Chapitre 22

Yaël vit que j'étais impatiente d'entendre son récit et cela le mit un peu mal à l'aise, enfin je crois.

- Je ne sais pas vraiment quoi te dire, me prévint-il. J'étais seul comme tu le sais alors que tous les autres étaient en couple. Je m'occupais comme je pouvais !

- Elle m'a dit qu'elle t'avait rencontré à l'âge de tes 8 ans.

- C'est vrai. Je suis partie visiter les terres de la Grand'Astrée. J'ai fini chez elle la première fois sans réellement savoir pourquoi. Elle m'a accueilli, et malgré sa mauvaise humeur, je me suis attachée à elle. Elle était aussi seule que moi. Je crois qu'on s'est aidé mutuellement. Elle ne pouvait pas vivre parmi nous du fait de son pouvoir, mais sa présence m'apaisait. J'ai pris pour habitude de la visiter. Puis, quand ta lumière m'est apparue, je lui ai demandé de faire elle aussi le chemin. Je ne pensais pas qu'elle dirait oui. Je savais qu'elle avait en horreur les autres astréiens. Pourtant, elle a accepté de venir me rendre visite tous les lendemains de l'Equinoxe.

- Elle a dit qu'elle m'attendait, l'informai-je.

- Cela ne m'étonne guère. Yorï avait prédit ton arrivée.

- Donc toi aussi tu crois en la prophétie ?

- Je crois que certaines choses sont vouées à se produire, mais pas toutes, Izi.

- A ton avis, comment dois-je m'y prendre pour renverser le Prince ?

- Cela t'obsède à ce point ? s'alarma-t-il.

Je baissai la tête, gênée. En effet, cela m'obsédait.

- Nous trouverons une solution, m'affirma Yaël pour me rassurer.

- Pourquoi m'aiderais-tu alors que tu y es opposé ?

- Si c'est important pour toi, c'est important pour moi. Je crois juste que tu t'es mise de fausses idées en tête. Il y a plusieurs solutions à un problème. Tu n'as pas besoin de te mettre en danger pour arriver à tes fins. Et j'y veillerai. Je te protégerai princesse, comme je l'ai toujours fait, me dit-il avec un clin d'œil.

Je ne savais pas vraiment quoi répondre. Je n'arrivais pas encore à réaliser la chance que j'avais d'avoir épousé un homme comme Yaël.

- Je ne te mérite pas, déclarai-je finalement. Misha m'a dit que je n'étais qu'une égoïste et... je crois qu'il a raison, avouai-je mal à l'aise.

- Il est jeune. Que sait-il du haut de ses 14 ans ?

- Je te rappelle que je n'ai que trois ans de plus.

- Et c'est également pour ça que tu ne sais pas non plus de quoi tu parles ! osa-t-il me dire tout bonnement. Tu es trop impatiente. Tu mesures mal tes priorités, dit-il en braquant ses yeux sur mon ventre.

Me considérait-il comme une mauvaise mère ? Je dois bien reconnaître que je m'étais moi-même posée la question.

- Et toi, tu n'as que quelques années de plus, lui rappelai-je. Tu n'as pas des siècles d'expérience non plus. Pourquoi ta vision des choses serait-elle plus juste ? Au cas où tu ne le saurais pas, les « jeunes », comme tu le dis, n'apprécient pas qu'on les juge du fait de leur âge, me renfrognai-je.

- Mademoiselle serait-elle blessée ? s'enquit-il avec un sourire en coin.

- Peut-être. Tu ne devrais pas me sous-estimer.

- Mais je ne te sous-estime pas. Dois-je te rappeler que c'est la première leçon que je t'ai apprise ?

- C'est différent ! m'emportai-je. Tu es toujours si sûr de toi. Ne doutes-tu jamais ?

- À chaque instant, mais c'est une faiblesse qu'on ne peut pas se permettre de montrer. C'est la clé du pouvoir.

- Le rôle de l'Élu ?

- Entre autres.

Je réfléchis à ce que cela sous-entendait.

- Est-ce que Kamilla t'a parlé de ta destinée ? lui demandai-je.

- À sa façon, me répondit-il de façon énigmatique. Mais je te l'ai dit, je suis maître de mon destin. Aucun astréien n'est prisonnier. Je ne ferai que ce que je désire.

