Le Marché Interdit (Jason)

Le lendemain, les trois amis se réveillèrent en même temps. L'étourdissement de la veille causé par leur soirée semblait bien loin. Ils n'y pensèrent pas. Ils avaient plus important à faire.

 Ils devaient se dépêcher. 

Ils devaient vendre les bijoux qu'il leur restait avant que ne se déclenche la Colère. Sans quoi, les diamants et les saphirs n'auraient plus de valeur. Gabriel prit les choses en main comme à chaque fois. Il distribua les taches sous le discret soleil du matin.

« Jason tu vendras les pierres sur le Marché Interdit, Romain tu achèteras ce que tu pourras, avec la Colère tous les magasins seront fermés et nous ignorons combien de temps elle durera. Moi, j'irai parler avec les amis de Desrivières pour savoir comment tout ceci se déroulera, quand ils attaqueront et ce que nous devrons faire alors. »

C'était la première fois qu'ils prévoyaient de faire une mission, séparés. D'ordinaire il y en avait toujours un pour faire le guet et les prévenir d'un danger pressant. Mais là... ils devraient assurer eux même leur survie. Il réalisa que la tache serait doublement compliquée car leur capture avait été réclamée. Cent aigles d'or. Qui refuserait une telle somme ? Qui n'oserait pas les dénoncer pour avoir de l'argent ? Ils étaient seuls sur cette manche. Jusqu'à ce que la Colère explose. Alors ils pourraient vivre sans craindre de perdre la vie dans la prison du roi. Jason rêvait d'en arriver là depuis le jour où il avait apprit comment marchait le monde.

« D'accord, fit-il. Faisons comme ça. »

La tension se lisait dans les yeux de Gabriel et de Romain. Eux aussi appréhendaient l'issue de cette expédition.

« Alors allons-y. Ne perdons pas de temps. Demain je pense, ce sera le chaos. Nous devons survivre jusque là. » 

Ils échangèrent tous un regard vibrant de détermination et d'impatience.

« Et nous y arriverons, jurèrent-ils en cœur. »

Ils se serrèrent la main pour sceller ce pacte. Les soldats eux-même ne pourraient briser cette promesse. Ils s'en sortiraient tous. Ils verraient la Colère monter et le monde changer.

Ils sortirent sans plus attendre et se lavèrent le visage dans la rivière. L'eau froide leur remit les idées en place et les motivèrent encore plus dans leur mission. Ils prirent leurs armes. Jason saisit son poignard, Romain la fourche et Gabriel une lance de bois qu'il avait lui-même taillé. Ainsi, ils pourraient combattre le moment venu. Car quand la Colère exploserait, ils seraient déjà sur place. Ils ne reviendraient pas non plus dans leur masure avant que la Colère n'ait cessé de gronder. Ils se battraient jusqu'au bout de leurs convictions. Ils se battraient jusqu'au bout pour une vie meilleure. Pour leur vie meilleure. Aucun soldat ne pourrait les faire changer d'avis. 

Ils coururent dans les herbes hautes pour brouiller les pistes comme à chaque fois. Mais cette fois, ils le firent avec plus d'application et de motivation. Ils se montrèrent encore plus prudents que d'ordinaire. En ce jour, plus que jamais, ils n'avaient pas le droit de se faire prendre. L'herbe fouettait les genoux de Jason tandis qu'il courrait au travers des champs. Le soleil leur souriait de tous ses rayons. La nature, par sa beauté, leur donnait de la force pour leur entreprise. Ils firent leur chemin pendant encore une heure avant de prendre le vrai chemin de la ville. Une fois à l'entrée, ils se séparèrent en se souhaitant bonne chance. Gabriel partit à gauche, Romain tout droit et Jason prit la droite, vers le Marché Interdit. Il était nerveux. C'était bien la première fois qu'ils s'aventurait seul dans la ville. Il lui semblait que les murs étaient plus hauts que d'habitude, que les passants étaient plus présents et que moins d'enfant jouaient dans les rues. Mais il devait faire comme si de rien était pour passer le plus inaperçu possible. Si les gens se rendaient compte qu'un homme se déplaçait comme s'il craignait d'être vu, ils le soupçonneraient d'être recherché. Alors il ne pourrait plus allez sur le Marché Interdit. Il détendit ses épaules et cessa de tourner la tête de droite à gauche. Il regardait devant lui en conservait tout de même le plus grand champs visuel possible. Il mit même ses mains dans ses poches pour donner l'impression d'être encore plus détendu.

