avait empli toute la vallée. Au-delà de l'eau sinistre, s'élevaient de vastes escarpements aux faces rébarbatives et blafardes dans la lumière évanescente: finals et infranchissables. Je ne pu déceler dans la pierre hostile aucun signe de passage ou d'entrée, nulle fissure ou crevasse, même avec mes yeux d'elfe.
- Voilà les Murs de la Moria, dit Gandalf, désignant l'autre côté de l'eau. Et c'est là que se trouvait jadis la Porte, la Porte Elfique au bout de la route de Houssaye par laquelle nous sommes venus. Mais cette voie est barrée. Aucun membre de la Compagnie ne voudrait, je pense, franchir à la nage cette eau sombre à la fin du jour. L'aspect en est malsain.
- Il faut trouver un chemin contournant l'arête nord, dit Gimli. La première chose à faire pour la Compagnie, c'est de grimper par le chemin principal pour voir où il nous mènera. Même s'il n'y avait pas de lac, on ne pourrait faire grimper cet escalier par notre poney de charge.
- Mais de toute façon nous ne pouvons emmener cette pauvre bête dans les Mines, dit Gandalf. La route sous les montagnes est ténébreuse, et il y a des endroits étroits et escarpés par lesquels elle ne peut passer, même si cela nous est possible à nous.
- Ce pauvre vieux Bill! dit Frodo. Je n'avais pas pensé à cela. Et le pauvre Sam! Je me demande ce qu'il va dire.
- J'en suis navré, dit Gandalf. Le pauvre Bill a été un compagnon utile, et c'est un crève cœur de l'abandonner maintenant. J'aurais voyagé avec moins de bagages et je n'aurais emmené aucun animal, et encore moins celui ci que Sam aime tant, si j'avais pu faire comme je l'entendais. Je craignais dès le début que nous ne soyons obligés de prendre cette route.
La journée tirait à sa fin, et les froides étoiles brillaient çà et là dans le ciel bien au-dessus du soleil couchant, quand la Compagnie, après avoir escaladé les pentes avec toute la célérité possible, atteignit le bord du lac. En largeur, il ne paraissait pas mesurer plus de deux ou trois furlongs à l'endroit le plus étendu. Jusqu'où il allait vers le sud, je ne pouvais le voir dans la lumière défaillante, mais l'extrémité nord n'était pas à plus d'un demi mille de l'endroit où nous nous trouvions, et entre les crêtes rocheuses qui enclosaient la vallée et le bord de l'eau, il y avait une bande de terre libre. Nous reprîmes vivement la marche, car il y avait encore un mille ou deux à parcourir pour atteindre le point de la rive opposée que visait Gandalf, et après quoi, il fallait encore trouver les portes.
En arrivant au coin le plus septentrional du lac, nous nous trouvions devant une étroite crique qui nous barrait le passage. Elle était verte et stagnante, tendue comme un bras vigoureux vers les collines encerclantes. Gimli avança sans se laisser décourager, et il constata que l'eau était peu profonde, ne dépassant pas la cheville sur le bord. Nous marchâmes à la file derrière lui, nous faufilant avec soin, car, sous les mares remplies d'herbes, se trouvaient des pierres grasses et glissantes, et l'assiette de pied était traîtresse. Je frissonnais de dégoût au contact de l'eau sombre et sale sur mes pieds. Alors que Sam, le dernier de la Compagnie, faisait remonter Bill de l'autre côté, un son léger se fit entendre: un bruissement, suivi d'un plouf, comme si un poisson eût troublé la surface immobile de l'eau. Me retournant vivement, je vis des rides que l'ombre, dans la lumière évanescente, bordait de noir, de grands cercles partaient en s'élargissant d'un point situé au loin dans le lac. Il y eut un bruit de bulles, puis ce fut le silence.
