31. Le fardeau d'un homme (1)
Guy avait trois jours de permissions -comme la majorité de ses soldats-, qu'il employa à visiter les métairies et régler les affaires les plus urgentes. Les jumeaux ne le quittaient pas, anxieux de le voir de nouveau disparaître pour plusieurs mois. Quant à Madeleine, elle l'épiait constamment, sans savoir quoi dire, comment agir ou se comporter. La comtesse l'avait accueillie sans poser aucune question, simplement heureuse de voir réapparaître celle qui avait chassé l'ennui du château en septembre dernier.
— Je suis ravie qu'il soit parti vous chercher avant de revenir ici, déclarait-elle fréquemment. Mon fils a toujours eu d'excellentes idées. Et les jumeaux ont besoin de vous.
Et pour cause. Thibault venait voir sa gouvernante à toute heure, comme saisi par le besoin de se rassurer, de se convaincre qu'elle était bien de retour. Alors, sans un mot, Madeleine ouvrait les bras et l'embrassait, le serrait contre elle. Delphine, elle, ne se posait pas plus de questions et réclamait un baiser chaque soir à l'heure du coucher, comme avant. Ensemble, ils avaient repris leurs promenades dans le parc et les environs du château, sans Guy désormais. Celui-ci évitait la demoiselle, et le cœur affolé de celle-ci saignait sans un mot.
Il repartit le dimanche matin, tôt après la messe à l'église de Saint-Loup de Naud. Il embrassa à la va-vite sa mère et ses neveux, salua de la tête Marthe et Madeleine, et grimpa dans la voiture. Tom l'emmena à la gare les dents serrés, refusant de laisser apparaître le moindre signe de faiblesse. Il avait été réformé à cause de ses poumons fragiles, et souffrait de voir le capitaine repartir en enfer. Lui avait compris ce qui se passait, sans aucune lettre ou explication.
Et les jours s'écoulèrent. Madeleine espérait recevoir rapidement une lettre afin de reprendre leur échange et avoir de ses nouvelles. S'il refusait de se montrer trop proche devant sa famille, elle le comprenait et acceptait d'être cachée. Mais seule la comtesse reçut quelques nouvelles sur un papier sali par la boue, quelques mots jetés en vitesse, probablement entre deux assauts. Guy n'écrivait désormais plus qu'à sa mère, embrassant chaque fois les enfants, sans une phrase pour le reste. Marthe ne s'en formalisait pas -elle connaissait le caractère de son protégé et savait quels liens les unissaient-, mais Madeleine ne dormait plus, sans cesse taraudée par l'incertitude qui creusait son âme. Qu'avait-elle bien pu faire de mal pour qu'il s'éloigne et cesse de lui parler ?
— Il doit penser que madame vous lit les lettres maintenant que vous êtes avec nous, tentait de la réconforter la vieille cuisinière tout en grognant contre l'impossibilité de trouver des pommes de terre à un prix raisonnable.
Car Madeleine avait trouvé dans sa protectrice une alliée de poids. Elle n'avait pas eu besoin de se confier, ses larmes avaient suffi lorsque la première lettre était arrivée, exclusivement destinée à la comtesse, sans une pensée pour elle, même dissimulée au détour d'une phrase. Et chaque soir, la demoiselle s'endormait sur des larmes qu'elle retenait toute la journée. Il lui avait demandé d'être forte, là-bas, au moment de partir. Mais à quoi bon se montrer vaillante quand celui qui lui insufflait son courage se détournait d'elle ? Et les permissions étaient sans cesse reportées, annulées, l'état-major n'en parlait même plus pour ne pas irriter davantage les soldats qui grognaient. On en avait eu une en juillet, ou août selon les régiments, l'ennemi n'attendrait pas sagement le retour des soldats pour continuer la guerre soulignait les officiers supérieurs. Dans les tranchées, l'on ne disait rien, mais dans les cœurs s'accumulaient l'amertume et la rancœur.