Il décida de raisonner en positif. Il avait un avantage : les portraits qui les représentaient étaient assez éloignés de la réalité. Si quelqu'un le voyait et s'assurait que c'était bien lui, il aurait largement le temps de se cacher. Il était plus vif et plus discret que les soldats. Oui, il avait quand même une chance.

Il marcha pendant encore une heure pour arriver aux environs du Marché Interdit. C'était un lieu dans lequel étaient regroupés les plus téméraires de la vermine. Des voleurs, des briguant, des évadés de prison, des sorciers et sorcière couraient les rues ici. C'était leur abri, leur maison. Aucun noble ne se risquait ici. Mais il y avait bien des envoyés de la haute cour qui s'y baladaient. On les appelait les Conspirateurs. Ils avaient toujours le visage caché par des étoffes noires. De belles épées étaient souvent ceinturées à leur taille. Ils étaient richement vêtus. Ils étaient sur ordre de noble voulant obtenir ce qui se vendait sur le Marché Interdit. Personne ne savait quels étaient vraiment leur but mais ils étaient là. Avec beaucoup d'argent pour acheter ce qui contenterait au mieux leur maître. C'était pour eux que Jason venait sur le Marché Interdit. Dans les autres places commerciales personne n'était assez riche pour lui acheter les bijoux qu'il avait.

Jason se glissa entre les étalages. Il faisait bien attention à ne pas montrer ses bijoux. Il ne les montrerait qu'une fois installé. Il en tirerait le plus haut prix. Il devait rendre justice à celle à qui il avait pris les diamant. Il était presque certain qu'elle les lui avait donnés volontairement. Il revoyait encore ses yeux cherchant des réponses dans les siens. Elle n'était pas une noble comme les autres. Elle avait quelque chose de plus. De sincère, de libre, d'indompté. Il ne savait pas pourquoi mais il était certain que, quand éclaterait la Colère, il ne lui ferait pas de mal. Elle l'avait aidé, il l'aiderait à son tour.

Jason se tira de ses pensées et chercha activement un lieu où vendre. Il en trouva un, en bordure du Marché Interdit. Il s'y installa.

Il écrivit sur la pancarte ce qu'il avait à vendre sans pour autan les présenter. Il ne voulait pas risquer qu'on lui vole de telles merveilles.

Il scruta la foule pour s'assurer qu'il n'y avait pas de soldat prêts à lui sauter dessus. Mais non, il n'y avait personne. Une sorcière s'avança vers lui. Elle lut la pancarte et éclata de rire. Jason ne s'en formalisa pas, il avait l'habitude qu'on lui rit au nez. Surtout venant de cette femme. La sorcière Astran était connue pour rire de tout, de ne rien croire d'autre que sa propre magie. Jason lui offrit son plus beau sourire.

« Pourquoi ris-tu, Astran ? lui demanda-t-il.

- Un pauvre comme toi ne peux posséder de telles richesses, s'amusa-t-elle. »

Ses yeux étaient soulignés de flamme d'or et elle avait une capuche noire qui cachait ses cheveux roux. Elle était la plus puissante sorcière du royaume. Elle voyait tout, faisait apparaître ce qui lui convenait. Elle faisait trembler les soldats qui avaient mainte fois tenter de la saisir. Ils avaient réussi une fois mais elle s'était changée en eau et s'était échappée du Palais Noir sans problème. Il l'admirait pour cela. Même si elle avait un caractère des plus discutables.