L'obscurité s'épaissit, et les derniers rayons de soleil couchant furent voilés de nuages. Gandalf pressa alors le pas, et la Compagnie suivit tant bien que mal. Nous atteignîmes la bande de terrain sec qui s'étendait entre le lac et les falaises. Elle était étroite, mesurant souvent à peine douze yards de large, et encombrée de pierres et de roches tombées, mais Gandalf y trouva un chemin, tout contre l'escarpement, en se tenant le plus loin possible de l'eau sombre. A un mille au sud le long de la rive, je pu apercevoir du houx. Des chicots et des branches mortes pourrissaient dans les bas-fonds, restes, semblait-il, d'anciens halliers ou d'une haie qui bordait autrefois la route traversant la vallée noyée. Mais tout contre la falaise, se dressaient, encore forts et vivants, deux grands arbres, plus gros que tous les houx que je n'eus jamais vus ou imaginés. Les amples racines s'étendaient du mur jusqu'à l'eau. Sous les falaises dressées dans le crépuscule, ils avaient paru, vus de loin du haut de l'Escalier, n'être que de simples buissons, mais à présent, ils dominaient les têtes, raides, noirs et silencieux, projetant de profondes ombres nocturnes autour des pieds des voyageurs, et ils se dressaient comme des colonnes gardant le bout de la route.
- Eh bien, nous y voici enfin! dit Gandalf. Ici se terminait la route elfique de Houssaye. Le houx était le signe des gens de ce pays, et ils le plantèrent ici pour marquer la fin de leur domaine, car la Porte de l'Ouest fut faite surtout à leur usage, pour leur commerce avec les Seigneurs de la Moria. C'étaient alors des temps plus heureux, où il régnait encore parfois une amitié étroite entre gens de race différente, même entre les Nains et tes Elfes.
- Le déclin de cette amitié ne fut pas le fait des Nains, dit Gimli.
- Je n'ai jamais entendu dire que ce fût la faute des Elfes, dit Legolas.
Je soupirais, comme si c'était le moment ! Même si j'étais plutôt d'accord avec Legolas.
- Moi, j'ai entendu dire les deux, fit Gandalf, et je ne vais pas porter de jugement maintenant. Mais je vous demande en tout cas à vous deux, Legolas et Gimli, d'être amis et de m'aider. J'ai besoin de tous deux. Les portes sont fermées et cachées, et plus tôt nous les trouverons, mieux cela vaudra. La nuit est imminente! Se tournant vers les autres, il poursuivit
- Pendant que je chercherai, voulez-vous tous faire vos préparatifs pour entrer dans les Mines? Car je crains qu'ici il ne nous faille dire adieu à notre bonne bête de charge. II faut abandonner une bonne partie de ce que nous avions emporté pour nous protéger des rigueurs du temps: vous n'en aurez pas besoin à l'intérieur, ni, je l'espère, lorsque nous serons arrivés de l'autre côté et que nous descendrons dans le Sud. Au lieu de cela, chacun de nous devra prendre une part de la charge du poney, en particulier de la nourriture et des outres.
- Mais vous ne pouvez pas abandonner le pauvre vieux Bill dans cet endroit perdu, monsieur Gandalf! s'écria Sam, irrité et malheureux. Je ne peux pas l'admettre, un point c'est tout. Après être venu si loin, et tout!
- Je suis navré, Sam, dit le magicien. Mais quand la Porte s'ouvrira, je ne crois pas que vous serez capable de traîner votre Bill à l'intérieur, dans la longue et ténébreuse Moria. Il vous faudra choisir entre Bill et votre maître.
- Il suivrait monsieur Frodo dans un antre de dragon, si je le lui demandais, dit Sam, protestant. Ce ne serait rien de moins qu'un assassinat que de le lâcher dans la nature avec tous ces loups qui rôdent.
- Ce ne sera pas un assassinat, je l'espère, dit Gandalf. Il imposa la main sur la tête du poney et parla à voix basse:
- Va t'en protégé par des mots de garde et de gouverne, dit-il. Tu es une bête sagace et tu as beaucoup appris à Fondcombe. Suis les chemins qui te mèneront aux endroits herbeux et arrive ainsi en fin de compte à la maison d'Elrond ou à tout lieu où tu voudras aller. «Voilà, Sam! il aura tout autant de chances que nous d'échapper aux loups et de rentrer chez lui»
Sam, debout l'air maussade à côté du poney, ne répondit rien. Bill, qui semblait bien comprendre ce qui se passait, se serra contre lui, fourrant le nez contre son oreille. Sam, éclatant en sanglots, se mit à fourrager dans les courroies et à décharger tous les paquets du poney, qu'il jetait à terre. Les autres trièrent les articles, mettant en tas tout ce qui pouvait être laissé là et répartissant le reste. Cette opération achevée, ils se retournèrent pour observer Gandalf. Il paraissait n'avoir rien fait. Il se tenait entre les deux arbres, le regard fixé sur le mur uniforme de la falaise, comme s'il voulait y forer un trou avec ses yeux. Gimli allait de place en place, frappant le rocher de sa hache. Legolas était collé contre la paroi, comme s'il écoutait quelque chose. Aragorn me regarda, comme pour savoir si ils arrivaient à quelque chose.
