Chapitre 3 :

On bondit comme des diables à ressort dans le Cercle. Ma dague percute la sienne et la dévie en plein air. La surprise me porte un coup à la poitrine. Il a aussi des dagues ! Ça ne peut pas être un hasard, ils l'ont mis contre moi exprès, je réalise. Je plonge sur le côté pour rattraper ma dague et lance Kyrtós.

L'homme la bloque d'une deuxième arme aussi acérée que la première. Je saute, me retourne et me réceptionne derrière lui. Son arme de jet rencontre dans un crissement métallique Évrostos. Il résiste, mais je suis en position de force et mon arme continue sa course et entaille sa joue.

Il se recule brusquement en lançant sa dague. Je l'esquive de justesse d'un salto arrière, roule sur le sol sableux et me relève. On se regarde en chiens de faïence. Il essuie le sang qui perle de sa pommette, et sourit.

- Tu es aussi rapide que ce que l'on dit.

Les Muets ne devraient pas être autorisés à parler. J'essuie ma lame sur ma tunique. Je ne suis pas là pour faire la causette.

- Et aussi amicale, je grogne.

Je bondis, pivote en l'air et lance mes trois dagues d'un coup. Il dégaine les siennes. J'esquisse un sourire en pensant à l'air coriace que se donne cet adversaire.

Il se reçoit mon premier coup de poing dans l'abdomen, mon deuxième dans le foie et il se recule à temps pour ne pas se prendre le troisième dans la mâchoire. D'un bond, il se place hors d'atteinte en grognant et en pressant la main sur son ventre, mâchoire serrées. Son regard se pose sur les trois armes plantées dans l'arbre derrière lui et il semble enfin comprendre. Ses yeux se plissent.

- Tu voulais juste me distraire...

Je les arrache du tronc et les fait tourner dans mes mains. Bonne analyse, mais trop tardive. Il tousse et se plie soudain en deux. Je plisse le nez, perplexe. Je l'ai frappé à l'abdomen et au foie, deux points douloureux du corps, néanmoins ça suffit pas à mettre à terre un combattant entraîné. A-t-il des antécédents ? A-t-il menti sur sa forme pour pouvoir se battre ? Je tends l'oreille sans toutefois m'approcher, méfiante. Je fronce les sourcils. Les arbitres sont là pour siffler lorsque la blessure est trop grave ou qu'on est hors d'état de combattre. Or je n'entends rien d'autres que sa toux. Ils ont dû juger qu'il pouvait encore se battre. J'hésite. Je répugne à l'attaquer dans cet état, mais je finis par m'avancer. J'ai besoin de gagner.

Soudain, une ombre s'enroule avec un claquement sec autour de ma cheville. Une douleur aiguë me transperce brutalement la jambe et je tombe au sol. La douleur me cisaille la peau. Je lâche une exclamation et vois un fouet enroulé autour de ma cheville. L'appui qu'il tripotait ! Mais quelle imbécile !

Je roule sur le flanc mais mon adversaire me plaque au sol, plante sa dague dans mon épaule et la tourne et la retourne dans ma chair. Je m'arc-boute brusquement au sol en hurlant. Folle de douleur, j'envoie de violents coups de pied en l'air pour l'éloigner. Il saute en arrière en abandonnant son arme. Une bouffée de chaleur m'étouffe.

Je me redresse sur les coudes, haletante. La tête me tourne. Je lutte pour reprendre mes esprit et compresse la blessure d'une main. Le plus gros risque, c'est l'hémorragie. Le sang coule entre mes doigts et me force à presser plus fort. Son odeur métallique me remplit les narines. Je grimace. Pas le temps d'improviser un bandage. J'arrache la lame de mon épaule en grognant, ça fera couler plus de sang mais me battre avec un manche qui dépasse de mon épaule offrirait une trop bonne prise à mon opposant.

Ne reste pas au sol !

Je serre les dents et me force à me relever.

Au même moment, ses muscles se crispent très légèrement. Sans réfléchir, je plonge à terre. Deux dagues sifflent à mon oreille, et la douleur explose quand mon épaule cogne le sol. Je roule sur le côté en grognant et esquive un deuxième coup de fouet de justesse. Je dois lui enlever son joujou tout de suite.

Je dégaine Leptó et la lance de mon bras intact. Mon arme cingle sa main et il lâche la corde meurtrière avec une exclamation de douleur. Il se précipite pour la ramasser, mais je la rafle avant qu'il ne l'attrape. Le combattant se recule en lançant une deuxième dague. Mon cœur rate un battement. Je l'attrape d'une main et la lui renvoie d'un même geste. Il se baisse brusquement. La dague passe au-dessus de lui, se perdant dans un buisson épais en coupant les feuilles sur son passage. Je presse plus fort ma main sur mon épaule.