« Tout dépend de la façon dont on les obtient, répondit-il. »

Elle rit à nouveau de bon cœur. Mais cette fois elle était simplement amusée. Puis elle reprit son sérieux. 

« C'est pour bientôt, dit-elle.

- Je sais. C'est pourquoi je veux me faire de l'argent.

- Je combattrais à vos côté, déclara-t-elle. »

Jason la fixa, surpris. Jamais sorcier n'avait prit part au combats des humains. C'était une première.

« Mais tu ne voulais pas rentrer chez toi, dans les montagnes ? s'ensuit-il. Je pensais que...

- J'aurais put le faire depuis longtemps, répondit-elle soudain sombre. Mais je ne peux plus désormais. Je suis bannie de chez moi. Je suis restée trop longtemps ici sans honorer le code. D'autre sorciers ont prit ma place dans les montagnes. Je veux me battre. Je veux reprendre la place qui me revient dans le monde. Celle qui revient à tous les sorciers.

- C'est à dire ?

- Nous ne sommes pas des monstres qu'il faut enfermer avant dans les brûler ou de les tuer. Nous sommes des forces de la nature. Nous ne voulons plus craindre de pauvre humains qui se disent plus forts que nous parce qu'ils ont de l'argent. Je peux vivre comme bon me semble mais pas les autres. Ils ne connaissent pas ce besoin, ce désir de vivre librement. Ils ne sont jamais sortis de leur cocon dans les montagnes. »

Jason resta muet. Il admirait cet état d'esprit. Avoir une sorcière dans leurs rangs les aiderait indéniablement à avoir la victoire sur les nobles. Il lui tendit la main.

« Je souhaite que ton choix nous amène la victoire, fit-il. »

Elle lui servit un regard féroce comme il n'en avait jamais vu chez elle.

« Je le souhaite aussi. »

Son regard se para de mille et une flammes de différentes nuance d'or. Elle leva la main et fit apparaître un petit brasier dans sa main. Elle le fit danser autour d'elle dans une attitude menaçante. Les passants la regardèrent avec répugnance. Peu de personne osaient parler à une sorcière. En terme général, peu de personne aimaient les humains pratiquant la magie. Sauf lui et ses plus proches connaissances. Il leur trouvait quelque chose de fascinant, d'intrigant. Et cela n'était pas sans cause car les magiciens étaient issus de la nature même.

Astran sourit à nouveau, subjuguée par sa flamme.

« J'aimerai tant faire brûler quelque noble dans ce feu, souffla-t-elle comme en transe.

- Je peux te jurer que tu en auras le droit, promit-il.

- Je ne vais pas attendre d'en avoir le droit, répliqua-t-elle avec fougue. Je vais me donner ce droit moi-même. Les nobles n'ont plus leur mot à dire dans mes choix. »

Ces paroles interpellèrent Jason au plus haut point. Savait-elle quelque chose sur le déroulement des actions de la Colère ?

« Que sais-tu ? lui demanda-t-il en se plongeant dans ses yeux de feu.

- Je sais que c'est pour bientôt. Demain au plus tôt et après demain au plus tard.

- Que sais-tu vraiment ? la poussa-t-il. Je sais que les sorcières peuvent voir l'avenir quand elles sont assez puissantes. Alors, dis-moi s'il te plaît : que sais-tu vraiment. »

Elle soutint son regard. Elle sourit énigmatiquement.

« Je ne ne vois pas l'avenir. Je ne veux pas me soumettre à cette magie qui a déjà plongé de nombreuses personnes dans la fatalité. Mais quand bien même je le pourrais, ma vision serait très restreinte. On ne peux voir l'avenir que lorsqu'il concerne une personne en particulier. Les sorciers en général ne peuvent voir le futur que d'une ou trois personnes. Mais toujours dans un cas particulier. Les possibilités sont bien plus restreintes. Beaucoup moins de facteurs entre en jeu. Nous ne pouvons pas voir le futur d'un peuple entier. »

Il ne dit rien.

