Sophie

10 février 2025

Je passerai sur toute notre cavale, sachez juste que lorsque l'Épidémie nous a semblé passée, nous avons quitté la maison. Et nous avons alors marché de village en village et en évitant les grandes villes. La seule fois où nous nous sommes aventurés dans une ville, une maison s'est presque effondrée devant nous car un énorme camion l'a embouti en tentant de nous tuer. Puis nous avons entendu des cris et des coups de feu et nous sommes partis le plus vite possible.

Nous n'allions nulle part, notre seul objectif était de bouger (même si depuis quelques semaines nous cherchons un lieu où nous établir durablement). Et nous n'avons rencontré aucun problème notoire, sauf la fois où Cass' a été tellement malade que nous n'avons pas osé nous approcher de lui.

Mais finalement il n'avait qu'une maladie bénigne. Le virus, lui, semble avoir disparu faute de porteurs.

Aujourd'hui nous campons dans un champ. Nous aurions tous préféré dormir dans un village mais Cass' nous a tellement répété que « qui dit champ dit village » que nous ne le croyons plus. Et puis on ne peut pas vraiment parler de champ, les herbes folles les ont envahis et nous avons de l'herbe jusqu'aux genoux. Malgré l'apparente sécurité des murs d'une maison, rien ne vaut un coucher de soleil dans un champ.

Il faudra que nous trouvions une pharmacie car nous avons tous des tiques, l'inconvénient majeur des herbes hautes. Seul Cass' a été épargné « On dirait qu'elles sont racistes mais je ne m'en plains pas » me disait-il quand nous marchions.

Maintenant je suis près du feu, au-dessus de moi le ciel est magnifique. Quand Théa et Lou auront réussi à faire cuire leurs boîtes de raviolis nous mangeront. J'espère que nous chanterons après. C'est dans ces moments-là que je ne regrette pas qu'il y ait eu l'Épidémie même si j'ai perdu des êtres chers.

Puis ce sera mon tour de garde et je m'allongerai pour regarder la beauté de ce ciel et de toutes ses étoiles.

Figurez-vous qu'avant l'Épidémie, la lumière des villes empêchait de voir autant d'étoiles depuis les villes, à cause des lampadaires qu'il y avait dans les rues. Un lampadaire c'est comme un arbre de fer avec un petit soleil à l'intérieur, mais en beaucoup plus moche. Et les gens trouvaient cela normal. Dites-vous même que certains n'avaient jamais vu de vrai ciel étoilé de leur vie. Et que pour eux un ciel étoilé est constitué d'une dizaine d'étoiles seulement.

Vous ne connaissez probablement pas ça, alors je vais vous raconter les rues. Elles sont un rassemblement de toute l'absurdité de l'humanité du passé.

Une rue, c'est au milieu un immense espace laissé aux voitures polluantes et à toutes sortes d'engin dangereux. Mais je vous parlerais des voitures un autre jour. Sur les côtés de cette « route », il y a deux minuscules bords. Ces deux bords sont appelés trottoirs et sont réservés aux personnes qui ont fait le choix de ne pas polluer, mais ces personnes sont contraintes de respirer un air toxique, pollué et nauséabond.

Et sur ces trottoirs, où il passe parfois beaucoup de monde, les gens sont amicaux, gentils et profitent de leur chance pour parler avec d'autres personnes ou faire des bonnes actions.

Non, je rigole, ils sont mornes, gris et ne lèvent les yeux de leur téléphone que pour jeter un regard assassin à une personne au hasard.

Et autour de tout ça se dressent des bâtiments gigantesques qui semblent n'avoir d'autre but que de cacher le ciel.

Ceux qui ont la malchance d'avoir connu ce monde trouveront sûrement que j'exagère et qu'il y avait des endroits sympas. Mais la majorité des endroits peuplés des villes ressemblait à ça.

Je dois vous laisser car nous passons à table, même si cela fait un moment que je n'ait pas mangé sur une table, je vous en raconterai plus demain.

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