- Voilà, nous sommes tous prêts, dit Merry, mais où sont les Portes? Je n'en vois aucune trace.
- Les Portes des Nains ne sont pas faites pour être vues quand elles sont fermées, dit Gimli. Elles sont invisibles, et leurs propres maîtres ne peuvent les trouver ni les ouvrir quand le secret en est oublié.
- Mais cette Porte n'a pas été faite pour être un secret connu des seuls Nains, dit Gandalf, s'animant soudain et se retournant. A moins que les choses ne soient entièrement bouleversées, les yeux qui savent quoi chercher peuvent découvrir les signes.
Il s'avança vers le mur. Juste au milieu de l'ombre des arbres, il y avait un espace lisse, sur lequel il passa les mains en murmurant quelque chose à voix basse. Puis il se recula.
- Regardez! dit-il. Ne voyez-vous rien maintenant?
La lune éclairait à présent la face grise du rocher, mais ils ne virent rien de plus pendant un moment. Puis, lentement, sur la surface où le magicien avait promené ses mains, des lignes apparurent faiblement, comme de minces veines d'argent courant dans la pierre. Ce ne furent au début que de pâles filandres, si fines qu'elles ne scintillaient irrégulièrement que là où la lune les frappait en plein, mais elles se firent d'instant en instant plus larges et plus nettes, jusqu'au moment où l'on put en deviner le tracé. Au sommet, aussi haut que pouvait atteindre Gandalf, se trouvait un arc de lettres intersectées en caractères elfiques. En dessous, bien que les fils fussent par endroits estompés ou entrecoupés, se voyait le contour d'une enclume et d'un marteau surmontés d'une couronne avec sept étoiles: En dessous encore, il y avait deux arbres, portant chacun un croissant de lune. Plus nette que tout le reste, brillait au milieu de la porte une unique étoile à multiples rayons.
- Ce sont les emblèmes de Durïn! s'écria Gimli.
- Et voilà l'Arbre des Hauts Elfes! dit Legolas.
- Et l'Étoile de la Maison de Fëanor, ajoutais-je. Ils sont faits d'ithildïn, qui ne reflète que la lumière des étoiles et de la lune et qui dort jusqu'au moment où il est touché par quelqu'un du Milieu. Il y a bien longtemps que je n'en ai plus entendu parlé...
- Quel âge avez vous exactement ? Demanda Pippin.
Je le regardais, surprise par la question, mais sans répondre. En vérité, je ne le savais pas moi-même.
- Que dit le texte? demanda Frodo, qui s'efforçait de déchiffrer l'inscription portée sur l'arc. Je croyais connaître les lettres elfiques, mais je ne puis lire celles-ci.
- Les mots sont en langue elfique de l'Ouest de la Terre du Milieu dans les Temps Anciens, répondis-je. Mais elles ne révèlent rien d'important pour nous. Elles disent seulement ceci: Les Portes de Durïn, Seigneur de la Moria. Parlez, ami, et entrez. Et en dessous est inscrit en petits et faibles caractères: Moi, Narvi, je les ai faites. Celebrimbor de Houssaye a gravé ces signes.
- Que signifie: Parlez, ami, et entrez? demanda Merry.
- C'est assez clair, dit Gimli. Si vous êtes un ami, donnez le mot de passe, les portes s'ouvriront et vous pourrez entrer.