Elle avait raison. Mais il aurait bien aimé être sûr que le Colère n'allait pas faire tourner le monde dans un chaos sans nom. Il aurait voulu s'assurer que ce n'allait pas être un bain de sang inutile. Au oui, il aurait aimé tout ça. Mais il ne le pouvait pas.

« Merci quand même, dit-il. J'ai hâte qu'on en finisse avec les nobles.

- Moi aussi. Cela fait trop longtemps que j'attends ce moment. Tu es né au bon moment. Au moment où le peuple avait besoin d'homme fort.

- Depuis combien de temps attends-tu la fin du Régime ?

- Trop longtemps. Je n'ai que deux ans de plus que toi, Romain et Gabriel mais cela fait deux ans de trop. »

Elle sourit à nouveau.

« J'ai hâte. C'est pour bientôt. Allez, bon vent, Jason. Puisse-tu vendre ce que tu as à proposer avant le tournent décisif ! »

Elle le salua et s'éloigna. Elle alla charrier d'autre marchands.

Jason la regarda s'amuser. Cette femme était décidément déroutante. Elle passait du rire au sérieux, de la joie à la gravité, de l'innocence à l'assassin et de la vérité au mystère, comme personne ne pouvait le faire.

Elle partit à l'autre bout du Marché sous les regards mauvais de certain. Un voleur voulu lui lancer son couteau dans l'épaule mais elle le dévia avec sa magie et le renvoya à l'expéditeur avec une nonchalance provocatrice. Il se le reçu dans la cuisse et la traita de tous les noms. Elle lui sourit et s'inclina ironiquement avant de continuer son chemin, tout sourire. Jason se mit à rire en voyant l'air dépité de l'attaquant. Il ne fallait pas sous-estimer Astran. Ce n'était pas pour rien qu'on disait d'elle qu'elle était la plus puissante sorcière du royaume...  

Un homme s'approcha soudain de lui. Jason se sentit satisfait. L'homme avait le visage caché et une épée d'or. Il avait dans sa main une bourse qui devait peser très lourd. Il s'adressa à Jason d'une voix grave et profonde qui le fit frissonner. Il devait avoir à faire à un chevalier professionnel. Un homme capable de le découper en rondelle au moindre faux pas. Mais il ne paniqua pas. Ces gens-là, il les admirait. Il aurait tellement aimé être aussi fort et assuré qu'eux.

« As-tu vraiment les bijoux que tu prétends avoir, voleur ? lui demanda-t-il sèchement. »

Jason sourit. Ce ton sec ne lui faisait pas peur.

« Oui. Je les ai attrapés de ma propre main. Je l'ai ai arraché à la noble qui le portait. »

Il se sentit coupable mais pas pendant longtemps. Elle les lui avait donnés. Ils étaient à lui maintenant. Il pouvait en faire ce qu'il en voulait. Comme bon lui semblait.

« Je ne suis pas ici pour entendre les louanges de ton aventure, petit, cracha le chevalier. »

Jason perdit son sourire.

« Ce ne sont en rien des louanges, mon ami, détrompa-t-il. C'est ce qu'un homme est forcé de faire pour gagner sa vie. »

Son interlocuteur plissa les yeux. Jason eut cette fois un frisson. Et s'il avait été reconnu ? Si cet homme était là pour le dénoncer aux autorités ?

« Combien en demandes-tu ?

- Cinq cents aigle d'or pour les saphir et sept cents pour les diamants, répondit Jason. »

Avec ces sommes ils auraient de quoi tenir pendant au moins un an tranquillement à eux trois.

L'homme aussi un sourcil.

« Je prends les saphirs, dit-il. Si jamais tu me roule, vaurien, tu le paieras de ta liberté d'abord et de ta vie ensuite.

