Chapitre 7

J'étais dans mes pensées lorsque j'empruntai le chemin du retour vers notre table. Je n'aperçus pas la silhouette tapie dans l'ombre. Un homme surgit brusquement devant moi, et la surprise faillit me faire perdre l'équilibre.

- Luka ! Tu m'as fait peur ! m'écriai-je.

Il ne s'en excusa pas. Il me dévisagea, sans rien dire. J'avais l'impression qu'il cherchait à lire dans mes pensées et il me mit tout aussi mal à l'aise que tout à l'heure. Pourtant, je n'arrivais pas à rompre cet affrontement silencieux. C'est lui qui y mit fin.

- Où as-tu eu ce collier ? me demanda-t-il.

Ça avait le mérite d'être direct. Un peu trop sans doute.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? répliquai-je.

Il ne se formalisa de mon ton hargneux.

- J'ai volé ce collier pour une autre.

Quoi ? Il l'avait volé ? Mais de quoi me parlait-il ?

- Ce collier m'appartient, affirmai-je.

Je mis automatiquement ma main sur la pierre comme pour la protéger. Mon geste le fit sourire. Le mien disparut totalement lorsque je vis mon collier se matérialiser dans la paume de sa main. Il s'approcha de moi et enroula la chaine autour de son doigt, laissant ainsi la pierre suspendue sous mes yeux ahuris. Il ne chercha nullement à me cacher ce qu'il venait de me dérober, bien au contraire, et finalement, il déposa le bijou au creux de ma main.

- Alors, prends-en soin, me murmura-t-il.

Et puis, il partit. Il disparut comme il était venu, il me laissa là, totalement désemparée par ce qu'il venait de se produire.

Luka venait de me prouver qu'il avait déjà été en possession de mon collier. C'était peut-être même pour cela qu'il ne s'était pas approché de moi tout à l'heure et qu'il avait gardé ses distances. J'étais ainsi certaine qu'il n'avait pas eu l'occasion de le toucher et qu'il l'avait donc nécessairement déjà eu entre les mains auparavant. Une question s'imposait forcément à moi : Luka connaissait-il ma mère ?

Le rire cristallin d'Anya me sortit de mes pensées.

- Ah, Izi, tu n'aurais pas vu Stan ? me demanda-t-elle. Il déteste danser et disparaît toujours à ce moment-là, mais ce soir je compte bien le trouver et le forcer à m'accorder une danse !

- Désolée, je ne l'ai pas vu, mais demande à Sylvia, elle pourra sans doute t'aider. Ou peut-être que Joachim a entendu quelque chose !

- Merci, tu as raison je vais demander à Sylvia, je gagnerai du temps et puis Joachim n'est pas là de toute façon !

- Joachim n'est pas à la Grand'Astrée ? m'empressai-je de la questionner.

- Non, il déteste ces fêtes, il n'y vient jamais. Je te laisse, je crois apercevoir Sylvia.

Joachim n'était pas à la Grand'Astrée. Ça, c'était une information importante. Mon espion principal n'était pas là. Je n'avais plus aucune hésitation, il fallait que je parle à Yaël. Maintenant !

Je me glissai parmi la foule pour le rejoindre à notre table. Par chance, Yaël y était toujours. Il était en pleine discussion avec Misha. Je n'étais pas étonnée de les voir ensemble, j'étais cependant curieuse de ce qu'ils se disaient. Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais persuadée qu'ils parlaient de moi, j'avais cependant d'autres priorités en tête.

- Je m'excuse Misha, mais je dois te l'emprunter, dis-je en désignant Yaël.

Je ne demandai leur avis ni à l'un ni à l'autre. Je glissai ma main dans celle de Yaël et le dirigeai vers notre chez nous.

- Que se passe-t-il ? s'inquiéta Yaël.

- Je dois te parler.

- Maintenant ?

- Oui.

- Tu choisis vraiment mal tes moments Izi, me gronda-t-il en s'arrêtant.

Je pensais qu'il me suivrait sans hésiter, je m'étais dit qu'il devait attendre ce moment, qu'il devait être curieux, qu'il espérait que je me livre enfin à lui. Je m'étais apparemment trompée.

- Demain, je ne pourrais sans doute plus tout t'expliquer, dis-je les dents serrées, essayant de ne rien révéler de mon agacement aux gens qui nous entouraient.

Il me regarda et finit par me dire.

- Accorde-moi une heure.

- Une heure !? m'excédai-je.

- Si tu veux qu'on soit tranquille, je dois saluer certaines personnes, sinon on me cherchera.

- Je préférerais ne prévenir personne et qu'ils ignorent tout de ton absence.

- Et comment comptes-tu réaliser cet exploit Izi ? Ils vont forcément se poser des questions. Nous allons retourner à notre table, discuter, nous conduire comme les deux jeunes mariés que nous sommes et notre départ n'aura alors rien de curieux.

Ce n'était pas ce que j'avais imaginé et je n'appréciais pas son ton autoritaire, mais il avait sans doute raison, il valait mieux ne pas être dérangé et le principal était qu'il accepte d'avoir cette discussion. J'ajoutai cependant.

- Fais-en sorte qu'Aequor ne se doute de rien.

Il me scruta et hocha simplement la tête en signe d'accord.

Il me fit passer par la piste de danse et en profita pour me faire valser autour de lui. Après simplement quelques pas de danse, il se rapprocha de mon corps et murmura à mon oreille.

- Tu m'avais manqué.

Je n'eus pas le temps de lui répondre qu'il posa ses lèvres sur les miennes pour m'offrir un baiser doux et savoureux. S'il savait combien il m'avait manqué lui aussi. S'il savait combien ça a été difficile de ne rien lui dire, de le faire souffrir, d'être distante.

Il glissa sa main sur ma hanche, se faufilant sous le tissu de ma robe par l'ouverture plongeante qu'offrait mon dos nu. Son contact m'électrisa immédiatement. Ressentait-il la même chose ? Est-ce que lui aussi se sentait-il comme aimanté par moi ? Est-ce que c'était la magie qui nous unissait qui me faisait ressentir ces choses ou simplement l'amour ?

De retour à notre table, je constatai qu'Anya avait retrouvé Stan. Ils n'étaient néanmoins pas sur la piste de danse et je me demandai si ce dernier allait céder. Pour le moment, rien ne le laissait présager et je ne pouvais que remarquer la mine renfrognée d'Anya.

Sylvia et Yärl étaient également là, par contre Eléanore et Bastien avaient laissé leur place à Mischa et Stella. Je n'étais pas spécialement proche de Stella et je me demandais souvent si elle me reprochait ma proximité avec Misha. Il n'y avait évidemment rien entre nous, mais je dois bien admettre que je passais beaucoup de temps seule avec lui et j'aurais compris si elle m'avait avoué que cela la dérangeait. Or, elle n'en fit jamais rien. 

Yaël occupa la conversation, je me contentai de hocher la tête ou de prononcer quelques mots d'acquiescement pour aller dans son sens. Je n'avais pas du tout la tête à converser, je pensais uniquement à ce que j'allais lui dire et je me mis à compter les minutes qui me séparaient de ce moment.

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