9 février 2025

En me relisant, j'ai vu que j'avais parlé d'un bruit suspect avant-hier, fausse alerte, c'était juste un chien errant. Lou l'a chassé en lui lançant des pierres.

Après ce tragique évènement, plus rien ne me rattachait et la société devenait pour les gens indépendants comme moi.

Avec quatre amis nous avons donc fuit en emportant le minimum pour survivre. Je vous ai déjà parlé de Cass' mais il y a aussi Lou et Zoé, les inséparables frères jumeaux, et Théa, la gothique du groupe.

Après nous être éloignés de la ville, nous nous sommes réfugiés au dernier étage d'une maison abandonnée à la campagne. Lou et Zoé allaient souvent jouer dans la forêt voisine et ils avaient vu les habitants partir. sûrement dans une tentative désespérée pour se mettre à l'abris.

Toujours est-il que nous avions entassé tout notre matériel : conserves, tentes, duvet et bidons d'eau. Nous étions prêts.

Tous mes amis semblaient heureux d'être içi mais moi je ne me remettais pas encore de la mort de mes parents.

Je tenais un journal à l'époque et les dernières lignes disaient

« Cher Journal, cela fait maintenant 8 jours qu'ils sont... Je n'ai même pas le courage de finir mes phrases. Heureusement qu'il y a Cass' et Théa et Lou et Zoé. Sans eux je ne sais pas si j'aurais eu la force de tenir

Je les aime beaucoup, mais vous resterez toujours les premiers dans mon cœur. Papas

C'est içi que s'arrête mon journal, je l'ai perdu depuis, mais ces lignes restent toujours sur moi. Ce sont elles qui me donnent la force de continuer à me battre chaque jour. Et à ne jamais oublier qui je suis vraiment.

Après plusieurs jours dans cette maison, l'Épidémie atteignit son pic de mortalité en France et la société s'effondra. Les derniers instants de télévision ne furent que nouvelles de pénuries, de catastrophe et de malheurs. Et puis l'eau, l'électricité et internet furent coupés les uns après les autres.

C'était officiellement la fin du monde. Je me souviens que quand les lumières et la télé se sont éteintes, Zoé a essayé de relativiser en disant quelque chose comme quoi le réchauffement climatique était maintenant terminé car le monde arrêterait de polluer. Et on s'était tous regardé en pensant à ce qui, au contraire, allait polluer ou contribuer à détruire la planète, les centrales nucléaires que le gouvernement n'a pas voulu démanteler et qui se retrouvaient maintenant à l'abandon toutes ces voitures ou maisons qui brûleront et ajouteront leur dose de CO2 à l'air.

Mais pour la première fois depuis la mort de mes parents je me suis endormie heureuse. Les conna*** qui ont manifesté pour priver mes parents de leurs droits, leurs assassins et toutes ces personnes qui pensent que les homosexuels ne devraient pas connaître le bonheur d'élever un enfant. Tous ces gens sont probablement morts.

Ma première raison de survivre, la vengeance, est achevée. Il m'en faut donc une autre, vaincre toute forme de discrimination me semble en être une bonne. Et particulièrement l'homophobie, en mémoire de mes parents. Une seule de nous deux survivra, c'est elle ou moi.

Homophobie, ce mot est mal choisi. Phobie signifie peur. Mais l'homophobe n'apporte que malheur. Il veut détruire le bonheur. Ce qu'il ressent, comble d l'horreur. N'a pour nom ni compassion ni peur. Mais haine, dégoût et jalousie.