- Ce ne sont pas des faux. Voyez par vous-même. »

Et il les sortit de sa poche. L'homme ouvrit des yeux écarquillés. Il voulut approcher sa main des pierres mais Jason les recula. Il fit non de la tête et tendit sa main libre.

« Non, dit-il. L'argent d'abord, le bijoux ensuite. »

L'autre gronda. Ses yeux lancèrent des éclairs mais Jason ne se départit pas de son calme. Il continua de tendre inlassablement la main.

« Très bien, comme il te plaira, bougonna l'autre.

- Ce ne sont que les lois du Marché, rétorqua Jason avec une mine amusée. »

Il regarda son acheteur sortir de sa bourse la somme demandée. Ses yeux s'écarquillèrent de plaisir devant tout ce tas d'argent. Peut-être aurait-il pu en demander davantage ? Cette idée lui traversa l'esprit pendant un instant fugace mais il la repoussa. Ce ne serait pas raisonnable. Même dans le Marché Interdit.

Il compta dans sa tête pour s'assurer qu'aucune arnaque ne serait de mise. Mais l'autre semblait être, malgré son air revêche, un homme de bon sens. Quand les cinq cents aigles d'or furent amassés, Jason les rangea dans le sac qu'il avait prévu à cet effet.

« Allez, s'impatienta l'autre. Donne-moi les saphirs. »

Jason s'exécuta. Il sortit les pierres de sa poche. Les rayons du soleil les firent étinceler de mille feu. L'acheteur sembla hypnotisé par leur beauté. Il tendit une main tremblante vers les pierres et s'en saisit. Il les contempla pendant encore quelque bonnes minutes sans rien dire. Il les admira, puis les analysa, les jugea et enfin il hocha la tête.

« Vous êtes un voleur honnête, dit-il à l'adresse de Jason.

- Monsieur est trop bon, s'inclina-t-il. »

L'homme partit. Jason faisait en sorte de cacher au mieux sa bourse pour ne pas que des voleurs téméraires ne soient tentés de le lui voler. Il ne restait plus qu'à vendre les autres diamants. Ainsi, lui et ses amis seraient vraiment tranquilles jusqu'à la fin de la colère. Ce n'était qu'une question de temps.

Mais les gens allaient et venaient devant lui sans se décider à l'acheter. Le prix devait être bien trop haut. Pourtant les diamants valaient bien plus que cela normalement. De telles pierres égalaient au moins la somme de cinquante aigles de diamants. Alors sept cents aigles d'or... franchement ce n'était pas trop en demander. Les heures passèrent encore et encore sans que personne ne se décident. Romain vint prendre les cinq cents aigle d'or pour les dépenser.

« Continue comme ça ! lança-t-il à Jason alors qu'il s'en allait. Nous serons bientôt les pauvres les plus riches de ce royaume ! »

Après un clin d'œil à son ami, il s'éclipsa sans plus attendre.

Et Jason attendit. Encore, encore et encore. Enfin, alors qu'il pensait que personne ne viendrait, un homme se présenta devant lui. Ce n'était pas l'un de ces envoyés mystérieux des nobles. Non, c'était un homme des plus normaux. Un paysan banal. Un homme qui ne devait pas avoir l'argent nécessaire à payer les diamants.

« Combien en demandes-tu ? s'enquit-il.

- Sept cents aigle d'or, répondit Jason en cachant ses doutes.

- Tu possèdes vraiment ces pierres ? demanda encore l'homme. Ce sont des vrais ?

- Et comment ! Je les ai prises moi-même à une jeune noble. »

L'homme se caressa le menton en réfléchissant. Il devait pensez pouvoir faire du troc mais Jason n'en avait aucunement l'intention.

Et soudain le chaos arriva sur le Marché Interdit. Il sembla à Jason que des centaines et des centaines de soldats déboulaient sur la place comme un ras de marré. Ils étaient arrivés sans prévenir. 

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