Chapitre 41
Nous sortîmes de la maisonnette pour rejoindre Mélinda, Anya, Stan et Misha qui s'étaient réunis devant, en nous attendant. Ils avaient rassemblé nos affaires et nos chevaux. Je souris en apercevant Elya, je ne pouvais imaginer faire le voyage sans elle.
Nous nous apprêtâmes à partir lorsque Yaël précisa à l'attention de Mélinda qu'il avait réalisé les travaux qu'ils avaient convenus, évoquant un bassin à truites. Je ne savais pas du tout à quoi il faisait allusion, mais Mélinda semblait ravie. Sans doute un dernier cadeau de Yaël pour cette femme qui nous avait tant offert.
Je compris réellement de quoi il était question, à peine quelques mètres plus loin. Je restai interdite devant l'endroit que je savais inexistant à notre arrivée. Une grande mare avait été créée de toute pièce, quelques roseaux avaient déjà commencé à pousser tout autour. J'étais quelque peu stupéfaite.
- Ne sois pas surprise, je devais bien rendre l'endroit facilement accessible de la Grand'Astrée, m'informa Yaël avec un sourire fier.
- Tu... tu peux faire ça ? Créer des portails ?
- Je ne l'avais jamais fait auparavant, mais comme tu peux le voir, oui, je peux le faire, dit-il en bombant légèrement la poitrine. D'ailleurs nous devons attendre quelques astréiens. Ils ne vont pas tarder.
- Qui ?
- Des actifs.
- Je croyais qu'on voyageait à quatre ! m'emportai-je, énervée de ne pas avoir été informée.
Stan et Misha restèrent derrière nous, silencieux. Yaël me sourit.
- Nous n'avons pas eu le temps d'en parler hier soir, mais l'annonce de la naissance d'Isaïah a ameuté les foules, ma reine.
Il insista sur ces derniers mots
- Je croyais que tu refusais d'être mon roi, lui rappelai-je, acerbe.
Il ne répondit pas à ma pique.
- Les astréiens veulent t'aider et nous aurons besoin d'eux. Pourquoi en discutons-nous ? Est-ce que tu voudrais refuser leur aide ?
- J'aimerais être informée, rouspétai-je.
- Tu l'es à présent !
- Ne fais pas semblant de ne pas comprendre.
- Izi... gronda-t-il.
- Yaël... répliquai-je.
Nous ne nous lâchâmes pas des yeux jusqu'à ce que j'entendis les fameux astréiens franchir le portail. Ils étaient trois : deux hommes, dont l'un que j'avais rencontré à l'Équinoxe, mais je ne parvenais pas à me rappeler de son prénom, et une femme que je ne connaissais pas.
- Izi, je te présente Antoine, Mia et Éric, qui respectivement ont un pouvoir de vitesse, de télékinésie et de télépathie, déclara-t-il en me les désignant.
Pour une fois qu'on me présentait les astréiens de la manière que j'espérais, il fallait que ce soit dans ces conditions ! Yaël me regarda d'un air entendu qui signifiait : « Alors, tu veux vraiment que je leur demande de partir ? »
- Nous vous attendions, merci d'être venus, leur dis-je en fusillant une dernière fois Yaël du regard.
Bien sûr qu'il avait bien fait, qu'est-ce qu'il était énervant à avoir toujours raison !
- Comment fonctionnent vos pouvoirs ? leur demandai-je puisque le sujet était pour une fois abordé d'office.
Antoine m'expliqua qu'il se déplaçait à une vitesse surhumaine et Stan suggéra qu'il fasse route à part pour propager la nouvelle de la naissance d'Isaïah. Il n'avait en effet aucun intérêt à faire la route avec nous si l'on voulait se servir de son don tout de suite. Il partit presque à l'instant et disparut effectivement à une vitesse prodigieuse.
Mia, quant à elle, pouvait déplacer les objets. Elle était encore jeune et son aptitude n'était pas encore au plus fort de ses capacités, mais elle était déjà capable de choses impressionnantes, comme me le confirma Misha qui l'avait déjà vu à l'œuvre. Elle nous précisa qu'elle arrivait aussi à se soulever elle-même et pouvait ainsi voler, mais sur une durée encore limitée. J'appréciai ce rapport détaillé et donné en toute sincérité. Mia me plaisait bien et j'étais étonnée que malgré la proximité de nos âges, nous ne nous étions encore jamais rencontrées.
Le pouvoir d'Éric était quant à lui un peu particulier, pour ne pas dire dérangeant. J'avais cru que son don de télépathie lui permettait de lire dans les pensées des autres – et déjà l'idée m'avait troublée – mais il m'expliqua qu'en réalité, il pouvait manipuler certains sentiments. Je pensai à Lilas et sa façon de révéler les passions enfouies, mais il ne s'agissait pas d'amour ici...
- Quels sentiments ? lui demandai-je, curieuse.
- La peur, me répondit-il.
Cela semblait bien moins agréable...
- Comment cela fonctionne exactement ? m'enquis-je.
- Je me nourris de la peur des autres, je m'infiltre dans leurs esprits et je leur fais voir leurs pires cauchemars, au point de complètement les paralyser, voire de les tuer pour les plus faibles.
- Les tuer ? répétai-je, interloquée.
- Beaucoup se suicident pour échapper à cette douleur, expliqua Éric.
- Il te faut les toucher ?
- Plus depuis longtemps. Je peux le faire à distance.
Heureusement qu'il était dans notre camp, pensai-je.
- Mia et Éric ne feront pas la route avec nous, ils se tiendront à distance. Si on nous observe, on doit croire que l'on est quatre, pas six. Cela pourra peut-être nous servir.
J'acquiesçai à la remarque de Yaël. Tout le monde était prêt. Il était temps de se rendre au village le plus proche et de prêcher notre bonne parole.
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