Le capitaine faisait de son mieux pour motiver ses hommes et les pousser à donner le meilleur d'eux-mêmes, encore une fois, à chaque instant. Il avait retrouvé son aide de camp Selès en Artois, près de Neuville-Saint-Vaast, et les deux hommes s'étaient échangés une poignée de main ferme, sans un mot. L'adjudant avait compris ce que son supérieur hiérarchique vivait depuis cette nuit. Et prudent, n'avait rien dit.
Guy n'arrivait plus à écrire. Pas à elle. Ce n'était pas faute d'essayer -trente fois par jour, il s'asseyait, s'emparait du papier, en vain. Les mots restaient coincés dans sa gorge et sa plume demeurait désespérément muette. Combien de fois l'avait-il jetée par-dessus la tranchée, furieux contre le monde entier et surtout contre lui-même ? Le remords l'écrasait, l'étouffait, il en suffoquait. Il n'avait rien dit à l'aumônier, fuyait communion et confession, et son chapelet restait auprès de la photographie qu'il n'avait pas eu le courage d'éloigner de lui. Sa présence était pourtant comme une brûlure incessante qui incendiait son corps et lui rappelait la faute commise. La nuit, il revivait certains moments, revoyait le visage de cette inconnue. Alors il lui semblait que les feux de l'enfer se déchaînaient sur lui, pauvre damné incapable d'avoir tenu face aux tentations. Et au souvenir de celle qui l'avait attendu si patiemment, fidèle et compréhensive, la honte lui donnait envie de vomir tripes et boyaux. Il n'avait suffi que d'une minute pour la chasser de son esprit et commettre l'irréparable. Aussi, face à son acte, le jeune officier ne pouvait se mentir plus longtemps.
Un matin, il sortit, pour la première fois depuis des semaines, la photographie de sa poche et contempla longuement les traits fins, le sourire rêveur. Il ne pouvait plus prétendre à quoi que ce soit. Elle incarnait toujours cet idéal de pureté, l'image même de la femme dont il avait si souvent rêvé pendant les longues nuits de garde à Cyr. L'approcher serait la souiller, rêver de plus avec elle une faute pour lui qui n'avait pas été capable de rester fidèle à son absolu. Il n'avait pas su marcher droit seul. Comment pourrait-il être son soutien, le bras sur lequel elle s'appuierait, sereine ?
Il attrapa pour la énième fois une feuille de papier et écrivit résolument la date. Il savait ce qu'il devait faire, ignorait s'il en aurait la force. Mais pour elle, il devait prendre ses distances, s'éloigner et ne plus s'autoriser la moindre rêverie. Elle comprendrait. Elle avait toujours été parfaite en toutes circonstances.
Madeleine reçut la lettre quelques jours plus tard -l'armée avait compris qu'à défaut de permissions régulières, le courrier serait le moteur essentiel du soutien des troupes- et s'assit à même les marches du perron pour la lire sans bruit. Les jumeaux faisaient la sieste, la comtesse était probablement en train de lire dans le salon, et Marthe tentait de faire des courses dignes de ce nom au village. Tom, lui, devait être avec sa chère voiture, à méditer sur les freins. Elle serait tranquille.
L'en-tête la fit sursauter, le « Mademoiselle » résonna comme une balle tirée à bout portant. Elle lut à la hâte, dévora des yeux le contenu, avant de relever la tête. Rien. Il ne disait rien de particulier. Plus aucun signe d'affection, plus un mot tendre ou du moins gentil. Il redevenait le jeune homme inaccessible de la gare de l'Est. Et, à cette minute, elle le haït. Elle était fatiguée de souffrir à cause de cet homme si doué pour blesser mais avare de gestes rassurants.
Le fossé se creusait entre eux, irrémédiablement.
