Chapitre 36

Je fus propulsée au sol à vive allure. La traversée de cette sphère colorée ne se fit pas en douceur, du moins pas pour moi qui n'avait pas l'habitude d'un tel voyage. Je m'affalais lamentablement au sol, pourtant, avant même de me redresser, je savais où nous étions. Si Millie ne m'avait tenue que quelques secondes, cela avait suffi pour que je sache à quoi m'attendre. Je ne contrôlais certes plus mon pouvoir, mais au moins il était une source d'informations considérable.

Balthazar apparu à son tour, suivi de près par Millie. Tous les deux arrivèrent sur leurs deux jambes contrairement à moi. Le vortex se mit alors à rétrécir, mais avant de se refermer, un fauteuil fit son apparition, accompagné de quelques livres projetés à toute vitesse. Millie et Balthazar ne s'attendaient apparemment pas à ça et les reçurent de plein fouet. Le passage se referma ensuite comme s'il avait été aspiré par l'air ambiant. C'était assez déroutant. Même si à présent j'évoluais dans la magie, j'étais toujours aussi déconcertée par ses effets.

Je regardai Millie se plaindre. Elle avait reçu le fauteuil en plein dos, ce qui l'avait fait tomber au sol. Je le reconnus aussitôt, c'était celui de la bibliothèque. Mon cœur se serra, quelqu'un l'avait propulsé dans le vortex et, en mon for intérieur, je savais que cela ne pouvait être qu'une seule personne. Une personne qui n'avait pas eu le temps d'arriver avant qu'il ne se referme et qui, dans un dernier élan, y avait jeté ce qu'il pouvait. Une personne qui faisait tout son possible pour me retrouver et sans doute m'empêcher de partir.

Yaël. Il était là, dans ce Palais. Je n'avais aucun doute. Il m'avait rejoint. Et je ne pouvais que l'imaginer, en ce moment même, seul, dans cette bibliothèque que je venais à peine de quitter. Sans lui.

Yaël...

Retrouve-moi.

Tu es le seul qui puisse nous sauver. Tu es l'Élu.

Balthazar me sortit de mes pensées en me prenant par le bras pour me relever. Mes visions revinrent aussitôt. Je voyais tout. Je connaissais tout de lui. Les images m'envahissaient à une vitesse incroyable. Je ne discernais plus la réalité. J'étais totalement aspirée par l'esprit de Balthazar. Je ne contrôlais absolument rien. Il fallait absolument qu'il me lâche. Mon corps se mit à trembler sans que je ne puisse l'empêcher. Balthazar raffermit son emprise pour me maintenir debout.

- Qu'est-ce qu'elle a ? s'inquiéta-t-il.

Je ne vis pas Millie approcher, néanmoins je la sentis me toucher. Mon don se démultiplia avec force et je me perdis dans des souvenirs qui n'étaient pas les miens. Mes yeux durent se révulser si j'en crois Balthazar qui était à l'évidence de plus en plus inquiet de mon état.

Ils durent enfin se décider à me lâcher, puisque la pression de leurs mains sur mon corps disparut. Pour autant, les images, elles, ne s'arrêtèrent pas, comme si je les avais absorbées. Des milliers de visions me parcouraient, je n'arrivais même plus à déterminer qui elles concernaient, si elles reflétaient le présent ou le passé, tout était flou. Elles m'avaient totalement paralysée, assaillie de toute part, comme si je n'étais qu'un réceptacle.

- Que lui avez-vous fait ?

Je reconnus la voix de Mélinda et je fus soulagée de la savoir en vie. Mais j'étais incapable de lui répondre. J'étais comme dans un autre monde. J'avais encore la conscience de mon corps et de l'espace qui m'entourait, mais je n'étais plus vraiment là. Mon âme était aspirée par celles des autres.

Je sentis alors de nouveau une personne me saisir le bras et cette étreinte fut pour moi le coup de grâce. Les couleurs des images cessèrent pour ne laisser place qu'au noir et je m'évanouis sous le poids de ma propre magie.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top