Épilogue Wattpadien. Chers Cyrards de 14, un mot encore...
Université de la Sorbonne, Paris (Ve arrondissement), an de grâce 201...
La porte ne laissa échapper aucun murmure de discussion, à peine un souffle d'air frais. Elle se tordit les mains, nerveuse, et regarda ses notes sans les voir. Il était arrivé, ce jour tant de fois imaginé, un brin redouté malgré sa passion sans cesse renouvelée pour le sujet. Elle était une fille de Cyr – bien loin des jolies minettes qui papillonnaient autour du grand uniforme à chaque Triomphe.
On lui fit signe d'entrer, et elle s'avança d'un pas qui lui sembla saccadé et maladroit jusqu'au bureau de l'amphithéâtre. Face à elle, confortablement assis dans leurs sièges de bois, trois professeurs d'histoire, secs et inaccessibles, les mains jointes, la dévisageaient. Elle trembla – le virent-ils ? – et serra brièvement son chapelet blotti au cœur de sa main crispée. Dans son dos, l'image de la promotion Montmirail semblait vivante, bataillon presque inconnu de tous désormais qu'elle s'apprêtait à présenter. L'air était tendu. Elle avait du mal à respirer, était trop angoissée. Et l'œil étincelant de sévérité intransigeante du jury ne l'apaisait pas, au contraire. La phrase si belle de son cher Edmond Rostand lui revint en tête avec la brusquerie caractéristique de ses pensées qui virevoltaient sans cesse, et elle inspira un peu mieux. Un peu.
C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière.
— Nous vous écoutons Mademoiselle, déclara enfin l'un des trois universitaires – le premier en partant de la gauche – d'un ton sec.
Et il s'enfonça dans son fauteuil, prêt à relever la moindre erreur historique, la plus petite défaillance intellectuelle de son mémoire. Alors elle se redressa, releva la tête. Allons, il était temps.
Son regard heurta celui, joyeux, d'un jeune homme debout au fond de la salle. Bras croisés, un sourire taquin aux lèvres, il l'observait sans mot dire, rayonnant. Il était plus grand que la moyenne, l'air désinvolte mais bien mis de sa personne, si élégant dans son grand uniforme. Il étincelait de gloire et de beauté, ce Cyrard. Son casoar menaçait de lui tomber devant les yeux à chaque instant mais il ne semblait guère s'en soucier. Il se contentait de la regarder elle, sans jamais cligner des yeux ou presque.
Elle retint sa respiration. A ses côtés, un autre officier était apparu, encore plus souriant que le premier, plus calme également. Il ne murmura pas un mot, l'observa simplement. Il dit tant de choses sans parler, son regard fut si expressif que son cœur retrouva un rythme normal et que son âme s'apaisa, sereine. Le temps s'était figé dans sa course ; elle restait là, muette, sûrement hébétée pour ceux qui la fixaient. Elle avait vu suffisamment de portraits pour les reconnaître en un clin d'œil. Dame, elle vivait avec eux depuis si longtemps. Ils ne la quittaient jamais. On la taquinait plus ou moins gentiment de sa passion pour ces aristocrates morts voilà plus de cent ans. Famille et amis ne comprenaient pas tout à fait sa dévotion pour cette promotion.
Enfin, elle inspira profondément et consulta une dernière fois ses papiers. Devant elle, les trois professeurs ne bougeaient pas. Avaient-ils remarqué quoi que ce soit ? Ou songeaient-ils au prochain étudiant, au repas qui approchait ?
— La célébration du centenaire de 14 – 18 a suscité un regain d'intérêt pour l'époque, de la part des historiens comme de la société française dans son ensemble.
Les universitaires bondirent sur leurs feuilles vierges, comme si ce qu'elle venait de déclarer était de la plus haute importance – ou bien d'une immense stupidité, qui savait. Mais elle ne s'occupait plus d'eux. Elle parlait aux trois Saint-Cyriens qui étaient apparus et la contemplaient en silence, adossés au mur immaculé. Leurs sourires calmes lui donnaient des ailes ; elle parlait d'une voix posée désormais. Face à elle, loin au-dessus du jury de master qui n'existait pas, qui n'existait plus, les trois officiers écoutaient son travail, ce qu'ils avaient vécu plus de cent ans auparavant avec leurs camarades de promotion.
La Montmirail ne s'était pas éteinte, elle était entrée dans la légende.
Et ses chers Cyrards de 14 avec.
FIN
🦋 Epilogue wattpadien.
On est toujours samedi soir, cette fois-ci, c'est bel et bien la fin, et...
Pour ChloeTrn ;)
Et surtout, bon courage pour le bac à tous ceux qui le passent (GoldHope et Smarties, je vous embrasse !)
✨ Ce soir, le ciel se nacre d'un bleu mélancolique, comme s'il savait que le mot fatidique était sur le point d'être écrit. ✨
Un petit mot va suivre... 👉🏻
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