27. Klara

Klara passa le reste de la matinée dans le mobil-home. Elle pensa vaguement à s'enfuir mais elle décida finalement que ce n'était pas une bonne idée. On finirait par la retrouver de toute façon et ce serait pire. Et puis, même si elle avait un peu de mal à se l'avouer, sa famille lui manquait.

Elle expliqua la situation à Lumière une fois qu'il fut rechargé. À sa grande surprise, celui-ci étendit sa petite main et lui effleura le bras. On aurait dit qu'il était triste pour elle, qu'il voulait faire quelque chose pour la consoler. Klara en fut très touchée.

- Mes parents vont probablement me garder enfermée dans ma chambre jusqu'à mes 18 ans, ajouta-t-elle piteusement. Je suppose qu'ils te rendront ton petit robot. Dommage, j'aurais aimé te le rendre moi-même. Je pourrais te mettre un mot mais je sais pas écrire. Tu crois qu'il me laisseront te parler par skype ? Juste pour te parler en vrai une fois, tu vois ?

Lumière hocha la tête. Klara ne le savait pas mais dans sa chambre à Songibaud, Anna appelait sa mère et lui posait des questions. Elle avait quelque chose d'important à lui demander.

*

Dans la matinée, Fabienne entra dans le mobil-home, suivie de près par les parents de Klara. En voyant leur mine sévère, celle-ci hésita. Allaient-ils l'engueuler devant cette parfaite inconnue ? Mais la mère courut vers elle et la serra dans ses bras sans dire un mot.

- Klara, t'étais où ? demanda son père d'une voix entrecoupée.

- J'étais...

Elle ne termina pas sa phrase car une gifle venait de partir. Hébétée, Klara regarda fixement sa mère. Celle-ci était en larmes.

- Comment t'as pu nous faire ça ? cria-t-elle. On était morts d'inquiétude !

- Maman...

Klara baissa la tête pour cacher ses propres larmes. Une vague de culpabilité la submergeait. Elle n'aurait jamais dû partir.

- J'allais pas bien... murmura-t-elle.

- Il faut nous en parler quand ça va pas bien !

Klara acquiesça en silence. Un long moment s'écoula. Le père n'avait pas fait un geste : pour lui, faire des câlins, c'était déplacé. La mère dût lui faire signe pour qu'il prenne aussi Klara dans ses bras, ce qu'il fit maladroitement.

Enfin, le père se recula et alla droit vers Fabienne.

- Merci de nous l'avoir gardée, dit-il. Et on est désolé.e.s qu'elle vous ait embêté.es.

- Elle ne nous a pas embêté.es, protesta Fabienne. Vous savez, beaucoup d'enfants de son âge s'intéressent au cirque et nous, on adore ça.

C'était un mensonge pieux et Klara s'en doutait. Elle avait bien vu que Fabienne avait été contrariée par sa présence ici. Poliment, elle récita une excuse et ses parents l'entraînèrent dehors.

Le début du trajet retour se déroula dans un silence pesant. Papa conduisait et Maman envoyait des textos. Klara regardait le paysage qui défilait par la fenêtre, dépitée. Quel triste fin pour cette aventure.

- On décidera de ta punition ce soir, énonça enfin la mère. On va rentrer à la maison, tu vas prendre une douche, changer de tenue et ensuite, tu t'excuseras auprès d'Anna.

Anna ?!! Klara ne connaissait personne qui portait ce nom ! Elle fouilla dans sa mémoire un moment avant de demander :

- C'est qui, Anna ?

- La fille à qui tu as volé ce jouet.

- Je ne l'ai pas volé, rectifia Klara. Je l'ai trouvé dehors, c'est tout. J'avais prévu de le lui rendre et je suis désolée s'il lui a manqué.

- D'accord. Tu le lui diras.

Klara resta muette encore un moment. Finalement, le père prit la parole :

- A ton avis, quelle punition mérites-tu ?

Elle réfléchit un moment. À la télé, quand une fille était punie, on la privait de shopping, de soirées entre filles, d'argent de poche ou on lui retirait son téléphone portable. Or, elle n'avait ni téléphone portable, ni meilleure amie et les sorties shopping ne l'avaient jamais intéressée de toute façon. Sa seule passion, c'était le sport.

- Privez-moi de football, dit-elle enfin.

- Tu es sûre ?

Le père se demandait si cette punition ne serait pas excessive. En effet, Klara aimait le foot plus que tout. En outre, elle aurait vraiment besoin d'être socialisée et le football était un sport d'équipe, ce qui, d'après beaucoup de gens, aidait à l'insertion sociale. Il valait peut-être mieux la priver d'autre chose.

- Ouais. Tous les autres joueurs me détestent de toute façon et Mamie... Madame Cassegrain ne veut plus de moi dans l'équipe.

Les parents étaient surpris. En effet, l'entraîneuse de Klara l'avait toujours considérée comme une bonne joueuse, quoiqu'un peu impulsive. Qu'avait-il donc bien pu se passer ?

- On lui parlera, d'accord ? suggéra la mère. Je suis sûre qu'on peut trouver un terrain d'entente.

Klara acquiesça et ne prononça plus un mot de tout le trajet.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top