Prologue


8 avril 1915, Meuse, France

Il pleuvait dru depuis le matin, sans accalmie aucune.
Les soldats, regroupés derrière le mur de terre boueuse qui les séparait de l'ennemi, ne pipaient mot. Chacun attendait. L'air était saturé par l'odeur de cigarettes et de nourriture avariée, relents exaltés par la pluie. Les morts, disparus depuis longtemps et sans autre sépulture que la boue, répandaient une odeur écœurante de cadavres en décomposition rongés par les rats qui engraissaient sans discontinuer depuis près d'un an. Le parfum de peur empestait dans la tranchée, sentiment désormais omniprésent. L'ennemi encerclait les soldats ; ces derniers avaient repoussé ce matin une violente attaque, mais leur fatigue et le nombre de morts autour d'eux étaient un signe certain de leur défaite imminente. Le silence devint encore plus pesant qu'il ne l'était. Chacun attendait l'ordre de l'officier.
Ce dernier battait la semelle au milieu de ses hommes, et vérifiait régulièrement l'heure. Si une certaine anxiété se lisait sur son visage, il émanait néanmoins de lui une impression de force, de caractère et de calme qui paraissait apaiser ses hommes. Il baissa une nouvelle fois son regard vers les aiguilles de sa montre à gousset et jura dans sa barbe de trois jours. Finalement, au bout de longues minutes, une estafette militaire arriva en courant, glissant de peu dans la boue, et tendit un papier plié en quatre, essoufflé. Le jeune homme l'ouvrit fébrilement, parcourut les trois mots écrits à la hâte, et lissa sa vareuse défraîchie du plat de la main.

— Messieurs...

Les soldats remuèrent, et le sous-lieutenant les observa chacun leur tour. Dans leur uniforme troué, parfois rapiécé, souvent mal taillé, les soldats de l'Armée Française inspiraient peu de gloire. Les traits tirés, l'air grognon, mal rasés, ces hommes semblaient déjà vaincus par l'ennemi. Il grogna et se redressa d'un bond, le regard terrible.

— Debout les morts !

La troupe releva les épaules comme un seul homme et salua.

— Messieurs ! reprit l'officier avec un sourire farouche. Pour la France !!

Le cri patriotique sortit de chaque poitrine, et la clameur parvint jusqu'aux oreilles des Allemands, à quelques centaines de mètres de là.

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« L'Eclair », Mai 1915

Victoire éclatante de la France contre l'ennemi.

Le sous-lieutenant Guy de Saint-Loup a brillamment mené ses hommes à la victoire sur le front de la Meuse le mois dernier. Le jeune officier, âgé de vingt-quatre ans, a harangué sa compagnie de belle manière et permis une victoire éclatante contre les Allemands. Son cri patriotique a fait fuir l'ennemi et encouragé les soldats de l'Armée Française, déjà prêts à en découdre avec l'ennemi, à rapporter une nouvelle couronne de lauriers au peuple français.
La France peut être fière de ses enfants !

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Inspiré d'un fait réel

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