Coulisses


Au tout début de mon compte, je postais beaucoup. J'avais l'inspiration pour, j'y consacrais le temps qu'il fallait, et aussi mes projets étaient courts et peu exigeants.

Progressivement, j'ai mis la barre plus haut. En partie parce que j'ai gagné en notoriété (merci !!), et que j'ai voulu faire honneur à la confiance que de plus en plus de personnes plaçaient en moi pour leur fournir un contenu plaisant. Mais surtout : pour moi. Parce que je voulais repousser mes limites, expérimenter de nouvelles choses, plus ambitieuses.

J'ai donc passé plus de temps sur mes projets. J'ai aussi plus angoissé à l'idée de poster un nouveau chapitre : serais-je à la hauteur ? allais-je décevoir ?

Aujourd'hui, j'en suis arrivée à un point où je ne poste presque plus rien. Mes projets sont imposants, voire colossaux, et je me refuse à poster quoi que ce soit qui fusse moins qu'achevé et minutieusement conçu. 

Pourtant, me voilà qui publie sur un coup de tête une nouvelle écrite en moins de vingt-quatre heures. Je n'en ai parlé à personne, je ne l'ai fait lire à personne au préalable. Je n'ai aucune idée de ce que ça va donner. J'ai un peu peur de cela, moi qui me suis faite à l'idée rassurante d'avoir une team de bêta-lecteurices, ou au moins de pouvoir "tester les eaux" (je crois que c'est un anglicisme..? tant pis) en mentionnant mes projets sur mon rantbook.

Mais en même temps, j'aime cela. Je suis comme ramenée aux débuts de mon compte, à cette forme de candeur que j'avais alors vis-à-vis de l'écriture. Il est bon d'avoir de l'ambition pour soi-même, de viser de hauts objectifs, et comme je l'ai déjà dit : j'aime beaucoup, beaucoup, beaucoup travailler lorsqu'il s'agit de ma passion. Mais il ne faut pas tomber dans l'excès de l'hyper-perfectionnisme qui mène à ne presque plus rien produire car ce n'est jamais assez bien pour nos standards irréalistes. Il faut un équilibre.

J'espère que La Grâce du Cygne vous aura plu malgré sa simplicité, et son écriture peut-être un peu maladroite, que je n'ai pas particulièrement soignée. Le plus important, toutefois, est la sensation que j'ai éprouvée en travaillant dessus, l'énergie et la joie que j'en tire.


* * *


La nouvelle a une source d'inspiration précise (outre mes expériences et observations personnelles) : un extrait d'une interview de l'idol coréenne Seohyun, anciennement membre du girlgroup SNSD. Je vous le traduis ici :

" Beaucoup ne se rendent pas compte, et croient qu'être 'idol' est une profession glamour. La réalité, cependant, se rapproche plutôt de celle d'un cygne - attrayant au-dessus de l'eau mais nageant furieusement sous la surface pour survivre. Il n'y a pas une seule journée qui ne soit pas éreintante. Malgré tout, ce que je fais procure du bonheur aux gens. Les aide à soulager leur stress, ne serait-ce que pour un instant. Mes parents m'ont dit d'être une personne qui puisse être utile aux autres, quelqu'un faisant preuve de considération et qui partage autant de bonheur qu'elle le peut, grand ou petit. C'est toujours quelque part dans mon esprit. [Mes parents] ont toujours été mon influence fondamentale. - Interview pour l'Université de Dongguk, 2014

J'ai dû lire ceci il y a plus d'un an, mais j'ai été très marquée par ces propos. En grande amatrice de kpop, j'ai toujours eu beaucoup de peine et de compassion pour les artistes qui paient bien cher - trop cher ? - leur succès. Et cela m'agace toujours un peu lorsque je vois les commentaires envieux que certaines personne font à propos des idols sans réaliser que leur situation ne leur a certainement pas été offerte sur un plateau d'argent.

Et puis, j'ai énormément aimé la comparaison avec le cygne. C'est une image on ne peut plus claire, et criante de vérité.

Voilà pour les origines de l'histoire (;


* * *


Une fois que j'avais cette base, il a fallu que je la travaille. J'avais en tête l'idée d'une personne enviée par d'autres, dont on réalise finalement qu'elle-même n'est pas si heureuse qu'elle en a l'air et envie les envieux. Une danseuse étoile m'a paru l'idéal, cela me permettait de filer la métaphore avec le cygne, sans compter que l'art du ballet est en un sens construit sur la destruction du corps de l'artiste (les pointes, on se tord dans tous les sens, etc.), ce qui faisait à mes yeux de la danseuse la personne qui se jette corps et âme dans sa passion, et aussi celle qui a appris à endurer tout en souriant et en feignant que tout est facile, par excellence. Séline. (son prénom n'est venu qu'après, complètement au hasard pour tout dire) ((oh et puis, je sais, normalement ça s'écrit avec un 'C' mais j'avais envie de changer un peu))

L'introduction du personnage était la plus délicate. Il fallait que je trouve qui allait parler de cette danseuse, s'imaginer sa vie parfaite, l'envier et se rabaisser dans le même temps. Au début, je pensais faire vivre ma danseuse dans un immeuble, où chaque voisin.e irait de son commentaire. Mais j'ai finalement arrêté mon choix sur un groupe de filles de son âge, particulièrement à même de ressentir une forte envie envers cette personne qui aurait pu être elles, mais ne l'a "malheureusement" pas été. Ce ne pouvaient pas être des danseuses elles-mêmes, elle n'auraient que trop bien connu l'univers cruel dans lequel Séline évolue. C'est ainsi que j'ai tissé le petit groupe des Mousquetaires (nom emprunté à un groupe d'amies que moi-même connais), des jeunes femmes à la vie banale et pas spécialement heureuse qui sont attirées, comme la plupart des personnes de leur âge, par l'idée de quelque chose de plus grandiose, de plus spectaculaire.

Le personnage de Mathilde, autour de qui tourne la première partie, est important parce que c'est lui qui exprime exactement ce que moi-même ai longtemps ressenti vis-à-vis d'autrui (j'ai d'ailleurs quelques noms en tête, c'est vous dire combien la projection était forte hahaha). Comme elle, je côtoyais des personnes qui me semblaient enviables en tous points et cela ne faisait qu'alimenter une perpétuelle haine de moi-même et, évidemment, un fort sentiment d'infériorité.

Malgré ce qu'en pensent les filles, pour moi, leurs vies sont loin d'être des désastres d'existences. Je trouve beaucoup de beauté, de poésie, et même de gloire, dans le banal. Le spectaculaire m'impressionne souvent bien moins qu'une infinité de ces petites choses qui constituent un quotidien ordinaire. Je suis infiniment attirée par l'ordinaire. Et j'ai essayé de suggérer cela dans la première partie : d'instaurer une ambiance agréable, légère, malgré les problèmes auxquels les filles doivent faire face (qui en soi ne sont pas méprisables ni négligeables, je tenais à le préciser). Parce que c'est ça, la vie. On est dans la merde tous ensemble et au final c'est pas si terrible, tant qu'il y a d'l'amour. Et des chiens. Et de la pizza.

Oups, serais-je en train de perdre le fil ?


* * *


Voilà ! J'ai pu exprimer tout ce que je voulais à propos de La Grâce du Cygne, bravo et merci à toi si tu as lu cette partie presque aussi longue que la nouvelle elle-même :,)

Je t'envoie plein d'amour et je te souhaite plein de belles choses !


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