13. Klara


Ce matin-là, juste après être partie pour l'école, Klara fit mine d'avoir oublié un de ses livres et fit demi-tour. Elle se cacha dans une petite rue et attendit que la voie soit dégagée. Ensuite, elle retrouva la maison, récupéra ses rollers, qu'elle avait cachés au fond du jardin, et elle partit, impatiente de retrouver le cirque à Milanville.

Elle descendit la rue en rollers, joyeuse. Elle ne savait pas encore très bien comment elle allait se débrouiller pendant ces prochains jours mais cela ne faisait rien. Elle se débrouillerait. Quand on ne sait pas bien lire, il faut savoir improviser.

Elle avait parcouru à peine quelques mètres quand elle aperçut quelque chose de surprenant un peu plus loin. Un chat gris et blanc se prélassait, ventre en l'air, juste à côté de ce qui semblait être un petit jouet. Elle s'approcha et le chat s'enfuit. Curieuse, elle se pencha et attrapa le petit objet.

Il s'agissait d'un robot grand comme deux fois sa main. Une ampoule électrique lui servait de tête. Klara le regarda sous toutes les coutures, émerveillée. Il n'y avait de marque nulle part, ce n'était donc probablement pas un jouet fabriqué dans une usine. L'ampoule avait l'air d'une vraie ampoule, achetée au supermarché du coin et on pouvait voir les soudures aux articulations. Quelqu'un avait sûrement passé beaucoup de temps à le bricoler.

Klara regarda autour d'elle, espérant voir la personne qui l'avait perdue. La rue était déserte. Elle pensa à chercher un peu mais se ressaisit. Il fallait qu'elle parte le plus vite possible, chaque seconde comptait. Elle fourra donc le petit jouet dans son sac à dos et repartit.

Au bout d'un moment, elle réalisa que quelque chose bougeait dans son sac. Elle supposa d'abord qu'un de ses frères et sœurs y avait mis une souris ou un gros rat pour lui faire une blague. Furieuse, elle s'assit sur le bord du trottoir et vida son sac à côté d'elle.

C'était le petit jouet qui gigotait.

Médusée, elle l'attrapa et le tourna de tous côtés, cherchant un interrupteur. Il n'y en avait pas. Perplexe, elle essaya de lui dévisser la tête. Le petit bonhomme gigota encore plus fort. Elle lui revissa son ampoule et le jouait hocha la tête.

On aurait dit qu'il comprenait ce qu'elle faisait.

- Tu... tu es vivant ? demanda-t-elle, troublée.

Le jouet agita son index. Ça devait vouloir dire non.

- Tu m'entends ?

Il hocha la tête, puis secoua son index. Purée, ça ne voulait rien dire.

- Tu as un nom ?

Il hocha la tête mais ne fit rien d'autre. Évidemment il ne pouvait pas lui dire son nom.

- En attendant de savoir comment tu t'appelles, je vais t'appeler Lumière, d'accord ?

- Oui.

- Moi, c'est Klara.

- Oui.

- Quelqu'un t'a perdu ?

- Oui.

- Écoute, Lumière, je n'ai pas le temps de chercher la personne qui t'a perdu. Je dois aller rejoindre ma nouvelle famille. Quand je l'aurai trouvée, je t'enverrai ici par la poste, d'accord ?

- Non.

- Il y a des gens qui vont mourir si je ne cherche pas tes propriétaires tout de suite ?

- Non.

- Alors je t'embarque.

Sur ce, elle fourra Lumière dans son sac malgré ses protestations silencieuses, puis repartit à fond de train. Il fallait qu'elle longe la route qui bordait la forêt avant de rejoindre la ville suivante sur le trajet du cirque, celle de Milanville. En bus, ça irait vite.

Sauf que le chauffeur de bus risquait de la reconnaître et d'appeler la police. Elle irait à pieds. Mieux, elle allait traverser la forêt à pieds afin de passer inaperçue le plus longtemps possible.

À la lisière du bois, elle retira ses rollers et hésita. Si elle les mettait dans son sac, ils risquaient d'abîmer Lumière au moindre faux mouvement. Elle retira donc le petit jouet du sac et décida de le tenir à la main.

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