Bien. Une arme en moins. Il en lance aussitôt deux autres et recule rapidement. Un éclat cuivré à leur pommeau m'alerte.

Celui de deux balles explosives.

Mon souffle se bloque. Je me retourne aussitôt et sprinte. La peur me donne un coup de pied au cul. Il n'avait pas qu'un appui, mais deux ! Le souffle de l'explosion me projette brutalement en l'air avec une détonation assourdissante. Je fais un roulé-boulé au sol et me relève en toussant, aveuglée par le nuage de poussière.

Un raclement de chaussure sur ma droite.

Je m'accroupis brusquement et esquive le coup de pied de mon adversaire. Je m'appuie au sol de mes mains et lui en renvoie un qu'il bloque d'une jambe. Mon épaule blessée tremble, la douleur la perfore de part en part. Mon sang hurle à mes tempes. Je halète. Je ne vais pas pouvoir tenir longtemps comme ça.

Il essaye de me frapper d'un coup de coude dans la gorge, je le bloque de mon bras sain en me relevant et d'une torsion de hanche et me coule sur le côté en envoyant frapper mon genou dans son estomac. Il titube. J'enchaîne avec un crochet à la poitrine qu'il contre de deux bras croisés. Il riposte d'un coup de poing, mais je bondis au-dessus de sa tête, me réceptionne accroupie derrière lui et d'un large mouvement circulaire au ras du sol, je lui fauche les jambes en grimaçant, obligée de m'appuyer de tout mon corps sur ma cheville blessée.

Il tombe et se rétablit d'une roulade au sol. Je plonge sur lui avant qu'il puisse se relever, pressée d'en finir, mais il lance deux armes blanches dans ma direction et j'exécute un tunnel flip dans lequel elles passent au travers.

Ses yeux s'ouvrent en grand.

Mon pied le percute de plein fouet, le projetant à l'autre bout du cercle. Il se relève en titubant, mais je l'ai déjà rejoint et j'enchaîne deux autres crochets à la poitrine. Il s'efforce de les bloquer, néanmoins le choc l'assomme à moitié.

Trempée de transpiration, je saute et lui donne un coup de pied retourné en pleine mâchoire. Il chancelle et bascule en arrière, inconscient. Je retombe derrière lui et glisse aussitôt mon bras valide sous ses épaules pour l'empêcher de tomber. Je souffle sous son poids. Il est pas tout léger sur mon épaule entamée ! Je relève la tête en rejetant mes cheveux en arrière et j'appuie deux doigts sur sa gorge en signe de victoire. Un filet de transpiration coule sur mon cou.

Un sifflement puissant retentit soudain, mettant fin au combat. Le soulagement me prend. Je ferme brièvement les yeux. Ce n'est pas encore aujourd'hui que je me retrouverais dans le brancard des perdants.

Les spectateurs tambourinent plus fort sur les sièges en scandant mon nom. Je vacille. Leur brouhaha me fend la tête en deux. J'ai envie de leur hurler de la fermer. Deux infirmières arrivent avec un brancard et emportent mon adversaire vers la sortie des soins. Je me redresse, mais titube. J'ai du mal à m'appuyer sur ma cheville et mon épaule pisse le sang. Le monde tourne autour de moi. Je dois me camper fermement sur mes jambes pour qu'il se stabilise et je presse plus fort ma main contre mon épaule.

Je prends quelques secondes pour reprendre mon souffle, rengaine mes dagues dans leurs fourreaux et soulève précautionneusement le tissu ensanglanté de ma tunique. Un violent coup de chaud me monte à la tête. Petite mais profonde, la chair est déchiquetée et trempe dans un bouillon de rouge. Eh bien, Aron va encore se plaindre que je salis la chambre. Au moins, l'os n'est pas touché. Je grogne, enlève péniblement mon tee-shirt et le noue solidement autour de mon épaule comme bandage de fortune. Les sifflets redoublent dans les gradins. La moitié d'entre eux sont des hommes. Je tourne les talons et me dirige vers la porte sans leur accorder un seul regard.

Soudain, un éclat étrange, presque ambré, me fait lever la tête.

Je plisse des yeux, grogne et entre dans la pénombre. J'ai vraiment perdu trop de sang.




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Hi ! Voici donc le cinquième chapitre, que j'ai beaucoup modifiée et changée en prenant en compte tout vos commentaires sur les précédents chapitres ! Place à l'action, il était temps ^^

N'hésitez pas à commenter. Dites moi tout ! ;)

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