Avant-première du tome 2 :

Des yeux. Dorés. Identiques aux miens.

Le flash disparaît et j'ouvre brusquement les yeux en prenant une grande inspiration. Je les referme aussitôt et ma bouche se crispe sous l'effort. Je serre fort les paupières pour essayer de retrouver cette image mais elle s'estompe de ma mémoire comme de la fumée.

J'entends un bruit de craquement. Je sursaute, baisse brusquement les yeux et découvre une déchirure là où je serre les draps. Je soupire, ferme les yeux et les lâche.

C'étaient mes yeux. J'en suis sûr. Ils m'appartenaient. Et pourtant, j'ai l'impression que ce ne sont pas les miens. Une sensation perturbante de familiarité se diffuse dans mon corps. Je fronce les sourcils. Aurais-je déjà rêvé de cela ?

- Mademoiselle Shari. Mademoiselle ! m'appelle une infirmière.

Je résiste à ouvrir les yeux en me demandant pourquoi toutes les infirmières disent tout le temps "mademoiselle". Il n'y a qu'elles qui m'appellent comme ça, on me nomme plus souvent Rafale ou Guéparde Dorée que ce surnom ridicule.

Je ne donne aucun signe pour continuer à chercher cette image, mais l'infirmière me secoue l'épaule avec une force étonnante pour sa voix douce. Ne jamais se fier aux apparences.

- Mademoiselle !

Agacée, je grogne et me dégage d'un coup d'épaules sec. Je me résous néanmoins à abandonner mes recherches, pour le moins aujourd'hui. Je rouvre les yeux. Le regard angoissé de l'infirmière deviens soulagé. elle sourit et lève la main pour nettoyer mon visage avec une compresse imbibée d'un liquide à l'odeur de mélisse.

- Vous êtes enfin réveillée ! (oui, enfin j'ai pas vraiment eu mon mot à dire là-dessus) Venez, le proviseur vous attends dans son bureau.

Qu... oh. Je me rappelle d'un coup l'atterrissage de l'hélicoptère, nous qui montons dedans et soudain la voix glacé qui s'est élevé derrière nous, faisant aussitôt baisser ma température. "Je vois que vous êtes tous plus ou moins saufs...." Je n'en avais pas cru mes yeux. Il ne se déplace presque jamais. Comment se faisait-il qu'il soit là dans cet hélicoptère, pour seulement trois élèves ?

J'ai voulu parler mais il m'a réduit au silence d'un regard. Je ne l'avais jamais vu aussi hors de lui. En fait, je ne l'ai jamais vu hors de lui tout court. Une brusque embardée de l'hélicoptère m'avait projeté durement contre une paroi, et ma vue s'était brouillée. J'avais évité le savon, finalement. Enfin, plus pour longtemps, apparemment...

Un gros mal de crâne s'enracine dans ma tête. Je grimace. J'avais vraiment pas besoin de ça en plus des courbatures. Je ricane intérieurement. Mon corps a pas apprécié le tête-à-tête avec la mort durant la course pour échapper à l'avalanche. Je peux pas lui en vouloir, moi-même je ne savais pas si elle allait me laisser partir à la fin. Comme quoi, la Mort n'est pas si cruelle qu'on le croit.

Je me redresse et me résout à me lever. Je balance mes jambes sur le côté et me lève d'un coup. Un vertige me prends aussitôt et me force à me cramponner au dossier de la chaise à côté. L'infirmière m'attrape le bras et me stabilise. Je grogne, réticente à me voir dans un état physique si faible, mais je ne peux pas faire l'aveugle devant l'évidence. J'ai besoin d'aide pour rester debout.

Ouch. Abuser pendant si longtemps et si fort de ma vitesse de pointe m'a vraiment diminué. J'attends que la nausée passe puis me relève avec prudence et le peu de fierté qu'il me reste. Super. Je sens que je vais apprécier l'allée jusqu'au bureau de Mr. Jamal. L'infirmière me lâche et dit :

- Faites attention, votre corps a encore des séquelles. Soyez prudente.

Ah bon ? J'avais pas percutée !

Je grommelle un "oui merci" parce qu'avoir des patients aussi mal léchés que moi toute la journée mérite de la reconnaissance, et je pars prudemment alors qu'elle me suit de près. Je lève les yeux au ciel mais ne fais aucun commentaire.

Des dizaines de lits presque tous occupés et séparés entre eux par des rideaux noirs défilent devant mes yeux. Un novice avec un plâtre, un autre avec un bandage au ventre, une Brise avec la jambe sur-élevé. Là où un infirmier s'occupent généralement de chacun, je repère de loin un essaim d'infirmiers et d'infirmières massés autour d'un lit. Le pauvre doit être dans un sale état.

J'arrive à leur hauteur. Le personnel soignant s'active frénétiquement, transpirants et rouges comme si ils étaient là à s'agiter depuis des jours. J'entraperçois un visage livide portant un masque à oxygène.

Mes jambes ralentissent. Mes yeux restent fixés sur le lit. J'aperçois du coin de l'œil les lèvres de mon infirmière qui bougent et semblent me dire quelque chose. Mais je ne l'entends plus. Je n'entends plus rien.

Car cette personne allongée sur le lit, c'est Ash.

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Hi ! Voilà donc l'avant-première du tome 2 qui sortira fin septembre ! Encore plus de suspens, encore plus de lecteurs pas content... yes ! ;) Ce tome 2 sera assez mouvementé, hé hé !

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