- Mais tu n'as pas envie d'être ici, lui rappelai-je.

- Et qu'est-ce qui te fait croire que j'ai envie d'être loin de ma femme ?

Je souris à ces mots.

- Tu m'as comprise.

Il se leva et se rapprocha de moi. Il s'agenouilla pour se mettre à ma hauteur.

- Non, explique-moi, princesse. Que se passe-t-il dans cette jolie petite tête ? Pourquoi es-tu si perdue ma douce ?

Ses yeux me transpercèrent et en réponse les battements de mon cœur s'emballèrent.

- J'ai peur Yaël.

- De quoi ?

- De moi, je crois.

- Alors, fais-toi confiance. J'ai confiance en toi, Izi. Peu importe ce que nous réserve notre avenir, nous lutterons ensemble. Je serai toujours là pour toi. Jamais je ne te quitterai.

Il caressa mon visage avec tendresse. Sa peau était chaude, douce, réconfortante.

- J'ai de la chance de t'avoir, lui dis-je.

- Je ne te le fais pas dire ! Je suis un peu ton dieu, me taquina-t-il.

- Tu es bien plus encore. Je crains les dieux, pas toi !

- Tu as peut-être tort... À cet instant, je dois bien t'avouer que mes pensées ne sont pas des plus avouables, me dit-il avec un regard fiévreux.

Il se pencha vers moi et effleura mes lèvres avec les siennes en une caresse. Il continua son chemin et murmura à mon oreille.

- Tu n'imagines pas tout ce que j'ai envie de te faire. Là. Maintenant. Tout de suite.

- Ah oui ? dis-je faussement choquée. Montre-moi, exigeai-je.

Il n'attendit pas un mot de plus pour me soulever de ma chaise et m'embrasser. Je passai instinctivement mes jambes autour de ses reins pour m'accrocher à lui. Il ne prit pas la peine de m'entraîner vers le lit, il me plaqua contre le mur avec un certain empressement, ce qui rendit la chose encore plus excitante.

- Tu es sûre princesse ? me demanda-t-il d'une voix rauque.

- Oui, soufflai-je.

Et ses pensées sulfureuses prirent vie. Je m'abandonnai entièrement entre ses mains expertes, mon dos plaqué contre la paroi en bois de la cabane, j'étais totalement à sa merci. Et j'aimais ça.

Je m'agrippai à lui avec force. Nos mouvements n'étaient pas doux, mais brusques, implacables, exigeants. Il attrapa mes bras et les remonta au-dessus de ma tête, en les maintenant avec fermeté. J'avais envie de le toucher, j'avais besoin de sentir sa peau contre la mienne, mais il en avait décidé autrement. Il était devenu le maître de mon corps et je le lui confiai bien volontiers.

Il approfondit notre baiser, sa langue caressant avec ferveur la mienne. Je crois que je ne m'étais jamais sentie autant désirée. Ses baisers se perdirent ensuite dans mon cou. Mon sang bouillonnait et mon cœur battait de plus en plus fort, de plus en plus vite. J'en devenais haletante.

Il libéra enfin mes poignets et je pris ses cheveux à pleine main pour ramener ses lèvres contre les miennes, comme si j'étais en manque, comme s'il était mon oxygène. Il me mordit la lèvre inférieure en réponse. Ses yeux brillaient de malice. Je m'y serais noyée cent fois tant ils aspiraient mon âme.

Je ne pus m'empêcher de gémir lorsque sa main glissa entre mes jambes pour me prodiguer de douces caresses. J'avais l'impression d'être un instrument de musique dont seul Yaël savait faire sonner les notes. En réponse, il accentua son étreinte, me faisant sentir tout le plaisir qu'il éprouvait lui aussi. Il enleva son pantalon sans même que je m'en aperçoive et, en un instant, l'ensemble de mes soucis s'évanouirent. Je n'étais plus Isabelle de Valdéria, je n'étais plus la Princesse Weysar, je n'étais plus une astréienne, j'étais seulement la femme de Yaël.

Et avant que la mort n'ait le temps de m'emporter, je comptais bien savourer chaque moment comme si c'était le dernier.

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