**********
Septembre passa, octobre vint. La pluie trempa les lourds uniformes, la boue refit son apparition au fond des tranchées, et beaucoup d'hommes s'empêtrèrent dans ce magma, piégés par leur capote imbibée d'eau et de terre boueuse. Un soldat s'était enlisé au fond d'un boyau, on n'avait pas pu le récupérer. Il était mort lentement, on n'avait fini par ne plus voir que ses mains tentant d'agripper quelque chose, n'importe quoi pour s'extirper de sa prison de boue. Et ses hurlements de moins en moins audibles avaient marqué la nuit suivante, chacun avait mal dormi. Depuis, certains avaient coupé leur manteau, terrifiés à l'idée de vivre le même sort que cet homme, et avaient plus froid que les autres. Les molletières [1], en dépit des lavages les plus fréquents possibles, se couvraient de cette boue grisâtre et froide, gênant les déplacements, accentuant la sensation de saleté impossible à enlever que tous vivaient désormais.
Guy rentra la tête dans les épaules lorsque l'aumônier -un homme d'environ soixante ans, énergique dans son regard tout autant que par son attitude qui réconfortait les hommes- vint s'asseoir à ses côtés, l'air faussement détendu. Le prêtre avait vite remarqué l'absence systématique de l'officier aux messes, lui qui était l'un des plus assidus. Depuis mai, le jeune homme le fuyait, et sa section désertait peu à peu les offices -le capitaine n'était plus là pour vérifier les présences. Il opposait même à chaque tentative de discussion un silence farouchement obstiné, tenace dans son refus de parler. Les questions, les longs monologues de l'homme d'Église ne faisaient rien. L'aristocrate restait résolument muet.
— Encore un peu de pluie, et nous aurons une piscine dans les boyaux, commença-t-il, les mains nouées.
Guy leva les yeux de la terre meuble qu'il pétrissait dans sa main gauche et esquissa un hochement de tête, sans aller plus loin. Il ne se découragea pas -ce ne pourrait pas être pire que leur dernier semblant de conversation.
— Je célèbre la messe ce soir. Serez-vous là ?
Un simple borborygme qui valait un non fut la réponse de l'officier.
— Avez-vous perdu votre chapelet ? enchaîna l'aumônier. J'en ai deux, si vous le souhaitez...
Guy tressaillit, sa main se posa spontanément sur la poche de sa veste, et il sentit sous ses doigts les petits grains. Depuis combien de temps n'avait-il pas prié ?
Alors le prêtre sortit sa pipe, l'alluma et prit le temps de tirer une bouffée avant de reprendre, les yeux posés sur l'horizon -le ciel devenait bleu par intermittences, peut-être aurait-on enfin du beau temps aujourd'hui. Il était temps de faire couler le pus de cette plaie pour la faire cicatriser, une âme était en jeu.
— Mon enfant -permettez que je vous appelle mon enfant, je m'autorise des libertés, c'est l'âge-, intérioriser la faute, quelle qu'elle soit, n'est jamais bon.
Un autre tressaillement, le bon vieux prêtre était plus malin qu'il ne le pensait. Et ce dernier sourit, la pipe coincée entre ses dents.
— J'ai croisé pas mal de gars comme vous, Saint-Loup. Des hommes épris d'idéal, à la foi aussi ferme qu'un roc, même l'épée de Roland ne la briserait pas. Mais une faute plus grave qu'une autre, et c'est la chute assurée. Vous êtes assez humble pour reconnaître votre peccabilité, mais trop orgueilleux pour vous relever et continuer à marcher une fois le péché commis.
— Ce que j'ai fait... murmura Guy sans même oser regarder l'aumônier.
Sa voix était plus un grommellement qu'autre chose, l'officier ne parlait plus que lorsqu'il y était contraint. Mais il parlait. C'était déjà une victoire.
— ...Est fait, acheva le vieil homme. Je ne nie pas votre faute mon enfant, ni ne minimise sa gravité. Mais refuser d'avancer après ça, rejeter un pardon pourtant accordé d'avance, c'est davantage l'orgueil qui parle en vous qu'une fierté toute compréhensible.
— Un pardon accordé d'avance... grinça-t-il en serrant les poings.
— Ne doutez pas de la mansuétude de notre Sauveur Guy.
— Il ne s'agit pas de Lui mon père. Dieu n'est pas le seul à être en jeu dans cette histoire.