- Oui, dit Gandalf, ces portes sont sans doute gouvernées par des mots. Certaines portes de nains ne s'ouvriront qu'à des moments particuliers, et d'autres ont des serrures qui nécessitent encore des clefs alors que le moment et les mots sont connus. Celles-ci n'ont pas de clef. Du temps de Durïn, elles n'étaient pas secrètes. Elles restaient généralement ouvertes sous la surveillance de gardiens.. Mais, si elles étaient fermées, quiconque connaissait le mot de passe n'avait qu'à le prononcer pour entrer. C'est tout au moins ce qui est rapporté, n'est ce pas, Gimli?
- Oui, dit le nain. Mais le souvenir du mot ne s'est pas perpétué. Narvi, son art et tous ceux de son genre ont disparu de la terre.
- Mais vous, ne savez-vous pas le mot, Gandalf? demanda Boromir, étonné.
- Non, dit le magicien.
Les autres eurent l'air consterné, seul Aragorn, qui connaissait bien Gandalf, et moi, comme à mon habitude, restâmes silencieux et impassibles.
- Alors, à quoi bon nous amener en cet endroit maudit? s'écria Boromir, qui frissonna en jetant en arrière un regard sur l'eau sombre. Vous nous avez dit que vous étiez passé une fois par les Mines. Comment cela s'est-il pu, si vous ne savez pas comment entrer?
- La réponse à votre première question, Boromir, dit le magicien, est que je ne connais pas encore le mot. Mais nous verrons bientôt. Et, ajouta t'il, avec un éclair de sous ses sourcils hérissés, vous pourrez demander à quoi bon mes actes quand ils se seront révélés vains. Quant à votre autre question: doutez-vous de mes dires? Ou avez-vous perdu toute faculté de raisonnement? Je ne suis pas entré par ici. Je venais de l'Est. «Si vous voulez le savoir, je vous dirai que ces portes s'ouvrent en dehors. De l'intérieur, on peut les ouvrir d'une poussée de la main. De l'extérieur, rien ne les fera bouger hormis la formule voulue. On ne peut les forcer vers l'intérieur.
- Qu'allez-vous faire, alors? demanda Pippin, sans se laisser démonter par les sourcils hérissés du magicien.
- Cognez sur les portes avec votre tête, Peregrïn Touque, dit Gandalf. Mais si cela ne les fracasse pas et qu'on me libère un peu des questions stupides, je chercherai à trouver la formule d'ouverture. «Je connaissais jadis toutes les incantations usitées à pareille fin dans toutes les langues des Elfes, des Hommes ou des Orques. Je m'en rappelle encore bien deux centaines sans me creuser la cervelle. Mais il suffira de quelques essais, je pense, et je n'aurai pas à recourir à Gimli pour certains mots de la langue secrète des Nains qu'ils n'enseignent à personne. Les mots d'ouverture étaient elfiques, comme l'inscription de l'arc: cela paraît certain. Il s'avança de nouveau vers le rocher et toucha légèrement de son bâton l'étoile d'argent qui se trouvait au centre, sous l'emblème de l'enclume
- Annon edltellen edro hi commen! Fennas nogothrim, lasto beth lammen! dit-il d'une voie autoritaire.
Les lignes d'argent s'évanouirent ma' pierre grise et nue ne bougea pas. Maintes fois, il répéta ces mêmes mots dans un ordre différent avec des modifications. Puis il essaya d'autres incantations, l'une a l'autre, parlant un moment plus vite et plus haut, et, le nom suivant, d'une voix douce et lente. Puis il essaya un grand nombre y mots isolés de la langue elfique. Rien ne se produisit. Le sommet de la falaise disparut dans la nuit, les étoiles innombrables s'allumèrent, le vent devint froid, mais les portes demeurèrent fermement closes. Gandalf s'approcha encore une fois du mur et, les bras levés, il parle d'une voix de commandement, emplie d'une colère grandissante:
- Edro, edro! s'écria t'il, frappant le roc de son bâton. Ouvre Ouvre-toi! cria t'il, et il fit suivre le même ordre dans toutes les langues qui furent jamais parlées à l'Ouest de la Terre du Milieu. Puis il jeta sa baguette sur le sol, et s'assit en silence. A ce moment, le vent venu de loin apporta à leurs oreilles attentives le hurlement des loups. Bill le poney eut un soubresaut de peur, et bondit à son côté pour lui murmurer doucement à l'oreille.
