Chapitre 51

- J'aurais dû le tuer de mes mains quand j'en ai eu l'occasion ! s'écria Yaël.

Mon époux tournait en rond dans la pièce depuis que je l'avais rejoint et expliqué la situation. Il avait dû mal à canaliser sa colère ou sa frustration, je ne savais pas trop. Il avait toujours su garder son calme dans les situations critiques, mais là il avait clairement des envies de meurtre et le fait que je lui interdise, le mettait à fleur de peau.

- Il nous sera plus utile vivant que mort, tentai-je de l'apaiser en faisant référence à Chase.

- En quoi ? Nous avons des espions dans tous les recoins du Palais.

- Mais pas un seul n'est un chasseur du Prince.

- Si le vent tourne, il nous trahira dès qu'il en aura l'occasion.

- Je sais.

Cet aveu sembla le calmer. Je n'avais pas non plus une haute estime de Chase. Il m'avait séquestrée deux fois après tout !

Quand j'avais révélé à Yaël que Chase m'avait enlevée de sa propre initiative, il avait été surpris. Il n'avait pas envisagé cette possibilité ou du moins il avait dû croire que c'était sous l'ordre du Prince que l'on avait agi.

- Tu ne veux vraiment pas me montrer ton enlèvement ? me demanda-t-il.

- Non.

Je ne pouvais pas lui montrer ça, je ne voulais pas qu'il sache que j'avais cru mourir, que je lui avais dit adieu et que j'avais abandonné le combat. Il n'insista pas. Il me regarda avec un regard noir, mais je savais que cette noirceur ne m'était pas destinée.

- Le jour venu, il mourra de ma main, assura-t-il.

J'acquiesçai, je savais qu'il ne pouvait en être autrement et une partie de moi réclamait vengeance.

- Izi, quand je n'ai pas réussi à percevoir ta lumière..., commença-t-il avec désespoir. Tu sais, j'ai cru que...

- J'étais morte, finis-je pour lui.

Il releva la tête, surpris.

- Non, jamais ! Ce lien qui nous unit, il fait partie de nous. Si tu meurs un jour, c'est une partie de moi qui s'éteindra. Je le saurai à la seconde même. Et ce sera la même chose pour toi s'il devait m'arriver quelque chose, m'informa-t-il.

- Je l'ignorai, confessai-je. Qu'as-tu cru alors ?

Il hésita un instant.

- Que tu étais partie... Que c'était trop pour toi... Que tu avais volontairement dissimulée ta lumière pour que je ne te retrouve pas...

Il avait cru que je l'avais abandonné. Je ne pouvais même pas lui en vouloir...

- Je te promets que je ne vais nulle part sans toi, Yaël.

- Tu m'as déjà fait une promesse similaire si je me souviens bien.

Oui et je ne l'avais pas tenu, j'avais déjà décidé de m'éloigner de lui à deux reprises. Il m'avait un jour confié qu'il avait l'impression que depuis que nous nous étions rencontrés, je lui échappais constamment, quoi qu'il fasse.

- Je tiendrai celle-ci, lui promis-je.

- Je l'espère, dit-il simplement. Viens là.

Il me prit dans ses bras et déposa quelques baisers sur le haut de mon crâne comme il avait pour habitude de le faire, mais cette fois-ci, je ne savais pas s'il cherchait à me rassurer ou à se rassurer lui-même.

- Je suis allé voir Isaïah, me chuchota-t-il. J'espérais te trouver là-bas.

Je m'écartai de ses bras pour le regarder dans les yeux.

- Comment va-t-il ? m'empressai-je de lui demander.

- Je te montre ?

J'acceptai avec joie. Il me manquait tellement. Les quelques images que Yaël m'offrit me firent un bien fou, pourtant elles étaient teintées de tristesse et d'inquiétude. Yaël ne pouvait pas me dissimuler les sentiments liés à ses souvenirs. Il avait été déçu de ne pas me trouver dans la maison de Mélinda et je sentais peser sur lui le poids de ma disparition.

- Merci, chuchotai-je.

Il caressa ma joue et captura une larme que je n'avais pas réussi à retenir.

- Yaël, si Chase est au courant de l'existence des astréiens...

- Storm le sait aussi, finit-il.

- Oui et ils savent que les pierres bloquent nos pouvoirs. Cela peut être problématique. Comment a-t-il fait pour se procurer cette pierre ? demandai-je plus pour moi-même que comme une véritable question.

- Kamilla a plusieurs siècles d'existence, elle a eu le temps d'en créer plus d'une !

- Il va falloir se méfier.

- Je préviendrai les astréiens, me rassura-t-il.

- Quelles sont les nouvelles du Palais ?

- Il est en pleine ébullition. La mort des cavaliers rouges a été un signal fort. Ils essaient de calmer le vent de révolte qui s'est insufflé dans tout le royaume. Ton nom est sur toutes les lèvres, ma reine.

- Pourquoi personne ne nous a prévenus de l'attaque au manoir ?

- Il s'agissait des hommes qui ont détruit les marais, aucun astréien ne faisait partie de cette expédition. Ils remontaient vers le Mont d'Or quand ils ont eu vent de notre petite réception et ils ont décidé de s'y inviter.

Cette information m'emplit de satisfaction. S'ils avaient pris part au massacre des marais, ils étaient tous coupables. Leur mort n'était que justice.

- A-t-on eu des nouvelles de Mia, Antoine et Éric ?

- Ils mettront encore plusieurs jours à arriver dans leurs seigneuries respectives, mais les premiers hommes viennent déjà pour te prêter main-forte.

- Ils sont au manoir ? m'enquis-je.

- Non, ils étaient trop nombreux, ils sont au village, nous avons installé un camp et Stan et Misha les forment.

- Et ils écoutent Misha ? rigolai-je.

- Oui, depuis qu'on leur a dit qu'il avait tué un cavalier rouge !

- Il doit jubiler, souriai-je.

- Il n'est pas peu fier et affirme que c'est le début de sa légende !

- Il faut que je voie ça de mes yeux ! Est-ce que tu veux bien m'emmener ? le questionnai-je.

- Bien sûr, il sera plus qu'heureux de te voir saine et sauve et les hommes ont besoin d'apercevoir leur reine.

- Tu as raison, je change de toilette et on y va !

Je me précipitai vers la sortie, mais devant la porte, je fis demi-tour et revins vers Yaël pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Il captura mes mains des siennes pour m'approcher davantage de son corps et approfondir notre baiser.

- Sauve-toi vite, ma reine, car si tu restes, c'est dans notre lit que je vais t'emmener.

Je rougis automatiquement sous ses paroles osées. Yaël savait enflammer mon corps comme personne. Il s'en aperçut.

- Troublée ? me demanda-t-il avec un regard amusé alors que le mien se chargeait de désir.

Je me mis sur la pointe des pieds, frottant volontairement mon corps contre le sien et je murmurai à son oreille.

- Toujours quand tu me regardes.

Puis, je partis cette fois-ci sans me retourner, le laissant là pour aller me préparer. J'avais bien besoin de me rafraîchir après tous ces évènements.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top