L'aumônier réprima un geste de surprise et de satisfaction tout à la fois. Bien bien. On y arrivait.
— Votre faute toucherait-elle une demoiselle ? avança-t-il, prudent.
— Vous parlez de l'idéal des hommes. Mais quand on est tombé, une fois qu'on a dérogé à cet absolu, comment pourrait-on regarder dans les yeux celle qui nous a insufflé le courage de rester debout ? Les femmes sont aussi éprises d'idéal que nous mon père. Mais elle... elle semble s'y tenir plus facilement, plus solidement que moi.
Et pour la première fois depuis des mois, les yeux de Guy brillèrent. Le prêtre baissa les yeux, diplomate. Voir un homme de la trempe du capitaine pleurer n'était pas à prendre à la légère.
— Cela paraît toujours plus facile pour l'autre, reprit-il enfin après un long silence. Comment pouvez-vous savoir qu'elle n'a pas failli, elle aussi ?
— Pas de cette manière. Pas ainsi, répliqua Guy en secouant la tête. Pas elle.
— Soit, pas ainsi, même si je ne sais quelle est cette manière. Mais vous avez dit quelque chose d'intéressant. Pas elle ?
— Mon père... elle est parfaite.
— Nul n'est parfait, n'allez pas idéaliser cette demoiselle Saint-Loup, ou vous iriez de déception en déception.
Le ton du prêtre était sec, sans appel. Et l'officier hocha la tête, presque penaud. Idéaliser la personne qu'on aimait... n'était-ce pas inévitable, au moins au début ?
L'aumônier tira une autre bouffée, puis attaqua :
— Saint-Loup, je pense comprendre ce qui vous pourrit de l'intérieur. Vous n'allez plus à la messe depuis Ypres, et me fuyez d'ailleurs avec une ténacité presque admirable -ne prenez pas cet air surpris, mon sens de l'observation en sera offensé. Vous avez failli, certes. Vous enferrer dans votre faute par votre refus de l'avouer, à vous-même et aux autres, voilà qui relève de l'orgueil, ce que je ne saurais accepter. Je comprends votre douleur d'être tombé, particulièrement par rapport à votre idéal et ce que vous voulez être, pour vous et pour cette jeune fille. Mais là où le chrétien est plus fort que le mal, c'est dans sa force à se relever et à recommencer, à se dire « je suis tombé mais continue à croire et à avancer ».
Alors Guy ploya, ses épaules s'affaissèrent et un sanglot silencieux déchira sa gorge. Il craquait de nouveau, mais n'était plus seul cette fois. Ou plutôt, il était bien accompagné.
Sans un mot, le prêtre avança la main, broya presque l'épaule solide, et attendit. C'était à lui de faire le premier pas cette fois. Il avait crevé l'abcès ; au capitaine de poursuivre.
Il n'eut pas à patienter très longtemps. Le jeune homme releva finalement la tête et murmura :
— Je dois lui avouer...
— Vous ne voudriez tout de même pas lui cacher quelque chose d'aussi grave sur vous.
— Elle va me haïr. Elle est passionnée dans son idéal, je le sais.
— Je croyais qu'elle était parfaite, railla gentiment le vieux prêtre.
— Mais mon père, comment pourrait-elle accepter de ne pas être la première ? De ne pas être la seule ?
— Ah, l'éternel désir d'être le seul, le premier, l'unique. C'est compréhensible, et naturel d'ailleurs, dans la continuité logique de votre caractère absolutiste. Mais capitaine, il me semblait qu'elle vous rendait vos sentiments... ?
— Je le pensais avant. Maintenant, je ne sais pas.
— Dites-lui Saint-Loup, répondit l'aumônier, de nouveau grave. Par honnêteté vis-à-vis d'elle, de vous aussi. Si vous rêvez de plus avec cette demoiselle, il faut qu'elle sache toute la vérité et connaisse votre passé, qu'il soit glorieux ou non. S'il est entaché de fautes, il est encore plus primordial que vous lui racontiez. Elle décidera en tout état de cause, et vous serez fixé sur son choix. Il sera basé sur la sincérité.