- Ne le laissez pas s'enfuir! dit Boromir. Il semble que nous alla avoir encore besoin de lui, si les loups ne nous découvrent pas. Que, je hais cet étang infect!
Il se baissa pour ramasser une grosse pierre, qu'il jeta au loin dans l'eau. Elle disparut avec un léger claquement, mais il y eut en même temps un bruissement et une bulle. De grandes ondulations circulaires se formèrent à la surface au-delà de l'endroit où était tombée la pierre' et elles s'avancèrent lentement vers le pied de l'escarpement.
Mais je n'y prenais pas garde. Je réfléchissais à l'énigme que nous posais la porte. En général, les réponses les plus simples étaient souvent les bonnes. Je marmonnais alors les inscription dans leur langue de base.
- Qu'as-tu dis ? Me demanda Gandalf.
- Et si le mot de passe était simplement le mot demandé ? Dis-je.
M'avançant alors vers la porte, je posais ma main droite sur la pierre et prononçai
- Mellon !
L'étoile brilla un court instant et s'estompa de nouveau. Puis silencieusement, une grande porte se dessina, bien que jusqu'alors aucune fente ou joint n'eût été visible. Elle se divisa avec lenteur en son milieu et s'ouvrit vers l'extérieur centimètre par centimètre jusqu'à ce que les deux battants fussent repliés contre le mur. Par l'ouverture, se voyait un sombre escalier qui grimpait en pente rapide, mais au-delà des premières marches, les ténèbres étaient plus profondes que la nuit. La Compagnie écarquilla les yeux d'étonnement.
- J'avais tort après tout et Gimli aussi, dit Gandalf. Merry, qui l'eût cru? était sur la bonne piste. Le mot d'ouverture était inscrit depuis le début sur l'arc! La traduction aurait dû être: Dites «Ami» et entrez. Il m'a suffi de prononcer le mot elfique pour ami, et les portes se sont ouvertes. C'est tout simple. Trop simple pour un maître du savoir en ces temps de méfiance. C'étaient alors des jours plus heureux. Félicitation Lainceleg ! Vous nous avez sans doute évité de longues heures de réflexion. Et maintenant, allons!
S'avançant, il posa le pied sur la première marche. Mais à ce moment plusieurs choses se produisirent. Frodo fut saisit par la cheville, et il tomba avec un cri. Bill le poney poussa un furieux hennissement de peur, pivota et s'enfuit dans les ténèbres le long du lac. Sam bondit à ses trousses, puis, entendant le cri de Frodo il revint au pas de course, pleurant et jurant. Les autres se retournèrent vivement, et ils virent les eaux du lac bouillonner, comme si une armée de serpents s'avançaient à la nage de l'extrémité sud. Hors de l'eau avait rampé un long tentacule sinueux, il était vert pâle, lumineux et humide. L'extrémité munie de doigts avait saisi le pied de Frodo et l'entraînait dans l'eau. Sam, à genoux, le tailladait à coups de couteau. Le bras lâcha Frodo, et Sam tira celui ci en arrière, appelant à l'aide. Vingt autres bras sortirent, onduleux. L'eau noire bouillonna, et une horrible puanteur s'éleva.
- Par la porte! Montez l'escalier! Vite! cria Gandalf, revenant d'un bond. Nous arrachant à l'horreur qui semblait nous avoir tous enracinés dans le sol, hormis Sam, il nous entraîna en avant. Il n'était que temps. Sam et Frodo n'avaient gravi que quelques marches et Gandalf venait de commencer à grimper, quand les tentacules tâtonnants franchirent en se tortillant la rive droite et se mirent à palper le mur de la falaise et les portes. L'un d'eux se faufila sur le seuil, luisant à la lumière des étoiles. Gandalf se retourna et s'arrêta. S'il cherchait le mot capable de refermer la porte de l'intérieur, l'effort était inutile. De nombreux bras serpentins saisirent les portes de chaque côté et, avec une force horrible, les firent pivoter. Elles se refermèrent avec un écho fracassant, et toute lumière disparu et un bruit d'arrachement et d'écrasement vint, amorti, à travers la pierre massive.
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