Guy ne dit rien, mais tout son être était d'accord avec celui qui le tirait peu à peu de cette gangue de boue qui l'étouffait. Le prêtre sourit ; il avait enfin attrapé la main qu'il lui tendait depuis plusieurs semaines. Il avait bien fait de partir rejoindre ce front, poussé par un instinct surnaturel. Dieu faisait bien les choses.
— La messe est à dix-huit heures ce soir, s'ébroua-t-il, sa pipe fumant rageusement au coin de la bouche. Je vous attends, avec toute votre section. Et j'aurai besoin d'un servant de messe.
— Mon père... hésita l'officier.
— Je vous confesserai avant la messe. Il est grand temps de laver le linge sale.
Guy le regarda s'éloigner, le cœur un peu moins oppressé. Il avait compris, il le savait. L'aumônier était engagé en première ligne depuis le début du conflit et avait probablement vu plus d'horreurs que lui. Il gardait pourtant sa foi en l'homme tandis que sa volonté d'aider ceux qui ne tenaient plus restait solide, inébranlable malgré l'usure du temps.
Il s'ébroua. Avouer, même à demi-mots, cette faute qui le rongeait avait été un supplice. Il sentait le rouge de la répugnance le brûler sur place, et les yeux clairs du prêtre, si exigeants dans sa quête de vérité, n'avait rien arrangé. Il avait raison. L'aveu à voix haute était bien plus terrible que revivre cette scène chaque minute. Confesser ce qu'il avait fait cette nuit-là serait rompre ce qu'il avait cherché à être toute sa vie, briser ce à quoi il tenait le plus. Il ne serait plus jamais le même après dix-huit heures, ne pourrait plus prétendre être ce jeune homme toujours fidèle à son idéal, ses idées et ses convictions. Il grogna. Par rapport à d'autres hommes de son âge qui semblaient marcher sur un chemin éternellement droit, le sien lui paraissait soudainement tortueux, difficile à voir parmi les buissons hideux. Tous ses péchés lui revenaient en tête, comme sublimant le dernier, le plus grave de tous. Et elle... le colonel avait annoncé quelques jours de repos d'ici une à deux semaines ; lui qui avait rêvé de la revoir durant près d'un an, voilà qu'il reculait, hagard et perdu face à ce qu'il devait faire. Elle n'avait pas répondu à sa lettre, il savait pertinemment pourquoi. Le retour serait orageux, si tant est qu'elle accepte encore de lui parler.
Dans le ciel résonna un coup de tonnerre. Il leva les yeux, sentit quelques gouttes de pluie tomber sur son visage sali par la vie -il n'avait pas eu le courage ni le cœur de se laver- et ferma les yeux sous cette caresse rafraîchissante. Enfin. Il n'était toujours pas en paix avec lui-même -pas encore-, mais le premier pas était fait. L'aumônier l'attendait.
Il avait déjà revêtu son étole et patientait dehors, assis sur un muret à moitié éboulé. La messe serait célébrée dans l'église, miraculeusement préservée, certains hommes s'installaient déjà sans faire le moindre bruit. C'est que le prêtre était sévère sur ce point.
Guy le rejoignit, s'agenouilla spontanément et baissa la tête. Le remords le faisait s'étrangler sous le regard lumineux de celui qui s'apprêtait à écouter. L'écrasaient la honte, la rage de n'avoir pas su résister, se battre, être meilleur. Et le prêtre attendait.
Guy attrapa son chapelet, l'étreignit si fort que les grains imprimèrent leur marque dans sa chair, et murmura, courbé sous la culpabilité, dans l'attente désespérée du pécheur :
— Bénissez-moi mon père parce que j'ai péché...
[1] Les molletières sont de longues bandes de tissu enroulées autour de chaque mollet, par-dessus le pantalon.
Une dédicace particulière à Henriette4Hawthorne et notre discussion de cet après-midi. Je t'embrasse ! <3
Elynion
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